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Fantastique/Merveilleux
olyy : Liberté
 Publié le 06/12/07  -  2 commentaires  -  12041 caractères  -  8 lectures    Autres textes du même auteur

La nuit sera longue… Je le sais… Je le sens… Car je t'attends.

Un homme s'en va pour un voyage nocturne...


Liberté


La nuit sera longue… Je le sais… Je le sens… Car je t'attends.


Du haut de mon balcon, je me prends à fixer le vague : rien ne bouge, tout n'est que silence autour de moi. Au dehors, une nuit glaciale. La même qui, depuis quelque temps, a envahi mon cœur… me prend aux tripes…


La forêt qui se présente devant mes yeux est comme un appel à la liberté : "Lâche-toi et vis ! Viens respirer la joie que je t'offre au sein de mes sous-bois et autres cachettes mystérieuses ! La voie du bonheur est là. N'attends pas !"


Mais est-ce un leurre ? Ou dois-je croire véritablement cette voix qui me pénètre l'esprit ?


Je regarde de mes yeux vides et profondément perdus, cette masse sombre en mouvement devant moi, que seul le vent a la capacité de faire respirer tel un poumon qui se gonfle et se dégonfle à la nuit tombée. Le souffle en profite par la même occasion pour persécuter mes cheveux que j’avais savamment ordonnés dans l’espoir de notre rencontre. La cape qui me couvre le dos se soulève soudainement, happée par la valse que lui offre la brise.


Est-ce si important, la beauté ? Est-il si existentiel de paraître présentable ? Je n'ai que faire de ce genre de futilités et je reste donc là, debout, basculé au gré des coups de l'Aquilon que certains nomment aussi le "vent noir"…


Un esprit de paix l'accompagne…


Et si je passais ma jambe par-dessus la balustrade ? Et si je me mettais en équilibre dessus ? Je serais près pour l'envol… Je partirais à l'aventure, porté par ce vent froid. Je n'aurais plus rien à craindre, ni à espérer. Je voguerais, tout simplement, au gré des caprices de la nature…


Dans l'immédiat, je reste là, à attendre un signe de ta part, avec pour seule envie celle de hurler ! Comme un loup hurlerait à la mort… Tu es loin, si loin de moi, et pourtant si proche de tout mon être ! Je peux sentir ta présence en mon coeur, en mon âme. En moi tout simplement !


Plus loin, derrière ces bois, la colline m'attend. C'est un peu comme si elle me l'avait fait comprendre. Dois-je quitter ma demeure pour aller l’escalader ? Monter encore plus haut ? Jusqu'à la cime d'une montagne ? Et laisser mes bas instincts parler ? Crier à la face du monde que je suis en vie ? Que je n'attends que quelques gestes de tendresse de ta part ?


Être un animal sauvage que rien ne pourrait arrêter... Courir dans l'herbe, gueule au vent. N'être accompagné que de ma moitié qui partout me suivrait, à tout jamais !


Parfois, sur le chemin et dans notre course, mes yeux se tourneraient vers toi afin de voir si tout va pour le mieux... si tu te sens heureuse à mes côtés... et si tu m'aimes toujours...


Je m'approcherais de toi pour me frotter à ton corps, dans un élan de protection et de tendresse mêlées... Peau contre peau... Yeux dans les yeux... Et te défendre contre tout danger, puis mourir pour toi s'il le fallait !


Au cours de nos voyages, nous verrions maintes forêts, maintes plaines et autres paysages merveilleux. Jamais plus il n'y aurait fatigue et tristesse dans nos coeurs. Et surtout dans le tien ! Nous pourrions stopper notre course, comme nous le voudrions, et quand nous le voudrions. Et c'est là, que je profiterais pour sentir, de par ma respiration, ta présence, ton parfum et les sentiments que tu aurais pour moi. Toujours à mes côtés, le monde nous appartiendrait !!!


Rien d'autre n'aurait d'importance ; il n'y aurait que pureté entre nous deux. Pureté… et liberté !!!


* * *


Un cri déchire la nuit : l'un de mes compatriotes nocturnes. Une chouette, je suppose, à moins que ce ne soit un animal mystique qui, à sa façon, me demande lui aussi de venir le rejoindre. Le temps se fait long sans ta présence. Une attente qui me brûle le coeur. Mais je sais malgré tout que ce soir je te verrai ! Il est dit dans mon livre de vie que je dois te voir un jour ou l'autre.


Je repousse ma cape, m'agrippe à la balustrade, puis passe une jambe par-dessus. Je m'attends à quelques difficultés… Mais non ! La tâche est facile ! Trop !


Dans la nuit qui me fait face, j'entends mon nom. Je ne rêve pas pourtant : un être m'a bien hélé. Ma seconde jambe fait à son tour un maigre effort pour rejoindre la position de la première. Me voilà maintenant assis sur le rebord, pris dans un vent qui pourrait être mélancolique s'il savait être musical ! J'attends sans un bruit. Je t'attends, toi et toi seule !


