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Poésie libre
Doute : Solitude en monochrome
 Publié le 14/11/21  -  8 commentaires  -  1386 caractères  -  123 lectures    Autres textes du même auteur

Expérience vécue, posée sur le papier.
Première tentative en vers libres, difficulté à concilier poésie et ressenti.
N'hésitez pas à être critique.


Solitude en monochrome



Le monde est gris.
Le chemin a disparu dans la brume
Épaisse. Aucun son ne vient troubler
Le silence pesant et paisible à la fois.
Le voile éthéré m’enveloppe, couverture
Humide et lourde. Je suis seule.

Coupée du monde,
Isolée, mes pas lents résonnent
Parmi les langues de brouillard
Qui dansent, tourbillonnent.
Les filaments d’argent vaporeux
M’effleurent, caresse fantomatique.

Le monde a disparu dans les volutes
De brume. Il n’y a plus rien. Ni ciel,
Ni terre, ni droite, ni gauche, ni…
Ni tout, ni rien. Le monde est vide.
Seule cette masse brouillardeuse m’étreint,
Je me fige. Tout est immobile.

La vie s’est éteinte au milieu de ce rideau
D’argent. Les minuscules gouttes
À mes cheveux sont des perles d'anthracite.
Je voudrais avancer ; je ne peux pas,
Retenue par ce mur de brume, perdue
Au milieu d'un monde que je ne connais plus.

Soudain… Un cri. Un cormoran,
Loin au-dessus de l’océan de brume ;
Le charme est rompu, je peux enfin respirer.
Les doigts de fumée impalpables
S’écartent. Devant moi, le chemin, à nouveau
Se dessine, courant vers la mer à l’horizon.

Un regard en arrière,
Le voile monochrome
A disparu. Mais il reviendra ;
Le monde sera à nouveau gris.


 
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   Anonyme   
30/10/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je trouve à votre poème de belles qualités d'expression que, à mon sens, des maladresses de forme viennent entraver.

D'abord, il me semble que vous avez un sens aigu du « passage à la ligne ». J'aime vraiment des ruptures telles que
disparu dans la brume
Épaisse.
ou
Les doigts de fumée impalpables
S’écartent.
Malheureusement, à mon avis en vous conformant au vieux précepte « poésie ==> majuscule initiale à chaque vers, c'est comme ça, circulez y a rien à voir » vous gâchez des effets intéressants de rupture-suspense entre deux termes étroitement liés. Entre autres, parce que je pense que cette disposition gêne en l'occurrence bien d'autres choses ; la fluidité de l'évocation notamment, car à chaque début de vers une grooooosse majuscule vient me piquer les yeux, m'arracher à la légèreté floue de la brume autour de moi. Vous connaissez cette sensation, quand on est au bord du sommeil et que soudain on « rate une marche » pour se retrouver bien réveillé(e) ? Ben ça.

Je distingue par ailleurs, à certains moments, ce qui m'apparaît comme des redondances dans le propos. Attention notamment à l'excès de qualificatifs (selon moi). Deux exemples dans ces trois vers :
Le silence pesant et paisible à la fois.
Le voile éthéré m’enveloppe, couverture
Humide et lourde.
1) Je n'ai rien contre l'association « pesant et paisible » pour qualifier le silence, chaque adjectif évoque une caractéristique différente du silence (encore que, puisque vous écrivez en vers libres, rien ne vous oblige à conserver la conjonction de coordination comme vous feriez en prose. Mais bon) ; non, ce qui me gêne c'est ce « à la fois » à mes yeux parfaitement inutile pour le sens.
2) Je ne vois pas l'intérêt de préciser que le voile est éthéré, on frôle le cliché ; j'entends que vous souhaitiez marquer le contraste voile/couverture lourde, mais justement en qualifiant le voile je trouve que vous l'étoffez, lui ajoutez en quelque sorte de la matière qui, mécaniquement, réduit ce contraste.
Par ailleurs, dans l'équilibre de ces mêmes vers, je dirais que le parallélisme de construction « pesant et paisible » / « humide et lourde », eh bien, insiste trop.

