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Fantastique/Merveilleux
Cyrill : La femme de nos rêves
 Publié le 19/06/25  -  8 commentaires  -  14986 caractères  -  102 lectures    Autres textes du même auteur

« … ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre… »

Paul Verlaine


La femme de nos rêves


Bar des Facs. J’eus l’impression d’être venu la veille.

Ces deux-là n’avaient pas rajeuni mais au-delà des années écoulées je reconnus sans mal l’expression mi-affligée mi-moqueuse de Denise, tandis que Gilbert portait au loin son regard de veilleur imperturbable. Celui-ci finit par se fixer sur un point précis de mon front. Par réflexe, je le frottai vigoureusement, autant pour chasser des pensées parasites que pour camoufler ma gêne. Mais persistait en moi cette impression que le patron avait déchiffré mes intentions. Je baissai les yeux sur mon deuxième café et en bus une gorgée, puis en bus une autre pour faire passer la douleur de la première déglutition, trop hâtive. Je me raclai la gorge, puis toussai.

Denise m’avait servi tout à l’heure avec le même amusement triste que jadis. À croire que sa perception du monde, si celui-ci avait considérablement évolué en pas moins de trente ans, demeurait immuable. Mais elle n’avait rien manifesté à mon endroit qui pût me faire penser qu’elle me remettait. Sans plan précis, je ne tenais pas à précipiter les choses.


Comme un signe, Gilbert avait mis une pièce dans l’antique juke-box : « … Comme les fleurs de la luzerne, Fleurissaient les seins de Lola… »

Je parlai à la cantonade :


– Y avait une Lolha, à l’époque. Elle venait souvent ici.


Le patron haussa un sourcil.


– À l’époque ?

– Tu t’en souviens ?

– Lola, tu dis ?

– Non, avec un h. Lolha.

– Si tu veux. Mais j’aspire pas le h, ça me fait des hallus.


Derrière ses traits d’humour à la papa, il semblait passablement agacé que j’ergote. J’essayai de calmer le jeu :


– J’étais peut-être un jeune con, mais n’empêche.

– J’en sais rien, mon gars. Y en avait un tas. C’est quoi ton petit nom ?

– Vlad.

– Vlad. Celui qui traînait toujours aux basques de Lola ? Bon sang, on peut dire que t’as pas changé !


Je n’insistai pas plus sur la question. Ne pas paraître trop intéressé. Ma vie commençait néanmoins à prendre forme et je tenais mon sujet. Avant de quitter le bar, je laissai sur le comptoir mon ticket de caisse agrémenté d’un profil de femme. Artistiquement croqué au crayon dans un ovale, façon camée, je l’entourai de cinq pièces de 1 censées représenter la monture, et accessoirement payer les deux expressos. Mon billet que Gilbert lèverait un second sourcil.

Je revins le soir même rôder devant le rideau de fer abaissé. À presque minuit et en semaine, je comptais bien que le quartier fût calme. Le nouveau mur d’enceinte du lycée se dressait de l’autre côté de la rue, borgne et sans grâce. J’y traçai à la bombe acrylique noire : Lolha, rendez-vous demain, 17 heures, en face. Des caractères en cursives à la fois imposantes et modestes, remarquables de derrière la baie vitrée du café mais peu susceptibles d’attirer des dizaines de candidates aux retrouvailles ou plus d’une poignée de curieuses en mal d’aventure.


Si la femme qui se présenta le lendemain à 17 heures tapantes avait belle allure, elle ne ressemblait guère au portrait que j’avais esquissé.


– Je sais, me dit Annie, possible que j’aie légèrement changé.

– Mais votre prénom…

– Je voulais tenter ma chance, voilà tout.


Je la laissai payer nos consommations et la regardai partir avec un pincement au cœur. Combien de femmes déjà m’étaient passées sous le nez par le seul fait de mes atermoiements ? Bras dessus bras dessous, je les imaginais en sœurs d’infortune danser autour de moi un morne fandango. Pourtant, je continuais. Mes tentatives ne pouvaient rester éternellement vaines.


