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Réalisme/Historique
nemson : M. B
 Publié le 29/09/09  -  20 commentaires  -  9940 caractères  -  100 lectures    Autres textes du même auteur

Il voit la fille de sa fenêtre. Même du deuxième étage il peut encore distinguer son maquillage.


M. B


Je pense à lui en noir et blanc. Quand je relis ça, je vois les scènes dans un téléviseur des années cinquante. Pourtant cette soirée a eu lieu en 1988 mais c’est plus fort que moi, c’est comme si la couleur était née juste après. Sa vie était noire et blanche comme un trait de cocaïne sur un 45 tours de Dexter Gordon, un sachet d’héroïne dans la paume d’un dealer de Harlem ou comme ce texte ; des mots noirs dans un univers blanc. À la différence près que chez lui le noir a toujours dominé. Un seul blanc pour trois ou quatre noirs à une époque où il ne fallait pas trop rigoler avec ça.



Amsterdam 13 mai 1988.


Il voit la fille de sa fenêtre. Même du deuxième étage il peut encore distinguer son maquillage. Tout à l’heure en retournant à l’hôtel il est passé devant la vitrine. La fille était dedans, une black un peu épaisse avec un maquillage grossier, un maquillage hurlant, il a pensé à un feu d’artifice mort étalé sur un linceul de chair en deuil. Immédiatement il a entendu les notes qui allaient avec. Ses doigts se sont agités nerveusement. À chaque note pensée le doigt correspondant appuyait d’un petit spasme sur un invisible piston. La mélodie s’est déroulée dans son esprit à la manière d’un sac de billes se répandant dans l’escalier. Le temps de traverser l’avenue pour atteindre l’hôtel et l’impro était bouclée. Ça lui plaisait. Ça lui semblait bon. Ou peut-être que la cocaïne lui jouait des tours. Il verrait demain.


Il a expliqué au réceptionniste que quelqu’un passerait le voir dans la soirée. Qu’il demandera M. B et qu’il faudra lui indiquer sa chambre, mais si quelqu’un passait pour lui sans demander M. B il n’était pas là. Il est monté. L’escalier était mou et silencieux. Ça leur a déplu à lui et au gramme de cocaïne qui électrifiait son cerveau. Quand il en prenait, il avait toujours l’impression d’être deux. La cocaïne formait un autre lui qui voulait toujours s’expulser en sortant par les mâchoires.


Il n’a pas allumé. Il est allé directement à la fenêtre et l’a ouverte pour s’asseoir sur le garde-fou. Juste une cuisse, avec les deux jambes à l’intérieur pour caler. Il dominait l’avenue. D’ici il ne pouvait pas le rater, il arrivera par la droite, du red side.


Il n’aimait pas cette ville, elle lui rappelait une vieille junkie qu’il avait rencontrée dans les années soixante-dix, il avait tout de suite détesté cette femme, elle empestait le patchouli. Pourtant il avait passé la nuit avec, depuis il ne pouvait plus sentir le patchouli sans avoir la nausée.


Les lampadaires commençaient à crépiter faiblement comme des yeux mal réveillés, l’obscurité prenait doucement la relève. La fille a envoyé l’éclairage dans sa vitrine. Il n’arrivait pas à se souvenir si la vieille junkie portait du maquillage.


La journée de mai était maintenant totalement digérée par la nuit. L’avenue se divisait en deux lumineuses parties ; du rouge et du blanc. Le bruit de la circulation avait le premier rôle. Quelques hommes ralentissaient devant les vitrines et d’autres jouaient du klaxon pour que tout ça s’active. Il en a eu marre, a claqué les deux battants et tiré méchamment sur les rideaux.


De toute façon le voir arriver ou pas ne changeait pas grand-chose, ça réduisait juste son stress des quelques minutes que le mec prendrait à se renseigner et grimper l’escalier. Il s’est installé sur le lit. Et dans l’obscurité, il s’est repassé la mélodie, celle de la black dans la vitrine, la précision avec laquelle il pouvait entendre une note qu’il pensait, l’étonnait encore après toutes ces années. Il a laissé retomber son bras le long du lit, sa main a percuté le cuir de l’étui, son pouce a relevé l’attache de la fermeture et basculé le couvercle en arrière.


Il touchait le froid métallique de l’instrument, il avait juste envie de ça, percevoir le galbe du pavillon sous les doigts, ça l’aidait à composer mentalement. Il sentait qu’il tenait un bon truc, que ça prenait tournure. Et puis quand tout fut en place, jusqu'à la plus petite distorsion de certaines notes, il a eu besoin de l’avoir en main pour le rythme.


