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Humour/Détente
leon : Tangentes et parallèles
 Publié le 27/03/11  -  6 commentaires  -  50096 caractères  -  116 lectures    Autres textes du même auteur

Une nouvelle à tiroirs, avec une chute, que je ne peux pas résumer, sans vous la dévoiler.


Tangentes et parallèles


I – Là-haut sur la colline



Un coucou a roucoulé, là-bas, sur la colline. Jeff m'a dit :


- T'es vraiment con, Bébert ! Si ça roucoule, c'est que c'est une poule ! Les coucous ne roucoulent pas...

- Qu'est-ce que tu en sais toi, si les coucous ne roucoulent pas !?

- Je suis allé à l'école jusqu'à vingt-quatre ans, comme tout le monde, cette bonne blague !


La conversation s'est tarie : je n'avais aucune envie de répliquer car Jeff avait touché un point sensible. En tant que fils de paysanos, j'avais été exempté d'études obligatoires. Je lui aurais bien répondu que je savais conduire un tracto, mais à quoi bon.


Un homme est mort dans la nuit : ça a craqué comme une brindille. Jeff m'a dit :


- Décidément, qu'est-ce que t'es con, Bébert ! Un homme, ça ne craque pas quand ça meurt ! C'est le canapé du salon qui vient de péter : c'est tout.

- Oh Jeff, si tu me casses toutes mes intros, je ne vais jamais pouvoir commencer à écrire quoi que ce soit !

- Pourquoi tu ne te tricotes pas une casquette ?

- Tu veux dire un bonnet ?

- Non, j'ai bien dit une casquette. Tricoter un bonnet, c'est trop commun.


Une poule a roucoulé sur la colline et le canapé du salon a pété en craquant. Jeff et moi, nous étions vautrés dessus : à nous deux, il faut dire que ça devait bien faire dans les deux cent cinquante kilos de viande affalée sur le cuir pleine fleur. D'ailleurs, ça n'est pas le cuir qui a craqué, c'est l'armature. Jeff m' a dit :


- Laisse tomber : tu es trop con ! Tu ne connais pas l'usage des mots et puis d'ailleurs, qu'est-ce que tu veux raconter ?

- J'introduis notre existence, petit à petit.

- De gros à gros, tu veux dire ?

- Pas vraiment, Jeff : c'est plus subtil ! Deux cent cinquante kilos à deux, ça peut effectivement faire deux gros lourdingues gavés de bière, mais ça peut aussi faire un jeune athlète et son copain l'androïde, pesant de tous ses boulons.

- Et qui serait l'athlète ?

- Je pensais à ma pomme...

- Je vois : tu cherches à t'attribuer la meilleure part. Et puis d'ailleurs, tu sais bien que je ne suis pas gros : tout juste un peu enveloppé.

- C'est vrai, j'avais oublié. Excuse-moi Jeff, je reprends tout à zéro.

- Non, pas tout : la poule qui craque et le canapé qui roucoule, c'est très bon, n'y change rien !


Le canapé roucoulait d'aise sous le poids conjugué d'un jeune athlète et d'un sympathique androïde de cent quatre-vingts kilos.


Vu de loin, ça peut paraître étrange, mais ça n'est à tout prendre qu'un effet de la distorsion temporelle : en 2200 après Jésus-Christ, l'usage est de se servir d'une vache vivante comme canapé, plutôt que de la désosser pour obtenir son cuir. De cette manière, une vache bien nourrie fait un excellent meuble de salon.


- Bébert ?

- Oui Jeff, je sais bien que je suis un con, mais qu'est-ce qui ne te convient pas maintenant ?

- On est en 2200 et nos mœurs sont largement aussi évoluées que celles des siècles précédents : tu es d'accord avec ça Bébert ?

- Oui, et alors, qu'est-ce qui cloche ?

- Allume la télé pour rassurer l'auditoire de toute urgence ! Ça serait désastreux de laisser penser que la télévision n'existe plus.


Il était vingt heures pétantes d'un beau jour de l'an 2200. Bébert, un athlète de haut niveau et son androïde Jeff étaient tranquillement en train de siroter une bière sur leur canapé-vache, quand soudain, une poule a pété sur la colline avoisinante. D'émotion, le canapé-vache a craqué. Ça n'était pas l'heure du journal télévisé.


- Ça fait un peu fait divers, ton introduction, tu ne trouves pas ?

- OK Jeff, c'est comme tu voudras !!!


En 2200 après JC, un beau soir d'hiver, alors que des milliers de poules pétaient sur les collines avant d'entamer leur grande migration, Robert, un jeune athlète de haut niveau, regardait tranquillement la télévision en sirotant une bière, assis sur un tabouret de bois très rustique. Pendant ce temps, son androïde domestique qu'il avait curieusement prénommé Jeff était allé promener la vache du salon. Un homme est mort en direct, près d'un grand champ de barbelés et il a juste eu le temps de crier :


- Libertad !


Robert a porté la main à son œil gauche, à la commissure duquel c'était mouillé comme s'il avait écrasé une larme.


- Bébert ?

- Oui Jeff ?

- Ça ne me dérange pas d'aller promener le canapé pendant que tu écris ton histoire, mais encore faudrait-il que tu respectes la syntaxe.

- Mais Jeff, tu n'y es pas du tout. Ma syntaxe, c'est celle de 2200 : les primitifs me comprendront, quoi qu'il arrive !

- Tu es bien optimiste !

- Oui, c'est sûr, et même, si j'osais, j'utiliserais une orthographe mutante.

- Très bon, ça, l'idée du mutant : à creuser !

- Bon alors on est d'accord : tu es parti promener la vache pendant que je regarde mourir un homme à la télévision en sirotant une bière.

- Oui, bien sûr, c'est très moral comme histoire.

- Ça te va ?!

- Ça me va.


Bébert était célibataire et cynique. Un mutant devait bouleverser sa vie : il s'appelait Josette, comme l'homme qui venait de mourir en direct à la télévision. Quelle coïncidence ? En fait pas du tout, car à cette époque, tous les mutants étaient affublés de ce sobriquet. Bébert reposa sa bière quand on sonna à la porte de son igloo solaire.


- Jeff, va ouvrir, s'il te plaît !

- Bébert, tu es trop con ! Tu ne te rappelles pas que tu m'as envoyé promener la vache au clair de lune pour avoir la vedette de l'histoire...

- Ah oui, c'est vrai ! Bon alors c'est moi qui vais ouvrir la porte.


Bébert posa sa bière sur la petite table de salon violette et se dirigea vers la porte de l'igloo. Il avait un peu peur car il n'avait pas les gros bras musclés de son androïde. Il regarda par le judas et vit Josette, transie jusqu'à la moelle, qui serrait un châle trempé de laine sur ses nichons durcis par le froid.


- Oh Bébert, tu nous la fais érotique ton histoire ?

- Si tu es jaloux Jeff, je lui rajoute une moustache à mon mutant !

- Non, déconne pas Bébert !

- OK, alors Josette sera une mutante du genre féminin.


Johnny actionna le bouton de l'interphone et interpella la mutante :


- Qu'est-ce que tu viens faire ici Josette ! Je t'ai déjà dit de ne pas venir sonner en plein jour !

- Johnny, ne me repousse pas ! La milice est à mes trousses !

- Tu me fiches la frousse : entre !


