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Poésie libre
Eskisse : Migrations
 Publié le 21/10/23  -  13 commentaires  -  597 caractères  -  373 lectures    Autres textes du même auteur


Migrations



Au fin fond du portrait mon sourire m’a quitté
tenté par la ligne de fuite
engouffré dans la perspective

Il a connu d’autres destinations
s’est envolé vers d’autres yeux
inconnus de moi

Masque fraternel de la chance
Parenthèse ailée

Je ne l’ai pas prêté
Il s’est éclipsé
le jour des grands équinoxes
avec sa valise
pleine
d’oliviers géants
de murmurations
de dunes enfiévrées
traces de toi

Il s’est éclipsé
le jour où ton sourire
n’a plus vu
que l’autre en son visage


 
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   Eki   
1/10/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Migrations mélancoliques sur l'esquisse d'un sourire...

Il y a un détachement de ce qui se dénoue mais tout est évoqué avec pudeur et sensibilité ici....peut-être trop !
J'aurais aimé un peu plus de rayonnement dans l'évocation de ce souvenir.
Ce n'est là que mon avis.

J'aime tout particulièrement ce passage qui évoque le départ de l'être aimé.

Il s’est éclipsé
le jour des grandes équinoxes
avec sa valise
pleine
d’ oliviers géants
de murmurations
de dunes enfiévrées
traces de toi

   Pouet   
3/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Slt,

est-ce sûr que le sourire soit signe de joie ou de gaité ? Il peut être nerveux, jaune , sans conséquences. Ici sa disparition semble perte, il a disparu à cause d'un autre. Qui est-il cet autre sourire qui " n'a plus vu que l'autre en son visage " . Il y a ici une histoire de dualité, il y a mille façons de se sourire et le sourire n'est pas forcément gage de sincérité encore moins de pureté. Le sourire n'existe pas de la même façon pour celui qui le reçoit que pour celui qui le prodigue. J'ai aimé cette "parenthèse ailée " qui me semble une métaphore parfaite du sourire. Une parenthèse ailée... Après sommes-nous tous des portraits. Des portraits à couteaux tirés ? Il me semble difficile de mettre plein d'oliviers géants dans une valise.

Pouet

   Ornicar   
7/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
L'enfer c'est les autres paraît-il. Je ne suis pas loin de le penser dans certaines circonstances, mais je précise toujours "les" autres, c'est à dire la multitude indifférenciée et abstraite des autres, pas "l'Autre" pris dans sa singularité et sans lequel je ne suis rien. Dès la première strophe, comme le sourire du narrateur, je me suis "engouffré dans la perspective" oblique offerte par la "ligne de fuite"de ce texte. Qu'y ou qui vois-je ?

Parvenu à la dernière strophe, je crois voir la fin d'une relation, d'une histoire d'amour quand le narrateur est renvoyé dans l'anonymat le jour où le sourire de l'élue "n'a plus vu" en lui "que l'autre en son visage", perdant ainsi ce qui faisait sa singularité auprès de sa belle, ravalé au rang d'étranger. A moins, autre interprétation possible, que "l'autre" ne désigne un possible rival ou remplaçant. Enigmatique dernier vers...

Je comprends aussi que le narrateur, voyant son reflet dans la glace, s'étonne de voir un autre que lui-même, qui porte ses traits, mais qui n'est plus le même, et qu'il a "peine" à reconnaître parce que son sourire a disparu. Chacun de nous a déjà pu faire, dans d'autres contextes, cette expérience étrange et troublante. La disparition du sourire ici devient alors le symptôme manifeste de la peine de coeur.
Je relève ces vers : "Il s'est éclipsé le jour des grandes équinoxes avec sa valise". La valise symbolisant le départ et les marées d'équinoxes, la tempête, celle des sentiments, je trouve assez réussie cette évocation d'une rupture sentimentale.
Ce texte en vers libres, est un poème pudique et minimaliste qui, "mine de rien", raconte sobrement et en creux le délitement des sentiments.
Petite remarque purement formelle : la distribution aléatoire des majuscules en tête de vers m'a un peu gêné.

   Cyrill   
9/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J’aime bien cette affaire de migration, qui me donne à penser que les sourires n’appartiennent pas à un visage mais se promènent de l’un à l’autre. C’est très visuel et je ne peux m’empêcher de voir ici celui du chat du Cheshire, qui demeure seul quand le reste du corps a disparu. Tandis que « le jour des grandes équinoxes » m’évoque très clairement cette migration en « parenthèse ailée », où je vois clairement la ligne équatoriale sourire. Vous me suivez ? Alors je suppose qu’elle ne sourit pas dans l’autre hémisphère...

