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Poésie contemporaine
Edgard : Rendez-vous
 Publié le 15/02/23  -  14 commentaires  -  876 caractères  -  270 lectures    Autres textes du même auteur

Peut-être écrivons-nous toujours le même poème…


Rendez-vous




Tu vas Margot dans le matin
les graviers crient sous tes petons
on dirait qu’ils croquent un bonbon les mésanges font leur tintouin
et qui sait ce que l’azur tresse dans tes boucles laissées au vent
tes cheveux de soleil levant
qui sait ce qui
là-bas caresse ?

ombre menue si loin trottant
passant le sable qui chuchote
Marguerite vas-tu pâlotte consoler le grand océan ?
l’eau bleue s’ébroue en vaguelettes l’océan pleure ou fait semblant
petit ange qui va chantant
pour attraper
des goélettes

la lame épie la lame est là
ne le fais pas ce dernier pas !
tu serrais fort dans ta menotte un petit ours qui sanglote
ne le fais pas, ne le fais pas ! on peut crier de cent manières
la douleur est toujours entière
le poignard blesse
à chaque pas


 
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   papipoete   
15/2/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
bonjour Edgard
" Margot, n'y vas pas ! La mer n'attend que cela !
Margot, est-ce un mirage, un esprit qui te dit " viens ! "
Marguerite te suit, ne te sauvera pas ; les lames scélérates vous prendront toutes les deux...
NB " rendez-vous " me semble être celui, dont l'on ne revient pas...
entrer dans la mer en furie, comme traverser la route alors que survient un chauffard !
Un poème déroutant, avec sa ponctuation minimaliste ( soit l'on ponctue, soit non ; mais les phrases collées les unes aux autres, cela me fait penser à de l'écriture " automatique "
Il y a plein de passages jolis ( le bonbon/la menotte serrait un petit ours ) qui, assemblés " normalement " purent tisser un texte fort émouvant.
Mais j'ai grand mal à suivre cet inexorable cheminement

   Cyrill   
15/2/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un poème vraiment réussi, à mon sens, un peu à la manière d’une chanson pour enfant avec ses petits mots mignons. Et qui ne dit le tragique peut-être à venir qu’à la dernière strophe, car qui sait...
La rythmique est alerte, on comprend fort bien que la fillette soit conquise et laisse le vent décider de ses pas, que les exhortations restent lettre morte.
C’est tout en douceur et sensibilité, frais jusque dans la douleur et les sanglots.
Je salue la facture impeccable des vers, leur symétrie comme un ordre pourtant démenti par le mal à venir, et des éléments sonores et percutants, qui se répondent comme un écho.

Bravo Edgard ! Et merci pour le partage.

Edit : je me souvenais avoir lu, il y a un bail déjà, un texte de ce tonneau-là, qui m'avait fait forte impression. L'incipit ne démentant pas mon intuition, j'ai fini par le retrouver.

   EtienneNorvins   
15/2/2023
L'incipit m'intrique puis c'est une comptine ciselée, en trois temps nets, qui me rappellent l'énigme proposée à Oedipe : Matin / Midi / Soir ; ou Promesse / Mirage / Nuit ?

Margot (aux "cheveux de soleil levant" - magnifique !) devient Marguerite, puis le présent fait place à l'imparfait ("serrais fort dans ta menotte") : cela me semble suggérer que le temps est passé d'une illusion de l'enfance à .. quelque chose de tragique dans l'âge de raison ?

Le pivot étant ce "petit ange", qui va chantant vers cet océan très ambigü "qui pleure ou fait semblant" un peu comme l'alouette va vers le miroir ... inéluctablement : Marguerite fascinée par ce Méphisto-Protée aquatique, n'était dès le premier vers de cette seconde strophe, déjà plus qu'une "ombre" aventurée trop "loin"...

Alors aux bruits feutrés succèdent des tranchants : les vaguelettes deviennent des lames, le chant se fait cri, la goélette est un poignard...

C'est abrupt - on sent presque la main de Margot nous filer entre les doigts vers l'inéluctable perdition, dans un mouvement inverse de celui de Cosette quand elle rencontre Jean Valjean...

Au ressenti très ému, j'ajoute que j'aime aussi beaucoup la mise en page - très aboutie.

Merci pour ce partage.

   Catelena   
15/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Frais, enlevé et si lourd à la fois, c'est un poème d'innocence où rôde la tragédie.

Un poème consolant, émouvant, qui n'enlève rien au drame.
« la douleur reste entière »

L'image la plus poignante : « tu serrais fort dans ta menotte un petit ours qui sanglote »

Un rendez-vous qui touche à l'âme avec son air de comptine des temps mauvais. La mise en page que vous avez choisi lui convient très bien.

