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Fantastique/Merveilleux
plume : Visite nocturne ou le mythe du golem revisité - 1ere partie
 Publié le 31/12/07  -  2 commentaires  -  13456 caractères  -  5 lectures    Autres textes du même auteur

Un jeune garçon du nom de Tristan Shoemaker reçoit la curieuse visite d'un farfadet lors d'une nuit sans lueur.


Visite nocturne ou le mythe du golem revisité - 1ere partie


La nuit était tombée comme un voile d’ombre maculé d’étoiles sur le petit village de Beauvallon. Seule une poignée de fenêtres encore éclairées par quelques bougies résistaient encore aux ténèbres. Dans une toute petite chaumière, dans une minuscule chambre d’enfant, priait un jeune garçon nommé Tristan. Ses parents et lui avaient toujours vécu dans la précarité mais ne s’en étaient jamais plaints. Tristan n’avait, malgré le manque de moyens de sa famille, jamais manqué de rien, tous les soirs on pouvait trouver à leur table une miche de pain et trois bols remplis de soupe fumante.


Le petit bonhomme ne manquait jamais de prier Dieu et de le remercier pour son pain quotidien, cependant ce soir-là, le jeune fils du vieux cordonnier sanglotait au fond de ses draps. Le perquisiteur avait, le matin même, annoncé à son pauvre paternel que la chaumière serait vendue s’il ne trouvait pas assez rapidement les 20 écus qu’il devait au seigneur de Beauvallon. Les prières de Tristan ne s’adressèrent pas uniquement à Dieu cette nuit-là, il invoqua les esprits de la forêt ainsi que ceux de ses ancêtres. Après avoir récité pour la dernière fois deux Notre-Père et un Ave Marie, il reformula sa requête aux êtres malicieux qui peuplaient, selon la légende, le bois de Cagoule. Ses paupières se faisant de plus en plus lourdes, il se résolut à souffler sa chandelle posée sur sa vieille table de nuit. La dernière lueur du village venait alors de s’éteindre.


***


Le doux fumet de ce qui devait être une délicieuse potée aux lardons fut chassé des narines de l’enfant par l’odeur âcre et piquante que dégageait du vieux tabac. Une épaisse fumée s’élevait devant ses paupières mi-closes. Cette odeur l’avait sorti d’un beau rêve douillet et gourmand. Dehors il faisait toujours nuit noire, l’aube était encore loin quand le regard de Tristan « le triste » se posa sur une monstrueuse pipe bosselée. Elle semblait léviter au-dessus d’une planche de bois qui tenait lieu d’étagère dans la minuscule chambre de la petite chaumière. Soudain une petite voix pincée couina faisant sursauter le pauvre bambin :


- Hé marmot, je ne suis pas venu pour rien, un peu de respect que diable !


Tristan abasourdi ne sut que répondre, que pouvait-il bien répondre à une pipe volante, fumante et qui en plus était douée de parole ?


- Écoute petit, j’ai pas que ça à faire, je suis bien à l’adresse la dernière lueur ? C’est bien toi qui m’as fait appeler réclamant l’aide des esprits de Cagoule ?


La pipe cessa alors de se consumer et disparut dans un « pop » bref et sonore, laissant apparaître un minuscule petit farfadet habillé d’une jaquette vert émeraude et d’un pantalon rouge sang.


Malgré son étonnement, et une pointe de crainte qui naissait au creux de son estomac, Tristan parvint à articuler :


- J’ai fait une prière...


Le lutin paraissant quelque peu exaspéré reprit dans un couinement suraigu :


- On est d’accord ! Alors si tu pouvais me rappeler en deux mots l’objet de ta requête qu’on en finisse, j’ai d’autres vœux à exaucer mon garçon !


Tristan s’appuya sur ses coudes pour s’adosser contre sa tête de lit et se pinça le menton, il ne rêvait plus, la douleur qu’il ressentit en fut la preuve.


- Mon vieux père est dans le besoin, nous manquons d’argent et risquons de perdre notre maison, Monsieur...

- Wishmaster, Antonin Wishmaster, à votre service majesté ! lui rétorqua le nain sur un ton sarcastique avant d’essuyer une tache de boue qui avait sali une de ses bottines noire ornée d’un anneau or et argent.

- Les humains sont si désespérants, ils ne pensent qu’à l’argent ! Voici une plume d’or, je te la remets mécréant, mais tu vas devoir promettre...


Tristan émerveillé par la magnifique plume souriait, le regard vague fixé sur cet ouvrage fascinant, il avait du mal à croire qu’on ait pu tailler dans de l’or un objet si précis, si détaillé, si fin... Il tendit la main mais Antonin lui cracha au visage poussant un juron incompréhensible.


- Tu dois promettre vermine avant de pouvoir obtenir de moi l’objet de ta requête !

- Mais promettre quoi donc Monsieur ? répondit le môme sans prendre la peine de s’essuyer le visage.

- Deux choses, couina la vilaine créature, que tu ne parleras jamais de moi à personne et que tu me rembourseras...


Le sourire s’était effacé de son visage quand le gosse répondit :


- Gardez la plume Monsieur Wishmaster, je n’ai pas de quoi vous rembourser...


