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Poésie classique
pieralun : L’enfant et le père [concours]
 Publié le 03/10/20  -  11 commentaires  -  1156 caractères  -  270 lectures    Autres textes du même auteur

Demande à la poussière.


L’enfant et le père [concours]



Ce texte est une participation au concours n°29 : Histoire de tombes et poésie de poussière...
(informations sur ce concours).





Enfant, durant la nuit et les yeux dans les cieux,
Comme je m’enivrais d’un astre et sa lumière,
Ô que j’aurais aimé qu’il fût l’œuvre des dieux !
Mais mon père disait : « Le Tout n’est que matière. »

Son déni de la foi se fit silencieux :
Il s’en était allé dormir la vie entière.
L’abbé me chuchotait : « Là-haut ! regarde mieux… »
Lui me disait au cœur : « Je suis là, sous la pierre. »

Longtemps après, penché sur son tertre oublieux,
J’imaginai ce père ignorant ma prière :
« La poudre de mes os se morfond dans ces lieux ;
Si tu croises le vent, ouvre-lui grand ma bière. »

Pointant l’obscurité, mon fils dit, soucieux :
« On va sur quelle étoile après le cimetière ?
— Sonde le ciel profond, cherches-y tes aïeux,
Ils te diront ; sinon, demande à la poussière… »


 
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   archibald   
17/9/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Alors là, bravo ! Il est rare de lire sur ce site des poèmes classiques dignes des grands auteurs du XIXème. On me dirait qu'il s'agit d'un texte retrouvé de Musset ou d'Hugo que je le croirais tout à fait. C'est très structuré, sans métaphores alambiquées, simple, sobre et efficace. La lecture s'en trouve d'un grande fluidité, et la structure sur deux rimes est très élégante.. Je ne peux qu'évaluer au moyen de cet adverbe que je n'aime pas du tout, mais c'est l'occasion ou jamais. Je risque de ne pas être le seul. J'avais envisagé de remporter ce concours, je ne vise désormais que le podium.

   Anonyme   
20/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je trouve intéressant le parcours métaphysique familial : le père matérialiste, le fils penchant vers la foi, mais hésitant, que les interrogations du petit-fils placent face aux siennes propres.

Les vers coulent bien, j'applaudis le schéma des rimes (pas évident de conserver les mêmes sur quatre quatrains !) et j'aime vraiment
« La poudre de mes os se morfond dans ces lieux ;
Si tu croises le vent, ouvre-lui grand ma bière. »

Et je trouve touchant que le matérialisme du père aggrave la douleur du fils qui ne sait où s'imaginer reposant son cher disparu...

   Corto   
21/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voici un poème qui résonne de sincérité. Quel père, quel grand-père (je sais ça fait macho...) n'a pas eu à répondre à l'enfant inquiet de ce qui se passe après la mort. Et la réponse est soit impossible soit insatisfaisante pour le jeune esprit qui s'ouvrant à la vie veut en connaître la suite.

Ici la construction du poème sublime la situation avec cet enfant qui voudrait avoir des "dieux" pour horizon et le père qui se contente de "matière". Ce même père qui se "morfond dans ces lieux" et en appelle au "vent"...

Et la situation se reproduit à la génération suivante ! Le dernier quatrain est excellent en réinventant la réponse et en ouvrant le champ générationnel.

La conclusion avec ces deux mots découpés pour ouvrir les significations même improbables est bien ajustée.

Bravo à l'auteur.

   Myo   
21/9/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une interrogation toute humaine avec ses réponses multiples.
Mais peu importe l'avis du père et du prêtre ... le narrateur s'est fait sa propre opinion et reste dans un doute tellement plus à propos que toutes ces prisons de certitudes.

Je n'ai pas très compris " Il s'en était allé dormir la vie entière" pour parler de la mort.

Un peu dommage aussi ses diérèses à la rime, cela déséquilibre l'ensemble.
Mais une belle réflexion sur le fond. Avec pour moi le 3e quatrain en apothéose.

En EL Myo

   Donaldo75   
22/9/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je me lance dans le commentaire d’un poème du concours. Je trouve que la réponse à ce thème de « demande à la poussière » est intéressante et ne se contente pas de rentrer dans le roman, en résumer l’histoire et en tirer la tonalité. Au contraire, le poème aborde de manière classique le thème derrière les mots, ce que la poussière signifie dans notre inconscient collectif judéo-chrétien. Du coup, composé dans une forme bien travaillée, il prend une posture littéraire et fait oublier la contrainte du concours.

C’est un plaisir de lecture.
Merci.

   Cristale   
3/10/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Comment pourrais-je passer sur cette page sans laisser un commentaire tant est grand mon plaisir de lire un classique de si belle facture ? Seize alexandrins comme on en fait plus, quelqu'un a évoqué Hugo et je suis bien d'accord.
Et sur deux rimes alternant un son demi-fermé en adéquation avec l'idée/image qu'invoquent les mots "cieux-dieux-silencieux-oublieux-soucieux" et un son ouvert "lumière-matière-entière-prière" et même chaque vers évoque concomitamment une fermeture et une ouverture entre l'obscur et la clarté. Oh et puis j'arrête avec mes considérations phoniques pour juste et simplement dire combien cette plume me fait chaud au coeur et à l'âme.

Bravo et merci pour ce moment magique.
Tous mes voeux pour le concours.
Cristale

   Lebarde   
3/10/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Les mystères de la vie et de la mort à travers les réponses de trois générations, celle du grand père, le matérialiste convaincu, du père, le mystique dans le doute et le fils qui s’interroge, veut savoir et trouvera peut être sa propre réponse dans « la poussière », ( que j’interprète en évoquant à tort ou à raison, la connaissance, le savoir, la recherche et la science ???).