Ses lèvres se sont logées dans l’embouchure, dieu sait qu’il en avait embrassé des femmes mais là c’était différent, une connexion avec quelque chose d’intérieur. Ses doigts maintenant s’agitaient en poussant dans le creux des touches, on entendait seulement le cliquetis des ressorts qui remontaient les pistons et le claquement d’une coulisse en bout de course. Il est resté quelques minutes à dérouler le morceau, à changer deux ou trois trucs, et puis quand tout fut limpide, il s’est assoupi.


Il rêvait du jour où son père l’avait corrigé. Ce fameux jour où il avait échangé le trombone qu’il lui avait offert, contre une trompette à un gamin de Mid-City West. Son père était fou furieux, pas question de trompette, c’était pour les nègres, le trombone c’était la classe, l’élégance, comme Glenn Miller.


Et puis il s’est mis à rêver de Charlie, il rêvait souvent de Charlie, sa mort l’avait décimé. Il rêvait du printemps 1954 et de la fameuse tournée, Dizzy en était aussi, « Frog » Dizzy son fabuleux rire, le rire de Dizzy c’était déjà du jazz, « mars 54 » personne ne pourra lui enlever ça, le jour à dormir sur les routes et la nuit à essayer de tout caser : les filles, le concert, la came et le rire de Dizzy pour couvrir tout ça. C’est au cours d’un de ces soirs que Charlie lui avait dit ça : « Hé mec ! Tu sais pourquoi on prend de la came ? Tu sais pourquoi on se gave de cette merde ? Hein ? ». Lui n’avait rien répondu, juste il avait lâché un petit ricanement et Charlie avait continué : « Parce que toi et moi on converse avec dieu ! Parfaitement mec ! Tous les soirs en soufflant dans cette putain de cafetière on converse avec dieu ! Et quand on arrête tu vois, le monde à côté c’est plus rien du tout ! Et c’est pour ça qu’on prend cette merde ! En attendant de reprendre la conversation avec dieu. »


Un an après très précisément Charlie conversait pour de bon avec dieu. Et sa mort l’a décimé.


C’est le froid qui l’a réveillé. Pas celui de l’air on était en mai, c’était dans le corps que ça se passait. Un blizzard interne qui s’échappait par tous les pores en vibrant la surface. Sa mâchoire en était l’épicentre. Les dents s’entrechoquaient. Le manque, tous les camés connaissaient ça. La crise était une maîtresse glacée qui réclamait son coup. Il fallait qu’il vienne maintenant. Il ne fallait pas qu’il ait gardé la moitié du fric et laissé tomber.


Un claquement de minuterie suivi d’un trait de lumière sous la porte. Une ombre dans le trait et puis trois coups secs contre le bois. Il a ressenti une sorte d’orgasme haché, son corps perdant des eaux usées. Ça ne pouvait être que lui, il l’avait précisé au réceptionniste, personne sauf pour M. B.


Il a tendu les quinze centimètres de la chaînette de sécurité. Depuis l’histoire de 66 où un dealer lui avait fracassé la mâchoire il se méfiait. Ça lui avait valu plusieurs années de rééducation pour retrouver son style.


C’était bien lui. Il a posé son front contre le chambranle pour récupérer. L’autre a tendu la main au travers de l’interstice. Il a sorti les billets d’une poche et la main s’est rétractée pour réapparaître avec le sachet qui pendait entre deux doigts. Il a placé sa paume dessous et l’autre a lâché le truc. Deux grammes, c’est incroyable comme ça peut peser lourd parfois dans une paume.


La black avait tiré un rideau derrière sa vitrine, ce qui indiquait qu’elle officiait. La circulation s’était amplifiée, l’avenue était une rivière lumineuse et assourdissante. Lui entendait et voyait autre chose au travers du filtre parfait de l’héroïne. Le garde-fou était un trône céleste, il les dominait tous. Il embrassait le monde d’un regard d’une douceur maternelle. Il est parti en avant entamant une chute qui aurait dû être irréversible. Il s’est rattrapé in extremis en pressant une jambe contre le radiateur de fonte, l’instrument pendait dans sa main gauche. Il n’avait pas eu peur. Cette idée lui a déclenché un sourire sinueux. Peut-être que c’était l’heure pour lui. 58 ans et la vie lui avait tout donné. Il n’avait jamais eu faim, jamais galéré pour travailler, les femmes l’avaient adoré et il était resté très beau, quelques-unes même venaient encore lui réclamer un autographe en soupirant. Dans les années soixante des journaux vaguement recommandables affichaient des titres comme : « Un play-boy chez les nègres » ou « Le Casanova albinos fréquente du bamboula ».


