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Fantastique/Merveilleux
Twinkle : Nursery Rhymes
 Publié le 06/02/08  -  6 commentaires  -  8416 caractères  -  35 lectures    Autres textes du même auteur

Conte de fée illustré par Liry.


Nursery Rhymes


Il naquit une fois une jeune sorcière prénommée Elypsia. Dès sa plus tendre enfance d'une grande beauté le monde elle éclipsa. Yeux de biche, boucles blondes, sourire rayonnant et visage parfait, à terrible marâtre rien ne vaut de si jolis attraits. Durant de longues années elle étudia ce curieux métier : belle-mère de contes de fées. Lundi apprendre la volonté, mardi la démonologie, mercredi la malice et la cruauté, jeudi latin et compagnie, vendredi miroir aux alouettes, samedi sabbat sur son balai, dimanche histoire de sorcellerie. À chaque premier mai elle plongeait toute nue dans la rosée glacée d'un large peuplier, artifice parfait pour grandir en beauté. Elle lut maintes fois le conte, tragique et édifiant de la reine maudite au miroir tremblant. Mais Elypsia n'admirait pas l'ambition insatiable, la terrible malice, les sortilèges odieux de la sorcière célèbre. Ce qui la bouleversait dans le plus grand secret c'était le chant d'amour de la princesse pleurant à la margelle du puits. Elle ne prisait rien tant que le moment béni où le prince charmant secourait sa maîtresse avec un doux baiser.


Pour ses trois cent seize ans, Elypsia reçut un miroir magique d'ancienne fabrication. Le temps était venu de trouver un époux, riche royal et veuf, doté comme il se doit d'une innocente enfant et d'un château charmant. Aux yeux bleus d'Elypsia le miroir présenta foule de candidats, classés selon leur rang. De cette compétition, le roi anglais fut le premier, en richesse, bravoure et beauté ; veuf récent et père d'une rousse princesse à torturer. Elypsia décrocha aisément le rôle. Parfaitement formée, elle répondit sans faille aux exigences ardues de la fée des Iris. Le soutien de la fée était en vérité un atout nécessaire pour se faire épouser. Si Elypsia réussissait comme il était probable, elle gagnerait seize ans de vie fort agréable, en toutes choses la reine. Elle devrait cependant martyriser ce temps l’innocente princesse dont elle serait la mère. Au terme de ces seize ans, la fée interviendrait pour rétablir le bien et Elypsia devrait se plier à un châtiment éprouvant, justement mérité. Il fallait en premier séduire le roi anglais. Une mince affaire vraiment au vu des arguments qu'Elypsia étala. Modestement parée comme une jeune fermière elle attendit le roi qui ne manqua de badiner.


- Où allez-vous charmante enfant ?

- Traire les vaches, Monseigneur.

- Puis-je vous accompagner charmante enfant ?

- À votre bon plaisir, Monseigneur.

- Quel est votre père charmante enfant ?

- Mon père est un fermier, Monseigneur

- Voulez-vous m'épouser charmante enfant ?

- À votre bon plaisir Monseigneur.

- Quelle est votre fortune charmante enfant ?

- Ma beauté est ma fortune Monseigneur.

- Alors, je ne peux pas vous épouser charmante enfant, affirma le roi, plantant là une jeune sorcière tristement déconfite.


Alors qu'elle pleurait sur cette humiliation, le roi de France passa par là. Avec ces vingt mille chevaliers, il avait une colline à grimper. Abandonnant ces fiers guerriers, le roi redescendit de la colline pour ne jamais y remonter. Elypsia se tenait là et le souverain lui demanda ;


- Combien de framboises poussent donc en pleine mer ?


Question étrange en vérité, mais dont la réponse est aisée.


- Autant que de harengs rouges dans ces bois, répondit tantôt Elypsia.


Charmé par son esprit rusé, et tout autant par sa beauté, le roi de France lui proposa son cœur, son royaume et son bras. Une chose fort étrange arriva. Elypsia aurait dû jurer de se venger du roi anglais, le faire périr d'amour, l'affoler et triomphalement l'épouser. Elle regarda le roi de France, ce roi passé dans le miroir, disqualifié par son aspect. Rien de charmant ni de guerrier, un roi banal en vérité. Elle lui accorda son baiser. La fée des Iris râla, c'est de l'anglais qu'il fallait s'occuper. La maligne Elypsia réussit pourtant à obtenir un nouveau contrat. Pour la fille du roi de France, seize ans de souffrance et de peur, pour la sorcière seize ans de royale bombance. Au terme du délai acté, le châtiment bien mérité, en bonne et due forme ma chère. Elypsia se souciait bien peu de ce contrat. Le roi était aussi fantasque que son aspect était empreint de banalité. Vêtue de parures luxueuses Elypsia rayonnait de beauté, mais son époux par-dessus tout aimait son esprit acéré.


Il avait une petite princesse, une enfant un peu effacée, qui de sa belle-mère n'atteindrait jamais la beauté. Rosalinda on la nommait. L'esprit ne l'avait pas oublié et Elypsia ne pouvait se résoudre à la maltraiter. Elle lui apprit tant de ses contes, de ses cueillettes et du balai que la princesse était versée dans les arts noirs comme jamais. La fée des Iris voyait d'un mauvais œil ce traitement inhabituel. La princesse était trop gâtée et sa beauté en pâtissait. Indisciplinée et cultivée, il serait dur de la marier.


