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Poésie libre
Eskisse : Flash
 Publié le 01/03/24  -  17 commentaires  -  624 caractères  -  397 lectures    Autres textes du même auteur


Flash



Soleil blanc sur sable gris
un cerf-volant couché rouge
emmuré au sol
comme un saignement amer sur la grève
désormais
ses bords de fuite ne touchent plus le vent

Je vacille
une image a cogné ma rétine
dans la chute pourpre

On me heurte, m’interroge, me secoue
ils veulent savoir
je ne peux pas dire
le vol interrompu
l'afflux de pensées
le vif
l'incisif
l’arrachement dans mon ventre

Amenuisement des contours
le littoral délaisse ses lignes et l'horizon

Les secours blancs sur le brouillard d’oyats


 
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   Ornicar   
22/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Curieux poème en vers libres qui sème de menus indices à la façon d'un petit Poucet. Mais que faire de ces étranges signes distillés au fil des lignes ?
Le lecteur que je suis ne comprend pas bien ce qui se passe sous ses yeux mais sent confusément qu'il se joue quelquechose d'important ou de grave. Le narrateur est-il le témoin ou la victime d'un "accident" ? A la façon d'un film à suspense, ces vers déroulent un trouble dont il est impossible d'identifier clairement l'origine même après plusieurs lectures. Le sens et nos sens se dérobent. Ne restent, sous forme de persistance rétinienne que des "flashs" (le rouge du sang et du cerf-volant, le blanc du soleil ou des secours). Les mots et les images suggèrent plus qu'ils ne disent et c'est cela qui m'a plu.

   Vincent   
2/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
J'adore votre texte

Tout ces non-dits sous-jacents, j'adore les portes entrouvertes

Vais-je y aller?, quel est ce monde caché

Vos mots incitent, l'angle est bon

C'est vrai qu'un cerf-volant est mystérieux

Et tout ce qui est mystérieux est-il interdit ?

Merci et très bonne journée

   Eki   
2/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Voilà comment un flash restitue l'esthétisme des mots...
Quelque chose interpelle dans cette composition comme une photo qui surprend, réclame le regard.
Le cerf-volant représente la liberté mais il ne vole que par la main qui le maîtrise...rouge, il saigne, "ses bords de fuite ne touchent plus le vent". A t-il été coupé dans sa progression, son envol ? Puis, survient le silence, l'inexplicable dans la tragédie...

"je ne peux pas dire
le vol interrompu
l'afflux de pensées
le vif
l'incisif"

Un peu de questionnement, de mystère comme le flou artistique de ce flash...
Tant que la poésie est ressentie, que j'en saisis l'essence, pourquoi chercher à tout comprendre...
Le titre est tout à fait en accord avec ce texte...
Nous avons bien l'impact, les couleurs, les éléments mis en scène, le visuel...comme une photo réussie que j'ai pris plaisir à regarder...

Peut-être aurais-je aimé plus de développement...mais ce n'est là que le reflet de mon goût...

   Pouet   
1/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Slt,

l'ensemble, graphique, semble évoquer un évanouissement, un malaise sur une plage. Symboliquement le soleil blanc pourrait représenter la conscience et le sable gris le réel. J'aime à considérer le cerf-volant comme un cœur.
Un flash est ambivalent, miroir déformé de l'instant ou représentation fidèle de l'insaisissable ?
Peut-être que ce qui est "pris sur le vif" se retrouve condamner à hanter l'éternité des mémoires ?
Qui peut toquer ainsi à la porte de l'être ? L'extérieur veut savoir. Mais qu'il y a-t-il à trouver?
Gouttelettes d'indicible, ocean de cécité.
Une perte. Pas à pas. Et les empreintes sur le sable.

   ALDO   
2/3/2024
Bonjour et bravo

La lecture laisse à la bouche un parfum de viscères mêlé à du sel...
à l'oeil une découpe littorale,
à l'esprit, une énigme, la marque du sang sur le sable
au cœur, ce pays familier où tout, toujours, sombre...