Le sourire est donc indépendant de la volonté du visage sur lequel il s’est posé, même si l’esprit dans le visage voudrait qu’il reste.
Le sourire s’en va vers d’autres yeux, eux-mêmes me semblent disposer d’une volonté propre. Et que dire d’un sourire qui voit, comme en fin de poème ! Les yeux souriraient-ils alors ?
Tout ça est d’une absurdité de surface diablement réjouissante, même si au final il y a de la tristesse dans le constat, avec la « valise pleine », les « traces de toi » et ce cruel « autre ».
Je félicite l’auteur de n’avoir pas eu besoin d’employer le mot cœur, d’être resté un rien moqueur dans le ton. Le locuteur me paraît même être dans la stupéfaction, rapportant des évènements qui dépassent son entendement. Le mien aussi, un peu...

   papipoete   
21/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Eskisse
on pourrait écrire :
maintenant que vers une autre, t'es parti, je n'ai plus goût à rien...
mais l'auteure, en ses mots délicats nous le susurre de sa voix éteinte, comme pâle est ce visage qui ne reçoit plus, ni sourire, ni baisers...
NB " une de perdue, dix de r'trouvée " disait le casanova, le chasseurs de filles, de femmes ( même celle d'un autre ! )
mais tout être n'est pas volage, et si l'on veut bien partager sa mie par amitié, la donner n'est pas la même chose : on s'écroule face au tain du miroir, seul que cette glace au regard renvoie.
la strophe " je ne l'ai pas prêté... " est mon passage préféré avec ces valises, qui jamais sous ce toit se re-défairont !
( je fête l'anniversaire de ma chérie, demain ; et si le soleil ne brilla pas toute une année, nous partageâmes tant de chers moments, que je lui re-dirai encore
- merci chérie

   Geigei   
21/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un envoi délicat sur l'abandon.

Le titre. L'être aimé a changé de sourire. Le sourire a changé de pays.

Des oliviers, des dunes et des vols d'étourneaux dans une valise. Bien vu.

Coup de cœur pour "dunes enfiévrées". Assez ambigu pour être poétique.

   Provencao   
21/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Eskisse,

"Il s’est éclipsé
le jour où ton sourire
n’a plus vu
que l’autre en son visage"

J'ai aimé ce passage où loin de ne composer qu'un vague de sentiment d'insensibilité ou qu'une affection subite, l’émotion assigne cette impulsion qui s'enracine dans des" migrations" vers ce sourire qui trouble l'esprit et le coeur...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Myndie   
21/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Eskisse,

quel joli poème  à la Prévert !
Il raconte ce fait d'une extrême platitude, la rupture et l'abandon, mais avec quelle douceur !
Le langage est dépouillé, sobre, le style est sans fioriture mais quelle inventivité derrière tout ça ! (La ligne du fuite du sourire, il fallait y penser.)
Avec une délicatesse de dentelle, au fur à mesure, les sentiments pointent, et la tristesse apparaît en filigrane.
Comme un exutoire qui soulagerait du besoin de raconter une histoire profondément émouvante, tes mots, tes images déversent avec acuité leur chagrin et le résultat, c'est une poésie lumineuse.

J'aime beaucoup l'originalité et la pudeur avec lesquelles le thème est abordé.

Myndie

   Cristale   
22/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Eskisse,

Un poème, une esquisse tracée avec les mots dans un rendu d'associations d'images et de sentiments dont seule l'auteure connait le secret des nuances.
La tristesse se cache pour pleurer sous l'aile de ce sourire envolé.

"Parenthèse ailée"

"Il s’est éclipsé
le jour des grands équinoxes"

Une écriture toujours aussi fine et délicate.
Merci pour ce plaisir de lecture.

   Louis   
24/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Ce n’est pas un poème "souriant", et pour cause, il évoque les « migrations », non pas celles de l’oiseau, ou d’un autre animal, mais celles du « sourire ».
Une migration implique un départ, et la première strophe le désigne:

« Au fin fond du portrait mon sourire m’a quitté »

Le sourire personnel de la locutrice, ou du locuteur, est parti. Il « m’a quitté », dit le premier vers, tout en affirmant que le sourire enfui est celui d’un « portrait ».
Un lien étroit est donc présupposé entre soi et ce portrait.
Il pourrait s’agir d’un reflet dans un miroir, d’un double spéculaire, mais le mot « portrait » a été choisi, ce qui laisse penser qu’il corresponde à un tableau ou une photographie, portrait réel, ce que confirme la présence d’une « ligne de fuite » et d’une « perspective », ou bien que l’on ait affaire à une représentation mentale, portrait imaginaire.
La connexion entre la narratrice et son portrait, s’il s’agit d’un portrait réel, semble alors relever d’un lien magique, comme dans le cas du portrait de Dorian Gray.