Les jours se succédaient, et pas mal de rencontres furent gérées en sous-main par Gilbert. Pour infructueuses qu’elles fussent, le patron mettait un point d’honneur à accueillir ces dames avec urbanité, puis à les conduire jusqu’à mon alcôve avec une discrétion tout empreinte de courtoisie. Il renvoyait sans même m’en tenir informé celles d’entre elles qui ne lui semblaient en aucun cas être à la hauteur de nos attentes, leur assurant que je n’étais pas venu. La tranche horaire de 17 à 18 heures était devenue l’évènement attendu. Celui-ci ne souffrait aucun manquement à l’atmosphère feutrée que Denise installait, virant gentiment les clients les plus agités ou les enjoignant au calme et au recueillement. Elle programmait en fond sonore la musique appropriée à chaque candidate.

Celle du jour fut accueillie avec The Girl from Ipanema. Un succès : Irène me déclara en chaloupant avoir eu vent de Lolha. Mais peu encline à me laisser vivre sur son dos, elle prit les devants :


– Merci, me dit-elle lorsque Denise nous apporta cafés et viennoiseries.

– Vous croyez que j’ai l’habitude de vivre sur le…

– On ne sait jamais.


Je posai avec autorité un billet de 10 sur la table afin de balayer toute miette de soupçons. Celles des croissants jonchèrent le sol au même titre. J’en faisais trop. Elle détourna la tête pour observer mon tag écrit nuitamment sur le béton. Ce faisant, elle me laissait ostensiblement étudier son profil.


– J’ai su qu’elle avait fait plusieurs cures de désintox. C’était une camée, n’est-ce pas ?


Je fus peiné pour Lolha :


– UN camée.


Je sentais qu’elle s’impatientait, je ne pouvais m’empêcher de lui chercher des noises. Derrière son comptoir, Gilbert s’exaspérait de mon comportement cavalier. Pour me faire pardonner, je tendis à la fille le bas-relief serti dans sa gangue de mitraille.


– C’est pour vous, tenez.


Le creux de sa main épousa délicatement l’objet, tandis que son visage restait de marbre. Irène ou Lolha… J’étais troublé, je ne savais plus. Contre toute attente, Denise la désabusée espérait un miracle. Le geste suspendu au-dessus du percolateur, je vis nettement ses yeux se fermer sur l’image d’un arc, avec sa flèche pointée dans notre direction. Irène congédia l’illusion d’optique.


– Vous dessinez vraiment bien. Vous avez songé à en faire un métier ?

– Ché pô.


Je rougis. Irène m’avait posé cette question sur un ton d’enseignante en entretien d’orientation. Elle avait induit à mon corps défendant une réponse d’ado blasé et, pour ne pas me renier, j’adoptai une posture avachie, dos rond et fessier en bord de chaise, jambes débordant largement de chaque côté de la table. Puis comme tout a une fin, je tâchai de reprendre possession de ma génération et revins à mon enquête :


– Où ?

– Ou bien quoi ?

– Non, où.


J’étais content de moucher la prof sur une question d’orthographe :


– Où ça, les cures de désintox ?



Quelque temps plus tard, je me présentai vaguement débraillé à l’entrée d’un ancien sanatorium, sur les hauteurs d’Uriage-les-Bains, sac à dos dans le dos avec flasque de whisky camouflée dans mon linge. J’avais réussi à convaincre mon généraliste qu’il était temps pour moi de soigner un alcoolisme mondain, et qu’un séjour à la montagne me serait salutaire. Sous son appellation d’origine, l’institution accueillait discrètement des drogués de tout poil désireux d’en finir.

Un infirmier procéda à la fouille de mes effets, dénichant vite ma petite réserve d’alcool. Un brave homme :


– Interdit, ça ! On vous aura mal informé.


L’occasion était trop belle :


– Mouais. Lolha m’avait prévenu mais j’ai voulu tenter.

– Lola ?


Je ne tenais pas à paraître procédurier mais la nuance me semblait de taille :


– Lolha. Avec un h.

– Pas de ça non plus dans l’établissement, vous serez prévenu.