Josette entra. Elle était cul nu sous son châle, ce que ne manqua pas de remarquer Bébert, qui n'avait pas l'œil dans sa poche.


- Josette est morte !

- Je sais Josette, j'étais en train de regarder la télévision : ça s'est passé en direct. Mais toi Josette, tu n'es pas morte.

- Les salauds !

- Oui, les salauds !

- De qui parles-tu, Bébert ?

- Ta gueule Jeff : rappelle-toi que tu promènes une vache sous la pluie.

- Mais Bébert, tu as bu : je ne suis pas Jeff, je suis Josette, ta femme. Tu sais bien que Jeff est mort depuis longtemps.

- Qui ça Jeff ?

- Mon ancien amant, bien sûr.

- Et le nouveau s'appelle comment ?

- Voyons Bébert, tu sais bien que je n'aime que toi !

- Jeff, au secours !

- Va te chercher une autre bière, Bébert ! Ça te rendra les idées plus claires.

- Jeff, mon histoire de mutant dégénère en une bête histoire d'adultère !

- Bouge pas, je ramène la vache !

- D'accord Jeff : ne me laisse pas tomber !


Bébert conduisit Josette jusqu'au salon de l'igloo et lui proposa de s'asseoir sur le tabouret, le seul siège disponible. Il reprit une bière et resta debout pendant que le présentateur télé parlait de la nécessité de se débarrasser de Josette, puis il se racla la gorge :


- Tu sais Josette, Jeff revient avec la vache.

- Ah oui !?

- Tu connais Jeff ?

- Oui, de vue...

- Tu as peur ?

- De Jeff, non, mais de la milice, oui !


La sonnerie de la porte d'entrée a résonné de nouveau.


- C'est toi Jeff ?

- Oui, c'est moi ! Qui veux-tu que ce soit ? Tu as fait entrer Josette ?

- Oui, je n'aurais pas dû ?

- Si si, Bébert, mais fais gaffe à la syntaxe et à la concordance des temps !

- Entre !


Jeff entra avec la vache qui reprit sa place dans le salon et il s'assit dessus. Josette, qui avait pris peur, était cachée sous le tabouret, les fesses en l'air. Bébert regarda sa bière d'un air un peu dégoûté, et puis le cul de Josette qui grelottait de peur et de froid.


- Jeff, on continue ou quoi ?!

- C'est toi qui vois Bébert, mais je ne suis pas sûr que tu sois doué pour la littérature !

- Tu crois ?!


Alors Bébert entendit une poule roucouler sur la colline pendant qu'un mutant nommé Josette mourait en craquant à la télévision. Jeff péta :


- Un androïde, ça ne roucoule pas !

- Tu as raison Jeff !

- Et moi qu'est-ce que je deviens ? demanda Josette.

- Tu veux que je t'en colle un chapitre ou deux de plus ?!

- Non, non, merci, ça ira.

- Alors va roucouler sur la colline avant que j'appelle la milice !


Josette est repartie sous la pluie, les seins collés à son châle de laine. Jeff a voulu plaisanter une fois de plus avec Bébert :


- Si on reprenait ton histoire depuis le début ?

- Laisse tomber : dès demain, je te mets à la casse.


Et Bébert a débranché Jeff, puis il s'est précipité vers la colline où s'était enfuie Josette :


- Josette, Josette, reviens, je t'aime ! Je te le promets, dès demain je cherche du travail !



II – Un matin calme sur la banquise



Bébert n'a pas pu ramener Josette à la maison, dans son bel igloo solaire : celle-ci courait trop vite, mutante oblige... Il a fini par rebrousser chemin et rejoindre le pauvre Jeff, assoupi débranché sur la vache du salon. Pris de remords, il l'a rebooté en mode silence et il s'est installé devant Nordine, son ordinateur, pour taper ces quelques mots. Nordine était beaucoup moins insolent que Jeff, mais malheureusement incapable de servir une téquila frappée.


- Qu'est-ce que tu penses de ça, Nordine ?

- Ça vaut toujours mieux que d'essayer de se tricoter une casquette en fil d'Écosse !

- Oui, c'est ce qui me semble aussi.

- Pourquoi t'appeler Johnny pendant un court instant, au chapitre précédent.

- Bah, j'ai eu un flash : ma littérature expérimentale me faisait devenir l'idole des jeunes.

- Ah bon...

- Oui, il faut être jeune d'esprit pour accepter un tel carnage.

- Un carnage, mais en courge ?

- Tu ne vas pas me refaire le petit jeu de la psychanalyse, Nordine, avec tes questions insidieusement anodines ?!

- Non, non : je parlais du carnage. Il ne faut pas être si pessimiste Jeff. La BD-littérature loufoque a de beaux jours devant elle, tu ne crois pas ?

- Je ne sais pas Nordine, mais s'il te plaît, ne m'appelle pas Jeff.

- Pourquoi pas ?!

- Parce que je vais devoir appeler Jeff Bébert ou Josette ou Johnny et que je le connais : la prochaine fois qu'il me fera des œufs sur le plat, il me les servira baveux.

- Et c'est ennuyeux ?

- Oui, c'est baveux !

- Mais en courge ?

- Tu sais bien qu'il ne faut pas mettre ses deux yeux dans le même panier !

- Certes...

- Bon, salut Nordine, je suis fatigué : à demain.


Nous sommes demain et c'est ce qui est magique dans la littérature : un saut de ligne suffit à vous épargner une nuit peuplée de cauchemars. La pluie de la nuit a lavé le ciel de tous ses nuages et, sur la banquise, il y a une magnifique aurore boréale. Sur la colline, Josette dort encore à poings fermés dans un lit de mousse où elle a fini par s'effondrer d'épuisement.


Les patrouilles de nuit des miliciens ont rejoint le siège de la milice, ce qui est très naturel et rassurant pour la population. Les poules ont cessé de roucouler sur toutes les collines aux alentours et elles s'envolent par milliers pour leur grande migration quinquennale, en rangs d'oignons serrés, comme des escadrilles.


Dans le matin clairet, l'air vif sent la fiente et la plume, et la plume vole au vent en tous sens, comme de la neige, la seule que l'on connaisse encore en cette fameuse année 2200 où le réchauffement climatique n'est plus à craindre : les glaces polaires ont fondu et en fait de banquise, nous sommes en Alaska, dernier refuge d'un mutant qu'on appelle Josette.


Jeff est programmé pour réveiller Bébert à sept heures pétantes, comme le canapé du salon, que tout le monde appelle Martha, allez savoir pourquoi. Bébert, bien qu'encore endormi, décida alors de faire une nouvelle entorse à la concordance des temps et aux usages.


Il savait pertinemment que Jeff souffrait énormément lorsqu'il était contraint par son propriétaire à travailler en mode silence. Il portait un gant comme celui d'un fauconnier, bourré de capteurs tactiles, et d'un simple petit geste, rendit la parole à son majordome favori.


- Dis Bébert, tu m'excuses pour hier ?

- T'excuser de quoi ?

- J'avais un peu forcé sur la bière et j'ai dû te traiter un peu trop souvent de con, non ?

- C'est normal, tu as été conçu avec l'option sado-maso light : tu ne peux t'empêcher d'être à la fois plein de bons conseils, mais aussi moralisateur et moqueur.

- J'avais oublié cette fichue programmation !