Bravo

   Marite   
1/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Toutes les sensations étranges qui nous envahissent lors d'un malaise proche de la perte de conscience sont ici, dans ces vers, remarquablement décrites. Il fallait trouver les mots et l'un des vers nous oriente vers la perception d'une réalité douloureuse :
" l’arrachement dans mon ventre "

   Cristale   
1/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Eskisse,

Malaise, accident, en bord de plage, bien que "l’arrachement dans mon ventre" me dit d'autres choses, et perte de connaissance sur les dernières images de l'arrivée des secours. Il me faut toujours comprendre, donner un sens, interpréter l'histoire que me raconte un poème mais l'essentiel se trouve dans la façon de dire et la beauté des images, tout ce que m'offre la voix poétique, ici comme un film au ralenti.

Une écriture délicate, je dirais 'comme toujours' sous la plume raffinée de l'auteure.

Le dernier vers est superbe.

   EtienneNorvins   
1/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Il m’a fallu du temps pour apprécier pleinement ce texte, dont j’avais reconnu l’auteure en EL. Mais aujourd’hui, je suis intimidé de le commenter, tant il me semble réussi… Ça semble – toute proportion gardée – aussi incongru que de faire un selfie devant la Joconde. C’est comme la crainte de laisser des traces de doigts à la surface de ces peintures qui invitent à une méditation silencieuse – la Madeleine au Miroir de La Tour, ou plus profondément encore, la Liseuse à la Fenêtre de Vermeer…

De l’une, ce poème a le dépouillement et les contrastes très marqués dans une palette réduite de couleurs ; de l’autre, le décor « banal », commun, ordinaire, pour mieux faire sentir combien tout « quotidien » est à la merci d’un surgissement brutal de l’extraordinaire.

Alors tenter quand même quelques phrases, pour justifier cet avis trop péremptoire sinon, et souligner combien ici tout est en équilibre sur une ligne de crête tranchante, où l’essentiel est hors cadre, hors champ : on ne perçoit que des échos d’une scène capitale.

Mais ce n’est pas coquetterie ou effet de suspens, goût de la devinette, de la charade ou du rébus : on n’a pas caché ici et là des indices « de ce qu’on voulait dire », à destination d’happy few qui sauront, eux, lire attentivement et se distingueront ainsi du tout venant.

Non, c’est parce qu’il ne peut en être autrement : la Poésie authentique arrive fatalement à ce point où elle est intensément douloureuse et fait suffoquer – quand le ‘Je’ est soudain confronté à son ‘Autre’ qui l’excède.

D’emblée l’échec est dit : le cerf-volant, ‘jouet ‘/ instrument de ‘jeu’ du ‘je’ avec l’air, le souffle, est soudain « hors vent » (v.6), ensablé, pétrifié (v.3) – débordé (v.6).

Que se passe-t-il ? Que s’est-il passé ? Même le temps, la temporalité, sont devenus confus. Un choc, une réminiscence, une vision, un malaise ? On aura beau interroger (v.10), aucune réponse ne viendra (v.12) au-delà du titre. Qui appelle Flesh en écho – la Chair vivante, c’est-à-dire mourante. Car c’est bien aux lecteurs d’apporter et d’assumer leurs réponses, seuls, avec leurs tripes – avec ce qu’ils pourront trouver en eux d’intime qui pourrait ressembler à « ça », dans leur propre « vif », « incisif », « arrachement du ventre » (v.15-16-17).

Avant d’être à leur tour emportés par le mouvement inexorable de l’espace et du temps (3 derniers vers), et au risque qu’il n’y ait, de leur part, aucun ressenti, aucun écho – rien que l’ennui d’un poème qui ne dit rien, ne suscite rien sinon le sempiternel « ah ben si c’est ça la poésie… ». Abandonnant le texte au bon soin des oyats sur un littoral sans lignes ni horizon (v.19-20) – comme sur un papier jeté qu’emporte vent.

Tragique donc. Grec. Et gratifier alors l’auteure d’une citation – Odysséas Elýtis a écrit quelque part : « Là où la montagne dépasse du mot qui la désigne se trouve un poète ». On y est, en plein.