Merci, Edgard.

   fanny   
15/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
La nécessité et la difficulté d'exprimer les drames et d'essayer d'évacuer la douleur, les écrire et les réécrire.

Une ravissante première strophe dans des mots d'enfant frais et légers qui ondulent au gré du vent,
puis perdent leur couleur pour se figer dans le sable avant de prendre un terrible envol,
la dernière partie témoigne de sanglots à hauteur de lames et de poignard.

Un beau et triste partage, pas facile à commenter avec la boule au ventre.

   jeanphi   
15/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Edgard,

J'apprécie cette démarche d'ecriture pour ce qu'elle relève d'une recherche inovante. L'évolution des mœurs vers l'émancipation du statut de la femme est entièrement intégré, utilisé comme un ensemble de conséquences et non plus simplement d'acquis. Par conséquent l'avertissement d'un danger mortel devient consternant de paternalisme, cet aspect d'ambiguïté omniprésent est superbement représenté.

Cependant que la forme moralisatrice se fait d'une violence non appropriée, l'on retrouve toute l'eccessivité nonchalante d'une enfant adolescente devenue adulte adolescente, et l'on se dit qu'il vaut mieux s'être passé d'un quatrième verset.

La lecture de cette comptine au demeurant sibyllin me fait me rappeler qu'à de bons conseils devraient immanquablement succéder la transmission de moyens, aussi dérisoires fussent-ils, pour les mettre en application ...

L'écho est bien au rendez-vous.
Merci pour cette lecture à ne pas chanter !

   Lebarde   
15/2/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Une histoire métaphorique, peut -être ou peut-être pas, que celle de cette fillette blonde comme "le soleil levant" qui, attirée par la beauté de la nature, se dirige, inconsciente, vers " l'eau bleue " de "l'océan" "pour attraper/ des goélettes", mais dont les "vaguelettes" se transforment en "lames".

On la dissuade d'aller à ce "Rendez-vous":

"ne le fais pas ce dernier pas !
tu serrais fort dans ta menotte un petit ours qui sanglote
ne le fais pas, ne le fais pas ! on peut crier de cent manières
la douleur est toujours entière
le poignard blesse
à chaque pas"

mais en vain car il semble bien que la fin soit fatale même si je voudrais lire une lueur d'espoir.

Je serais tenté d'étendre cette petite histoire à tellement d'autres "Rendez-vous "que la vie peut proposer auxquels il faudrait mieux ne pas se rendre.
C'est ma perception du sujet mais peut-être fais je fausse route?

L'écriture et la mise en forme sont réussies et me conviennent bien.

Merci Edgard

Lebarde

   Pouet   
16/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Slt,

je précise que je n'ai pas lu le forum de l'auteur ni les autres commentateurs comme il est assez mon habitude par peur du fameux spoiler qui a le mérite de bien faire s'poiler et/ou autre divulgâcher un peu plus recherché et justement pas à trouver.
Peu importe, on s'en fout en fait.

J'ai trouvé ici une très belle écriture, sensible sans sensiblerie, délicate quoi.
Surtout non-dénuée d'une certaine "violence".
Un poème qui commence « bonbon » et qui finit « poignard ».

C'est peut-être le "cri des graviers" qui aura guidé mon attention au long du poème car il y a sans doute une vraie douleur de perte, d'enfance et de grandir (prénom qui fluctue au gré des moments au gré des marées) dans ces lignes plutôt aigres que douces malgré leurs effluves de sucreries acidulées.

Vraiment un bon moment à lire, pour chipoter, parce qu'il le faut bien, je ne vois pas trop ce qu'apporte le centrage du texte. Et puis et puis ... pas l'emphase, mais une menue façon de se laisser happer par le sentiment, peut-être difficile à retenir ce fil de sentiment d'ailleurs, bien campé sur la plage ou observant la mer. Bref.

Au plaisir

   Tadiou   
16/2/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ce poème commence comme une comptine pour enfants, primesautier et guilleret, avec petons, vent, soleil, goélette...
Quelle belle balade pour Margot!

Le mot terrible, « lame », eau perfide ou métal meurtrier, arrive comme un cataclysme ; et tout s’écroule ; tout se révèle.

Une voix, déjà venue d’outre-tombe, s’égosille en vain. L’ourson sanglote. Mais la lame est impitoyable.

Poème qui m’a touché. Simplicité, fraîcheur, sobriété, délicatesse. Et drame inéluctable.

Émotion qui peut surgir grâce à la maîtrise de l’écriture et au choix des mots.