- Non, le plus enquiquinant est que j'ai fait peur à Josette et qu'elle s'est enfuie sur la colline : si les miliciens du matin la trouvent, ça va encore être un carnage comme avec Josette, hier soir au journal de vingt heures.

- Mais en courge ?

- Je ne suis pas sûr qu'elle roucoule en mourant sous les éclairs des tasers.

- Tu as raison, Jeff.

- Mais qu'est-ce que vous avez tous à m'appeler Jeff ce matin !?

- C'est pour ta littérature expérimentale Jeff, pour te la péter comme Dick dans Cubic.

- C'est chaud ça Jeff ! Mais alors si tu m'appelles Jeff, comment veux-tu que je t’appelle ?

- Pas de chichis entre nous : appelle-moi tout bonnement Jeff, comme dans le bon vieux temps où nous étions amants, toi et moi.

- Arrête de charrier, Jeff : c'est pas tout ça, mais il y a ma femme Josette qui est paumée toute seule sur la colline.

- Et pourquoi ça ?

- Au cas où tu n'aurais pas suivi, elle revenait cul nu de chez son amant et je l'ai foutue dehors.

- Qui ça : Jeff ?

- C'est cela oui.

- Et ça te fait quoi ?

- Ça me fait mal, malheureusement !

- Pleure pas Jeff, t'es pas tout seul...

- Oui, tu as raison, je connais la chanson : tout ça c'est du bidon.

- Oui Jeff, c'est cela même : du bidon.

- Mais Jeff, j'aime cette femme plus que tout au monde alors, comment imaginer devoir la partager certains soirs avec un étranger ?

- Je ne sais pas Jeff mais, après tout, ça n'est peut-être qu'une question d'habitude.

- En attendant, il faut que je la ramène avant que les miliciens ne la trouvent.

- Prends ton bonnet et tes gants avant de partir : tu sais, nous sommes en mars et il fait encore un peu frais en Alaska à cette saison.

- Tu as raison Jeff.

- Prends soin de toi Jeff.

- Oui Jeff.


Jeff le majordome n'était pas programmé pour quitter l'igloo solaire avec lequel il avait été livré : c'est d'ailleurs pour cette simple raison que Jeff ne partait jamais en vacances. De ce fait, l'idée qu'il aille un jour promener Martha sur la banquise était-elle foncièrement absurde...


- Abrège Jeff, et pars chercher Josette !

- OK Jeff !


Jeff partit donc à la recherche de sa femme avec la vache du salon, qu'on appelait Martha, rappelons-le, et qui avait un excellent flair. Ils traversèrent incognito le petit village de Salsepareille, non sans croiser deux douzaines de miliciens qui rendaient un hommage aux couleurs de l'Alaska : brun sur fond brun. C'était fou ce qu'on voyait comme miliciens depuis que l'Alaska était un pays libre et indépendant. C'était bien plus rentable de chasser le mutant que de pêcher les trop rares baleines qui subsistaient encore dans les eaux réchauffées de l'Arctique.


La vache était sur une piste, comme le montrait sa queue qui fouettait joyeusement l'air pourtant dépourvu de mouches : les mouches avaient été déclarées indésirables par le gouvernement voilà quelques années. Ils croisèrent quelques poules retardataires qui pétaient dans les bois de sapin, jusqu'à ce qu'ils finissent par trouver le nid de mousse où Josette avait fini la nuit.


Elle dormait emmitouflée dans son châle, le cul nu, comme à son habitude. Jeff faillit s'attendrir, mais ça n'était pas l'heure : il la réveilla d'un bon coup de pied dans le bas du dos. Elle gémit :


- C'est toi Jeff ?!

- Qui veux-tu que ça soit ? Ce crétin de Jeff peut-être ?

- Allo patron ! Finalement, je crois que ça embrouille un peu tout d'appeler tout le monde Jeff dans cette histoire, non ?

- Et alors, les mutants s'appellent bien Josette et ils ferment leur gueule, eux !

- Ça n'est pas non plus une raison pour leur botter les fesses.

- Ça te plairait de voir rentrer ta femme à deux heures du matin avec sa culotte dans son sac à main toi ?

- Vu sous cet angle, vous avez tout à fait raison patron : je vous laisse faire à votre guise.


Jeff, comme vous l'avez certainement compris, était en contact permanent avec son androïde par une liaison radio ultra-sophistiquée qui n'a pas encore été inventée dans l'époque de bouseux que nous vivons actuellement.


- Patron, il ne faut pas fâcher le lecteur non plus.

- Au chapitre précédent, tu m'aurais simplement dit : Bébert, tu déconnes !

- Je m'assagis.

- C'est louche !

- Certes.

- De toutes façons, la science-fiction est faite pour les gens qui pensent vivre dans une époque sous-évoluée.

- Vous avez raison patron.

- Quelque chose me dit que tu n'as pas trop apprécié d'être rebooté en mode silence : je me trompe ?

- À vrai dire, c'est un peu ça patron.


Après un deuxième coup de pied au cul, Josette finit par se réveiller complètement et se redresser de tout son long.


- Ah c'est toi, Jeff !

- Oui, c'est moi : enfile ça et suis-moi !


Il lui tendit une culotte kaki et une casquette de la milice, de la même couleur. De cette manière, accompagnés de la paisible Martha, ils pourraient rentrer à la maison sans se faire remarquer, ce qu'ils firent.



III – Tout est question de temps



- C'est un joli titre de chapitre ça, patron.

- Tu vires à l'obséquiosité Jeff.

- Non, non, pas du tout : je me demandais simplement pourquoi un tel titre.

- Parce que finalement, tout a commencé par une situation complètement chaotique et que les choses s'arrangent.

- Comment cela ?

- Déjà, Josette est de retour à la maison et je l'ai envoyée prendre une bonne douche à ultrasons parce que je ne supportais pas son odeur de mâle mouillé.

- Je croyais que Josette était du genre féminin.

- Justement, c'est d'autant plus désagréable qu'elle sente le mâle mouillé quand elle rentre à la maison.

- Vous eussiez préféré qu'elle sente le mal mouillé ?

- Pourquoi pas, en effet, ou bien encore le magouillé ou carrément la grenouille.

- Et à part ça, qu'est-ce qui s'arrange encore ?

- Tu m'appelles patron et je crois bien que c'est toi que je vais appeler John : c'est un très joli prénom pour un majordome de cent quatre-vingts kilos. C'est distingué, un rien british. D'un autre côté, nous conviendrons que tous les amants de ma femme s'appellent Jeff et jusqu'à moi-même qui suis l'un d'entre eux à l'occasion. Pour les miliciens, ce sera Dupon.

- Dupond ou Dupont ?

- Non, simplement Dupon, sans aucune consonne terminale surnuméraire.

- Vous vous exprimez comme un chef, patron.

- Merci John.


Évidemment, tout le monde l'aura compris, Jeff, à l'aide de son gantelet de commande avait réglé John sur le mode respectueux. Il soupira en pensant amèrement qu'il aurait bien aimé se procurer un autre gantelet pour Josette, et la régler sur le mode fidèle. D'un autre côté, comme il l'avait promis naguère à celle-ci, ça l'aurait obligé à chercher un vrai travail et ça ne l'arrangeait pas du tout : en tant qu'athlète de haut niveau, il était grassement rémunéré par la fédération sportive alaskaïenne. Il était champion de sieste, une spécialité très respectée à cette époque.