Puis humblement calligraphier en minuscules, comme en marge de ces estampes dont le sfumato vous a magiquement étreint corps et âme (Léonard a dit aussi que la peinture « è cosa mentale »…) :
Feu soudain
— Mots de cendre
Sur le bord
Du silence


Merci Eskisse pour tous ces ressentis.

   papipoete   
1/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Eskisse
D'emblée je m'intéresse à ce sujet, car voici un héro qui parle, alors qu'il n'est point doté de la parole ! ( ce fut souvent mon style depuis 2013 )
- cela n'aura duré qu'un instant, comme un flash, quand un vent mauvais me fit quitter la crête du ciel ; maintenant, je gis là alors que sur moi des regards curieux se penchent... gens et chiens et mouettes et goélans.
Je ne saurais leur donner de réponse... je ne sais même pas comment je suis arrivé là ! mais je crois bien que je suis mort...
NB pardonnez au " réaliste " que je suis de voir du palpable dans ce " saignement amer sur la grève "
un sujet que j'aurais pu traiter " façon papipoètienne " avec force adjectifs, COD et autres couleurs ; si si, ce thème m'aurait bien plu, mais " trop tard " vous l'avez poétisé et de belle façon !
les 3 premières strophes me plaisent particulièrement, et je me mets à la place du " héro "
- vais-je enfin monter au Ciel, pour ne plus avoir peur qu'on m'écrase !

   Provencao   
1/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Eskisse,

J'y  ai lu une conscience de la mort que vous nous présentez comme une promesse d’immortalité, aucun espoir d’au-delà ; avec ces mots"  Les secours blancs sur le brouillard d’oyats"  reflétant une mémoire, une pérennité portant vers un autre chose....

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Vincente   
1/3/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime beaucoup
L'occurrence de ce cerf-volant échoué sur la grève se "cogne" à la rétine du narrateur et s'avère un puissant objet pour ce poème. Ainsi au-delà du graphisme inspiré qui transparaît, le locuteur "ne peut [plus] dire / le vol interrompu / l'afflux de pensées" tant l'émoi qui le bouleverse lui "arrache […] le ventre".


Alors que le sujet m'emballe, et que l'expression me porte à l'intérêt, je regrette trois petites choses dans la forme :

- le "comme" en poésie moderne est toujours un terme de trop. Pourquoi ne pas avoir simplement écrit :
"un cerf-volant couché rouge / emmuré au sol / comme un saignement amer sur la grève" ?

- une interligne aurait été bienvenue avant le "désormais" qui lui fait suite.

- le vers "une image a cogné ma rétine" est trop descriptif, et même analytique. Pourquoi ne pas s'en dispenser ? Et au contraire se satisfaire de :
"Je vacille / dans la chute pourpre".
La force de l'évocation n'en sera pas moindre et la compréhension n'en sera que plus poétique.

   Geigei   
1/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
C'est un objet poétique peu banal, visuel, très détaillé et pourtant énigmatique, dont la fin ne me dit pas si je sors d'un moment onirique ou d'un souvenir relaté.
Je dois donc choisir.
Ce moment, tourné comme une scène de film, nous parle comme parlent les références au passé. Un flash-back a toujours un message important à distiller. L'insistance sur la couleur rouge, le sang, le pourpre et l'association au "vol interrompu", à "l'arrachement dans mon ventre", tout cela me dit qu'une enfance a été cassée.
Je choisis donc le rêve. C'est un viol mais il n'a bien sûr pas eu lieu sur une plage où les enfants jouent au cerf-volant. Le vrai lieu est la banquette arrière d'une R12 customisée façon Gordini, garée sur le parking du Macumba-Club de Montagnac-les-Auvignettes. Sauf qu'avec ce décor, pour faire poésie, c'est plus difficile. J'ai donc choisi la transposition rêvée que la narratrice aurait pu narrer à un psy pendant une séance de thérapie, avant que le soignant ne lui demande plus de précision pour la sortir du déni. Un traumatisme. On ne sait pas. Une fausse couche, une interruption volontaire sont tout aussi envisageables. On ne sait pas. Et pourquoi pas deux causes ? Une IVG suite à un viol. On ne sait pas.

