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Sentimental/Romanesque
jensairien : Le vent tourne
 Publié le 04/03/09  -  12 commentaires  -  4063 caractères  -  68 lectures    Autres textes du même auteur

Une histoire vraie.


Le vent tourne


- Vois-tu, tu n’as plus le choix. Maintenant que tu t’es engagée, tu dois continuer.


Elle était en train de faire les comptes et, d’une oreille circonspecte, écoutait son père. Il avait certainement raison. La boutique marchait bien, il faudrait juste attendre encore un an ou deux ans avant qu’elle ne soit tout à fait rentable. Et cette existence en bord de mer, ma foi, était plutôt agréable.


Elle repoussa la calculatrice, de la paperasse plein le bureau, et fit tourner un crayon entre ses doigts.


Son père, debout, en retrait, le regard clair et pertinent, laissait filer ses pensées parmi la blonde et longue tignasse adorée de sa fille. Il mesurait le chemin que parcourait sa remarque, volontairement péremptoire, dans la chère tête juvénile.


Elle s’était attendue à une réponse de ce genre. Elle se sentit allégée, épaulée, comme toujours, par ce père omniscient, d’un infatigable bon sens, à qui il arrivait, original dans l’âme, de faire la conversation aux chiens, dans la rue, avec autant d’amabilité et d’aménité qu’il mettait au commerce de ses semblables.


Sa fille avait voulu ce magasin. Elle s’était décidée de se lancer dans l’encadrement d’art, comme on se lance dans une entreprise quand on a vingt-cinq ans. Alors son père avait déniché le site propice, le local et avait supervisé les débuts de l’entreprise ; lui qui, ancien officier de la marine à la retraite, ne connaissait rien au commerce.


Le magasin ronronnait paisiblement, comme un moteur au rodage. Il ne faisait aucun doute que c’était là une affaire florissante, en tout cas amplement suffisante pour subvenir aux besoins de sa progéniture.


Lui – l’esprit cartésien – aimait l’humeur vagabonde de cette fille unique qui avait eu tant de mal à voir le jour.


Sa mère lui avait souvent raconté en riant comment, quand ils arrivaient dans un hôtel, lors de leurs multiples voyages d’agrément, il allait toujours en premier à la fenêtre. Tandis qu’elle considérait l’agencement et les commodités, il mesurait les moyens qui devraient être mis en œuvre pour se sauver si un incendie venait à les isoler. Un pur trait de son esprit préventif et ingénieux. Il n’avait pas de terreur particulière du feu, il tenait juste aux siens et s’assurait des moyens de les protéger.


Il comprit tout de suite que quelque chose clochait. Le silence de sa fille était en cela éloquent. Il pronostiqua d’emblée qu’elle allait finir par abandonner. Après tout, il avait déjà remarqué depuis quelque temps qu’elle n’était plus aussi emballée. Peut-être aussi avait-il été trop possessif.


Ce magasin qu’il avait acheté, aménagé, ce n’était sûrement pas un hasard s’il se situait près de la maison familiale. À tant vouloir l’aider il l’avait mise dans une situation à laquelle, seule, elle aurait sciemment dit non. Un client entra. Elle se leva pour l’accueillir.


Il sortit par la porte de derrière et partit marcher le long de la plage. Il s’arrêta pour regarder au loin un grand navire qui s’éloignait, le regard pénétrant et fier, avec au coin de la bouche un sourire serein et franc, l’œil vivace, comme si, au poste de commandement du navire, c’était lui qui pilotait.

Le bateau disparut. C’était bien clair, il allait falloir vendre le magasin. Sa fille repartirait.


Quand il avait vingt ans, c’était un peintre habile. Quelques-uns de ces tableaux faisaient toujours l’admiration de son entourage. Et dans le magasin, une de ses marines, accrochée en devanture, apportait régulièrement son lot d’acquéreurs potentiels.


Ce ciel estival semé de nuages lui rappela les pâtes d’ocre, de terre brûlée et de cyan. Il perçut au bord des narines le piquant de l’essence de térébenthine. Il sentit souffler un air de liberté. Le vent tournait. Dès demain il se renseignerait sur les modalités de vente. En deux ans le magasin avait déjà pris de la valeur. Sa fille s’en irait, et après ? Elle était jeune, intelligente et pleine de promesses. Sa décision était prise. Il passerait aussi au détaillant d’articles d’arts. Il allait se remettre à la peinture.



 
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   Anonyme   
4/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Une jolie histoire, bien écrite, belle ambiance, tranquille, sereine mais...

"Elle repoussa la calculatrice, de la paperasse plein le bureau, et fit tourner un crayon entre ses doigts." je sais pas, les virgules peut-être ? Comme ça ça fait un peu bancal.

Il y a une contradiction dans l'ambiance ou dans mon ressenti, je ne sais pas exactement mais... La phrase du début est péremptoire (c'est pas moi qui le dis, je ne la trouve pas péremptoire, pour moi elle constate juste une évidence) et elle, qui va prendre (c'est suggéré) la décision contraire à cette phrase péremptoire se sent "allégée" et "épaulée" ce qui sous-entend, comprise...

