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Laboniris
plumette : Ma ville imaginaire [concours]
 Publié le 07/11/24  -  9 commentaires  -  2510 caractères  -  86 lectures    Autres textes du même auteur

La parole en partage.


Ma ville imaginaire [concours]


Ce texte est une participation au concours n° 36 : Des courts littéraires atypiques

(informations sur ce concours).



C’est une ville intégrée au paysage, fondue dans le sable et la falaise, qui se découvre en se parcourant. Ceux qui y vivent ont su utiliser la nature, la prolonger, épouser le relief de ce pays aride pour y créer de l’inattendu. De loin, on aperçoit des formes incertaines, on s’interroge, on ne sait s’il s’agit d’une vague colline, d’un campement ou des vestiges d’un immense mausolée. L’entrée de la ville est masquée par un imposant rocher aux tons pourpres qu’il faut contourner pour accéder à quelques constructions troglodytes. Puis l’on descend doucement dans la ville le long d’une gorge verdoyante, jusqu’à une place octogonale, ponctuée d’arbres souples dont les feuilles tintinnabulent dans le vent. On est happé par des couleurs contrastées, des senteurs et du silence. L’air semble léger et brillant, on s’étonne de tant de lumière, à ras de terre.

Si la ville paraît silencieuse, c’est parce qu’elle émet des sons doux à l’oreille.

Ceux qui vivent là cultivent la parole et s’en nourrissent. Ils l’élèvent, la chérissent, la font pousser et la partagent. Ils l’assaisonnent parfois de sourires et de rires, de larmes de tristesse et aussi de joie. Ils l’ont dégraissée de tous ses mots gras et gros, mais ils ont conservé ce qui lui donne son goût et sa fluidité. Chacun, quel que soit son âge, son origine, son genre, contribue à l’éclosion de la parole : petites pousses de voyelles, délicieuses onomatopées, avec le risque d’une indigestion de pipi-caca, paroles en l’air qui s’avalent tout rond et paroles d’espoir qui donnent des ailes, paroles d’hommes un peu lourdes à digérer et paroles de femmes, amères quelquefois, ou légèrement acidulées, paroles d’honneur cultivées par les anciens selon des procédés presque oubliés.

Les plus audacieux tentent des greffes de parole : un mot d’enfant avec une langue de vipère, une parole de vérité avec une parole de doute, une parole sacrée avec une libre parole, une parole juste avec un mot malheureux.

Les plus visionnaires voudraient faire commerce de la parole. Ce serait un commerce sans argent, fondé sur l’échange de paroles issues de toutes les cultures. Les plus prudents économisent la parole, la déguste à petite dose, choisissent délicatement leurs mots et les gouttent du bout des lèvres.


 
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   wancyrs   
18/10/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
salut,

Votre texte m'a tout l'air d'un récit instantanée qui est pondu et apporté tel qu'on l'a eu. Si parfois la spontanéité est une chose magnifique, elle a aussi la maladresse de parfois s'exprimer en une langue que ne comprend que son auteur. L'important c'est toujours le plaisir qu'on prend à composer un texte ; après, on aime ou on aime pas, ça dépend de chacun. Quant à moi, je n'ai vu que l'esquisse de quelque chose qui n'a pas réveillé grande émotion en mon être... juste ces jeux d'expressions qui m'ont fait un peu ciller.

Bonne chance pour le concours.

   Donaldo75   
25/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'ai bien aimé ce texte, en particulier dans le cadre de ce concours. Il y a certes un arrière goût de récit poétique dans cet ensemble mais pas uniquement. J'aime beaucoup le fond et ce qu'il tend à exposer. A cet égard, les deux dernières strophes sont très intéressantes. Je ne sais pas s'il est profondément atypique dans la forme mais je trouve sa position singulière en termes de thématique. C'est la raison pour laquelle il m'a plu.

   papipoete   
7/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
bonjour concurrent
... ou l'éloge de la parole...
Une ville dont on ne remarquerait que la voix véhiculant des mots, dont on aura expurgé les " gros, vilains, méchants "
Un endroit où l'on voudrait entrer, pour fuir l'horreur de certains discours et prêches haineux...
NB qu'il doit faire bon y être résident, ou simplement hôte quelque temps.
le thème est ici éloquemment évoqué, sans effet de manche, et vraiment
" court littéraire "

   Dameer   
7/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Hello,

Réflexion métaphorique sur l'harmonie entre l'humain, la nature et le langage, suggérant un idéal où la parole n’est ni gaspillée ni négligée, mais cultivée avec soin et appréciée pour sa capacité à tisser des liens.