Il s'entraînait jusqu'à plus de huit heures par jour, ce qui faisait dire à Josette qu'il était fainéant, allez savoir pourquoi ! Tout simplement, en tant que mutante déclarée indésirable et pourchassée par la milice, elle méprisait le sport et les compétitions. Quand Jeff la laissait s'exprimer, elle disait qu'elle était féministe et anarchiste, et quand il la claquait pour qu'elle se taise et pouvoir s'entraîner, elle courait rejoindre Jeff, son amant.


Mais, dans le fond, ce qui dérangeait le plus Jeff dans la chose, ça n'était pas tant l'adultère, que le fait qu'il soit consommé avec un clone de lui-même, qui portait de surcroît le même prénom. Tout ça aurait eu bien plus d'allure si elle avait été lesbienne, ou, à la rigueur, qu'elle le trompe avec une autre famille de clones, les Jules, par exemple.


Il en était là de ses ruminations, confortablement allongé sur Martha, quand Josette sortit enfin de la cabine de douche à ultrasons, les cheveux en désordre et la peau constellée de gouttelettes de rien du tout, évidemment. Elle s'approcha de lui d'une démarche de louve, sensuelle à souhait, le regardant d'un air canaille :


- Jeff, tu m'aimes ?

- Quelle question !

- Moi, je t'aime, pourtant, Jeff...

- Oui, je le sais bien, Josette.

- Alors pourquoi refuses-tu de m'avouer que tu m'aimes, toi aussi ; ça simplifierait les choses, tu ne crois pas ?!

- Tout n'est pas si limpide, Josette, car, vois-tu, dans le fond, j'ai un peu de mal à supporter tes infidélités répétées.

- Mais je ne couche qu'avec toi, Jeff, tu le sais bien.

- Oui, moi, et d'autres moi, qui me ressemblent et partagent mon patrimoine génétique, c'est vrai.

- Tout à fait. Et qu'est-ce qui te dérange là-dedans ?

- J'aimerais que ce soit un peu plus MOI que tu aimes, et pas simplement le modèle 49 révisé 57 auquel je suis conforme, si tu vois ce que je veux dire.

- Mais c'est terriblement réac, comme état d'esprit.


Jeff en convint, ce qui lui demanda tout de même un bel effort d'humilité. Il refusa tout de même de dire à Josette qu'il l'aimait, comme à l'accoutumée, car il avait remarqué que cela l'excitait, sexuellement parlant. Ils firent donc l'amour à cru, sur Martha. Quand tout fut fini, Josette revint à la charge :


- Jeff, je t'aime !

- Oui Josette, je l’entends bien.


Elle serra les poings, rentra ses larmes, et s'écria :


- Jeff, tu n'es qu'un salaud !

- Ça te dirait, des œufs sur le plat ?


Bien sûr que ça lui disait, et, quand il ne la claquait pas, il s'y prenait toujours ainsi pour la faire taire, à lui proposer à manger, car, quand elle se restaurait, elle ne parlait pas, politesse oblige. Sur un ordre de Jeff, John se mit à s'affairer dans la kitchenette de l'igloo, et leur prépara une douzaine d'œufs, avec des tranches de lard, et des mouillettes à tremper dans le jaune. Josette soupira d'aise quand il vint lui apporter son assiette sur un grand plateau. Jeff en profita pour faire un commentaire désabusé :


- Tu vois Josette, il faut savoir profiter de la vie sans trop se poser de questions. La nuit dernière, les poules sont parties pour leur grande migration, et nous ne les reverrons pas avant cinq ans. D'ici quinze jours, le prix des œufs atteindra celui du caviar...

- Oui, tu as raison.


Elle avait terminé de saucer son assiette, qu'elle avait dévorée, enfin son contenu, bien sûr, et la regardait maintenant d'un air profondément mélancolique.


- Le prix du caviar, tu dis ?

- C'est cela même, oui.

- Et tu crois que nous serons toujours de ce monde, lorsqu'elles reviendront ?

- Je ne sais pas, Josette. Tout va si vite, parfois.

- Faisons un enfant alors, toi et moi, Jeff.

- Pour quoi faire ?

- Mais pour durer au-delà de la mort, bien sûr.


Jeff ne répondit rien, car il trouvait l'idée puérile. Plus personne ne faisait d'enfant de manière naturelle depuis belle lurette, sur cette terre qui n'était même pas gelée. Les clones sortaient des matrices, avec un corps parfait, et c'était très bien ainsi. Il y avait les Jeff, les Jules, les Bertrand et quelques autres modèles masculins et féminins, et grâce à cette reproduction soigneusement planifiée et maîtrisée, la population humaine restait stable. Quelle idée de vouloir concevoir un enfant à la manière des primitifs ! Il n'était d'ailleurs même pas sûr que cela soit faisable. Josette, en tant que mutante, avait peut-être hérité de cette faculté particulière, mais lui ?!


Mais ce jour-là, il était dit qu'ils ne feraient pas d'enfant tous les deux, et c'est la milice qui vint derechef frapper à la porte de l'igloo de Jeff. Comme la veille, Josette, qui n'avait guère d'imagination, se cacha sous le tabouret du salon, les fesses en l'air nues, comme prête à une improbable copulation. Mais les trois miliciens qui envahirent l'intérieur n'étaient pas venus dans ce but, et au bout de moins d'une minute d'observation attentive des lieux, le plus intelligent s'exclama :


- Regardez les gars, c'est Josette ; je vous l'avais bien dit, qu'on la trouverait ici.

- M'enfin, c'est un malentendu, s'écria Jeff. Mais que fait cette salope cul nu chez moi, dissimulée sous mon tabouret...

- Te fatigue pas, Jeff, c'est après elle qu'on en a, pas après toi. Alors, évite de nous jouer tes violons.

- Vraiment, c'est un malentendu, continua à bredouiller Jeff.

- Lève-toi et habille-toi, ordonna l'autre à Josette, sans aménité.


Josette s'exécuta et recouvrit sa nudité de son châle gris, qui avait eu le temps de sécher sur un radiateur. On aurait dit Cosette, et on se serait cru dans les misérables, compte tenu de l'intensité dramatique de la scène, et nonobstant la longueur respective des phrases des deux textes. Mais Jeff ne fit pas son Jean Valjean et ne prit pas la défense de Josette. Il se tenait penaud, à l'écart de la scène, et fut même sur le point de proposer un thé à ces messieurs de la milice. John n'intervint pas non plus.


L'un des deux autres miliciens, après s'être fouillé le nez, un grand brun à moustache nommé Dupon, s'approcha de la mutante, et lui mit les menottes aux poignets, puis y attacha une laisse avec un mousqueton. Elle se mit à sangloter, et au milieu de ses pleurs, elle trouva le moyen de murmurer :


- Jeff, je t'aime.

- Ta gueule, salope ! éructa le moustachu, qui tira violemment sur la laisse de manière à ce que Josette tombe à genoux à terre.


Jeff ne dit rien, bien qu'il toussotât, ce qui témoignait de l'étendue de sa lâcheté, dont il devait chercher à se racheter plus tard, comme il est narré dans la suite de ce beau récit.


Le troisième milicien, Dupon, resté passif jusqu'à présent, en profita pour titiller du bout de sa matraque électrique la fesse gauche de Josette, qui fut soudain prise de convulsions :


- Debout salope. Nous n'avons que trop passé de temps dans cet igloo nauséabond. Il est temps pour toi de regagner les geôles de l'État-providence.