Moins brave qu’il n’y paraissait, finalement, avec son humour moisi. Pour mon premier jour, je décidai de la mettre en veilleuse. J’aurais tout le loisir par la suite d’interroger les quelques habitués du lieu.


J’avais pour compagnon de chambre, justement, un vieux de la vieille intarissable sur la cote de popularité des membres du personnel et des pensionnaires. Je n’eus pas à attendre longtemps avant qu’il ne commençât à déballer ses souvenirs.

Furtivement, tandis qu’il déblatérait au sujet de rencontres inoubliables – chacune l’avait à jamais découragé de ses abus – je sortis mon carnet de croquis et me mis à foncer une page à la mine de charbon. Petit à petit, un profil de femme se détachait de l’ombre, attendant patiemment que Michel l’avisât.


– Tu touches ta bille dis-moi.


Il ne s’agissait pas d’un stylo, mais je préférai lui laisser le bénéfice du doute. D’autant qu’il fixait le portrait avec une expression d’intense curiosité :


– La vache ! On dirait Lolha.


J’étais sur une voie royale.


– Lola ?

– Peu importe. On va pas chipoter. Je l’ai rencontrée ici, y a un bail.


Il inspira profondément avant d’ajouter :


– Une beauté. Et pas bêcheuse avec ça.

– Un peu quand même.

– Ouaip… un peu quand même.



Il naquit entre nous un climat de passion partagée qui se prolongea en s’étoffant au fil du temps. Michel me parlait de sa Lolha ressouvenue – le nu lui allait si bien – tandis que je la lui dessinais selon mon idée, davantage vêtue. Puis nous en arrivâmes à tomber d’accord sur une silhouette toute de grâce helléniste et d’infinie douceur, drapée d’un voile de coton opalescent. Elle avait fini par faire partie de notre quotidien au point que nous lui laissions une place au réfectoire, lui offrions des clopes, lui tendions des Kleenex au sortir de sa séance avec le psy. Quel charme émanait d’elle lorsque j’approchais de son visage la flamme de mon briquet et qu’elle en inclinait le profil pour y rallumer son mégot ! Et sa voix ! On y distinguait un roulement de perles qui s’accentuait lorsqu’elle chantait avec nous de vieux negro spirituals.


Nous causions tous les soirs de cette femme qui pourtant ne s’en laissait pas conter, peaufinant le scénario. Nous mettions en ordre chronologique une série de vignettes évoquant pour chacun notre rencontre et nos passés respectifs avec Lolha. Notre vision d’elle. Je laissais à Michel le soin de remplir les bulles de dialogues, gardant tout de même un œil dessus, alors qu’il contrôlait mes croquis. Il nous arrivait parfois de nous écharper pour un mot ou un trait malencontreux. Le dessin d’une culotte laissée à l’abandon sur la moleskine d’une brasserie, trop érotique, finit à la corbeille. Des mots orduriers sortant de la bouche adorée furent gommés. Nous la voulions d’une absolue fidélité à l’original, tenions à représenter l’authentique et parfaite Lolha, celle qui avait occupé nos fantasmes depuis nos premiers boutons d’acné jusqu’au dernier cheveu blanc. Le plus souvent, nous tombions d’accord à propos de sa vie dissolue. Michel lui attribuait des affaires secrètes doublées de contacts spécieux, plutôt que d’honnêtes amitiés, inhérentes à une existence intègre. Nous étions les deux seuls pour qui son cœur avait battu sincèrement, assurait-il. De mon côté, j’en doutais un peu. Je conjecturais à propos de ses longues absences. Il y avait à coup sûr du renseignement sous couvert d’une activité dilettante d’escort-girl. Pourquoi, sinon, ces changements réguliers de look ? Ces tailleurs noirs sur mesure d’un jour troqués contre les jeans délavés du lendemain, ces porte-documents attelés à son bras ? Ce fourreau en lamé d’argent jeté dans ma corbeille à linge sale ?