Dans ce silence mystérieux, où seuls quelques petits bruits venus de la façade de ma bâtisse se font entendre, mon esprit reste enfin au repos. Il en avait grand besoin après ces mille et un chagrins.


L'Aquilon dans mon dos, je me mets enfin debout, envahi d'une puissance mystérieuse, et d'un appel non moins étrange. Je réponds à cette demande sans hésitation aucune, et, un équilibre précoce me fait tenir un moment sur le bord du balcon !


La nuit, merveilleuse et d’une splendeur sans égal ne me surprend pas du haut de ce point d'observation. Cette vue n'en est que plus belle, car dangereuse…


Je t'attends toujours ! Te verrai-je ce soir ?


À ma droite, la rivière traversant ma propriété s'écoule avec toute la douceur que je lui connais. Merveille de la nature une fois encore. D'un geste tranquille, et bravant les coups de boutoir du vent, je me tourne vers elle. Le moindre son est, pour moi, un délice ce soir. Tout est présence, et la solitude est moindre.


« Je vais vous rejoindre, n'ayez crainte ! » dis-je, sans force.


Ecartant mes bras, près pour l'envol fantastique, je baisse la tête vers le sol.


« Tu peux toujours espérer, amie la Terre ! Toi, tu ne m'auras pas ce soir ! »


Le coeur léger et les yeux fermés, je me laisse tomber vers l'avant avec cette certitude que plus personne ne pourra prendre ma liberté. Ce soir, je me donne à l'univers.


* * *


Vous me croirez si vous le voulez, mais je ne l'ai pas touché ce sol affamé ! Mes bras se sont étendus et je suis resté là, comme en apesanteur, à m'élever au-dessus du sol, regardant dans la direction des bois. Un rapide coup d'oeil vers le lointain m'apprit que tu n'étais pas encore arrivée. Alors, je décidai d'entreprendre le voyage seul. Peut-être te verrai-je plus loin ? Tout là-haut sur cette montagne ? Ou au milieu de cette forêt mystique ?


Mon être se mit à flotter doucement…ou plus vite… c'est selon les sensations du moment ! J'arrivai bien vite au-dessus de la cime des arbres. Des craquements sous moi me laissèrent penser que je n'étais pas seul : toute une vie se jouait ici-bas. En observant bien, il m'était même possible d'y voir des ombres furtives.


J'aime le mystère… J'aime à savoir qu'en tout temps et en tout lieu, il y a de la vie. J'aime la nature car c'est avec elle que l'âme peut se retrouver et s'émerveiller de tout ce qui existe. La nature se donne sans condition. Il suffit de s'en approcher délicatement et de savoir écouter ce qu'elle a à nous dire.


- Viens ! entends-je ce soir, viens nous retrouver !


La voix qui me parle arrive de loin et semble accompagnée d'une musique mystérieusement rythmée. Pendant que je suis aux aguets, les yeux tournés vers le bas, mon corps, lui, est en suspension au-dessus de la masse sombre de la forêt. J'avance vers je ne sais quelle destination et me laisse porter sans conditions par le « vent noir ».


Les alentours ne sont que mélodies nocturnes. Ce soir, la nuit semble donner un bal pour les êtres mystiques et fantastiques de ce monde. Se sont-ils tous mis d'accord pour se retrouver dans ce petit domaine qu'est le mien ? Je ne leur en veux pas. Il est si difficile aujourd'hui d'être accepté lorsqu’on est autre. Qu'ils y restent ! Et peut-être même vais-je les rejoindre ? Non, je ne dois pas m'arrêter...


Il y a ce soir une douce mélodie au fond de mon cœur : comme une petite boîte à musique que j'aurais ouverte par inadvertance, et dont la symphonie s'emparerait de tout mon être. Il n'y a rien à dire… J'aime le merveilleux que dégage dans mon esprit cette nuit bien sombre, et je me laisse porter aussi doucement que me le permet l'Aquilon. Basculé d’un bord à l’autre, je peux apercevoir sous moi les ombres vivantes d'un monde perdu. Cet univers qui vit de l'autre côté du jour, me permet d'observer de multiples formes qui se meuvent entre les troncs : esprits libres, faune, minotaures, elfes, fées, licornes, centaures, âmes errantes, etc.… Toutes et tous jouent à se cacher dans les buissons. Chaque être oublié de l'homme a rendez-vous ce soir là ! C'est la danse ultime pour tous !


À mon survol, les troncs paraissent prendre vie et semblent vouloir m'agripper de leurs branches pour m’attirer à eux. Peut-être dans le but de participer à leur joie temporaire ? Je remarque au-dessous que tout est en mouvement : êtres imaginaires et êtres de la nuit. Chacun retrouve son reflet pour former un couple improbable. Le lien entre mon monde d'humains et le monde du fantasque peut ainsi se créer le temps d'une danse magique ! Le temps d'une étrange nuit…


Mais je ne peux m'arrêter, j'ai encore un chemin à parcourir : celui de ma propre liberté à retrouver et qui me mènerait vers l'espoir de te revoir. Je me dois de suivre la route que mon âme voudra bien prendre, et me laisser guider vers toi, porté par cette grande cape et ce grand vent…


Sombre maintenant est la nuit aux alentours. J'ai laissé derrière moi, dans ce bois, mes désirs de fête nocturne et mes amis incroyables venus d'un autre temps, pour me diriger vers le haut de cette colline. Je dois absolument l'atteindre. Peut-être y es-tu déjà ? J'en ai l'espoir. Au-dessous, l'orée du bois apparaît et semble vouloir me souhaiter un bon voyage.


