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Récit poétique
Cyrill : Noces d’un temps qui n’a pas lieu
 Publié le 17/04/22  -  11 commentaires  -  3136 caractères  -  171 lectures    Autres textes du même auteur


Noces d’un temps qui n’a pas lieu



Un léger flou sur ses effets lorsque s’insinue la pénombre, la chimère est au rendez-vous.
Inconnue fleurie des décombres,
confetti suranné, phalène échevelée volant autour du feu, elle est cet à-peu-près dans le grand fourre-tout.
Les abscisses sont ordonnées en leurres convenus.
Ce qui relève peu ou prou du fait-divers est une exhalaison du rêve à relativiser l’amer en nombre de brèves infâmes,
en ombres gênées sur le drame, en de vagues cieux maquillés que des nuages creux résolvent.
Que de très sombres eaux dissolvent.



Ô ! beauté d’un regard,
quand des halos bleutés sont comme autant d’ornières,
de failles dans la porcelaine.
À bien d’autres égards les statues sont humaines et les hommes barbares.
Prière au purgatoire, la lumière alentour achève en suppliant le rideau des paupières.


Le crime eut un tempo parfait.
Aléas de l’histoire ou défaut de l’image, on vit se ramasser les convives repus.
Puis les époux se sont défaits.
Corps aussitôt rompus ils erraient sans usage et battant des mâchoires,
une acrimonie primitive en breloque autour de leur cou ;
divaguaient tels des chandeliers dont la flamme vive s’ébroue,
drapés de loques ambiguës dont l’étoffe brodée n’a de fil qu’un espoir
que l’on endosse au débotté.

Ainsi, ces noces désossées, ces reliefs impromptus.
Ces dames courbatues, interloquées, chétives,
qu’un féroce hasard retient encore debout ;
ainsi ces géantes passives dont les griefs sont des bâtards,
qui n’ont d’âme sous les verrous qu’au regard d’archives tronquées ;
cette biche autrefois véloce, ôtée de son fief et prostrée,
sans perspective au fond des yeux.

Le crime eut un effet curieux.
Sans curare au bout de la flèche, il fallut bien entériner l’innocuité de l’artifice.
On s’embarrassa de novices afin que fût soufflée la mèche,
l’atroce charme des adieux et l’oxymore invalidés.


Il ne tint qu’à un fil, un aveu sur l’ouvrage.
Un battement de cils au bord d’un coquillage, un hoquet subtil de l’armoire,
marque-page englouti dans les marécages de la mémoire.

On fit de la mer un tombeau dont les voiles claquaient au vent dans un déferlement d’étoiles.
Puis on balaya les oiseaux.
Il fut question de quotidien, de ces aboutissants ne tenant plus à rien, abasourdis de cécité.
De ces atermoiements aux entractes tronqués,
du silence sans qualité qui s’appesantit sur les choses.

Absence virtuose en costume de scène où se délie la trame, incohérence humaine où la marée déclame une prose asthmatique.
Paysage amputé de ses champs sémantiques, résidu cosmétique aux ambitions démentes.



À l’insu des masques tordus par la solitude patiente, le mariage fut ajourné.
Ce fut un adieu blême, sans époux,
un argument sur les genoux et les abattis afférents.


Ô ! liqueurs des calices.
Ô ! festins consumés.
Délices maudites et régurgitées comme un sacrifice.


 
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   Robot   
10/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai saisi ce texte aux élans surréalistes comme le reflet d'une arlequinade, un spectacle théâtral. Même si le fond ne m'a pas paru toujours trés clair, j'ai apprécié d'avoir lu ici un véritable récit poétique détaché des éléments formels d'une histoire racontée et de personnages stéréotypés. Un récit poétique qui n'a pas oublié la poésie.

   Anonyme   
17/4/2022
Bonjour Cyrill,

Un récit poétique très abstrait pour moi ou tant de choses m'échappent, je n'ai pas les compétences requises ni l'intelligence pour pouvoir le commenter, alors je passe juste vous dire que j'ai trouvé de belles formules (comme les failles dans la porcelaine, le hoquet subtil de l'armoire, je ne comprends pas mais c'est beau), un rythme assez déroutant mais qui m'a plu.

Une plume trop érudite pour moi alors je ne vous ne note pas mais j'imagine que ce récit a demandé beaucoup de travail...

