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Poésie en prose
AnGer : Caché entre les mots
 Publié le 01/05/08  -  7 commentaires  -  2603 caractères  -  70 lectures    Autres textes du même auteur

Glisser sur les petits aveux pour en faire des boucles de mots


Caché entre les mots



Je dérape, glisse.

M’arrime pourtant sans vraiment me retenir, aux trépidations de ces anciens choix, voile sur mes dérives.

Je marche dans les ruelles sans point d’atterrissage. Je m’affaisse contre les mois sans toitures, et m’affiche sur les murs des heures. Vide, j’égrène mes souffrances au hasard de l’avancement du temps.

Chaque pas marque ces jours et chaque souffle épuise un peu plus ma vie. Effrayée, je m’inscris dans la marge du passé. Je m’insurge devant ces pages blanches, je râle, je psalmodie et les délie du silence pour les faire mourir sous les cris de quelques maux agglutinés à la farandole des mots.

Je m’affale… Lourdement agrafée sur le coin du cœur. Trop de calendriers ont lâché leurs venins sur le parchemin de mes peines. Je m’étouffe à trop respirer les bourrasques de ces souvenirs asphyxiés qui s’explosent dans ma mémoire.

Engourdie, droguée d’avoir trop abusé de ces doses, je contemple ma peau mise à nue. Griffée par ses rides, les injures du temps ont fait craqueler les contours de mon cœur, sutures qui s’effilochent par l’usure des années.

J’apostrophe entre des guillemets ce qui ne peut plus se compter. Juste pour faire mal, à m’ensevelir sous ces nobles souffrances pour me sentir encore en vie. Si mal, à ne plus avoir vraiment mal. Je décolore les sursauts d’aveux pour qu’ils s’effacent en se posant sur la page.

J’amaigris les vérités et grossis les mensonges pour rendre appétissant le présent, tandis que les restes du passé se décomposent sur la table de mes dîners d’amour passé.

Je couvre mon corps dénudé que le miroir ne sait plus réfléchir, tandis que je fléchis par le poids de ces réflexions. J’agrippe mes mains au corps de ce texte qui se froisse sous mes doigts.

Je perds la nuance des voyelles. Me cogne contre le socle lourd des consonnes, et je m’assoupis sur le coussin de la vie qui me berce de ses bras.

Entortillée dans le berceau des mes décennies passées, je sens le drap lourd des années à venir se poser sur mon cœur solitaire.

Je dérape, je glisse…

Ce soir, seule dans l’ombre de ce jour qui meurt contre ma pupille embuée, je sens encore la suie d’un amour de carton brûlé contre la flamme du temps qui l’a laissé calciné sur les parois de mon cœur.

Le vent de la vie souffle sur ces cendres, qu’importe, je survis aux intempéries du temps juste pour me souvenir que j’ai aimé un jour…

À un amour de papier qui s’est consumé d’avoir trop peu aimé être aimé.


 
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   David   
1/5/2008
Bonjour AnGer,

Si l'écriture venait au moment du bonheur, il serait sans doute moins bien vécu, elle fait le sale boulot, noircir les pages blanches, ou dessiner dessus, j'ai bien aimé.

   clementine   
1/5/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
AnGer, tu dois commencer à le savoir je suis devenu inconditionnelle de tes écrits/délires profonds des sens au coeur de ton essence.
Au plus profond de tes sentiments.
Comme je le suis des écrits de Notrac.
Lorsque je te lis c'est un peu comme si je pénétrais sans visa dans un monde où les mots les plus simples transcendent nos émotions.
J'ai le coeur qui éclate et envahit tout l'espace de ma cage thoracique.
Oui vraiment j'adore et j'adhère!
Merci AnGer.

   Mimi-Crazy   
1/5/2008
C'est super beau, fou je ne sais pas vraiment !
Bravo !!

   irisyne   
3/5/2008
Je suis toujours "fan" des écrits d'AnGer

   Anonyme   
4/5/2008
Confessions d'un soir sur l'illusoire d'une vie ?!

Laissons nous porter par l'émotion brutale et douce.

   strega   
10/5/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quelle crétine je fais de n'avoir pas lu AnGer plus tôt...

C'est ahurissant ! Pour parler technique, pour moi c'est parfait. Style haché menu, beaucoup d'adjectifs alignés les uns derrière les autres sans jamais perdre le fil conducteur. L'ensemble est cohérent, le tout est impressionnant.

Quant au fond... Il parle de lui-même, les images sont puissantes et pourtant chacun peut y voir ce qu'il veut. Dans le sens où on peut adapter facilement vos mots à notre vie. (c'est pas plus clair c'est ça..., :)

Bref, j'adore quoi !

Aller, une phrase préférée pour la route :

"Engourdie, droguée d’avoir trop abusé de ces doses, je contemple ma peau mise à nue. Griffée par ses rides, les injures du temps ont fait craqueler les contours de mon cœur, sutures qui s’effilochent par l’usure des années."

   Anonyme   
30/8/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
" À un amour de papier qui s’est consumé d’avoir trop peu aimé être aimé. "

Je devrais relever tous les mots, toutes les phrases de ce texte qui m'est si parlant. Là, encore la souffrance est présente, mais elle est posée avec pudeur, ce qui rend cet écrit bouleversant.

" Je dérape, glisse." Qui n'a pas instant eu cette "désagréable" impression, comme si le sol se dérobait sous nos pas. Je continuerai par cette phrase si " Je m'affaisse contres les mois sans toitures et je m'affiche sur les murs des heures.

Encore une fois, je voudrais relevé chacun de mots, de vos phrases, de vos formulations, de vos expressions, tout me subjugue, vous êtes encore une fois dans la justesse, votre émotion est palpable, et transmissible. Vous m'emportez dans votre tourmente. Votre texte est si vivant.

Je vais longtemps me souvenir de deux phrases-ci :

" Je perds la nuance des voyelles. Me cogne contre le socle lourd des consonnes, et je m’assoupis sur le coussin de la vie qui me berce de ses bras. "

" Entortillée dans le berceau des mes décennies passées, je sens le drap lourd des années à venir se poser sur mon cœur solitaire."

Comme je comprends tout à fait la puissance à nouveau énoncé de ce :

"Je dérape, je glisse" ...


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