Il se marrait tout seul. Il repensait à la façon dont il avait failli tomber. Maintenant il se penchait doucement pour tester les limites puis il se redressait vivement en ricanant. Il a fait ça deux trois fois et puis en reprenant son équilibre, son regard s’est planté dans l’obscurité du ciel. Il s’est figé et son hilarité avec. C’était noir. Ce n’était pas effrayant. Il a marmonné quelque chose d’incompréhensible, et s’est mis à gueuler : « Héééééé !!! Charlie ! Écoute-moi ça Charlie ! » Il a logé ses lèvres dans l’embouchure et a craché les notes. Ça s’est mélangé aux klaxons et à tout le reste. Lui n’entendait que sa mélodie, celle de la black épaisse, il jouait vers le ciel en vacillant et Charlie aimait ça. Il le voyait même sourire avec ses yeux plein d’étoiles.



Le vendredi 13 mai 1988, Chesney H « Chet » Baker s’est écrasé sur un trottoir d’Amsterdam en chutant du deuxième étage de son hôtel. Des journaux ont parlé de suicide et d’autres d’un accident dû à l’héroïne. Il y a quelque temps, je suis tombé par hasard sur une photo chez un brocanteur. Il joue debout d’une main, l’autre bras pend le long du corps, la tête penchée, les yeux fermés, dans un costard sobre. Il est d’une beauté surnaturelle. Il est entouré de musiciens noirs immobiles qui l’observent. Ça doit être un solo. Au bas est écrit « Chet Baker at the open door. New York 1955. » L’année de la mort de Charlie Parker.



 
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   Selenim   
29/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Une écriture soignée et monochrome pour un texte d'ambiance réussi.
Le style est vraiment coulant, quelques petits trucs m'ont semblé mal adaptés, comme une mélodie se déroulant comme des billes dans un escalier... par parlant comme image.

L'hommage à Chet Baker est une interprétation bien redu car elle s'appuie sur la dépendance du jazzman pour les drogues, surtout la coke et l'héroïne.

J'ai trouvé bien utilisé le champs lexical attaché à la musique. L'auteur a parfaitement construit son récit et coulé son écriture cuivrée dans un sable hérissé de pistons e d'un pavillon.

Le style s'avére répétitif, il y a une surabondance du pronom "il" dans la majorité du texte. Ça donne une distance par rapport au récit mais ça le rend surtout impersonnel. Comme si donner trop d'indice sur le protagoniste allait éventer son identité avant la fin. C'est dommage car l'intrigue n'est que secondaire ici. En travaillant davantage le phrasé, le texte aurait pu gagner encore en ambiance.

Le thème me parlant très peu, je ne suis pas amateur de jazz, j'ai trouvé le texte intéressant... jusqu'au dernier paragraphe où le narrateur reprend la parole.

Selenim

   Perle-Hingaud   
29/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne suis pas non plus amateur de jazz, mais j'ai vraiment accroché sur ce texte: l'ambiance, vraiment, l'ambiance... on peut deviner, en tendant l'oreille, les notes du saxo pendant la lecture. Rien ne m'a géné dans l'écriture. La description de l'instrument, le rapport quasi charnel, le décalage dû à la drogue... Bravo. En fait, la seule chose que je supprimerais, c'est l'intro. Elle n'apporte rien à mon sens, à la limite ce n'est pas l'avis du narrateur qui m'intéresse mais le héros...
Bonne continuation

   florilange   
29/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime : l'ambiance créée, on s'y croit, on y est, on entend la musique.
J'aime moins les passages concernant la drogue mais on n'y peut rien. Ça fait partie de l'histoire, qu'on aime ou pas, ça ne se discute pas.
Lu cette nouvelle d'1 trait.
Merci de cette lecture,
Florilange.

   nemson   
29/9/2009
Evidemment, inutile de preciser que je ne fais l'apologie d'aucun produit stupefiant. cela fait helas partie de l'histoire. le produit ne fait pas le genie. leonard de vinci ne buvait que de l'eau.

   jaimme   
30/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Une nouvelle portrait instantané/hommage bien écrite, souvent même très bien écrite..
Des mots de jazz et une ambiance intéressante. Je ne suis pas non plus un grand amateur de cette musique, mais le Blanc chez les Noirs trouve une résonance chez moi. Un brin caricatural je trouve, mais difficile de faire autrement sur une distance aussi courte.
Merci nemson.