   Marite   
16/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Difficile de mettre des mots sur ce "Rendez-vous" tragique. Le temps qui passe a, sans doute, permis de décrire et d'aborder cet épisode douloureux de façon progressive si bien que la troisième strophe, inattendue, nous frappe en plein coeur ... Un poème dont l'écriture permet, peut-être, d'évacuer et de partager une partie de la douleur éprouvée. Tout a été si imprévisible, si soudain avec ce jour qui commence sereinement semble-t-il et que le destin en marche rattrape et clos de façon irréversible ...

   Eskisse   
16/2/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Edgard,

La construction de votre poème est remarquable avec cette avancée vers la fin. Mais surtout, il laisse une part d'implicite en s'appuyant sur la suggestion ce qui est le propre de la poésie. De ce fait, il irradie par les faisceaux d'interprétations qu'il génère...
Et j'aime qu'il y ait une piste métaphorique, peut-être celle de nos renoncements.

   Donaldo75   
16/2/2023
Marrante, la phrase en exergue ! J’ai trouvé la forme spatiale – le fait de centrer le poème – intéressante et mon cerveau a aimé ce choix même si je n’ai pas cherché le dessin derrière tout ça. Et je ne suis pas persuadé qu’il y en ait un – mais peut-être que l’auteur en dira plus en forum. Après, la poésie se perçoit différemment selon sa perspective personnelle. Je dis ça pour expliquer pourquoi je ne mets aucune évaluation ou appréciation ou que sais-je encore. Les mots placés sur la page sont sympa en première lecture ; ensuite, il ne me reste pas forcément un sens de ce que j’ai lu et je le relis sans le trouver plus que la première fois. Le format non ponctué – d’habitude j’aime la non-ponctuation quand il y a un flot de sens ce qui n’est pas le cas ici – ne m’intéresse que pour la sobriété qu’il apporte au dessin sur la page. Après, le champ lexical du genre « petons », « tintouin » et tout le toutim à tendance « chanson pour enfants » ne m’a pas spécialement emballé.

   solinga   
8/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Une histoire, qui chemine, avec des vers en symétrie comme en un désir latent de calligramme, et emporte le lecteur au sentier menu d'aventures enfantines. Tous les sens sont conviés dans ce poème qui tintinnabule allègrement, sans manquer de laisser quelques souvenirs salés qui s'accrochent, océaniques, aux cils de qui vous lit. Merci pour ce partage.

   Elysa   
9/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Je commence par de petits détails techniques qui m'ont à peine gênée tellement l'ensemble m'a plu. Dans vos deux premiers septains les deuxièmes et troisièmes vers sont composés de 17 syllabes, n'auriez-vous pas préféré 16? Aussi, n'aurait-il pas fallu un peu plus de ponctuation, après "bonbon" par exemple et quelques majuscules, au moins aux débuts des strophes ou après les points d'interrogation ou d'exclamation?

Il y a un drame qui se cache dessous mais on ne se rend compte de rien tellement nous sommes entraînés par ces vers agréables, même si la tragédie est de plus en plus visible on s'accroche désespérément au bonheur qui nous a touché au début et on ne peut le laisser partir à la fin.

Votre poème m'a fait pensé à celui de Victor Hugo "Demain dès l'aube", au départ nous sommes joyeux à l'idée de ce rendez-vous, puis le narrateur semble triste on ne sait pourquoi, peut-être est-ce un sentiment romantique, un manque si profond qu'on ne veut plus rien voir d'autre que celle qu'on attend. Puis nous ne pouvons plus le nier, ce rendez-vous est celui de cette fille et de la mort, fauchée comme on nous a violemment fauché un bonheur si prometteur, si frais.

Margot foule un sol qui n'est pas insensible à ses pas. La première strophe est croquante de vie. On se pose dans l'azur qui promet des caresses et se confond avec ses cheveux. Margot est libre. Dans la deuxième partie elle n'est plus qu'un spectre, Margot est Marguerite, plus éthérée et elle repose dans l'eau, comme une nymphe, prisonnière.

Cette enfant pourrait être une femme, elle peut être morte ou simplement partie, cet ours peut être celui de l'enfant ou l'homme que la femme a quitté. La douleur est bien réelle pour celui qui reste mais nous espérons que Margot soit cette femme partie, restée libre.

J'aime la mise en page, la forme des vers ressemble à des vagues qui nous déposent ici avec le narrateur, abandonnés, tandis qu'elle s'éloigne. Puis les vers se rétrécissent, comme le cœur de plus en plus serré, comme l'espoir qui disparaît. Et la douleur ne finit pas, elle revient comme ces vagues, les élans du cœur. Un cœur qui continue à battre, et la douleur s'accentue.


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