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Poésie contemporaine
Cyrill : Tango
 Publié le 12/04/23  -  10 commentaires  -  596 caractères  -  234 lectures    Autres textes du même auteur


Tango



Tandis que tu dévoies ce tango trop affable
que tu gruges la loi que j’invoque le sort
alors que je spécule à l’orée de ton corps
je brave la sentence et je côtoie le diable.


Gamine lorsque tu apprivoises la danse
sanguine si sucrée tu pavoises coquette
tandis que je te guide alors que tu me guettes
gamine je me damne et j’ai le cœur en transe.


J’implore ma vertu je récuse mon diable
tandis que je résiste alors que tu t’amuses
à retourner mon ange et congédier ma muse
tandis que tu dévoies ce tango trop affable.


 
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   Gemini   
1/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
S'il y a bien un reproche qu'on ne fera pas à ce texte, c'est de manquer de verbes. On pourra toutefois dire que 5 verbes d'action, et plus, dans une même phrase donnent du mouvement. Peut-être pour mieux figurer le rythme de la danse ? J’ai même cru remarquer que les "alors que je/tu" et "tandis que je/tu" pouvaient laisser penser aux passes entre les partenaires. Peut-être encore.
Enfin, il se pourrait que les trois strophes évoquent les trois temps d’une valse tango.
Tout ça pour saluer la construction.

Pour l’écrit, dommage que ce soit deux fois le "diable" qui vienne rimer avec "affable". Ensuite, je crois que la virilité affirmée du guide/cavalier devant cette "gamine", apparemment ignare en la matière, mais qui s’en sort bien par la suite, aurait dû s’arrêter au dernier vers par un : "alors que JE dévoie", en signe du trouble évoqué dans les vers précédents.
C’est une lecture, il se peut que la "gamine" ait pu aussi chavirer, mais c’est une chute qui me convient moins.

   jeanphi   
12/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour,

Je ne comprends pas cette démarche.
Pour être franc, j'y perçois un peu trop le prédateur et pas assez le cavalier de danse.
D'accord, cela révèle une part de l'humanité, l'attirance des hommes mûres envers les filles plus jeunes, l'aspect ingérable de cette réciprocité à mesure que la différence d'âge s'accroît.
Je crois que pour de telles évocations, moins de violence, plus de respect peuvent donner de meilleurs résultats. Le style est également très cru.
Commenté le 01/04

   Vincente   
12/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
C'est le jeu d'écriture qui m'a le plus séduit ici. Il procède d'une sorte de retournement de situation, ou de posture, où l'on suit un homme d'âge mûr (il qualifie la dame de "gamine") menant la danse avec une partenaire néophyte. Mais voilà que la demoiselle, du haut de sa coquetterie et de sa jeunesse, prend le pas et devient le guide qui emporte le monsieur, happé par une fougue où il "récuse[rait] son diable".

Le jeu de séduction va au plein de ses ambivalences, homme/femme, guide/partenaire, fantasmes/réalité.
J'ai beaucoup aimé ce trouble situationnel bien "installé" dans cette proposition où le lecteur peut se sentir lui aussi happé par une écriture qui le perd à demi…

J'ai aussi beaucoup aimé "ce tango" affable, très suggestif, et dont le sens premier n'est pas forcément celui qu'on croit dans les premiers temps.

   Geigei   
12/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Ce thème du trio, "homme-gamine-procureur", est un classique.
Ce texte éclaire une zone grise.

Ma réserve est que tout est dit dans les deux premiers vers.
Les 3 quatrains reprennent le propos, sans vraiment le faire évoluer.
Les rimes se répètent. Les deux personnages extérieurs, l'ange et la muse, ne sauvent pas le poème.

Mon rythme de lecture s'est brisé deux fois. Sur "sanguine", avant de comprendre que l'adjectif qualifie la danse plutôt que la danseuse. Et sur "muse", avant de me persuader qu'il s'agit de la muse de la danse, et pas celle de la poésie.

   Miguel   
12/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Un texte dynamique, avec ses verbes, et cette absence de ponctuation qui n'est pas en général un procédé que j'apprécie, mais qui ici permet un enchaînement ininterrompu des images et des évocations. Le rythme de l'alexandrin est bienvenu dans ce contexte.