John encaissa le coup sans mot dire, lui non plus ; « nauséabond, cet igloo, que je brique du matin au soir ?! », ne put-il s'empêcher de penser, alors qu'il réprimait un haut-le-cœur qui disait sa façon de penser.


Les trois miliciens finirent par sortir en traînant Josette derrière eux, après avoir fait signé quelques documents administratifs à Jeff, attestant de la présence de Josette dans son habitation, ce vingt et un mars deux mille deux cents, ainsi que de ce que son arrestation n'avait donné lieu à aucune fouille, ni pillage. « Encore heureux ! », se dit-il en son for intérieur, tandis qu'il paraphait les papiers d'une signature à la fois élégante et nerveuse. On n'aurait jamais pu deviner à la voir, que sa spécialité de sportif était la sieste.


Quand tout fut fait, et que Jeff et John se retrouvèrent seuls de nouveau, celui-ci commenta laconiquement :


- Jeff, tu me dégoûtes !

- Comment ça ?!

- Tu ne voudrais pas que je te dessine un mouton, non plus ?!

- Mais ils étaient trois, et ils étaient armés...

- Si ça ne tenait qu'à moi, je me verrais bien de nouveau t'appeler Bébert : c'est tout ce que tu mérites.

- Allez, va, sers-nous plutôt une téquila frappée, pour nous remettre de nos émotions.


John ne se le fit pas dire deux fois, car ça n'était pas non plus tous les jours qu'il était autorisé à trinquer avec son patron. En fait, ça n'arrivait précisément que lorsque celui-ci s'était comporté comme un dégueulasse, et ça résonnait toujours comme un aveu qui donnait du goût supplémentaire à la téquila.


Mais là, le patron y était allé vraiment très fort, et John prit la liberté de préparer, non pas deux téquilas, mais deux rails d'un mètre, qui comportaient chacun douze godets du célèbre alcool mexicain. Il apporta aussi deux petites salières en cristal, et ils frappèrent leur premier verre.


Ça n'est qu'au huitième que leurs langues se délièrent. Jeff ânonna :


- Tu sais, je l'aime bien, Josette.

- Tu l'aimes, ou tu l'aimes bien ?

- En fait, je crois que je l'aime, tout simplement.

- Et tu l'as laissée partir avec les miliciens, sans protester !

- Ils étaient en surnombre, je te l'ai déjà dit !

- Oui, c'est vrai, mais tu aurais pu au moins refuser de signer leurs papiers.

- Et ça aurait changé quoi ?

- Je ne sais pas, peut-être une simple question d'honneur et de dignité.


Jeff s'écroula ce jour-là, après deux mètres cinquante de téquila, tandis que John restait parfaitement lucide, droïde domestique oblige. Il allongea donc son maître sur Martha, une fois qu'il fut tombé de son tabouret, et alla faire un pendu avec Nordine, l'ordinateur, en attendant qu'il se réveille.



IV – Le cave se rebiffe



Jeff se réveilla le lendemain matin, vers onze heures, avec une drôle de lueur dans le regard, ce que ne manqua pas de remarquer John ; ça augurait... Il commença par réclamer qu'on lui serve un grand jus d'oranges pressées, puis un deuxième, et encore un troisième. Enfin, il se lâcha :


- John, j'ai eu une révélation, cette nuit.

- Mais en courge ?

- C'est Dieu lui-même qui s'est adressé à moi, sous la forme d'un vénérable vieillard.

- Dieu ?! Mais c'est terriblement désuet ! Personne ne fait plus ça depuis au moins un siècle.

- Il n'importe. C'était très sérieux. Il m'a regardé de haut, et puis m'a dit : « Tu ne peux pas laisser Josette entre les mains de la milice. Tu te dois de la sauver, au nom de votre amour. Lève-toi et marche. »

- Et ensuite ?

- Ensuite, j'entreprenais une quête périlleuse, qui me menait jusque dans les bras de ma mie.

- C'est chaud !

- Non, John, ça n'est pas chaud du tout. Tu n'y es pas.

- C'est beau, alors !

- Non plus !

- Alors, c'est grand !

- Oui, c'est cela même ; c'est grand !


Après quoi, Jeff fit quelques manipulations sur Nordine, téléchargea un fichier de mise à niveau pour John, et le grava sur un disque optique, qu'il inséra dans le lecteur que celui-ci avait en façade.


- Mais qu'est-ce que tu fais, Jeff ?

- Je t'installe une mise à niveau, qui te permettra de quitter sans souci cet igloo, et de m'accompagner dans ma quête.

- Mais c'est que je n'en ai pas du tout envie ! Je préfère mon activité de majordome, plutôt que de courir les routes et de braver les balles de la milice.

- Tu n'as pas le choix, John, je suis ton maître. D'ailleurs, Martha et Nordine nous accompagneront aussi.


Nordine émit un joyeux jingle, et Martha, un faible beuglement, qui disaient leur contentement. Lorsque le disque fut entièrement lu, John énonça un message système, d'une voix neutre et chantante de hall de gare :


- La mise à jour de votre androïde domestique s'est correctement déroulée. Veuillez retirer le support de données du lecteur.


Jeff s'exécuta, puis donna une bourre à John, dans les côtes :


- Alors mec, comment te sens-tu ?

- Prêt à conquérir le monde, Maître.

- Je ne t'en demande pas tant John. Dans un premier temps, il s'agit juste de nous rendre à Salsepareille pour réclamer la libération de Josette.

- Vos désirs sont des ordres, Maître.

- Pourquoi m'appelles-tu Maître, John ?

- Mais parce que vous êtes mon maître, Maître.

- Appelle-moi plutôt Jeff, comme dans le bon vieux temps.

- Bien sûr, Maître.

- Bon, laisse tomber, mec !

- Oui Maître.


Jeff n'avait nul temps à perdre à régler finement le comportement et les réactions de son domestique de chair et de métal. Car, d'ici peu, Josette serait certainement transférée à Varsovia, la capitale alaskaïenne, pour y être dûment jugée et sommairement assassinée.


Ils installèrent donc de larges sacoches de cuir sur les flancs de Martha, qu'ils bourrèrent de nourriture déshydratée, et puis Nordine, sur sa croupe, qui était fort heureusement un ordinateur portable.


Ils quittèrent enfin l'igloo, le jardinet qui l'entourait, et rejoignirent le chemin qui menait au village, qui n'était qu'à quelques kilomètres. C'était une belle journée, ensoleillée, et l'air résonnait des cris des oiseaux qui se chahutaient et se faisaient la cour, dans les bosquets. Ils gravirent d'un pas alerte la colline, où Josette avait trouvé refuge, deux jours auparavant. De là, on avait une vue magnifique sur la région environnante et ses terres maraîchères, garnies de serres de toutes les couleurs. Ici, on cultivait principalement la pomme de terre, pour fabriquer la vodka, et la banane, pour l'aromatiser.


Il était trois heures lorsqu'ils arrivèrent enfin à Salsepareille, et se dirigèrent immédiatement vers le baraquement de préfabriqués qui abritait la milice. Quelques miliciens s'entraînaient au tir à balles réelles sur des cibles, pendant que de jeunes recrues en survêtement faisaient des pompes et des étirements, sous la conduite d'un instructeur. Jeff attacha la longe de Martha à un poteau, et entra dans les bureaux, accompagné de John.


