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Fantastique/Merveilleux
Twinkle : Chasse au trésor
 Publié le 11/10/07  -  6 commentaires  -  6137 caractères  -  8 lectures    Autres textes du même auteur

Un souvenir d'enfance


Chasse au trésor


La rivière est un endroit très particulier, une succession de petits étangs d'eau verte. Les berges sont jaunies par le soleil. Les sauterelles font un vacarme assourdissant. Ça ne sent pas très bon, mais on peut y vivre quelques aventures intéressantes. Par exemple, capturer des grenouilles. Les plus précieuses sont les petites rainettes émeraude qui luisent au soleil. Souvent on n'attrape que les petites marron qui sont vraiment très laides. Ou encore, faire des courses de natation de sauterelles. C'est très facile : chaque joueur choisit sa sauterelle et la jette au milieu de la rivière. La première qui arrive au sec a gagné. Les sauterelles nagent comme des peaux-rouges, couchées sur le côté. Les poissons adorent ces courses, mais sont sans pitié avec celles qui manquent de style. On peut aussi s'installer sur un des gros blocs de granit qui surplombent l'eau et faire des ricochets, ou essayer de faire un panier avec les joncs qui poussent dans les coins.


Mais fini de jouer. Il fait déjà très chaud, et la grand-mère a besoin d'un nouveau balai. Elle a décidé de quitter la rivière pour chercher le meilleur genêt. On mangera quand le balai sera prêt, pas de discussion possible. En route donc vers Los Montes. C'est le domaine des chênes lièges, des champignons et du sanglier. C'est surtout le royaume du loup invisible, celui qui suivait les enfants sur le chemin de l'école, à l'époque où il y avait encore une école. Les sauterelles n'osent plus faire autant de bruit. Elles ont perdu il y a très longtemps une bataille contre les moucherons. Depuis cette défaite mémorable, elles font profil bas. Il faut dire que ces moucherons sont vraiment terribles. Pour s'en débarrasser il faut couper de longues branches de bois sec et les agiter devant nous, comme les vaches avec leur queue. Nous préférons utiliser les grandes fleurs séchées qui envahissent le sentier. Elles sont moins efficaces, mais leurs graines font un bruit de crécelle en s'entrechoquant. Les lichens s'accrochent à tout ce qu'ils trouvent : arbres, rochers, ruines de la bergerie. Si on reste trop longtemps au même endroit, ils osent même s'attaquer à nous. C'est ce qui est arrivé autrefois au berger Manolo. Il s'est endormi à l'ombre d'un chêne-liège et a été recouvert de mousses grises. Sans son chien, on ne l'aurait jamais retrouvé. Il y a aussi les pommes de pin pour jouer au foot, les boules des chênes pour les colliers, les lézards qui font sursauter en dérangeant les feuilles...


Voici un bon endroit pour le pique-nique. Plusieurs genêts poussent drus vers le ciel, un vrai champ de balais. Il y a un peu d'ombre pour s'installer, et des gros blocs de granit pour jouer. Mais d'abord le travail. Pour faire un bon balai il faut déjà un bon coup d'œil, et de bons bras. Choisir un genêt bien droit et bien touffu, et l'attaquer à la base. S'il n'y en a pas assez, compléter avec un deuxième arbre. Ensuite, lier fermement les troncs avec un jonc cueilli sur le chemin. La technique de liage est particulière, et demande un certain entraînement. Égaliser, et le balai est prêt pour une semaine de séchage dans la cour. Les gens des villes racontent qu'il faut faire tout cela à la pleine lune, le ventre vide et en criant des incantations. On voit bien qu'ils n'y connaissent rien. La confection de balai est un travail sérieux qui demande de la force et de la concentration. Fait correctement et sans chichi, vous aurez un balai de sorcière tout à fait acceptable.


On peut enfin déjeuner. Comme d'habitude, la tortilla est délicieuse, et le chorizo laisse des traces rouges sur les doigts. Un peu de pain est généreusement offert aux fourmis. Le repas est vite expédié, car il faut aller voir du côté des rochers. C'est une mission exclusivement confiée aux enfants. Il paraît qu'autrefois un contrebandier rusé officiait dans la région. À force de berner les douaniers, il avait amassé un riche trésor qu'il cachait soigneusement dans un des rochers creux des Montes. Malheureusement, il était très méfiant et ne se confiait à personne. Lorsqu'il fut capturé puis pendu, le secret du rocher disparut. Depuis, les enfants sont chargés d'inspecter tous les rochers de taille respectable qu'ils rencontrent, au cas où. Il faut que le rocher puisse contenir un grand trésor. Si c'est le cas, on s'organise pour aller au sommet, voir si on en trouve l'entrée. Ces séances d'escalade sont souvent décevantes : la surface est lisse comme une flaque.