Je fis briller à son doigt un anneau d’or qui réveilla en moi une jalousie larvée. Pour m’en distraire, Michel se mit à éplucher une liste de noms écrits de la main de Lolha. Quelques-uns étaient cochés, d’autres biffés. De quoi s’agissait-il ? Nous occupions notre temps libre à imaginer les détails de sa vie rocambolesque, les trafics dans lesquels elle avait trempé, les causes qu’elle avait contribué à faire vivre. Je fignolais mes épures, jamais las de l’habiller puis de la déshabiller, de modifier les perspectives, les arrière-plans. Des chambres d’hôtel, des relais routiers. Prague, Le pont Charles flanqué de sa tour gothique dont les proportions me donnèrent du fil à retordre. Váci Utca, à Budapest, quand un sale type à lunettes fumées la prit en filature sur un air de balalaïka, dans une foule où je me cherchais moi-même, m’accapara de longues heures. Une vue panoramique depuis le Žuta Tabija laissait apercevoir, minuscules insectes, Lolha au bras d’un autre type louche dans les rues du Baščaršija. En sniper embusqué, mon crayon ajusta les lignes de fuite. Puis deux Sarajevske Ruže* colorées à la sanguine escamotèrent le couple à même le pavé. Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra en fond sonore.

Nous nous mettions en condition avec une playlist minutieusement élaborée par Michel, ainsi que des comprimés de Valium ou de Baclofène que nous mâchions pour stimuler notre mémoire tout en pervertissant le principe de réalité. Il en ressortait que l’un ou l’autre avions plusieurs fois sauvé Lolha d’un destin funeste. Nous l’avions délivrée d’une mutation en Golem dont la glaise durcissait de manière irrémédiable sur fond de violon tzigane. Libérée du bistouri de Frankenstein. Arrachée in extremis des crocs de l’Innommable ; un trio à cordes de musique traditionnelle accompagnait notre fuite, tandis que j’esquissais au fusain les lignes d’un château, lugubre et perçant les brumes de Transylvanie.

Lors de moments de déprime, les jours de pluie ou de sanction, nous l’imaginions morte, empoisonnée par le renseignement russe ou démembrée par les soins d’une mafia calabraise, zombifiée par des pratiques vaudou, oubliée de tous et sans sépulture. J’en retirais alors une secrète satisfaction, et déchiffrais la même sur les traits de Michel. Nous n’étions pas des anges de miséricorde. Un chœur de barytons désolés semblait cependant nous donner l’absolution, car toujours nous la ressuscitions. Mais quels que soient notre humeur et le tragique des faits supposés, nous en alimentions avec fièvre le papier, faisant se succéder en images et en mots, avec force couleurs, des sortilèges plus effrayants de réalisme les uns que les autres.

Arriva le soir où nous perdîmes définitivement Lolha de vue. Elle s’était fondue à jamais dans un quotidien désespérément banal. Fauré joua son Requiem, puis, silence.



Quand explosa « La Chevauchée des Walkyries », j’étais en train de mettre une touche finale à une vue en plongée d’une cellule de prison de la Stasi. Tout en crayonnant la silhouette émaciée d’un reclus, je gardais une question en suspens, qui me taraudait et par laquelle je voulais terminer l’album. Au risque de tout faire capoter je me jetai finalement à l’eau, hachurant d’une ombre très légère la troisième de couverture. On pouvait y deviner les traits, slaves et épuisés, d’un homme qui s’évaporait à peine ébauché.


– Michel…

– Ouais ?

– Tu l’as connu, Vlad ?


_____________________________________________________________________________________

* Sarajevske Ruže : Roses de Sarajevo. Ces étranges pétales roses ou rouges sont les traces laissées au sol par les explosions d’obus et de grenade durant le siège de 1992-1996. Dès 1996, certains de ces petits cratères furent remplis de résine rouge pour conserver la mémoire des habitants tués et blessés sur place.


 
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   Anonyme   
4/6/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,
La femme fantasmée perd de sa couleur réelle au fil des aventures crayonnées. Et son créateur finit par se dissoudre, s'effacer. Il s'évapore. Seul demeure l'album.
Je ne sais pas si j'ai tout compris.
L'écriture est de qualité, les dialogues "tombent" bien.
Merci pour cette nouvelle.