C'est Dupon, le moustachu qui avait passé les menottes à Josette, qui était justement de permanence :


- Bonjour messieurs, que puis-je faire pour vous ?

- Bonjour sergent. Nous venons régler une petite formalité administrative.

- Mais en courge ?

- Voilà, il s'agirait de demander la libération anticipée de Josette, au motif du rapprochement de famille.

- Vous ne manquez pas d'air, vous autres, maugréa le fonctionnaire, qui fouilla longuement dans un classeur, et finit par leur tendre l'imprimé adéquat, qui comportait pas moins d'une dizaine de feuillets.

- Merci sergent.


Jeff se mit en devoir de compléter le papier au stylo noir et sans rature, ce qui lui prit près d'une heure, après quoi le moustachu en mit presque autant pour vérifier que tout était en ordre. Les choses s'annonçaient bien, pour le moment. Finalement satisfait, le milicien lança :


- Bon, je vais chercher Josette. Il faudra encore qu'elle approuve votre démarche et signe le document, vous le savez.

- Tout à fait, sergent.


Il saisit un gros trousseau de clés et emprunta la porte qui menait aux cellules. Dix minutes plus tard, il était de retour avec un barbu hirsute, au visage tuméfié :


- Voilà Josette.

- Comment cela ! Mais il ne s'agit pas de la bonne personne. Ma Josette à moi est du sexe féminin.

- C'est la seule Josette que nous ayons encore en détention ici, je le crains. Les autres sont parties ce matin pour rejoindre le tribunal, à Varsovia.

- Damned, nous sommes faits et refaits !

- Je crois bien, oui. Désolé !


Le milicien leur rendit la liasse de papier que Jeff avait eu tant de mal à compléter, en leur indiquant qu'il faudrait la présenter à qui de droit, là où était actuellement retenue Josette, à quelques centaines de kilomètres de là.


Ils sortirent du bâtiment, dépités, et c'est John qui brisa le silence le premier :


- Qu'allons-nous faire, Maître ?

- Prendre le bus jusqu'à Oumsk, et, de là, le train pour Varsovia. Je ne vois que ça.

- Ça représente une trotte, Maître ?!

- Oui, mais c'est le seul moyen d'arracher Josette à une mort certaine.


Par chance, il y avait un dernier bus qui passait à dix-huit heures pour ramener les ouvriers agricoles jusqu'à Oumsk, et ils l'attendirent, patiemment assis sur le banc de l'arrêt. Des paysanos ne tardèrent pas à les rejoindre, l'air éreinté par leur journée de travail. La plupart se tenaient là, debout et les mains dans les poches, à mâcher ou à fumer du kif, la drogue de l'État.


Le bus n'arriva pas en brinquebalant, mais finit par arriver tout de même, avec une demi-heure de retard. Il fallut négocier un bon moment avec le chauffeur, pour qu'il laisse monter Martha. Tout finit par s'arranger avec un bon bakchich, et ils quittèrent Salsepareille, alors que la nuit tombait doucement sur la campagne apaisée. Il leur fallut près d'une heure pour rejoindre Oumsk et, à chaque arrêt, ce fut un beau bazar pour que les paysanos parviennent à franchir l'obstacle matérialisé par Martha et sortir du véhicule. À plusieurs reprises, ils se firent copieusement insulter.


À leur arrivée, ils furent également refoulés à l'entrée de tous les hôtels de la ville, sous des prétextes fallacieux. Il semblait bien pourtant que c'était Martha et son imposante stature qui posait problème. Jeff avait beau insister en arguant que celle-ci était à la base un canapé-cuir pleine fleur à l'hygiène irréprochable, on lui reprochait de toute évidence son imposante stature et ses cinq cents kilos. Mais heureusement pour eux, dans le dernier hôtel, le réceptionniste, compatissant, leur indiqua l'adresse d'un couple de paysanos, les Lubeck, qui prenaient des voyageurs en pension, les jours de foire, quand tout était complet.


Ils s'y rendirent donc, les jambes lourdes et le moral dans les chaussettes, quasiment prêts à dormir dans un fossé cette nuit-là. Mais les Lubeck ne firent aucune difficulté à les accueillir, pour une somme plutôt modeste, qui plus est, et ils partagèrent même leur repas avec eux. À l'heure du café, la femme leur posa quelques questions :


- Qu'est-ce qui vous fait venir jusqu'à Oumsk avec votre canapé ?

- Une histoire d'amour contrarié.

- Mais en courge ?!


Et Jeff se lança dans le récit de l'arrestation de Josette, et parla du destin infâme qui lui était promis, si personne ne faisait rien pour la tirer des griffes de l'État. La vieille écrasa une larme, et se fendit d'un commentaire :


- Mon dieu, que c'est beau l'amour !


Et il fut temps pour eux de rejoindre leur chambre, et de s'enfoncer dans les grands draps, épais et frais, où ils passèrent une merveilleuse nuit de sommeil réparateur.



V – Le transalaskaïen



Réserver une place à bord du transalaskaïen, qui partait dans deux jours de Oumsk, pour rejoindre Varsovia, tout au sud, se révéla être une entreprise bien hasardeuse. Le fonctionnaire du guichet de la gare, un Dupon fraîchement retraité de la milice, n'arrivait pas à admettre que Jeff veuille voyager en compagnie de son canapé personnel en classe affaires :


- Vous comprenez, monsieur, le transalaskaïen comporte tout ce qu'il faut de strapontins, banquettes, fauteuils et canapés divers et variés, mis à disposition du voyageur en fonction de la qualité de son titre de transport...

- Certes, monsieur, certes, mais ici, il s'agit bien d'une affaire de cœur. Martha et moi sommes inséparables depuis des années. C'est sur elle que je m'entraîne pour les championnats de sieste.


Cet argument eut l'air d'attendrir quelque peu le bonhomme, et finalement, après que Jeff lui eût présenté sa carte de sportif de haut niveau, il voulut bien enregistrer la vache litigieuse comme « bagage ou effet personnel ». La chose avait néanmoins pris pas loin d'une heure d'âpres négociations, et ils ressortirent de la gare sur les genoux, émotionnellement vidés.


Jeff demanda alors à son domestique de lui servir une téquila frappée, alors qu'il s'asseyait sur un banc, dans un jardin public, et que Martha en profitait pour brouter un parterre de pensées et de bégonias.


- Vous n'y pensez pas, Maître, j'espère ?!

- Quel est le problème, John ?

- Nous sommes ici au pays de la vodka, voyons. Si on vous pinçait avec une téquila dans les mains, on vous lyncherait immédiatement.

- À ce point ?

- Tout à fait, Maître.

- Alors, va donc te procurer une bouteille de Zoulouskaïa ; c'est la seule vodka que je digère.

- C'est plus raisonnable, en effet.


Et John se rendit au magasin d'État le plus proche, qui faisait l'angle de la rue. C'était bientôt la fin du mois, et il n'y avait pas foule, de ce fait. Il fut rapidement servi et s'en revint rejoindre son maître. Deux godets plus tard, bien détendu, celui-ci était complètement remis de ses émotions, heureux des billets de train qu'il avait en poche.