La forme me plait.
Au début, j'ai lu que le cerf-volant était "emmuré", puis "comme un saignement". J'ai trébuché. Le surréalisme aurait pu être assumé en faisant couler le cerf-volant dans le sable. Euh... pas sûr, en fait. Pas sûr s'il s'agit d'un souvenir et pas d'un rêve. S'il s'agit seulement de l'émotion des premières règles provoquant une perte de connaissance, le surréalisme réservé aux rêves n'a plus sa place. Ma remarque ne tient que parce que j'ai choisi le rêve.

Bravo pour ce texte. Il est d'une délicatesse très puissante.
Le fait que l'on ne sache pas n'enlève rien à la qualité picturale.
J'ai regardé Anatomie d'une chute il y a peu, et à la fin, on ne sait pas. C'est pourtant une œuvre magistrale.

   Louis   
2/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Sur une plage se produit un événement, apparemment banal et anodin, quasiment insignifiant : un cerf-volant chute, et ne peut plus voler ; un cerf-volant gît sur le sable.

Il apparaît, pour la locutrice, dans un « flash » : « Soleil blanc sur sable gris ».
Dans un flash, la temporalité est condensée, tout se déroule en un éclair, tout est en accéléré, si bien que l’ordre chronologique peut être perturbé dans ce qui est perçu.
Il se pourrait donc qu’une inversion se soit produite : si le flash est signalé en premier comme « soleil blanc », la chute du cerf-volant a été première dans l’ordre du temps, et dans l’ordre causal : elle est la cause qui a provoqué le flash, et non son effet.

Dans la vision de la locutrice, l’aspect que prend le jouet volant, associé à l’enfance, est d'importance :
sa couleur rouge-sang, « saignement amer sur la grève » ;
sa position, il est « couché », étalé sur le sable ;
« ses bords de fuite » qui « ne touchent plus le vent »
et le mettent dans l’incapacité de « fuir », de s’élever, de prendre son envol au fil du vent.

Cette apparition soudaine dans le regard de la locutrice provoque un choc émotionnel, un choc affectif, un éblouissement, un étourdissement.
L’image, comme un simulacre, vient heurter la rétine : « une image a cogné ma rétine ».
Le choc est d’abord vécu comme un choc physique, mais il réactive un souvenir enfoui, le "rappelle" ; l’état du cerf-volant semble constituer l’image métaphorique d’un autre événement, lié au passé de la locutrice, un évènement douloureux, un événement insupportable.
Le choc, d’abord physique puis émotionnel, fait « vaciller » la locutrice. Il provoque un malaise, un évanouissement peut-être, qui lui évite une confrontation consciente avec ce "refoulé" qui a ressurgi, là, d’un coup, à l’occasion de cette chute d’un cerf-volant, comme un cauchemar dont le sens clair se manifesterait brusquement, sans plus aucun masque pour en voiler le sens.

Tout se produit en accéléré et, au malaise, succèdent immédiatement les « secours » :
« On me heurte, m’interroge, me secoue »
Au choc premier par l’image ; et au choc affectif, répondent d’autres chocs physiques : « heurt », « secousse ».

« Ils veulent savoir
Je ne peux pas dire »
On veut autour de soi « savoir » ce qu’elle-même ne veut pas savoir.
On voudrait la faire parler : provoquer la parole, une explication de ce qui lui arrive.
Les mots pourtant ne peuvent dire, ils ne peuvent faire comprendre ce qu’elle-même ne comprend pas.
Des bribes de mots, pour soi-même sans doute, signalent l’origine du bouleversement intérieur : l’image du vol interrompu, en écho plus haut du « sang amer », du "sang à mère", et le « vif », et « l’incisif », et « l’arrachement dans mon ventre », à partir desquels on devine ce que la locutrice ne peut pas dire, ne veut pas dire, cet événement de son passé qu’elle n’a pas accepté, poursuivant en elle sa mémoire souterraine, parce que l'on ne peut rien oublier de ses traumatismes ; événement douloureux qu’elle n’a pas vraiment voulu, et qui a constitué une violence subie, ainsi que le laisse entendre le terme « arrachement ».
Faut-il dire cet événement, que la locutrice qui n’est pas l’auteure, ne peut pas dire, ne veut pas dire, et qui dans le fond n’est de notre part qu’une interprétation parmi d’autres possibles ? mais tout laisse penser, et puisqu’il s’agit de littérature et de poésie, puisque le texte évoque une réalité sociale et psychologique qui mérite d’être regardée en face, tout laisse penser à un avortement.

