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Poésie libre
Eloaire : Là où je suis
 Publié le 15/05/23  -  12 commentaires  -  657 caractères  -  245 lectures    Autres textes du même auteur

Là où la lumière s'est éteinte.


Là où je suis



Là où la lumière s'est éteinte
où un nuage a caché le soleil d'été
où la flamme s'est étouffée
c'est là que je suis
juste à cet endroit
là où la note se suspend dans l'air
la mélodie s'arrête et je tremble
là où le pont s'est effondré
où le sud a fondu en averse
là où jamais on ne croit arriver
là où la lave caresse
là où le passé mord
et l'échine se courbe jusqu'au silence du sol
à la douceur d'une épaule nue
là où le silex tranchant de l'obscurité nocturne
n'a plus tant d'importance
les mots s'effilochent
et les fantômes dansent
et c'est là que je suis.


 
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   Geigei   
4/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Une belle tristesse.

Une petite réserve. Une question, plutôt. "à la douceur d'une épaule nue" se rapporte au vers précédent ? Perplexe.

Sinon, la liste est évocatrice. Le passé, les fantômes. Nous en avons tous, plus ou moins selon notre âge.
J'imagine que le locuteur, la locutrice, a déjà pas mal vécu.
Mais ce qui est écrit ici avec le "je" déjà dans le titre, est une réflexion universelle aux + de...

   jeanphi   
5/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Superbe ! Entre deux d'espoir et de désillusions. Des images suspendues et aériennes, on voyage avec vous. Mais où ?
C'est tout ce que j'attendais.

   Marite   
8/5/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime bien
Pour apprécier ce poème j'ai supprimé tous les "là où" et les "là" ...
sauf pour :
" là où jamais on ne croit arriver" et "et c'est là que je suis."
J'ai aussi découpé cette suite en strophes d'inégale longueur :
quatre, cinq, sept et trois vers.
Mes passages préférés :
" juste à cet endroit
la note se suspend dans l'air
la mélodie s'arrête et je tremble"
...
" le silex tranchant de l'obscurité nocturne
n'a plus tant d'importance
les mots s'effilochent
les fantômes dansent
et c'est là que je suis."

   Cyrill   
9/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Mon impression de lecture : ce poème creuse à la verticale pour retenir les instants où le locuteur se sent être, en synthétisant des éléments disparates. Il fouille son environnement avec une précision d’archéologue, en exhume les signes ténus dans le temps et l’espace. Ça donne une poésie où le lecteur, me semble-t-il, peut se reconnaître ou à défaut suivre cette quête.

   Anonyme   
15/5/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Je n'apprécie guère les anaphores en général, mais dans votre poème elles ne m'ont pas gênée car elles ne concernent à chaque fois qu'une syllabe et en outre me semblent appuyer le propos : le narrateur ou la narratrice est en état d'« après » ; la lumière est éteinte, la flamme étouffée, le pont effondré, j'ai l'impression d'un survivant ou d'une survivante qui, après la catastrophe, s'extrait tant bien que mal de décombres physiques ou mentaux, considère l'environnement et prend des repères. Je suis là où il y avait la lumière, là où il y avait la flamme, etc. Je pense à un stress post-traumatique.

Mais ce n'est pas le dernier mot. Une lueur renaît, des fantômes s'obstinent à danser et les mots du malheur s'effilochent, peut-être pour laisser place à la force muette, impensée, de la vie. J'aime bien ce mouvement esquissé vers l'espoir même si je n'ai absolument rien compris à
et l'échine se courbe jusqu'au silence du sol
à la douceur d'une épaule nue

   papipoete   
15/5/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour p'tit nouveau
( monsieur ou madame ? )
" là où je suis " où l'on peut un jour se trouver, quand ce qui écrase le coeur est plus lourd qu'une enclume ; mais ne tue pas ( comme un supplicié qu'on réanimait après torture, pour faire durer l'plaisir )
et puis succombant, on retrouve les fantômes qui dansent...
NB ça ne va pas fort jusqu'à l'ultime vers, où je crois comprendre qu'une fois de l'autre côté, on ne souffre plus.
bémol
de " à la douceur d'une épaule... à s'effilochent... " me laisse dubitatif.
" Obscurité/nocturne " me semble redonder
Sinon, un texte peignant le mal-être de belle façon.

   Eskisse   
15/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Eloaire et bienvenue

Votre poème m'a touchée avec cette idée que nous sommes dans les choses, dans le monde, avec cette idée d'immanence, présence par mode d'intériorité.
Et si le narrateur semble trouver sa place dans un lieu qui est aussi un "après", un lieu de disparition, ( "éteinte" , " a caché", "étouffée", "effondré", "fondu") il n'en demeure pas moins que celui-ci est aussi dans les éléments naturels, les corps, le temps et surtout dans le langage, dans les mots choisis.
La présence au monde est rendue palpable par l'anaphore "Là où".
C'est comme si l'on se glissait avec le narrateur en différentes places.
C'est beau.