Il lui semblait même qu'en faisant preuve de la même constance et opiniâtreté, il parviendrait sans peine à arracher Josette des geôles de l'État, et à lui éviter une mort prématurée. Le soleil réchauffait son corps et son visage, et il resta ainsi un moment, les jambes écartées et les bras ballants, à profiter de cette savoureuse matinée de printemps, jusqu'à ce que ce fût l'heure de rejoindre la maison des Lubeck, pour le repas de midi.


Le mari était parti aux champs, et la femme leur servit un goulasch bien consistant, accompagné d'un merveilleux rosé de Californique. En débouchant la bouteille, elle fit ce commentaire, d'un air entendu :


- Il ne faudra pas le dire à Jules, n'est-ce pas Jeff ?!

- Je vous en fais la promesse, madame Lubeck.

- Oh, appelez-moi Lise, voulez-vous.


Après le pousse-café, Jeff envoya John promener Martha à l'autre bout de la ville, sans se presser, et c'est le plus naturellement du monde que Lise vint le rejoindre quelques instants plus tard au creux de son lit, où il s'était allongé pour une petite sieste. Quant tout fut fait, elle lui dit au creux de l'oreille :


- Ainsi, tu n'es pas juste un champion de sieste !


Il était flatté, mais ne répondit rien, se contentant de tirer sur le pétard de kif que la bourgeoise venait d'allumer et lui avait tendu. Il se demanda un instant quel combat lui valait un tel repos du guerrier, et puis détendu, oublia toutes ses interrogations et s'endormit jusqu'au soir.


Ça n'est que le surlendemain qu'ils se retrouvèrent tous trois, lui, John et Martha, sur le quai de la gare, à monter dans le transalaskaïen, où un compartiment avait été spécialement aménagé pour eux, c'est-à-dire vidé de ses banquettes, afin que la vache puisse s'y allonger à son aise.


Épuisé par les assauts successifs de l'insatiable madame Lubeck, Jeff s'écroula sur Martha, et ne se réveilla que le soir, à l'arrivée de leur train à Varsovia. Il ne vit donc rien du bel Alaska, et ses magnifiques bananeraies, et ses majestueux champs de patates.


Ils débarquèrent ainsi à la nuit tombée, et se mirent en quête d'un hôtel, comme ils l'avaient fait trois jours plus tôt, à Oumsk. Mais cette fois-ci, bizarrement, ils eurent plus de chance. Le réceptionniste du « Continental » leur expliqua gentiment qu'ils étaient habitués à ce que les clients arrivent avec leur animal domestique, chien, chat, chameau, alligator, boa... Alors pourquoi pas une vache ?! Jeff ne s'étonna pas d'avantage, et prit possession de sa chambre, avec ses deux compagnons. Celle-ci était située au top de l'hôtel, au dix-huitième étage, et de la terrasse, on avait une vue panoramique magnifique sur la ville et sa banlieue tentaculaire. Ça n'avait vraiment rien à voir avec son igloo et la « banquise » environnante. Comme il se sentait loin de chez lui, et comme l'amour de Josette et ses bras doux lui manquaient !



VI – La Kommandantur



Le siège de la Kommandantur, où avait été transférée Josette, de l'avis de Dupon, le milicien moustachu de Salsepareille, se trouvait au centre d'une vaste esplanade balayée par le vent, où voletaient moineaux, pigeons et corbeaux, en quête de nourriture. C'était un bloc de béton d'une dizaine d'étages, quadrangulaire et massif, qui disait tout le goût du pouvoir pour la courbe et l'arrondi.


Arrivé là-devant par le tram, Jeff frissonna, et posa la main sur le flanc de Martha, pour se rassurer ; celle-ci frémit sous la caresse, tandis que John, devinant ses pensées, s'exclama :


- Dieu, que ce bâtiment est laid ! Je me demande quel peut être l'état d'esprit des fonctionnaires qui y travaillent.

- Certainement pas l'affabilité, John, je le crains.


À peine eurent-ils pénétré dans le gigantesque hall qu'ils furent consciencieusement fouillés par une équipe de vigiles, armés jusqu'aux dents, après quoi l'on enjoignit à Jeff de laisser sa vache et son droïde au vestiaire. Il eut beau protester que John était en fait son secrétaire particulier, rien n'y fit.


Mis à part quelques fonctionnaires, qui allaient et venaient, une chemise de documents sous le bras ou à la main, il n'y avait pas foule à la Kommandantur, côté public. Cela venait certainement de la sinistre réputation du lieu, où, disait-on en ville, même les délateurs les plus zélés risquaient leur peau à pénétrer en ces lieux. C'est pourquoi les gens préféraient majoritairement avoir recours au courrier anonyme pour exposer leur affaire, ce qui était à la fois plus sage, plus sûr et pourquoi pas plus élégant.


Jeff exposa son affaire à une réceptionniste, au chignon serré et à la face sévère, qui donnait l'impression d'avoir un manche à balai en travers du corps :


- Voilà, j'ai ici le formulaire F-12143-00042, dûment complété, demandant la libération anticipée d'une mutante nommée Josette, au motif du rapprochement de famille.

- Tous les mutants s'appellent Josette, jusqu'à preuve du contraire !

- Oui, mais celle-ci, c'est ma femme, et je l'aime.

- Ça n'est pas une raison.

- Comment cela, ça n'est pas une raison ?

- Oui, de venir risquer sa vie ici.

- C'est une affaire de cœur, je vous l'ai déjà dit, et j'y mets un point d'honneur.

- Comme vous voudrez, je vous aurai prévenu.

- Alors, où puis-je trouver Josette ?

- Elle est actuellement en salle d'interrogatoire, si cela vous intéresse.

- Bien sûr que ça m'intéresse.

- Mais je vous préviens, le spectacle est assez dur à supporter.

- J'insiste !

- Comme vous voudrez. Dirigez-vous vers la salle d'interrogatoire numéro dix-sept, à gauche en sortant de l'ascenseur, au niveau moins trois.


L'ascenseur était piloté par un groom, à qui il annonça sa destination, et qui fit ce commentaire :


- Hum, vous avez du courage, vous ! On ne dirait pas, à vous voir, comme ça.


Jeff ne répondit rien, mais il commençait sérieusement à se demander s'il avait eu une bonne idée, à venir se jeter dans la gueule d'un tel loup. L'ascenseur s'arrêta, et les portes s'ouvrirent en chuintant doucement. Le large couloir était lambrissé et recouvert d'une moquette rouge sang, qui ne lui disait rien qui vaille. Il alla jusqu'à la porte numéro dix-sept, et ouvrit sans frapper, comme il était indiqué.


Là, il constata qu'une dizaine de personnes s'affairaient autour d'un grand crucifix en bois, sur lequel Josette remplaçait le fils de Dieu. Elle avait l'air évanouie, sous le coup de la souffrance, sans doute, car son corps nu était constellé de plaies et de brûlures. Il eut envie de crier et de se précipiter pour la délivrer, mais tout laissait à penser que ça n'était pas la bonne manière de faire.


Il avisa un fonctionnaire, assis derrière un large bureau, qui remplissait tranquillement une liasse de formulaires, et qui respirait un air d'autorité assumée, et s'adressa à lui :


- Bonjour monsieur.

- Bonjour monsieur, que puis-je faire pour vous ?

- Je viens pour demander la libération de Josette, au motif du rapprochement de famille, et j'ai ici le formulaire F-12143-00042, parfaitement complété.