   Coline-Dé   
30/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Chet Baker était un transfuge, un nègre blanc, un fabuleux musicien, du velours déchiré, de la neige et des tripes ...
Waoh, merci Nemson pour ce voyage, on dirait que tu y étais. J'y étais aussi !

   Anonyme   
1/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Merci pour cette nouvelle où l'ambiance est très réussie. C'est toujours très difficile de parler de musique, de faire renaître la sensation musicale ! Cela me touche d'autant plus que je suis amateur de jazz, depuis 1969...avec un certain concert avec Ella à Antibes. Merci de faire revivre une certaine époque : Chet Baker, Charlie Parker, Clifford Brown...

   Mr-Barnabooth   
1/10/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
Une superbe idée parfaitement maitrisée et traitée.
C'est juste et l'émotion n'est pas négligée par les pièges de la rédaction sur la drogue.

En tant que Mr B. et trompettiste, je me devais de lire et de commenter ton texte. Nous nous sommes pas trompés. Une superbe lecture !
Bravo et merci pour celle ci.

Amitiés de Mr B.

   Anonyme   
1/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le jazz en noir et blanc évidemment bravo pour cette image qui immédiatement nous plonge dans l'ambiance.
le feu d'artifice mort ne m'a pas trop parlé lui, par contre la musique après oui. le sac de bille comme image m'a surprise mais pourquoi pas.
J'aime bien le style, mélange de phrases courtes et longues, d'images visuelles et sonores.
J'ai entendu la musique quand il s'est mis à jouer de la trompette.

Un petit bémol pour l'échange trompette- trombone J'ai trouvé que dans ce contexte c'était inutile ou du moins je n'ai pas compris tes intentions.

En tout cas c'est pour moi un très bon texte, avec une ambiance particulière qui se dégage, des sons des couleurs.

Merci

Xrys

   Farfalino   
1/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
je vais redire un peu ce que les autres ont dit.

J'ai bien aimé l'ambiance, une certaine folie et la dépendance du personnage, l'attente bien rendue.

Sans être fan de jazz, je connaissais les repères cités.

De très belles phrases et quelques accrocs mais c'est juste pour chipoter.

   NICOLE   
3/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
A l'exception de : "Sa mort l'a décimé", que je n'ai pas trouvé très heureux, surtout deux fois quasiment dans le même paragraphe, c'était vraiment bien.
J'aime bien ce climat, noir, mais pas trop. Une mélancolie douce, acceuillante ; et là encore, une ambiance particulière, brossée en quelques lignes précises.
Merci pour cette lecture, et pour la musique qui reste en tête, bien après le dernier mot.

   LeopoldPartisan   
6/10/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
Magnifique, génial... Je ne trouve que des mots ainsi pour dire combien tu as tout compris de ce personnage de légende, de cet Elvis du Jazz. Au contraire de mon frangin qui est un accroc absolu au jazz, je ne connais pas grand chose à l'histoire et aux vies des géants que tu nous fais cotoyer ici. Le jazz est une musique que j'ai du mal à comprendre tant ces nuances parfois me sont hermétiques, mais ici je me suis laissé guidé comme au travers d'un parcours initiatique d'une rare poésie et j'ai un tant soit peu mieux compris. Encore Bravo

   Lhirondelle   
6/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai vraiment apprécié la lecture de tes mots, Nemson
Superbement construit jusqu'à la "chute" finale.
Et aussi il me prend l'envie après t'avoir lu d'en savoir plus encore sur Chet Baker...
Merci pour ce beau partage

Belle écriture, vraiment...

Amicalement

L'hirondelle

   calouet   
9/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Une bel nouvelle d'ambiance, et évidemment un bel hommage. Je ne vais pas répéter ce que certains ont fort bien dit avant moi, mais pour une fois je vais tâcher de dire de façon à peu près précise et exhaustive ce qui m'a vraiment plu, et ce qui m'a déplu.

Mes passages et expressions préférés :

"la mélodie s'est déroulée dans son esprit à la manière d’un sac de billes se répandant dans l’escalier"

"Les lampadaires commençaient à crépiter faiblement comme des yeux mal réveillés"

"d’autres jouaient du klaxon pour que tout ça s’active" (super ça, très simple mais bluffant de naturel, on imagine presque comment le héros parlait derrière un passage pareil)

La dizaine de lignes, juste après, où il met au point sa future compo, en tripotant sa trompette, splendide.