Cependant, je le répète, votre poème m'apparaît expressif. Moi qui adore le brouillard, je le retrouve dans des formules à mes yeux heureuses comme
filaments d’argent vaporeux
ou
Le monde sera à nouveau gris. (Tout simple ; ça me parle.)
J'aime bien aussi le rythme général, régulier mais avec soudain des ruptures par-ci par-là (je pense à vos astucieux passages à la ligne) comme, dans la nappe uniforme du brouillard, surgissent par moments, à l'occasion de trouées, des éléments inattendus et parcellaires du paysage. Voilà un bon exemple d'adéquation de la forme au fond, je trouve.

Vu mon amour du sujet, je trouve même supportables des clichés du genre
Le charme est rompu
ou
Je me fige
mais ne le répétez pas, j'ai une réputation de dézingueuse à tenir.

Dernier point :
Il n’y a plus rien. Ni ciel
Ni terre, ni droite, ni gauche, ni…
Ni tout, ni rien.
Trop long selon moi, trop insistant. J'ai parlé plus haut des dangers de la redondance, là je crois qu'on y est en plein.

   EtienneNorvins   
5/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Pour le ressenti : ayant vécu une expérience similaire, je retrouve beaucoup des sensations d'alors - l'inquiétude qui monte et le sentiment de délivrance quand "le chemin, à nouveau / Se dessine". Même si la dernière strophe suggère que l'expérience décrite est peut être aussi un état mental ?

Pour la poésie : je suis également néophyte en vers libres - les vôtres sonnent bien à mes yeux et oreilles, sauf :
- le titre (qui, certes, n'est pas un vers :) ) : un peu bof ? Solitude monochrome ? / Monochrome S. ?
- "brouillardeuse" : fait très purée de pois, mais est-il bien nécessaire ? Opaque ?
- et pour le dernier vers : "Le monde à nouveau sera gris" permettrait d'éviter 'sera à' qui sonne mal ?...

[En EL]

   papipoete   
14/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Doute
Plus rien ne va dans ma tête, tout n'est que brume, même le chemin a disparu et j'avance là où mes pas me portent...
Plus rien n'existe autour de moi, mon esprit s'est lessivé... comment je m'appelle déjà ? Sur quelle planète suis-je ? La paix existe-t-elle au-delà de ce mur de coton gris...
Telle corne de brume, un cormoran crie à mon oreille ! je ne suis pas morte...
NB " si c'était moi, je ferais comme ci, et puis comme ça ; y faudrait un peu te remuer, ne pas penser qu'à ta petite personne ! y'a des gens bien plus malheureux que toi ! le sais-tu cela ? "
J'ai connu ce brouillard si épais, où l'on se perd et voudrait presque ne pas sortir, se faire avaler pour ne plus souffrir !
Même ceux qui nous aiment, nous réconfortant, nous aidant, semblent des fantômes sans voix, tout juste un vague écho...
la 4e strophe dépeint le mieux ce marécage où dans 10 cm d'eau on se noie !
la conclusion ( ça s'arrête ce jour, mais demain à nouveau je replongerai ) est ce film dont la pellicule n'arrive jamais à son terme ; mais il viendra le jour brillant après ces jours de nuits sans fin !
j'ai pris un grand plaisir à marcher derrière vous

   Marite   
14/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↓
L'atmosphère si particulière générée par une brume épaisse est très bien évoquée. Certaines coupures de vers m'ont cependant gênée à la lecture, je ne les trouve pas utiles à la sensation d'enlisement et n'ai pas saisi l'intention de l'auteur. Par exemple :
" Le chemin a disparu dans la brume
Épaisse. ...
Le voile éthéré m’enveloppe, couverture
Humide et lourde. ..."

   Cyrill   
17/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Doute,
J'ai apprécié le découpage de ce poème qui me semble très judicieux et bien pensé.
La description de cette expérience est bien menée et il y a une atmosphère de tons gris et ouatés bien rendue. Cela dit, même si vous glissez quelquefois ( peu ) des indices sur votre état, ça me semble rester trop descriptif.
Je ne suis pas parvenu à vous accompagner dans cette émotion qui devrait être extrême. Je suis resté à la marge de l'expérience, un rien perplexe.

   ferrandeix   
15/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Je reste assez dubitatif (pardon pour le jeu de mot involontaire avec ton pseudo) sur le sentiment général qui se dégage du poème et sur le sens (symbolique ou premier) de cette brume. Je ressens une sorte de pathétisme et au contraire d'élévation en raison des éléments contradictoires: le silence "pesant" et "paisible", le voile "éthéré", les filaments "d'argent", puis les "perles" "anthracite", le "mur de brume", le "rideau d'argent", l'impossibilité d'avancer, puis le "charme". Ce brouillard symbolise-t-il un élément positif ou négatif, un rêve ou un cauchemar? Cette indétermination du sentiment suggéré annihile à mon avis toute perception cohérente du poème. Et surtout comment interpréter ces "perles d'anthracite", un élément terriblement négatif, matériel associé au mot "perle" (?). Comment également interpréter le cri du cormoran. Tout cela paraît procéder d'un pseudo-symbolisme qui paraît gratuit, sans fondement. Je demeure dans l'expectative.