   Provencao   
15/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Eloaire et bienvenue,

' les mots s'effilochent
et les fantômes dansent
et c'est là que je suis. "

Mon préféré...pas d'espoir, point de destin. Être là veut dire espérer . Personne ne s’avise d'imaginer le présent, ou alors en vue de l’avenir. Et si l’on ne peut pas visualiser, on se désespère.....

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Vincente   
16/5/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Alors que le poème est plutôt affirmatif, j'y ai ressenti d'abord l'expression d'un doute sur la raison d'être du narrateur ; il se situe "Là où la lumière s'est éteinte" mais surtout ne sait plus bien où et pourquoi il est là. J'ai trouvé forte cette contradiction – ou cet aveu à l'insu du plein gré… – qui se dévoile comme une confrontation accentuant son malaise, pour ne pas dire sa perdition.

Je regrette quelques détails qui brident la lecture, et donc l'adoption entière de la proposition poétique.
Ainsi dès le deuxième vers le "ou un" (ouin !) n'est pas heureux à l'oral. Pourtant ce type de texte avance dans une logique incantatoire qui demande une efficience certaine à la diction.
Ensuite, vu que le texte se présente sans ponctuation, il est dommage que le lecteur, pour qu'il soit accompagné dans un rythme (d'autant plus dans ce style) n'ait pas à "réfléchir" à ses respirations ou sa compréhension, ainsi un saut de ligne aurait été le bienvenu après "dans l'air".
Je n'ai pas compris l'enchaînement entre ces deux vers : "et l'échine se courbe jusqu'au silence du sol / à la douceur d'une épaule nue" (ou peut-être dans le sens "et l'échine se courbe jusqu'à la douceur d'une épaule nue" ; ce serait très joli alors mais plus facile à percevoir en répétant un "jusqu'" (dans le déversement anaphorique ambiant, cela aurait pu s'entendre).
Je suis un peu gêné par la charge plutôt forcée du "silex tranchant de l'obscurité nocturne"…

J'aime beaucoup : "et l'échine se courbe jusqu'au silence du sol", et du coup,: "et l'échine se courbe jusqu'à la douceur d'une épaule nue". Superbe ! (si là était l'intention).

   Edgard   
17/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un joli poème.
J'aurais allégé en enlevant quelques "là" et le dernier "et".
Peut-être aussi une impression de confusion à la lecture de cette énumération surtout à la fin du poème.
Le leit-motiv "c'est là que je suis" est très beau, mais peut-être aurait-il pu être mieux exploité comme dans les premiers vers (thème de la lumière qui s'éteint puis "c'est là que je suis"). Ensuite c'est plus confus dans la suite des images.
Mais c'est plein de modestie dans l'écriture, plein de sensibilité et j'y suis sensible.

   Louis   
17/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Ce poème répond à la question : « où suis-je ? », plutôt qu’à celle, plus attendue : « que suis-je ? »
Où trouver la locutrice ou le locuteur ? Où le ( la ) voir apparaître ?
Non, il ne joue pas à cache-cache.
Mais affirme sa présence dans l’inapparent. Le poème tend à le rendre visible là où l’on ne peut le voir. Aussi les mots doivent prendre le relai des yeux pour le rendre manifeste.

La réponse s’affirme dans un « là », anaphorique.
Non pas voilà qui je suis, mais vois-là où je suis.
Là d’une présence ; « là » d’un ‘être-là’, comme dirait Heidegger., le philosophe
Là parmi les choses du monde.
Là d’une situation, d’une position singulière propre à celle ou celui qui, dans le poème, prend la parole, s’affirme personnellement en locuteur : « je ».
En cette prépondérance de la dimension topologique, s’ouvre un espace d’invisibilité, qui sera aussi celui d’une solidité perdue, d’un sol qui s’est dérobé. D’une fragilité.

Là où se trouve le locuteur, quel en est le lieu ?
« là où la lumière s’est éteinte »
Là où n’est plus visible le « là ». Dans l’obscurité. Dans les ténèbres. Dans l’angoisse
Là aussi où le locuteur ne peut être vu, dans le noir. Là où son existence ne paraît plus.
Seule reste la parole pour affirmer encore une présence, présence nocturne, invisible.
Là où l’on ne se voit plus soi-même.