"le rire de Dizzy, c'était déjà du jazz"

"Il a ressenti une sorte d’orgasme haché, son corps perdant des eaux usées"

Le passage final, explicatif, qui pour une fois ne fait pas tache. C'est à la fois condensé, touchant, documenté.


Sur les passages qui m'ont embêté, c'est plus court...

"un sachet d’héroïne dans la paume d’un dealer de Harlem" : très dispensable, l'image d'avant était bien meilleure, alors que celle ci est à la fois de trop et quasi-bancale (une paume de black, bah c'est clair quand même)

"il a pensé à un feu d’artifice mort étalé sur un linceul de chair en deuil" : trop trop trop lourd. Du coup, ça n'apporte aucune force au récit.

Enfin, le passage où il manque de se casser la figure, se rattrape de justesse, ne me semble pas assez marqué, ni marquant du coup. Le rythme reste identique, c'est torché en deux temps trois mouvements, alors que ça aurait je crois mérité un traitement plus subtil.



Bon, dans l'ensemble, c'est vraiment bien!

   caillouq   
12/10/2010
 a aimé ce texte 
Bien
A part une petite monotonie dans la longueur des paragraphe, pendant environ la première moitié du texte, une histoire et un style très prenants. On dirait presque une traduction de nouvelle aéricaine (c'est un compliment, cf le premier bouquin de Dany Laferrière). Ou quelque chose qui viendrait de toutes façons de l'autre côté de l'Atlantique, genre Québec. J'achète.

   in-flight   
21/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Une biographie tout à fait crédible des derniers instants de Chet Baker (les circonstances de sa mort sont fidèles en tout cas).
C'est le portrait d'une solitude passionnée qui ressasse le passé, de là on peut imaginer pas mal de choses sur cette chute.
On peut se dire qu'il a joué à la trompette comme il a joué à la vie.
Je l'ai découvert il y a seulement une dizaine d'année avec l'album "Chet"--> Apaisant, d'un mot d'un seul. J'en ai écouté d'autres depuis mais il faudra que je creuse sa disco tôt ou tard. Le plus tôt sera le mieux me direz-vous. :)

"le rire de Dizzy c’était déjà du jazz" --> excellent.

   carbona   
12/2/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Nemson,

Pour ma part je ne connais pas l'artiste ni son histoire. Je trouve que le récit manque de pep's. On est dans une ambiance assez noire et confuse, vision brouillée, effet de la drogue mais j'ai du coup l'impression qu'on tourne en rond. J'aime les ambiances glauques et obscures mais quand elles sont parsemées de quelques flashs. Le détail de l'échange argent-drogue avec le dealer par exemple n'apporte pas grand chose tout comme l'attente de la dose. Disons pas grand chose de plus que ce que je sais m'imaginer moi-même.

Merci.

   Lulu   
18/6/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une nouvelle magnifique !

Indépendamment du personnage, la narration est une musique en soi, et c'est elle, précisément qui m'a emportée. Il y a un tel rythme, puis tout cela avec des phrases dont la teneur chamboule. Ainsi, celle-ci, que j'ai aimé dans la foulée du texte : "Il embrassait le monde d'un regard d'une douceur maternelle". Prise isolément, elle peut paraître anodine, mais au coeur de la nouvelle, elle prend tout son sens.

Je ne connaissais pas l'auteur… et c'est un ravissement que de le découvrir au passage de ce texte qui parle et chante, tout autant que Charlie Parker…

Une belle leçon d'écriture, en ce qui me concerne.

   plumette   
19/6/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je suis bluffée par ce texte !

un grand plaisir de lecture qui vient raviver le souvenir d'un très beau film sur Chet Baker (bien postérieur à la parution de cette nouvelle)

Bravo à l'auteur d'avoir réussi de façon magistrale à fictionner à partir des circonstances restées un peu obscures de la mort de Chet.

Un texte visuel et musical qui transmet avec subtilité des sensations autour de la création et du manque.

Plumette

   SQUEEN   
10/8/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bel hommage tout en sensibilité, des sensations d'ennuis et de vide qui sont bien rendues, c'est difficile de transmettre ces émotions ici ça passe très bien: par petites touches, et petites notes l'atmosphère s'alourdit jusqu'au dénouement qui semble libérateur, comme une bouffée d'oxygène à la sortie d'un club bien enfumé...


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