   Provencao   
19/6/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cyrill,

J'ai beaucoup aimé ce Flashback.....comme si cette" femme de nos rêves " contenait un espoir presque perdu, qui au fil du temps s'effiloche, se perd dans les ténèbres et ne demande qu'à se livrer à la lumière des années passées...

A rire, à sourire ou à pleurer....:


"– Michel…

– Ouais ?

– Tu l’as connu, Vlad ?"

Au plaisir de vous lire,
Cordialement

   Myndie   
21/6/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cyrill,

La mémoire a ses méandres: scènes vécues, souvenirs, faux souvenirs, fantasmes... Mais, c'est bien connu, la mémoire transforme ou déforme, préférant « fixer » des choses qui s'éloignent de la réalité pour en faire un souvenir exact. A la façon du rêve, parfois se dessine un scénario imaginaire qui figure, de façon plus ou moins déformée, l'accomplissement d'un désir. C'est l'inconscient qui entre en croisade avec son bâton de pèlerin !
Ainsi naît le fantasme : il n'est pas pure fabulation, il n'invalide pas le souvenir ; au contraire, il l'épure et le sublime.
J'ai trouvé dans ce récit la parfaite illustration de ce scénario qui se dessine peu à peu à travers la complicité des deux personnages, au fil de leurs conversations, de la synthèse de leurs souvenirs et des crayonnages de Vlad.
Et j'arrête ici ma pseudo analyse freudienne pour dire tout simplement que j'ai beaucoup apprécié le canevas et le déroulement de ce petit film, ses dialogues finement écrits, sa trame alternant moments de bravoure et poésie (tout ce passage : « Michel me parlait de sa Lolha ressouvenue – le nu lui allait si bien ….Et sa voix ! On y distinguait un roulement de perles qui s’accentuait lorsqu’elle chantait avec nous de vieux negro spirituals. »)

Sans oublier un élément d'importance : l'émotion qui prend le lecteur à la toute fin.

Bravon c'est une belle réussite !

   Salima   
23/6/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonsoir Cyrill,

J'ai été attirée par le titre. Je me demandais qui était derrière le "nos" de nos rêves.
J'aime beaucoup cette nouvelle. Je trouve l'idée géniale, et j'aurais aimé entrer dans l'histoire et faire partie du "nos". Est-ce que ce n'est pas merveilleux de rencontrer quelqu'un avec qui on s'entende si bien, avec qui on puisse construire un univers si particulier et riche ? Et j'aurais aimé me plonger dans le carnet de dessins.

Donc vous dessinez, dans la vraie vie. Maintenant je suis fixée.

Une remarque, qui est à la fois un compliment, une critique et un constat : vous créez des personnages qui ont des codes de communication assez particulier, critique : je n'arrive pas à tout saisir, compliment : ça donne un cachet particulier à l'écriture, je me sens sur le seuil d'un monde étranger, je suis arrachée à mon univers familier.
Par exemple, tout ce qui tourne autour du prénom Lolha. Je ne l'ai compris qu'à la 3e lecture. Je croyais au début qu'il y avait des allusions grivoises que je ne saisissais pas. Et je ne connaissais pas l'expression "blague à la papa"
Mais comment prononcer le h de Lolha ? Et par curiosité : est-ce que le prénom Lola a une symbolique particulière ? J'ai l'impression qu'il exerce une certaine fascination sur la gente masculine.