Le lutin éclata de rire.


- Qui te parle d’argent ? Nous les farfadets n’avons pas besoin d’or. Ce que je te demanderai en retour, c’est une poignée de tes cheveux... Rien de plus.


Sans même réfléchir il s’arracha une mèche de sa coiffe de charbon et l’offrit au gnome qui posa la plume sur l’étagère avant de disparaître comme l’avait fait sa pipe, « pop ».


***


Deux malheureux œufs de poule, voilà le ridicule festin qui ornait la table de la famille Shoemaker ce matin-là. Un œuf entier fut servi à la coque au petit Tristan qui y plongeait des mouillettes que sa pauvre mère avait coupées dans la demi-miche de pain qui avait durci depuis la veille. Le jeune garçon fronçait les sourcils dans un effort de concentration, il semblait vouloir se rappeler le rêve qu’il avait fait la nuit même. Après quelques secondes de réflexion, il fourra une mouillette au fond de sa bouche puis s’étouffa, il venait de se remémorer la minuscule tête du farfadet.

Sans même prendre la peine de terminer son œuf, il recracha la mouillette sur la table provoquant une vive désapprobation chez sa mère. Cependant, il ne lui accorda pas une seule seconde de son attention, il s’était levé d’un bond et se dirigeait à grandes enjambées vers la porte de sa chambre. Il tourna la clé dans la serrure et pénétra dans la pièce microscopique, son regard se dirigea directement vers l’étagère : la plume d’or était toujours là, plus étincelante que jamais. Il la saisit des deux mains et courut en cuisine la porter à ses parents, son père étant rentré du village où il était allé chercher du cuir pour fabriquer de nouvelles chaussures. Le vieux cordonnier n’en crut pas ses yeux, des larmes coulèrent le long de ses joues, la maison ne leur serait pas enlevée, ils étaient sauvés. Sans même prendre la peine de questionner son enfant, il s’empara de la plume embrassa son fils mille et une fois et partit se saisissant de son lourd manteau. La mère de Tristan chantait et riait embrassant son fils à son tour. Il n’y avait pas plus grande joie sur Terre en ce moment même qu’en la demeure des Shoemaker. Tristan « le joyeux » entreprit alors de se rendre au village pour jouer avec les autres enfants, en attendant le retour de son père qui s’était rendu au château du maître de Beauvallon.


Plusieurs heures plus tard, Tristan décida de rentrer à la maison, n’ayant pas vu son père au village, il se demandait s’il n’était pas déjà rentré. Le cœur léger, il marchait d’un pas gracieux sautant de temps en temps à cloche-pied.
Il se figea soudain, devant la chaumière était attelé un cheval, grand, puissant et noir comme la nuit. Il s’imagina un instant que son père avait dû acheter la bête vu la fortune colossale qu’il devait avoir tirée de son trésor. Il fut vite rappelé à la réalité lorsqu’un messager sortit de la vieille masure. Il adressa un bref sourire au mouflet puis remonta sur son étalon avant de repartir au galop. La poussière qui s’était élevée alors se dissipa lentement, le sourire du cavalier flottait toujours dans l’air et dansait devant le visage du petit bonhomme qui se disait que ce rictus n’avait rien de très rassurant. C’était un sourire de pitié mêlé à de la compassion. Ses pires craintes furent confirmées quand un cri de douleur s’échappa par la fenêtre basse de la chambrée de ses parents.


***


Il ne pouvait le croire, et pourtant c’était la réalité : son père avait été accusé de vol, la plume aurait été dérobée dans le jardin même du château de Beauvallon. Le messager avait déclaré que Simas Shoemaker resterait dans les geôles de la prison aussi longtemps que l’on n’aura pas retrouvé le paon sacré sur lequel il avait prélevé la plume enchantée. Ce paon serait, selon ses dires, un cadeau offert au roi par un prince venant d’un pays fort lointain, il y tenait comme à la prunelle de ses yeux. La légende raconte que les plumes de ce paon se matérialisaient en or une fois qu’elles se détachaient de son ramage. La plume avait donc été confisquée et le père de Tristan enfermé et condamné à demeurer derrière les barreaux pour un temps indéterminé. Suite à son récit, le messager avait laissé la pauvre femme geindre sur son lit et était reparti au château. Tristan s’en voulait à mourir, c’était lui qui avait demandé son aide à cet elfe, cette vile créature s’était jouée de lui. Le soir même il se remit à prier Dieu de lui rendre son père et de rendre la parole à sa mère qui, rongée par la tristesse et le désespoir, s’était plongée dans un mutisme total. Elle semblait totalement dépourvue de vie, elle ne mangeait plus depuis l’annonce faite par le cavalier noir. Il était difficile d’accepter le fait que quelques heures plus tôt, les Shoemaker faisaient la fête et se réjouissaient d’un avenir meilleur et que maintenant tous leurs rêves avaient volé en éclat comme une boule de cristal que l’on aurait fracassée contre un mur de pierres. Le cœur en morceau, le visage inondé de chagrin, l’enfant ferma les yeux espérant secrètement que tout aurait changé à son réveil.