La ville n’est pas ouverte aux quatre vents, son entrée est masquée, un seul chemin y mène : on y arrive et réside par choix.

Mis à part les troglodytes, (c’est pour moi le seul aspect négatif, je préfèrerais des cases simples en bois, à toits de palmes,) le reste, la verdure, la place octogonale, la tranquillité, les senteurs, on a l’impression du paradis, le Jannah où coulerait des rivières de lait et de miel !

De fait ce sont des paroles qui coulent, dont on fait commerce, elles sont le patrimoine sacré et immatériel de cette ville, et les gros mots en ont été exclus.

Pour moi : Vision d’hommes qui palabrent entre eux, de femmes qui palabrent entre elles, d’enfants qui jouent entre eux : la vie sagement animée et bruissante d’un village de brousse !

Une expression détonne dans tout ça : "avec le risque d’une indigestion de pipi-caca,"
Je ne vois pas ce qu’a voulu dire l’auteur… c’est tellement contraire à tout le reste !
Seule petite fausse note dans ce texte...

   Eskisse   
7/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,
Je trouve l'idée de la parole végétale très belle et très bien amenée par insertion du champ lexical des "pouces verts" et très en adéquation avec le rêve d'un monde harmonieux.
Bien aimé la déclinaison des différentes formes de paroles.

Ce texte est pour moi le type même de la ville utopique.
Il m'a d'ailleurs rappelé Les villes invisibles de Calvino dans la filiation de qui il se rattache.

   Provencao   
8/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

"Les plus audacieux tentent des greffes de parole : un mot d’enfant avec une langue de vipère, une parole de vérité avec une parole de doute, une parole sacrée avec une libre parole, une parole juste avec un mot malheureux."

J'ai beaucoup aimé ce souffle de la parole, qui est à mon sens une des spécificités de la poésie quelle qu'elle soit, en exprimant le sens le plus délicat qu'il soit de toute chose.

   in-flight   
8/11/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Un texte qui pourrait sonner comme le début d'un roman ou d'une grosse nouvelle.

Le lecteur est invité dans une esquisse utopique où l'être humain vit en harmonie avec son environnement. On pense à Walden de Thoreau ou, dans un style plus urbain, au phalanstère de Fourier.

La réflexion sur la parole est intéressante (le verbe incarnée du catholicisme), bien qu'on puisse buter sur le pipicaca et les paroles un peu lourdes des hommes vs paroles un peu amères des femmes (dommage de reprendre cette "caricature" dans un monde se voulant un idéal).

Contrainte du concours oblige, c'est court et forcément un peu confus ("amputé") en l'état, mais comme je le disais, cela peut constituer l'ébauche d'un plus grand ensemble.

Affaire à suivre.

   aldenor   
15/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Vivre de paroles ! Une très belle idée. Cultivée tout en douceur, avec mesure.
Le premier paragraphe décrivant une ville un peu fantomatique, prépare bien l’apparition de « l’inattendu ».
Et non « du merveilleux » ! Pas d’excès. Attention à l’indigestion.

   Cleamolettre   
17/11/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour,

J'aime beaucoup l'idée d'une ville qui cultive la parole, c'est symbolique puisque la parole est un "produit", une monnaie d'échange, une manière de vivre, et en même temps ça rappelle ce qui peut se passer dans de tout petits villages ou quartiers où la parole entre les habitants est parfois la seule activité partagée ou qui rassemble.

J'ai bien aimé aussi la description des lieux, c'est vivant, coloré, bien représenté.

En revanche, j'ai du mal à trouver du liant entre les deux, presque comme s'il y avait deux parties différentes dans le texte, le décor ne m'évoque pas spécialement la parole, peut-être que c'est voulu comme un effet de surprise mais ça m'a un peu sortie de ma lecture.

De même, j'ai regretté un "catalogue" de ce que les habitants font de la parole, c'est assez exhaustif et il y a de jolies trouvailles comme les greffes, mais à la longue, ça fait un peu liste qui manque de sens ou d'histoire. Peut-être la faute au format court.


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