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Poésie en prose
AnGer : Vous lire
 Publié le 13/11/07  -  4 commentaires  -  2750 caractères  -  27 lectures    Autres textes du même auteur

Lire, c'est reposer son cœur dans l'émoi de certaines pages d'écriture.


Vous lire



Vous lire...

Nous faisons parfois des découvertes impromptues, petit saut trop rapide du temps qui s’enraye soudain, sans que l’on comprenne pourquoi à cet instant plutôt qu’un autre, une image, une lecture nous touche avec autant de facilité, à émouvoir la texture de notre cœur, le rendre réceptif, de s’enticher d’un verbe, d’une fanfare de mots, du crochet d’une image.

J’en suis là ce soir, un peu sonnée, par le sursaut du temps sur le gong qui a rebondi contre moi, je me suspends à la balustrade, m’extrais des gradins de spectateurs et contemple le ring dans l’attente du prochain combat de mots qu’il va lancer. Je m’accorde encore une fois, le plaisir d’aller me rouler dans les cordes qu’il a déployées pour entraîner ses mots, dans le souffle rapide de ma lecture. Contre le tapis d’un combat que lui seul connaît, à mesurer les coups qu’il inflige à son clavier pour donner la bonne frappe, insuffler à son mouvement une force téméraire et parfois, parfois une douceur fragile. Je reste ébahie de tant de puissance féline, de sa ligne de conduite, de ses pas agiles autour de ses valses d'écriture, quand il danse contre le dos de ses maux mis en uppercut de mots. Tour à tour guerrier de mots, amant des lettres mises à nues, ne relevant jamais les bras trop haut pour accentuer leurs victoires, je suis happée et reste sans force de ces trépidantes batailles, joue posée contre mon plaisir devenu si sensible en le lisant. J’ai envie de lui dire, dans l’ébauche d’un sourire que je m’imagine, parfois dans l’accentuation de ses textes, comme :

La virgule, pour m’attacher à la brise de son souffle, la parenthèse, pour m’arrimer aux vagues de ses pensées, l’accent circonflexe, pour y abriter les battements de son cœur, le point virgule, pour m’accorder aux nouvelles partitions de ses mots, le point d’exclamation, pour emprisonner mes lèvres contre ses sourires, le point d’interrogation, pour m’effrayer d’un jour perdre sa trace, l’accent grave ou aigu, pour respecter l’intonation de ses écrits en murmures, le tréma, pour isoler le son de ses désirs de ceux de ses peurs, l’apostrophe, pour insérer dans le présent, un peu de moi pour lui, les points de suspension, pour rester dans l’image soudaine qu'il me donne de lui.

Je ne parlerai pas du point majestueux, symbole d’une fin que je n'entraperçois pas encore aujourd'hui, mais que le futur saura faire émerger de son ventre. Je m’imagine parfois être dans l’accentuation de ses écrits, minuscule ponctuation de souffles contre ces pages, je ne voudrais pas me voir assener un poing magistral quand il ne sait même pas que je suis une virtuelle virgule « accrochée à ces coups de mots » dans le sillage de ses pas pages…


 
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   nico84   
13/11/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Poéme bien écrit, les Idées sont originales surtout le grand inventaire de la ponctuation qui est effectué superbement

   clementine   
23/11/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je trouve ta prose toujours très belle.J'aime me gargariser avec tes phrases.

   jensairien   
21/1/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je trouve les textes d’AnGer très inspirés. Ces déclarations d’amour littéraire(s) sont assez magiques.

A quand une nouvelle sur Oniris

   Anonyme   
21/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je vais me répéter, quelle plume vous avez, quelle dextérité, quelle virtuosité, quelle élégance.

Il est bien difficile de mettre des mots sous vos mots, parfois cela m'arrive, je deviens comme une carpe "muette".

Vos textes sont à lire, à relire, il en émane beaucoup d'émotion, si bien que je me suis senti happé complètement.

A "Vous lire" .... encore et encore


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