Cette fois nous avons affaire à une véritable forteresse de pierre. Des blocs de granits hauts comme deux hommes, qui forment des canyons et des grottes. Il va falloir tous les explorer, en procédant avec méthode. Une certaine excitation gagne. Des rochers pareils, on n'en avait jamais vus. Le trésor doit sûrement être là, il suffit de bien chercher. Et ça escalade, ça tombe, ça s'égratigne, ça plante des croix pour marquer l’avancement des fouilles.


Le temps file et la grand-mère est inflexible; il faut rentrer. Elle refuse de traverser Los Montes après le coucher du soleil avec quatre gamins désobéissants. Il reste encore trois rochers à examiner, les plus gros qui ont résisté à toutes les tentatives d'escalade. Tant pis, on reviendra demain.


Le dîner est très animé. Le grand-père a décidé de venir avec nous demain : on ne sait jamais. En route pour la rivière, les deux ponts à traverser, prendre à gauche du moulin, suivre le sentier des vaches jusque dans les Montes, traverser le territoire des moucherons, à droite au chêne rabougri, enjamber le muret. Voici le champ de balais, les rochers sont juste là.


Juste là ? Il n'y a pas le moindre petit caillou ! Pourtant c'est le bon endroit, pas de doute. Là, il y a encore la base des genêts qu'on a coupés hier. Les fourmis viennent voir s'il y a une deuxième fournée de miettes pour elle. Alors où sont les rochers ? Ça ne disparaît pas comme ça !


Le plus bizarre, c'est que le grand-père ne se moque pas de nous. Il pourrait parce que se perdre de cette manière c'est vraiment ridicule. Mais non. Il dit juste "Ça n'était pas pour nous. Ce soir nous irons voir les étoiles filantes."


 
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   Bidis   
16/10/2007
C'est un fort joli conte, très joliment écrit, mais où il ne se passe tout de même pas grand chose...

En réponse à Studyvox : c'est bien parce que c'est une appréciation purement subjective de quelqu'un qui aime les drames affreux et les rebondissements horribles, que je n'ai pas mis de note.

   Ninjavert   
15/10/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↓
C'est aussi ce que j'ai ressenti, lors de ma lecture, sans que ça soit un reproche pour autant.

J'aime beaucoup tout ce qui traite d'une ambiance, qu'il s'agisse de films, de livres ou de dessins, sans qu'il y ait forcément une histoire, une réelle intrigue.

Y a une pseudo-règle en Bande dessinée (heureusement tout le monde ne la suit pas ^^) qui dit qu'une case où il ne se passe rien (d'important pour l'histoire) est une case perdue. (C'est un peu caricatural mais c'est l'idée.)

Ici, c'est un peu comme si on avait beaucoup de cases qui ne servaient à rien, et en filigrane, une histoire assez minimaliste sur fond de souvenirs d'enfance.

Ce texte m'a évoqué pas mal de sensations, des goûts, des odeurs, des images...

Alors c'est vrai qu'il ne se passe pas grand chose, c'est vrai que c'est un peu décousu et que ça part dans tous les sens, c'est vrai que c'est parfois un peu maladroit et que ça traîne un chouille en longueur, mais je trouve que la magie opère comme ça. C'est ce côté "brouillon" qui rend crédible et attractif l'aspect enfantin du texte...

J'ai bien aimé, merci !

Ninj'

   studyvox   
16/10/2007
C'EST VRAI Qu'IL NE SE PASSE RIEN? MAIS LES JEUX DES ENFANTS SONT SOUVENT COMME ca
L'important dans leurs jeux, c'est la part de rêve, et je trouve que c'est très bien rendu, dans ce texte qui ne m'a pas semblé trop long.

   Twinkle   
16/10/2007
C'est vrai qu'il ne se passe rien: tout est 100% autobiographique :-)

   xuanvincent   
22/6/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai apprécié ce récit, qui décrit de manière vivante et imagée des jeux d'enfants, au bord d'une rivière.

L'histoire m'a paru bien écrite. J'ai apprécié la représentation, par moments presque humaine, de tous ces petits êtres qui peuplent la rivière où jouent les enfants.

De jolies images dans ce récit, ainsi "Les sauterelles nagent comme des peaux-rouges, couchées sur le côté."

Je relève simplement quelques répétitions de termes, ici et là (par exemple le terme "royaume", "rochers"...)

Petite remarque : les grands-parents sont dénommés respectivement "la grand-mère" et "le grand-père" (et non "grand-mère", "grand-père"), alors que l'on découvre qu'il s'agit des grands-parents du narrateur.

La fin, poétique, m'a plu.

   marogne   
26/10/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Le fait qu'il ne se passe rien, effectivement, m'a un epu déçu. Mais celà n'empèche pas que c'est joliment écrit. J'ai particulièrement aimé:

* l'histoire de la bataille des sauterelles et des moucherons - génial

*l'histoire du lichen et du berger.

Pour ce qui concerne le style, je le trouve un peu

trop descriptif, trop détaché, et ne nous permettant pas de ressentir quelque chose pour les personnages de cette histoire, même si ce sont des souvenirs, c'est dommage.


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