"Sa mère lui avait souvent raconté en riant comment, quand ils arrivaient dans un hôtel, lors de leurs multiples voyages d’agrément, il allait toujours en premier à la fenêtre." Je comprends que tu veuilles par cette phrase me faire entrevoir un aspect de la personnalité du père, mais j'ai pensé que c'était la mère de la fille et donc la femme du père qui "se rappelait" or c'est la mère du père qui se rappelle. (sais pas si je suis compréhensible ?)

D'autre part, ressenti personnel, si au début la phrase est péremptoire, et l'inquiétude du père sous-jacente, il n'y a pas dans le texte, la démarche psychologique du père vers l'acceptation du fait que la fille ne va pas prendre la décision qu'il voudrait qu'elle prenne. (c'est un avis très personnel) Je trouve que ça va trop vite, dans le texte.

"Il s’arrêta pour regarder au loin un grand navire qui s’éloignait, le regard pénétrant et fier, avec au coin de la bouche un sourire serein et franc, l’œil vivace" c'est évidemment idiot ce que je vais dire, mais dans la phrase, telle qu'elle est, moi, je comprends que c'est le navire qui s'éloignait qui a "le regard pénétrant et fier".

Tout ça est mon avis, rien que mon avis.
Ce que j'ai aimé surtout dans ce texte, c'est l'ambiance générale et la sérénité du père, sa conscience tranquille. Bref ce que transmet l'écriture même si j'ai buté sur deux phrases.

   Anonyme   
4/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime assez l'histoire.
Peut-ête que quelques lignes sur les motivations du père quant à son "abandon" de la peinture n'auraient pas été de trop. Plutôt que le coup du "regard protecteur par la fenêtre" qui à mon sens n'apporte pas grand chose de plus au texte.
Sinon j'aime la morale qui s'en dégage, "extirper le bon du mauvais", se fier aux soubresauts du destin, accepter.
J'aime aussi la fin non dénuée de poésie.

   xuanvincent   
4/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Le thème de cette histoire m'a assez plu.

Cette nouvelle m'a semblé dans l'ensemble assez bien écrite.

L'histoire m'a simplement paru un peu courte. En la développant, notamment avec quelques dialogues supplémentaires, elle m'aurait peut-être davantage plu.

   Nongag   
4/3/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Assez agréable lecture mais... qu'est-ce que tu voulais nous dire exactement?

On a deux points de vue en ce qui me concerne. La fille qui semble comprendre qu'elle doit persévérer avec sa boutique qui sera rentable d'ici un an ou deux. Et ce père soucieux, aimant, qui se juge un brin envahissant et qui décide de laisser plus de liberté à sa fille.

"Il pronostiqua d’emblée qu’elle allait finir par abandonner." Comment?

"Après tout, il avait déjà remarqué depuis quelque temps qu’elle n’était plus aussi emballée." Ça me semble un peu mince comme explication.

Cette confusion est dommage car l'écriture est bonne, Tu décris en peu de mots le père que l'ai eu l'impression de bien saisir. Le personnage de la fille est un peu escamoté par contre. On comprend qu'elle a de l'admiration pour son père et qu'elle semble être une fonceuse, c'est tout.

Mais je reviens à ma question : qu'est-ce que tu voulais nous dire exactement? Que deux personnes peuvent avoir une vision totalement différente d'une même situation? Rien ne laisse supposer en effet qu'ils partagent la même opinion sur la situation de cette boutique. On a un rapport intime qu'avec les opinions du père. Mais pas avec ceux de sa fille. Enfin c'est ce que je saisis après deux lectures.

En résumé : Je perçois un déséquilibre entre l’importance que tu donnes aux deux personnages. Et je parviens pas à mettre le doigt sur ce que tu veux faire passer.

   Anonyme   
4/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonsoir jensairien ! Texte bien écrit, personnages bien décrits mais (à mon avis) il manque quelque chose dans cette histoire et je crois que ce sont des arguments forts qui démontreraient que la fille veut vraiment changer de vie et ce n'est pas flagrant...
Amicalement. Alexandre

   Menvussa   
4/3/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
"de faire la conversation aux chiens, dans la rue, avec autant d’amabilité et d’aménité qu’il mettait au commerce de ses semblables." ... qu’il en mettait au commerce... me semble plus correcte.

"Elle s’était décidée de se lancer dans l’encadrement " ... décidée à se lancer... non ? On décide de quelque chose mais on se décide à faire quelque chose.

"Sa mère lui avait souvent raconté ..." Il s'agit évidemment de la mère de la jeune fille, mais tel que c'est écrit, au vu de ce qui précède, on est en droit d penser que c'est la mère de l'ancien officier de marine et donc la grand-mère de la jeune fille.