Anna

   Anonyme   
17/4/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Comment vous dire . Les textes de cette veine, ou me rebutent si je ne ressens rien qui en émane ou me dépitent ( de ne pouvoir en faire autant ) quand j' en suis admiratif .
Quand les mots comme ici ( pour moi) semblent vivre leur vie indépendamment de l 'intellect , s'appelant les uns les autres, engendrant eux mêmes des images dont ils n 'ont plus que faire aussitôt nées , des métaphores qui ne semblent n' avoir de signification que pour eux-mêmes des résonances qui me font me retourner et reprendre en arrière , pour rien , pour le plaisir j ' ai l'impression d' être dans une autre dimension .

Je sens bien que tous ces non sens en prennent un dans un "monde" où le langage n' a plus la parole comme fonction de communication réelle , trop terre à terre pour lui . Et que si ça avait un sens , il perdrait celui de "faire du beau" . Une sorte de métalangage évanescent
Et donc si vous me demandiez si j' ai bien compris ce que vous voulez dire, je répondrait pour quoi faire, là n ' est pas la question Si je me demandais pourquoi en vous lisant j ' ai eu un tel ressenti, je le sentirai disparaitre au fur et a mesure que je chercherai des réponses

Et donc c'est embêtant , parce que votre écrit est un constat d' échec de mes propres capacités à pénétrer dans ce monde des mots si particulier . Mais bon comme mon égo n ' a pas la parole sur le sujet ....'

   Eki   
18/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Comme j'ai bien fait de dépasser le premier paragraphe.
La beauté de ce récit commence après mais ce n'est que ma pensée.

Des images soignées, caressantes, belles.

Parfois, un peu trop abstrait pour mon esprit mais un vrai plaisir de lecture tout de même, j'ai beaucoup aimé cette poésie qui s'exprime ici.

"Il ne tint qu’à un fil, un aveu sur l’ouvrage.
Un battement de cils au bord d’un coquillage, un hoquet subtil de l’armoire,
marque-page englouti dans les marécages de la mémoire."

C'est beau :

   Vincente   
18/4/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je suis déçu, je n'arrive pas à faire quelque chose de ce texte. Déçu parce que je le sens riche dans l'intentionnalité, riche dans l'expression, riche dans l'intrication fuyante entre cette noce emblématique, comme une référence coutumière qui se dévaste dans un "fait divers" déliquescent, affligeant, "ces noces désossées, ces reliefs impromptus", et ce regard de l'auteur qui erre comme "interloqué".

De nombreux passages m'ont aiguisé l'envie de suivre non les faits mais la volonté de raconter un état situationnel attristant, regrettable, terriblement "désœuvrant". Par exemple, j'aime la façon dont cette phrase a pu déjuger les convenances :
" À bien d’autres égards les statues sont humaines et les hommes barbares." ;
ou dans ce passage :
" Puis les époux se sont défaits.
Corps aussitôt rompus ils erraient sans usage et battant des mâchoires,
une acrimonie primitive en breloque autour de leur cou ;
divaguaient tels des chandeliers dont la flamme vive s’ébroue,
drapés de loques ambiguës dont l’étoffe brodée n’a de fil qu’un espoir
que l’on endosse au débotté.
".

D'autres sont bien séduisants, plein de ressort imaginatif : "Puis on balaya les oiseaux", "Les abscisses sont ordonnées en leurres convenus.", etc…

N'en reste pas moins que je n'ai pas "réussi" à raccrocher les faits de l'expression ni à ceux de l'intention, ni à ceux d'une réalité propre ou figurée, ni même à une réécriture personnelle qu'elle m'aurait inspiré, une sorte de visitation hypothétique via les mots de l'auteur.

   Anonyme   
18/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est une poésie qui prend à revers, là où on ne s'y attend pas. On ne peut que succomber dans l'épaisseur où s'entortillent les mots.

Dire à haute voix : ''Un léger flou sur ses effets lorsque s'insinue la pénombre... '' c'est embarquer aussitôt sur des fff et sss qui surfent sur une espèce de féerie où tout se nimbe d'une pénombre à demie secrète...

À condition d'être disposé à suivre les envolées du poète, on devient à son tour ''confetti suranné, phalène échevelée... '' tout le long d'un récit qui tient la dragée haute à une poésie riche et en roue libre.

J'avoue que je ne saisis pas tout, voire pas du tout, l'histoire qui nous est narrée, mais l'ambiance surréaliste où je baigne a des touches qui font tilt quelque part dans ma façon de concevoir le farfelu suffisamment maîtrisé pour me faire décoller et inventer ma propre histoire.