   Dimou   
13/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cyrill

Tout d'abord j'espère ne pas être hors sujet.

Quand on me parle tango et jeune fille, sur un ton qui évoque la sensualité, voir même le sexe si je me laisse aller à une lecture encore plus satisfaisante (je veux dire par là une lecture qui me bouscule) je pense au dernier tango à paris, sauf que la tentatrice à au moins 18 ans dans ce dernier, donc il n'y aurait pas à "gruger la loi".

"J'invoque le sort" cela pourrait vouloir dire que vous êtes marié dans ce poème? Où le narrateur en tout cas? et "je brave la sentence" que le divorce poindrait si vous vous laissiez aller à une danse plus charnelle en finissant par vous complaire dans le stupre?

La relation homme mur / nymphette est un sujet très difficile à aborder, il faut de la délicatesse, beaucoup de subtilité, et surtout laisser quelque chose en suspens pour le lectorat ou l'auditoire, chose que vous avez parfaitement réussi. Rares sont ceux qui s'essayent à ce thème et donc rares sont les oeuvres le traitant, votre poéme est bienvenu !!

Mais au fait, la "gamine" de cette pièce, c'est elle qui "devoie" ce tango, vous êtes quand même en contrôle et jusqu'au bout du poème dans le dernier quatrain vous "résistez" encore, l'honneur est sauf !!!

Trés difficile de donner un avis sur ce genre de pièce, mais si je devais résumer le mien, je trouve le thème très osé et le tout est poétique, jamais vous ne tombez dans les évocations trop directes. L'esprit est raisonnable, et l'écriture est raisonnée. J'ai aimé votre poème merci pour la lecture et à bientôt

   Passaroun   
15/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour voici un tendre tango dans lequel une fée fait révoquer la muse. Tout ici est joliment dit mais en vérité l’histoire qu’on raconte certes est actuelle mais bien éculée par les auteurs de poésie. J’aime ici la passion laissée quelque part sur le perron, peut-être avec la muse, et la joie de feu follet à aller là où il ne faudrait pas si la muse n’y consent ! Poésie de la parenthèse. BP

   Myndie   
17/4/2023
Bonjour Cyrill,

Forcément, le tango, c'est le sensuel et l'intime, c'est le dos qui se creuse et le bras qui l'entoure, c'est l'onde d'énergie qui fait s'élancer les corps, c'est le prolongement du plaisir ou le prélude au désir. C'est le corps de l'autre qui balance et s'abandonne aux vagues de la musique . C'est la danse des Jules et de l'érotisme voyou.
Ton poème est tout cela à la fois, qui évoque admirablement cette danse, son langage et les émotions qu'elle provoque. Bien qu'ici le ressenti soit essentiellement masculin, absolument rien de malsain ne se dégage de ce jeu du chat et de la souris et de ce « tel est pris qui croyait prendre ».

Je me suis également attachée à décortiquer le texte pour comprendre ce qui le rendait rythmiquement si proche du sujet évoqué, le tango. La répétition évidemment, ce procédé qui sert si bien l'effet sonore en poésie, les « tandis que » et surtout, ce vers qui revient en miroir :
«tandis que tu dévoies ce tango trop affable ».
 
C'est une réussite pour moi, un plaisir de lecture. Bravo.
PS : Ton poème aurait fait une jolie cyclanelle

Myndie
argentine à ses heures

   Cyrill   
23/4/2023

   Catelena   
23/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Cela fait plusieurs fois que je reviens sur ce poème, et c'est toujours la même impression qui se dégage ; le mouvement typique du tango, est là. On entendrait presque la richesse émotionnelle intense du bandonéon.

C'est une danse sauvage, peaufinée avec un raffinement caliente, où les corps exultent. Et avant même que le sens des mots ne m'atteigne, je suis emportée dans les virevoltes et voltes faces des danseurs en transe jouant le jeu de la muse qui s'amuse, devenant tour à tour le chat et la souris.

Je ne sais pas dire mieux, mais vous avez su créer une ambiance et lui restituer son lot de sueurs fébriles.

Bravo, et merci pour le partage, Cyrill.


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