- Oui, je vois ça, en effet.

- Alors, qu'est-ce qu'on fait ? Vous me la rendez, ma Josette ?!

- Vous la rendre, ça n'est pas le véritable problème.

- Comment cela ?

- C'est-à-dire que quelques minutes avant que vous ne fassiez votre apparition, son cœur vient de lâcher.

- Mais en courge ?

- Elle est décédée ce jour, à neuf heures trente-sept minutes, précisément.

- Salaud ! Assassin !

- Un peu de tenue, monsieur. Je vous rappelle que vous parlez à une personne détentrice de l'autorité publique...


Jeff éclata alors en sanglots. On le reconduisit jusqu'au grand hall de la Kommandantur, où il s'effondra sur une banquette. Quand son torrent de larmes fut épuisé, un vigile le reconduisit dehors, où John et Martha l'attendaient. On avait attelé une carriole à celle-ci, dans laquelle on avait déposé le cercueil contenant la dépouille de Josette. Et tous ensemble, ils reprirent à pied le chemin du Grand Nord et de la banquise.


On raconte que Jeff déposa Josette en chemin, dans un grand trou, creusé au pied d'un grand chêne, dans une forêt dont il oublia le nom, pour ne rien regretter.



VII – Scène de ménage



- Tu veux ma mort, Robert, c'est ça ! Dis-le, va, canaille, que tu veux ma mort !

- Mais, Josette, où es-tu allé chercher cette idée-là ?

- Dans ce que tu viens d'écrire, évidemment, tiens !

- Mais c'est une fiction, Josette.

- Y a pas de fiction qui tienne. Et puis qu'est-ce que c'est que cette connerie de mutante ; je ne suis pas une mutante, moi, et je ne suis pas non plus une femme infidèle.

- Mais ça n'est que de la littérature, Josette !

- Eh bien, ta littérature, elle est idiote, et tu peux te la mettre où je pense.

- Oh, Josette...


Robert venait d'être réveillé de sa sieste par sa femme, qui, rentrant du travail, avait lu sur son ordinateur ce qu'il avait écrit ces jours derniers. Bien sûr, elle avait raison : son logement HLM n'avait rien à voir avec un igloo, et on n'était certes pas en deux mille deux cents, et il n'était pas sportif de haut niveau, mais simple chômeur. Et il n'avait jamais eu à ses ordres un majordome androïde pour lui servir des téquilas frappées ; il se contentait tout bonnement de whisky bon marché, qu'il versait lui-même dans son verre à moutarde.


Il s'assit sur le canapé de cuir noir où il avait fait sa sieste, qu'il appelait secrètement Martha, et se gratta les cheveux, pendant que Josette allait et venait sans décolérer dans la petite salle à manger, en l'invectivant à qui mieux mieux.


Putain de vie, putain d'époque, putain de chômage, et ce salaud de Jeff, son meilleur ami, qui, depuis qu'il lui avait avoué par téléphone avoir eu une liaison avec sa femme, n'avait plus jamais donné de nouvelles...


 
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   costic   
12/3/2011
 a aimé ce texte 
Pas
La nouvelle semble écrite sous l’emprise de produits hallucinogènes et on se sent écarté du délire de l’auteur. Désolée, mais vraiment je n’ai pas adhéré à l’histoire qui ressemble à un cadavre exquis écrit entre amis, tordant peut-être, mais pour les protagonistes seuls. J’aime bien quand même les tentatives d’écriture modifiée par les remarques d’un autre. Je n’aime pas le côté très vulgaire, familier, inutilement violent parfois. Je suis passé complètement à côté de cette divagation qui s’emballe sans structure très apparente. Je n’ai pas su voir la part loufoque, burlesque ou cocasse qui était certainement le but de l’auteur. Je regrette sincèrement, mais j’ai eu malheureusement très envie, à maintes reprises de prendre la tangente…

   Pascal31   
12/3/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'avoue que face aux (presque) 50 000 caractères de cette nouvelle, j'ai failli abandonner ma lecture dès les premières lignes : cela semblait trop loufoque, trop fouillis, limite "foutage de gueule"...
Cependant, j'ai persisté, et je me dis que j'ai bien fait : j'ai beaucoup ri avec les aventures rocambolesques de Jeff (enfin, Johnny, euh... Je veux dire Bébert) et son droïde Jeff (ou John).
C'est un récit déjanté comme je les aime, truffé d'humour farfelu ("Mais en courge ?"). En plus, c'est bien écrit, ça se lit tout seul...
Si je devais émettre une seule critique, ce serait l'énigmatique disparition de l'ordinateur Nordine, en plein milieu du récit et sans que l'on sache pourquoi... Disparition non encore élucidée à ce jour (et qui fera peut-être l'objet d'une autre nouvelle de Robert, qui sait ?)
Une nouvelle que j'ai lue avec un grand sourire et beaucoup de plaisir... Merci et bravo !

   Anonyme   
12/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une nouvelle burlesque dans le ton et assez plaisante. Je l'ai lue volontiers. Parfois, j'aurais aimé un style moins délirant, quelque chose de littéraire mais l'ensemble m'a plu.

"Nous sommes demain et c'est ce qui est magique dans la littérature : un saut de ligne suffit à vous épargner une nuit peuplée de cauchemars. La pluie de la nuit a lavé le ciel de tous ses nuages et, sur la banquise, il y a une magnifique aurore boréale. Sur la colline, Josette dort encore à poings fermés dans un lit de mousse où elle a fini par s'effondrer d'épuisement."

Une vie rêvée et anticipée et une chute qui rappelle la réalité.

   jaimme   
21/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai adoré le début. Les prénoms, le délire, et surtout le rythme me plaisaient.
Puis la milice arrive et le reste dérape dans la facilité. J'avais déjà un peu tiqué avec la "grenouille" qui détonnait dans le registre utilisé.
Le contexte, à mon avis, y perd aussi dans l'utilisation d'une pseudo-URSS car le début était franchement et heureusement décalé.
La fin, oui, pourquoi pas, mais elle est à réécrire. Le style est, à mon avis, bâclé.
Au final: un début jouissif, j'adore, puis l'effet de l'alcool a dû s'évaporer ou un truc comme ça. Allez hop, au boulot, la veine du début en vaut bien la peine.
Merci pour cette lecture!

   Perle-Hingaud   
21/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Alors, j'assume: ça m'a bien fait sourire. Surtout le début. Pas du tout la fin, bien trop peu travaillée à mon goût. Resserré (des longueurs, tout de même), en enlevant le dernier chapitre, et c'est tout bon. J'aime bien cette écriture "foutraque" et j'ai aimé me perdre dans les dialogues (bon sang, c'est lequel le jeff qui parle, là ?) parce que c'est volontaire de la part de l'auteur.

Mais même compte tenu des remarques ci-dessus, j'ai passé un très bon moment: merci !

   pattes   
27/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'aime beaucoup la révision du roman par l'androïde mais on se perd parfois (et même souvent) dans le récit entre les noms répétitifs, changeants, et les dialogues intérieurs et extérieurs au récit. Il faudrait les distinguer par des italiques... De plus, l'argot n'est pas du tout mon truc donc les "cul nus" inutiles, j'avoue que ça m'emballe moyen... Sinon un texte joli mais qui repose surtout sur un style décalé qui fait à la fois sa force et sa faiblesse.


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