Le cheminement de la réflexion sur ce sujet sérieux et profond de toutes les époques: qu’advient-Il après la mort? est mené de façon alerte avec des mots simples et les dialogues utilisés rendent le propos vivant et accessible à toutes les cervelles.
Ce poème classique, élégant et efficace mené sur deux rimes délicates paraît sans faille et sa lecture est plaisante et aucunement rébarbative.
J’aime assez sans pour autant m’enthousiasmer.
Lebarde

   papipoete   
3/10/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour
Enfant, je rêvais tout éveillé à ces étoiles crées par le Bon Dieu..." mais non " me criait mon père, " de la matière, que de la matière ! "
Il monta au Ciel, " mais non !" m'aurait-il dit " je suis là sous la pierre ! "
A mon fils qui me fit les même remarques, j'avais le choix : lui dire ma vérité...ou celle de mon père...
NB éternelle histoire de croire ou pas ; regarder briller dans le ciel un astre ou... un aïeul, un parent, un ami qui nous sourit tant qu'il nous envoie sa lumière.
Croire ou ne pas croire, tant qu'on n'évangélise pas sous le fouet, mais par de douces paroles... cela est-il danger mortel ?
Devant un caveau, où dorment mes parents, mes amis( ies ), je sais bien qu'ils sont là, n'imagine pas qu'ils ne sont plus que poussière ; alors je lève la tête vers les étoiles ( la nuit ne me fait pas peur près d'une sépulture ; j'y suis trop allé... )
la dernière strophe est très touchante, car ce père laisse à son fils le choix...
des vers aux alexandrins sans faute habillent ce tableau de belle manière... de quoi rassurer l'enfant la tête dans les étoiles...

   Mokhtar   
4/10/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très beau poème, sur le thème de la foi en la vie éternelle, qui a le mérite de respecter les deux opinions opposées.

C’est du vrai classique : par le propos, par la rigueur prosodique, par une syntaxe et un vocabulaire appropriés. Avec un point fort indéniable : le choix et la qualité des rimes (cf ce qu’en dit Cristale).

À noter que les rimes diérèse-synérèse sont tout à fait acceptables si elles s’articulent sur le son « i » qui vire en « ille ou y-eu ».

J’éprouve toutefois deux petites gênes à la lecture de ce texte.

- Comme Myo, je ne suis pas très convaincu par « allé dormir la vie entière ». Ma logique bride mon ressenti poétique de cette expression.

- Le rejet du dernier vers :

L’avant-dernier vers, en première lecture, semble une phrase complète.
Du coup, le : « Ils te diront » semble introduire la suite. Interloqué, le lecteur doit revenir en arrière pour comprendre.

Je me permets de proposer la ponctuation suivante, qui me semble améliorer la compréhension :

Sonde le ciel profond, cherches-y tes aïeux :
Il te diront…Sinon, demande à la poussière.

Mais il y a surement moyen de faire mieux, car subsistent une césure du derniers vers… moyenne, et une rime à éviter entre les deux derniers hémistiches de tête.

Sachant que ce qui est exprimé dans les deux derniers vers est superbe, convient particulièrement pour une conclusion, et doit être absolument maintenu.

Au-delà de ces pinaillages, je trouve à ce texte sensé une belle profondeur, servie par une écriture de toute beauté.

   Ascar   
5/10/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
tous ceux qui sont ici bas le sont par un incroyable concours de circonstance le plus souvent heureux. Naitre et exister est improbable. Ce qui pose la question d'intérêt... pour qui, pourquoi ?
La religion est une réponse pour certains. Pas pour moi. Pour autant, j'apprécie le Pape pour son ouverture d'esprit sur certains sujets et notamment pour avoir dit ceci :

"l n'est pas nécessaire de croire en Dieu pour être une bonne personne. Dans un sens, la notion traditionnelle de Dieu est dépassée. On peut être spirituel mais pas religieux. Il n'est pas nécessaire d'aller à l'église et de donner de l'argent - Pour beaucoup, la nature est une église. Quelques unes des meilleures personnes de l'histoire ne croyaient pas en Dieu, tandis que certains des pires actes l'ont été en Son nom"

Je crois que c'est la seule chose qui compte : naitre humain et le rester jusqu'au bout. Il y a des facteurs qui viennent troubler cet idéalisme comme la guerre, la famine, la violence conjugale, les mauvais traitements de toutes sortes, les fatalités climatiques...



Je suis content de mourir un jour pour laisser la chance à un autre enfant de naitre, de grandir et de vivre cette incroyable aventure.

Je crois que votre texte exprime parfaitement la bancalité de nos humbles existences...

   Lulu   
17/10/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,

J'ai été très touchée par ce poème, bien que j'ai trouvé la rime en "ieu" à peine trop lourde à partir de la troisième strophe.

Mais comment ne pas être émue par la portée de ce texte ?

Le regard posé entre les générations est intéressante. Il est à la fois murmure et silence au coeur de jolis dialogues. "L'abbé me chuchotait : "Là-haut ! regarde mieux..." / Lui me disait au coeur : "Je suis là, sous la pierre."

J'ai vraiment beaucoup aimé ce vers :
"« On va sur quelle étoile après le cimetière ?"
Il est magnifique ! Il ouvre aussi deux très beaux vers.

Cette formulation me paraît aussi très belle :
"Il s’en était allé dormir la vie entière." ...

Ce qui est beau dans ce poème, c'est également qu'il ne comporte pas de jugement sur les uns ou les autres. Une impression d'émotion court au travers d'un sentiment de liberté.


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