« où un nuage a caché le soleil d’été »
Ce lieu indiqué par le où, ce « là », cet ‘ici’, s’avère aussi un 'maintenant', un présent d’une situation temporelle, un présent qui succède à un passé lumineux, quand brillait le soleil de l’été ou quand la lumière était allumée.
Un soleil désormais occulté, et l’été n’est plus que ce qui a été.
Se construit un espace-temps, en un devenir sombre.
Lieu encore « où la flamme s’est étouffée » : flamme extérieure dans le monde, et flamme intérieure d’une énergie vitale dégradée. L’espace construit ainsi déborde le monde physique des choses pour envelopper une dimension mentale et affective.

Le locuteur ne répète pas simplement Gérard de Nerval, n’affirme pas comme lui :
« Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,

Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie. »

Le locuteur ne s’affirme pas directement comme l’obscur ou le ténébreux, son être se saisit au milieu des choses ; son être-au-monde occupe une position qui s’impose à lui, une situation qu’il subit douloureusement. Il est moins habité par les ténèbres qu’il ne vit dans un lieu sans lumière. En ‘premier lieu ‘ ne sont pas les vécus psychiques, mais des situations changeantes qui déterminent autant de lieux spécifiques de compréhension de soi-même.

« C’est là où je suis
Juste à cet endroit »

À l’inverse des paroles de la chanson de Gainsbourg : « Sous le soleil exactement ».
« juste à cet endroit » : dit le poème, et « pas à côté, pas n'importe où » : profère la chanson ; en ce lieu d’obscurité, insiste le poème, sous le soleil peut-être, mais sous un soleil voilé, qui a perdu sa luminosité.
En ce lieu que l’on ne peut voir, mais que les mots indiquent, une présence s’affirme, oui, mais dans l’invisible, toujours en creux du monde donné, dans une ‘dépression’ du monde.
En l’absence de la chaleur de l’été, et quand se perd l’ardeur d’une flamme.
Dans un affaiblissement de la puissance d’exister.

Lieu d’un invisible, mais aussi d’un inaudible :
« là où la note se suspend dans l’air »
Lieu suspendu. Qu’il soit de dimension sonore, physique ou mental, l’espace se caractérise par l’absence d’un support stable et solide, un manque d’assise.
« la mélodie s’arrête et je tremble »
La musique de la vie s’interrompt. Silence. Tremblement en place du rythme mélodique.
Tremblement d’une crainte. Silence et obscurité.

« là où le pont s’est effondré » : confirme l’idée de ‘dépression’. Effondrement du pont, passage entre deux rives, entre deux temps. Passé et futur. Présent d’un effondrement.
L’éboulement comme une fonte, un affaissement, une déliquescence :
« où le sud a fondu en averse »
Ce n’est pas le nord d’une orientation qui est perdu, mais le sud plein de soleil, de chaleur, de vie ardente.
Un ‘là’ sans fond solide et ferme, mais encore sans bornes :
« Là où jamais on ne croit arriver »
En un processus sans fin. Et sans but.

Dans une douleur sans mesure. Exprimée en un oxymore :
« là où la lave caresse »
Et puis :
« Là où le passé mord »
Lave caressante au regard de la douleur brûlante.
Brûlure et caresse se confondent. Brûlure et morsure.

Un mouvement pourtant s’amorce dans cet ‘état des lieux’ :
« et l’échine se courbe jusqu’au silence du sol »
Ce « sol » qui pourrait bien être la note suspendue, et un parterre affaissé. Sans portée.
Ce mouvement comme une chute semble aussi une rencontre :
« à la douceur d’une épaule nue »
Celle d’un appui trouvé sur la douceur d’une épaule.

Alors par la vertu de cet appui, par ce soutien enfin trouvé :
« l’obscurité nocturne » n’a plus « tant d’importance »

Le soutien des mots n’est plus de mise :
Et « les mots s’effilochent »
Mais : « les fantômes dansent »
La solidité des êtres et des choses n’est pas gagnée pour autant ; subsistent des « fantômes », des spectres sans consistance, des ombres dans la nuit.
Un rythme est repris, une danse, une cadence, mais on ne sait vers quoi cela mène. Vers la lumière ? Ou, plus vraisemblablement, vers une persistance de la nuit.

Il émane un charme sombre de ce poème. Pourvu que la lueur de ses mots, et la solidité de l’épaule douce permettent de tracer un chemin hors de la nuit, là où le soleil brille encore, dans une puissance renouvelée d’exister.

   Eki   
19/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Belle certitude et regard tourné vers l'intérieur...peut-être pour trouver/retrouver un chemin libre, l'acceptation de soi...Oui, dire "je suis là", c'est accepter qui on est, il me semble.

Le dernier vers est ressenti comme une forme d'apaisement.

J'aurais supprimé quelques "là" pour alléger le tout.

Eki juste là au bon endroit


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