Voilà qu'un matin, excédée, la fée vint trouver la sorcière, lui enjoignant sans plus tarder d'être une ignoble belle-mère. Elypsia dut reconnaître qu'elle avait eu trop de bontés.


- Subjuguée par le roi dit-elle, je n'ai pu bien me concentrer. Donnez-moi donc seize ans de plus, seize à partir de ce jour et la princesse souffrira comme jamais on ne le vit.


- Seize ans c'est trop dit la bonne fée, l'enfant n'est déjà pas très fraîche. Comment pourrais-je la marier quand seize printemps seront passés ?


- Vous me décevez Irisette, minauda la souveraine, votre pouvoir est donc si faible qu'il ne trouverait de mari qu'aux plus jeunes et qu'aux plus belles ? La princesse est de sang royal, fille de France je vous le dis. Cela suffit assurément à lui trouver des prétendants. Seize ans sont juste ce qu'il faut pour qu'elle mérite un prince charmant.


La fée des Iris dut convenir de ce délai. À moins de torture sorcière ne saurait être punie, à moins de punition fée ne saurait être louée. Elle mit en garde cependant contre un essai de fourberie.


- Je viendrai chaque année dit-elle constater vos odieux progrès. Ne tentez pas de me duper, la princesse doit être marâtrisée.


Elypsia reprit gaiement son règne joyeux et insouciant. La fin de l'année approchait sans que la princesse eût pleuré. La sorcière voyait avec effroi le jour où la fée reviendrait, pointerait son erreur et exigerait rupture immédiate du contrat. Mais elle ne pouvait se résoudre à accabler sa pauvre fille. Folle de désespoir elle se décida à tout avouer sans rien cacher. L'entretien fut houleux il est vrai, mais la princesse s'attendrit, considérant les grands bienfaits que sa belle-mère avait portés.


- Au diable les lois féériques et les princes soporifiques ! Je connais les arts des sorcières aussi bien que vous, belle-mère. Je sais qu'il est en mon pouvoir de vivre seule et sans déboire. Chère Elypsia consolez-vous. Quand la fée reviendra, je feindrai avec joie.


Année après année la princesse simula. Pleurs, tourments, blessures, haillons portés pour l'occasion, pain gris et longue chevelure toute emmêlée de gravillons. La fée apprécia la tragédie qui chaque printemps lui fut jouée. Elle ignorait qu'en grand secret, les deux sorcières complotaient. Sorcières ce nom elles méritaient ; de naissance Elypsia, de science Rosa, devenant chaque hiver un peu plus versées dans les arts éphémères qui emprisonnent les fées.


Vint enfin le printemps de la seizième année. Iris avait un prince prêt à être livré. Une punition terrible elle avait concoctée pour sa chère ennemie, la reine à désavouer. Pauvre fée, elle ne put même pas présenter son beau prince charmant à la fourbe princesse. À peine mit-elle le pied dans le jardin royal qu'elle se sentit saisie d'un malaise peu banal. L'esprit tournoyant elle ne voyait plus rien que les visages riants d'Elypsia et Rosa contemplant son trépas.


La fée ne mourut pas, car les fées ne meurent pas. Elle perdit cependant tant de matière vive qu'on la trouva cachée dans l'herbe du palais, tremblante et toute mouillée, de la taille environ d'un petit scarabée.


Elypsia demeura sans peine auprès du roi. Rosalinda les quitta. À un juste métier, elle aspirait enfin. Sur les conseils avisés de sa belle-mère, elle remarqua le roi d'Espagne et l'épousa, passant par là même contrat avec la fée des Magnolias.


Et la fée des Iris ? Chaînette d'argent à la cheville, elle volette dans le palais, à dix pas de la cheminée, l'esprit grognon dans sa petite maison.



 
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   pounon   
7/2/2008
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Magnifique. J'ai retrouvé mon âme d'enfant. Quel style! J'adore.
Merci pour cette récréation.

Au fait je n'ai pas trouvé l'illustration. Comment faire ?

   Twinkle   
7/2/2008
Merci :-)
Les illustrations de Liry sont dans le Diaponiris.

   Tchoo   
2/3/2008
Vraiment très jolie nouvelle, écrite avec style!
Je suis charmée!

   xuanvincent   
10/6/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé ce conte.

Je l'ai trouvé bien écrit (excepté peut-être quelques formules un peu trop "ampoulées" à mon goût) et original, drôle, s'amusant des contes de fées traditionnels.

J'ai passé un excellent moment de lecture.

Bravo, Twinkle !

   marogne   
11/11/2008
 a aimé ce texte 
Bien
D’abord une frustration : l’illustration annoncée de Liry n’est pas dans la version « .pdf » !!!

Une idée intéressante sr l’origine des marâtres dans les contes de fées ; il faudrait la soumettre à Bruno Bettelheim, et peu être en déduire quelque chose sur l’auteur lui-même…

Au niveau du style, classique maintenant (pour moi) chez Twinkle, je ne relèverais que la deuxième phrase : Dés sa … elle eclipsa. » que je trouve un peu « précieuse » dans le contexte.

Un regret aussi sur le manque de détails sur la relation entre la marâtre et la princesse, un peu plus de complicité aurait sans doute amélioré l’ensemble.

Et j’aime bien l’image finale, imaginant la fée clochette fulminant dans le palais.

   Maëlle   
9/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ben j'étais persuadée d'avoir déjà commenté ce texte. conte traditionnel mais malicieux, la style est un peu précieux mais va trés bien au sujet.


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