"Sa mère lui avait souvent raconté en riant comment,..." il doit manquer une virgule avant comment

sacré officier de marine à la retraite. Même quand il reconnaît qu'il en fait trop, c'est plus fort que lui, il faut qu'il continue.

Je n'ai pas trouvé un intérêt débordant à la lecture de cette courte nouvelle.

Ce n'est pas trop mal écrit, malgré certaines remarques, mais je trouve que cela manque de relief. c'est raconté comme quelque chose de très banal et c'est comme ça que je le ressens en tant que lecteur.

   widjet   
4/3/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
L’histoire est donc vraie. C’est intéressant et courageux de se découvrir un peu.
On entre ainsi un peu dans l’intimité non pas de l’auteur, mais de l’homme , cette personne planquée derrière son PC (comme nous !) et que nous ne connaissons pas.
C’est vrai qu’on a l’impression que c’est écrit d’un jet, comme ça, sans relever la tête, au feeling, sans véritablement une volonté de retravailler comme si la sincérité du propos se suffisait à lui-même.
Et c’est sans doute ce que voulait JSR. Je respecte la démarche.

Mais je lui mentirai en ne disant pas que j’aurai préféré plus d’élégance dans la forme, le choix des mots dans ce récit même s’il fallait pour ça enjoliver un peu, poétiser la réalité (cela n’aurait pas nuit à l’hommage je pense, mais aurait peut-être perdu de sa spontanéité). J’aurai aimé plus de descriptions, plus d’insistance sur le jeu des regards, des postures, des pensées….
(soupir)
J’aurai aimé tellement de choses car ce sont justement ces petites scènes de la vie quotidienne que je trouve souvent les plus belles, les plus émouvantes à raconter.

Ici, il y a cette envie d’autre chose (pas de ces choses commerciales pour citer Alain Souchon dans sa Foule sentimentale ), cette soif de liberté.

Il y avait un gros potentiel dans cette histoire au parfum d'autobio.

Ah, j’aurai aimé…

Merci

Widjet

   Flupke   
11/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Sympathique esquisse pointilliste. Intéressant de savoir qu’il s’agit là d’une histoire vraie. J’ai bien aimé la concision mais je ne puis m’empêcher de me demander si cette nouvelle n’aurait pas pu être plus percutante en étant davantage développée.

   kullab   
14/3/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
J'ai trouvé que ce texte manquait un peu d'émotion. C'est d'autant plus dommage que l'histoire paraît vraie. Remarque, cela explique peut-être la retenue de l'auteur. Globalement, je rejoins assez l'avis de Widjet.

   Anonyme   
8/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai bien aimé ! style léger et efficace, c'est plein de vie. En même temps, certains paragraphes pourraient être développés, il y a matière à en faire un vrai roman... une grande absente : la mère

   monlokiana   
18/9/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Un texte étrange. J’arrive à la fin et je me demande ce que ce texte (ou l’auteur ou le narrateur) a voulu dire.
Je trouve que ça manque de relief, c’est trop décousu, tronqué. Pas d’atmosphère, pas de descriptions, pas de décor. J’ai eu l’impression de lire un texte où les phrases sont collées les unes après les autres, sans qu’il y ait de sens réelle.
Si j’ai bien compris, c’est un père et sa fille qui vendent leur boutique, leur chère boutique. La scène n’est pas si touchante que ça. Dommage, ça aurait dû l’être avec plus d’émotions décrites. C’est fade, ce n’est pas très attrayant.
Pourquoi ne pas revoir ce texte ça l’idée de débat est tout de même bonne.
Désolée, mais je n’ai pas accroché. C’est court comme texte et c’est ennuyant.

Monlo

   carbona   
7/9/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

J'ai lu deux fois votre texte car à la première lecture, cette histoire m'a paru fade, sans relief alors j'ai retenté pour mieux saisir.

Il se passe en réalité beaucoup de choses, une décision importante dans la vie de ce père bienveillant, peut-être trop, qui décide d'offrir la liberté à sa fille, de la laisser voler de ses propres ailes, comme tel semble être le souhait de cette dernière.

Mais je trouve que tout va trop vite dans cette histoire. On passe en quelques minutes à "on attend encore 2 ans" à "ok, on vend demain". Le caractère condensé de votre récit ne met pas en valeur un changement si profond, votre choix semble être de considérer ce changement comme un déclic, une révélation et alors c'est peut-être que là que les mots manquent pour insister sur ce revirement si soudain.

Votre écriture est, par ailleurs plutôt agréable à lire.

Quelques remarques :

- "cette fille unique qui avait eu tant de mal à voir le jour." < j'imagine que ce détail est là pour justifier, en partie, le caractère possessif du père . Du coup, je m'attendais à lire des détails sur les difficultés du couple à avoir un enfant et j'ai été surprise quand la suite ne répondait pas à cela.

- une autre transition que j'ai eu du mal à saisir. Un client arrive dans la boutique. J'ai cru que le 'il" qui sortait à l'arrière de la boutique était ce client et non le père.

Merci pour cette lecture.


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