Un cavalier noir, un gardien de prison, un chemin sombre et escarpé qui menait à l’orée d’un bois, une créature ignoble sans vie, une silhouette minuscule, deux yeux rouges perçants le feuillage d’un buisson et enfin une mèche de cheveux noirs à la main, le farfadet ricanait le pointant du doigt. Tristan hurlait dans son sommeil quand une main griffue l’arracha à ses songes le ramenant à la réalité. La même fumée malodorante se diffusait dans sa chambre pour la seconde fois en deux nuits. L’ignoble menteur se tenait devant lui le fixant de ses yeux rouges d’un air innocent.


- Comment va donc mon maître ?


Sa voix était hésitante feignant une certaine culpabilité. Mais Tristan ne s’y laissa pas prendre, il saisit le farfadet par le col et se mit à hurler :


- Ignoble gnome, tu vas me le payer, tu as fait accuser mon père d’un vol que tu as commis ! Jamais plus tu ne reverras Cagoule !


Le lutin se débattait de toutes ses forces poussant des jurons, il répondit sur un ton d’excuse :


- Jamais je n’ai voulu cela cher Tristan, sache que c’est une erreur, cette plume je l’ai trouvée dans Cagoule même, je ne suis point un voleur, je te l’ai déjà dit nous n’avons point besoin d’or nous les elfes et autres farfadets !


Il y avait quelque chose de sincère dans la voix minaudante du gnome. Sans pour autant relâcher sa prise, Tristan le posa sur son édredon l’observant longuement. Après un bref silence, il le lâcha voulant en savoir plus sur ce qu’il avait à raconter.


- Si j’avais vraiment voulu te jouer un sale tour petit garnement, je ne serais jamais revenu ici, cervelle de moineau, vous ne réfléchissez donc jamais vous les humains ?


Tristan n’eut même pas envie de relever l’injure, il était préférable de laisser parler le nain.


- Si je suis revenu ici mon cher maître, il avait repris là une voix doucereuse, c’est parce que je me sens coupable de ce qui est arrivé à votre pauvre père et je veux vous apporter mon aide. Moyennant contribution de votre part bien sûr...


À ces derniers mots, le lutin fut à nouveau soulevé par la poigne du garçon dont les yeux lançaient des éclairs.


- Comment osez-vous me demander encore un retour alors que tout est de votre faute, vilaine...


Il y eut un « pop » sonore et l’elfe réapparut hors de portée, debout sur l’étagère de bois. Il s’épousseta les épaules, raplatit son col en y défaisant les plis laissés par la main de son maître et dit de sa voix agaçante :


- Ma faute ?... Mais qui donc a demandé de l’aide en pleurnichant la nuit dernière ? Je n’ai fait qu’exaucer l’un de vos vœux, cher maître. Et je vous propose maintenant d’en exaucer un autre, mais sans une contribution en retour je n’en ferai rien, il me suffit d’un claquement de doigts pour disparaître à nouveau, sachez-le !


Ravalant sa rage à grand peine, Tristan se résigna demandant à l’elfe en quoi il pouvait aider son père qui était enfermé dans une cellule du palais qui était extrêmement bien gardé. Le farfadet dans une grimace atroce lui dévoila son plan avec un air triomphant qu’il ne put contenir.


- Et donc, si vous daignez m’offrir ne serait ce qu’un peu de votre sang – une simple et malheureuse entaille suffira – je puis vous garantir que je ferai arrêter le vrai voleur de paon faisant ainsi innocenter votre père...


L’offre était étrange, mais n’ayant aucun autre moyen d’agir, il se saisit d’une aiguille posée sur sa table de chevet et se taillada le bras, quelques gouttes perlèrent et tombèrent au fond d’une fiole en verre fumé que le gobelin lui avait tendue. Si c’était là le prix à payer pour la liberté et le bonheur de ses parents, cela en valait certainement la peine. Après tout, ce n’étaient que quelques malheureuses gouttes de sang qu’il avait versées. Antonin émit un gémissement de contentement et disparut dans ce « pop » désormais habituel. Tristan ne se rendormit que très tard dans la nuit.



 
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   james   
5/1/2008
C'est une belle histoire plaisante à lire. J'ai passé un bon moment. Je me suis précipité sur la suite pour en connaître la fin et je n'ai pas été déçu. Les personnages sont bien présentés, on les visualise parfaitement. On entre dans la peau de Tristan et on vit cette aventure haletante avec lui.
Ce que l'on peut reprocher c'est un style un peu académique, peut-être trop narratif à l'exception des dialogues qui vivifient le texte. J'ai trouvé la mise en place du récit description de l'endroit un peu laborieuse.
Ceci dit on passe un bon moment de lecture.

   Maëlle   
20/5/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
L'histoire est passionnante, les personnage bien rendu, mais en effet quelque chose ne va pas dans le style. Les phrase manque de rythme, c'est à la fois trop simple et un peu pompeux... mais ça n'altère en rien l'histoire.
C'est étrange, sur un autre texte le style m'avais captivée, il me semble.


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