Bien sûr, j'attends avidement les échanges avec l'auteur, pour confronter (ou pas) nos délires.

Même si, égale à mon habitude, je ne promets rien... ^^

Merci Cyrill

''Un battement de cils au bord d’un coquillage... " C'est beau !


Cat

   Pouet   
18/4/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Slt,

je retrouve avec plaisir cette écriture cyrillienne que je ressens parfois si proche de la mienne, du moins de la représentation que je m'en fais ou de ce que je voudrais atteindre.

Tant de belles choses, d'images éclairantes au détour d'une ombre que je ne saurais citer.

Alors bien sûr, nous ne sommes pas dans le "stricto sensu", mais quel voyage, quel intrépide chemin à dos de mots faisons-nous...

Il y a ici quelque chose qui me renvoie au "presque peu", au "déjà vu", au "pourquoi pas". De "l'occasion perdue".
Quelque chose "d'entre", parallèle des mondes.

Poétiquement je n'y vois pas d'effets, plutôt des faits poétiques.

   Cyrill   
20/4/2022

   papipoete   
20/4/2022
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Cyrill
j'avais marqué le pas sous vos " noces d'un temps... " qui n'avaient pas donné lieu à un mot de ma part, que ce soir je répare.
Chaque fois que je vous lis, je crois voir un numéro d'équilibriste, et de magicien à la fois ; on se dit " y'a un truc, puisqu'il y arrive ! et si ces phrases semblent n'avoir ni queues ni têtes, je me doute pourtant qu'il doit y avoir un sens " en dépit du bon sens ", et tel ce peintre qui ne laquait que du noir ( pour se soulage' ai ) notre auteur manie les couleurs de sa plume, tel un gentil arlequin...
NB ça doit faire des noeuds, du fil de pêche emmêlé dans votre tête cher poète, pour parvenir à dompter le dessin sur le vélin ?
je ne peux dire ( une fois de plus, si j'aime ou pas ) mais impressionné par tant de grandiloquence maîtrisée, je dis :
" chapeau bas Monsieur le dresseur de mots ! "

   Polza   
21/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Des choses m’échappent dans votre poème, des phrases dont je n’ai pas entièrement saisi le sens et pourtant dont les mots s’imbriquent afin de former un tout que j’apprécie beaucoup.

Votre texte me fait penser à une jeune ukrainienne que j’ai eu l’occasion d’entendre chanter il y a peu. Elle entonnait un air de son pays avec tant de justesse dans la voix, avec tant d’émotion que même sans comprendre un traître mot de la chanson, j’en ai pourtant comme ressenti le sens. J’ai eu l’impression d’assister à un instant de grâce pour reprendre le titre d’un poème publié il n’y a pas si longtemps sur Oniris…

Alors quand bien même je n’ai pas tout compris, est-ce le plus important somme toute ?
Cégeste ne disait-il pas au poète « Pourquoi, toujours pourquoi, vous cherchez trop à comprendre, c’est un grave défaut. » …

   Donaldo75   
24/4/2022
Salut Cyrill,

Je dois admettre que je n’ai pas tout compris voire rien du tout dans ce texte ; pour moi, il est très littéraire dans le bon sens du terme mais il me fait penser à ces morceaux de musique contemporaine basés sur des mathématiques et de l’aléatoire au détriment de l’émotion. Intuitivement, je dirais que je me suis perdu dans tous ces mots qui pourtant résonnent parfois dans ma lecture mais je trouve quand même le champ lexical surchargé. Mon hémisphère droit a envie de crier tandis que le gauche cherche encore le sens profond de ce qu’il vient d’envoyer à ses neurones disciplinés ; ces derniers découpent les phrases, analysent le signifiant, se torturent sur le signifié et commencent à partir en vrille parce que l’exercice est trop complexe pour eux. Si je devais employer une autre analogie, loin de l’art celle-ci, c’est un peu comme quand un doctorant astrophysicien explique la théorie des cordes à un public peu aguerri aux mathématiques et à la physique ; il y a pléthore à absorber dans un premier jet et les méninges débordent de ce surplus à comprendre.

Je sais, mes commentaires ne respirent pas l’orthodoxie formelle apprise au lycée ; j’ai du écouter trop de chansons de Robert Smith ou de Jim Morrison. Je vais me laver les synapses avec un bon vieil album punk.


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