Le poème se termine par un « amenuisement des contours ».
Le monde semble s’être rétréci ; tout se resserre sur le monde intérieur de la locutrice, absorbée par son passé, par sa douleur, et « le littoral délaisse ses lignes et l’horizon ». Tout se referme sur elle-même. Elle qui n’a pu être l’origine d’un être qui prend son envol dans l’existence et déploie une vie vers les vastes horizons.

Le dernier vers, très beau, évoque des « secours blancs » sur un « brouillard d’oyats »
Ces « oyats » qui fixent la dune, qui empêchent le vent, les vagues et les marées d’« arracher » le sable. Secours d’oyats, secours porté aux dunes, auxquelles la locutrice s’identifie.

Ainsi, ce poème porte une parole qui ménage des silences, seuls adéquats pour désigner la richesse indicible du sens contenu dans une image, en l'occurence l’image-flash ; et la profondeur d’une douleur tout autant ineffable, qui en est l’écho, le retentissement intérieur.

Merci Eskisse.

   jfmoods   
2/3/2024
Que dire après un tel commentaire ?

L'élément le plus remarquable du poème est la construction bouleversée, à rebours, de l'événement ("le vol interrompu", "la chute pourpre", "ses bords de fuite ne touchent plus le vent", "un saignement amer sur la grève", "un cerf-volant couché rouge"). J'utilise ici à dessein le mot "événement" pour faire le lien avec le roman autobiographique d'Annie Ernaux.

À l'entame, le rendu affadi des couleurs ("Soleil blanc sur sable gris") fait vaguement penser à une photo sépia. Référence implicite à ce moment lointain du passé ?

Un autre élément marquant est la violence physique et verbale exercée par le monde extérieur (construction ternaire : "On me heurte, m’interroge, me secoue", antithèse : "ils veulent savoir / je ne peux pas dire"). Nul ne peut comprendre, en vérité, l'étendue du traumatisme revécu.

À quoi se raccrocher ? Comment échapper à l'ensevelissement de l'intime quand aucun point d'ancrage n'est à présent perceptible (métaphore : "le brouillard d'oyats").

Merci pour ce partage !

   Robot   
2/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Cette image du cerf-volant au dessus d'une plage me semble une réminiscence de l'enfance. Soudain, une image comme peut le faire aussi une odeur, rappelle à nos souvenirs à un vécu, comme l'odeur de la madeleine de Proust.
Il y a je ne sais pourquoi une sorte de perte de connaissance et de remise à flot progressive de la personnalité.
C'est sous cet angle que je reçois ce poème déconstruit avec son apport d'images et de sensations.

   fanny   
2/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un poème très bien servit par une écriture scandée en touches émotionnelles fortes et en images "cognantes"
Un flash brutal, muet et très sanguignolant sur une grève qui peut être le théâtre de multiples arrachements.
Vif et incisif, oui, et très réussi.

   Evelit   
25/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour
Tout d'abord j'apprécie en général les couleurs dans les textes : soleil blanc, sable gris, cerf-volant rouge... J'y suis très sensible mais au delà de ma sensibilité, je trouve que c'est simple et efficace pour visualiser les choses (ce qui me semble important).
J'aime aussi la façon dont vous avez structuré ce texte.
Vous avez réussi à faire "simple" et percutant à la fois... "Vif, incisif"... Ce que je trouve peu évident mais c'est très réussi ici. Comme dans un tableau où chaque forme et couleur serait à sa place, les mots sont à leur place et il n'y en a ni trop ni trop peu... Dommage que mon vocabulaire ne soit peut-être pas assez étendu et que je ne sais pas ce qu'est un oyat...
Merci !


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