Les yeux dans ce nouvel univers qui se dévoile délicatement à moi, je continue à me laisser porter vers le haut de cette colline. D'ici peu, je devrai l'atteindre. M'y attends-tu, toi, ma louve d'une nuit ? J'ai l'espoir que oui. Peut-être - mais je n'ose y penser - t'es-tu éprise de cette nouvelle liberté sans moi ? Peut-être t'en es-tu déjà allée parcourir d'autres lieux, d'autres aventures. Je n'ose croire en cela puisque tu es mienne, puisque nous sommes tout deux liés d'une façon ou d'une autre.


Mais d'ici peu, je vais me poser au sol, lorsque l'Aquilon décidera qu'il a suffisamment joué avec mon corps d'humain. Je pourrai alors venir te rejoindre.


Chose étrange, je ne te vois pas ici non plus. Serait-il possible que tu m'aies oublié ? Non ! Cela ne se peut pas et je me prépare à reposer pieds à terre. Le « vent noir » a pris sa décision de me rendre la liberté… Merci grand voyageur sans frontières !


« Ma louve, je suis là ! » criai-je dans la nuit aussitôt les genoux et les mains posés au sol. Ma cape me retombe sur le dos, et je reste là, à quatre pattes, déposé par l'esprit errant du souffle. J'écoute la pénombre. Sur cette colline, aucun son ne me parvient. Un air glacial s'empare de mon être et me fait frissonner : je ne te vois ni devant moi, ni derrière, ni même ailleurs. Mes yeux s'illuminent de tristesse comme s'ils ne pouvaient croire ce que la nuit leur offre : une immense solitude !


Arrivé au terme de mon voyage, je ne pense plus à ma bâtisse, à mon domaine, à mes compagnons d'infortune. Il n'y a plus que moi, accroupi au centre d'une colline bien trop grande et dont la surface verdoyante se balance au gré d'un souffle venu de loin.


Mes oreilles affinées, mes yeux perçants, mon odorat aiguisé qui recherche l'odeur de ta présence. Tous mes sens sont au travail... Mais de toi, aucune trace.


Ce silence me tue, cette absence m'emporte vers de grandes souffrances et j'ai besoin de hurler ma douleur. Besoin de crier que tu ne peux partir sans moi...


Et je hurle... à la mort !


Comme seul le loup que je suis sait le faire !


Je pars pour un autre voyage, bien plus long, bien plus triste, car tu ne seras pas à mes côtés. Je ne pourrai pas te regarder, ni même sentir les sentiments que tu portes pour moi. Ton parfum ne sera pas mien !


Mon coeur de loup n'est que solitude et peur...


Peur de finir seul ma course…


 
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   Bidis   
6/12/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
L’ « histoire » me gêne : le personnage est humain puis il est animal mais il n’y a pas eu métamorphose… Il est devenu animal mais il a toujours la cape sur le dos... Ou alors, et c’est plus probable, je n’ai rien compris…
Pourtant, le début me plaisait bien malgré une petite chose qui me gêne : « Au dehors, une nuit glaciale. La même qui… » : j’aurais repris : « la même nuit »… Il y a de jolies images : « happée par la valse que lui offre la brise. » Par deux fois, impression de sérénité à laquelle succède immédiatement une légère angoisse : « Et si je passais ma jambe par dessus la balustrade ». C’est un moment agréablement palpitant...
Puis, une expression me semble tout à fait erronée : « un équilibre précoce » : « précoce » veut dire « prêt avant le temps normal » - l’auteur ne voulait-il pas dire « précaire » (= instable) ? Et une phrase me paraît prosaïque dans un texte par ailleurs poétique et léger : « Vous me croirez si vous le voulez, mais je ne l'ai pas touché ce sol affamé ! »
Je retiens de ce texte le très bon moment de suspense quand le personnage est prêt à se jeter dans le vide, et le malaise irritant de n'avoir pas compris grand chose finalement.

   xuanvincent   
18/6/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je suis assez d'accord avec Bidis.

Le côté onirique, bien présent dans ce récit, et les thèmes développés (l'appel de la liberté, la recherche de l'être aimé...), m'ont donné envie de poursuivre la lecture.

La transformation de l'homme en loup portant toujours une cape sur le dos m'a, comme Bidis, un peu gênée.

J'apprécierais, davantage, ce récit en le lisant comme un rêve, une rêverie étrange, sans chercher à tout comprendre.


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