Pour le reste, l'écriture me paraît traduire une qualité certaine, la description est fouillée, le rythme de la prosodie très congruent, à part quelques rejets un peu gratuits eux aussi. Attention aux cacophonies consonantiques sur les dentales t et d.

Comme je privilégie l'écriture, j'accorde tout de même la mention "Bien"

   Ombhre   
17/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Doute,

un poème réussi qui décrit très bien cette ambiance à la fois irréelle et oppressante d'être seul dans la brume, et que le monde entier se dilue dans cette couleur qui n'en est pas vraiment une. Pour l'avoir expérimenté en montagne, cette impression est fort bien décrite par vos mots. Vous avez demandé à être critique, alors que je vais le faire un peu, quand bien même votre texte m'ait plu et que je l'ai lu à deux ou trois reprises pour mieux m'imprégner de l'ambiance que vous avez su faire naître. Bravo d'ailleurs :-)

Le premier point (les autres ne sont que des remarques de détail) qui me semble - selon mon ressenti et ma sensibilité - le plus important: un poème en prose aurait je le crois mieux servi votre propos. Le découpage que vous avez choisi m'a gêné dans ma lecture, créant des cassures à mon sens inutiles dans la lecture (cf 1ère strophe:
le chemin a disparu dans la brume
épaisse).
Ces cassures rompent cette impression d'immensité grise, gourmande et qui avale tout (idem vers 5 et 6 par exemple).

Les remarques de détail:
- Dans le brouillard, épais tel que vous le décrivez, les pas ne résonnent pas. Tous les sons sont étouffés, sourds. Ils tombent au sol aussitôt nés. le "résonnent" ne m'a pas semblé - là encore selon ma sensibilité - adapté à l'ambiance.
- Les répétitions du mot "ni" dans la troisième strophe... Un peu trop pour moi.
- Le mot "brouillardeuse" est à mon sens lourd et maladroit ("Inconsistante, seule cette mase molle m'étreint" par exemple m'aurait semblé plus adapté).
- Le mot "charme" est pour moi en décalage avec l'ambiance assez sombre du texte. Il ramène à charmant, jolie fée etc... Sortilège, maléfice (peut-être un peu fort lol) seraient pour moi davantage dans l'esprit très fort que vous avez évoqué.

J'ai beaucoup aimé ce final:

Le voile monochrome
A disparu. Mais il reviendra ;
Le monde sera à nouveau gris.

Comme une sorte d'inéluctabilité sur le retour du brouillard, de ce monde gris qui parfois - souvent - nous englue. Sur une peur pas clairement exprimée de ce retour.

Merci pour cette belle balade dans la brume.

Ombhre

   Anonyme   
3/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Re-bonjour Doute !
Ah, je vous préfère en libre !

J'aime assez le titre, un peu pléonasme dans la métaphore.
Ensuite le texte en lui-même : je vais peut-être redire la même chose que d'autres, je ne lis pas les autres commentaires avant de poser le mien.

Le premier (et seul principal) défaut "saute" aux yeux : libre, certes, c'est un premier essai, il me semble ; libre oui, mais trop timide, pas assez libre, justement. Jouez sur la mise en forme en vous éloignant d'une certaine trop grande régularité de métrique, de longueur de paragraphes.
Les enjambements sont souvent très intéressants mais évoquent un peu (surtout après votre incipit) un besoin de rester dans un format familier.
Le registre du vocabulaire, sensuel, en bien en phase avec le sujet.
Pour attendre la liberté du libre, il serait aussi bien de réfléchir à être moins descriptif (en contemporain, j'aurais dit la même chose, un peu trop de monotonie dans le rythme et le registre, plus imagé)

Ensuite le vers final, la chute, ne me semble pas vraiment indispensable formulé ainsi. L'imager plus ?

L'ensemble du poème m'a intéressée, merci du partage.
Éclaircie


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