Je trouve ce dialogue excellent :
— J’étais peut-être un jeune con, mais n’empêche.
– J’en sais rien, mon gars. Y en avait un tas. C’est quoi ton petit nom ?
– Vlad.
Non, je me reprends : excellentissime. La première réplique, le pur bonheur. Vous êtes venu comment là-dessus ? C'est vraiment un truc que certaines personnes pourraient dire, mais qui... qui franchement, n'a aucune signification, et ne sert qu'à pousser la discussion plus loin, provoquer une réaction. Et la réaction est très drôle. Il y en avait des tas de jeunes (cons) ? Sourire...
Par contre, le dialogue avec Denise, c'est des références qui me sont complètement étrangères. Je me demande juste comment ils arrivent à se comprendre à demi-mots, quand moi je n'aurais pas suivi même si la phrase avait été écrite en entier. En fait, pour moi il est évident que c'était le narrateur qui doit payer, puisqu'il invite. Donc je me demande comment Denise comprend qu'il a l' intention de la laisser payer, et il semble bien à la fin que c'est elle qui avait raison et pas moi. Et le "j'en faisais trop" aussi m'échappe. Avec Irène, pareil, je reste en dehors de leurs codes. Je n'arrive pas à saisir l'état d'humeur du narrateur.

Les scènes de dessin sont... Ah, vraiment, très cool. coolissimes, hin...

La chute, pas claire. C'est lui, Vlad ? Mais pourquoi il parle de lui à la troisième personne alors ? Et si lui n'est pas Vlad, il est qui alors ? En tout cas, je suis certaine que les deux (narrateur et Michel) ont connu Lolha, qu'ils identifient par le portrait et le prénom. Mais est-ce que Lolha aurait pu se reconnaître au fil des dessins ?

Merci en tout cas, je suis en train de feuilleter le carnet, il a atterri devant mes yeux à force de vous lire.

Salima

   Zeste   
22/6/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Où que l'on aille, dans le temps, l'espace; on est toujours qu'avec soi-même. Et si à postériori l'on venait à croquer la vie, aux itinéraires croisés, l'autre même fantasmé est toujours richesse!
Entre le désir conscient et la réalisation du désir inconscient, dans une sorte d'écriture du compromis, Il y a cette satisfaction du conflictuel dont la source où thème central et récurent, est l'acte manqué.
Se mentir avec beaucoup d'honnêteté, non travestir le vécu, d'où cette écriture foisonnante et sans détours! Je ne saurais être cet hypocrite lecteur; j'y adhère fortement. Absolument!!!

   Cyrill   
24/6/2025

   Donaldo75   
17/7/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Allez, je commente au fur et à mesure de ma lecture. J’aime beaucoup le premier paragraphe, il frappe, mine de rien, par son style.

« – Si tu veux. Mais j’aspire pas le h, ça me fait des hallus. »
Il fallait la trouver, celle-là. Chapeau !

L’histoire se développe et devient de plus en plus prenante. Le personnage est pathétique dans sa lose mais c’est ce qui le rend si intéressant. Et le style est abouti, riche et foisonnant de références.

   GLOEL   
2/9/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
J'ai bien aimé la chute.

Mais j'ai eu quelques difficultés a lire le texte sans doute en raison a un problème de cohérence narrative:
Plusieurs registres s'entrecroisent : nostalgie réaliste, fantasmes exagérés, scènes quasi-fantastiques avec des transitions parfois abruptes (ex. de la scène du café au sanatorium, ou des croquis aux scènes de Prague). J'ai souvent perdu le fil conducteur et des repères temporels qui m'auraient aidé à mieux suivre le récit.
J'ai aussi souvent cherché a replacer les nombreux personnages secondaires (Gilbert, Denise, Michel, Annie/Irène) et leurs rôles fluctuants dans le récit. Sans succès

Votre texte est très dense, avec un vocabulaire riche et varié mais aussi avec des phrases longues et des digressions fréquentes. Et les dialogues très brefs n'allègent pas ce texte.
Certaines répétitions alourdissent : les descriptions de Lolha et de ses « aventures » reviennent de manière similaire plusieurs fois, peut-etre intentionnellement ? "Nous causions tous les soirs de cette Femme qui pourtant ne s'en laissait pas conter..."

Le nom de Lolha/Lola/Lona et les personnages associés crée au bout d'un moment une certaine confusion. Certains dialogues semblent un peu artificiels pour transmettre l’information (ex. avec Irène) avec un ton parfois trop abrupt (ex. sur les drogues). Enfin, un léger resserrement syntaxique de certaines phrases aiderait tres certainement a éviter des effets de surcharge (ex. la description du parcours à Prague ou de la « résurrection » de Lolha).


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