Le sourire habituellement n’a pas place en arrière-plan d’un tableau, mais plutôt au premier plan, comme le fameux sourire de la Joconde.
Or il est désigné ici dans le « fin fond du portrait ».
On peut donc penser que le sourire évoqué dans le poème ne soit pas celui que forment les lèvres. Ou pas seulement. C’est l’allure souriante, ou l’atmosphère souriante qui constitue ce « fond », qui a disparu.
Ce sourire évanoui semblait imprégner de sa présence tout le portrait, situé non en un lieu précis, qui serait la bouche et les lèvres, ou encore les yeux, mais plus encore, partout présent, comme une imprégnation de tout le visage, de toute son apparence ; comme un « fond de teint » en quelque sorte, fond souriant qui avivait toute la représentation, et toute la personne.
Ce sourire ne semblait pas l’expression d’une amertume, mais au contraire celle d’un d’épanouissement, d’une gaieté, d’une tendance accueillante.

Le sourire a quitté le portrait selon une « ligne de fuite », une « perspective ». De telle lignes le plus souvent sont droites, en opposition donc avec celles courbes et ondulantes d’un sourire quand il se manifeste sur les lèvres ; avec celle d’une ondulation subtile dans tout le portrait, une courbure qui lui donne son air souriant.
Raidi, rassemblé en une « parenthèse ailée », selon cette belle métaphore, il s’est envolé, vers d’autres cieux, vers d’autres yeux. Plus cléments.

Le sourire ne s’est pas éteint, mais il a migré, comme migre un oiseau.
Il n’est pas mort, mais s’est « éclipsé ».
Il n’y a pas eu de « prêt », affirme la quatrième strophe, dans un détournement de l’expression « prêter à sourire ». Il n’a pas répondu à une volonté délibérée, à une décision consciente.
Il est parti de lui-même. Il s’est, de lui-même, « éclipsé ».
Plus profondément, il a subi une « éclipse ». Ainsi est-il apparenté à une lumière, une clarté qui illuminait le portrait, mais se trouve provisoirement occultée, masquée ; une éclipse qui obscurcit le portrait, assombrit la personne.
Cette éclipse s’est produite au temps des « grands équinoxes ».
Par métonymie, l’ « équinoxe » désigne les troubles, les turbulences qui l’accompagnent. Il est identifiable à celui de l’automne, à un changement de saison de la vie, à celui d’une fin de saison ensoleillée, souriante.

Le retrait du sourire est élevé à une dimension naturelle, celle d’un phénomène de la nature, quasi cosmique, avec la référence aux migrations et aux équinoxes. Mais il prend, dans la suite du poème, une dimension juste humaine.
« Avec sa valise », le sourire devient, en effet, voyageur humain.
Des éléments naturels restent toutefois constitutifs du bagage : « oliviers géants », « dunes enfiévrées ». Mais ils prennent une réalité de signes, de « traces », et désignent un allocutaire désormais nommé, personnellement, et anonymement : « toi ».
Des phénomènes naturels, on est passé aux rapports interhumains.
Le départ du sourire coïncide donc avec un autre départ, celui de « toi ».
Le sourire qui s’en va marque donc, au temps d’un équinoxe d’automne, une séparation, une rupture de relation avec un « toi ».

La dernière strophe semble indiquer les raisons de cette rupture.
Mais de façon assez ambigüe.

« Il s’est éclipsé
Le jour où ton sourire
N’a plus vu
Que l’autre en son visage »

Il est possible pourtant d’ y voir un sens s’imposer, subtil : si le sourire se tient dans un visage, il présente lui-même un « visage ». Il y aurait un « visage » du sourire, l’apparence du sourire, et tout le portrait qu’il imprègne hors de lui.
Le sourire n’apparaît pas dans le visage, mais au contraire, le visage se tient dans le sourire.
Le sourire semble alors l’expression de tout l’être.
Ne plus voir que l’autre dans ce visage du sourire, c’est ne plus voir le même être, proche, aimant ; c’est le percevoir comme étranger, autre et différent.
Le sourire a migré, quand celui de l’allocutaire,« toi », n’a plus reconnu le sourire du locuteur ou locutrice pour un sourire d’un proche, mais d’un étranger, d’une étrangère.
Un devenir étranger l’un à l’autre, une distance instaurée entre deux êtres : le poème en rend compte par le sourire.
Il ne s’y entend ni cris ni pleurs. ( ou seulement feutrés dans l’« équinoxe» )
Non pas que la séparation se soit faite en souriant, mais elle s’exprime dans le devenir des sourires, comme manifestation totale de soi dans son rapport à autrui. On ne sourit pas en général pour soi-même, on sourit aux autres, devant les autres, en leur présence. Le sourire est une modalité du rapport aux autres.

Le poème ne désespère pas du sourire, il le considère comme une absence provisoire, il reviendra, comme les oiseaux reviennent dans les migrations, et si le premier vers désigne un départ, la fin tacite du poème appelle l’espérance d’un retour. Ce que confirme encore la référence aux « équinoxes » au pluriel, si celui de l’automne a été évoqué, il y aura celui du printemps, celui d’un retour des jours souriants.

   Donaldo75   
25/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Salut Eskisse,

J'ai mis du temps à commenter ton poème et vu que je ne veux pas te sortir trois pauvres lignes maigrichonnes comme certains osent le faire, j'ai du affuter mes neurones et ma plume pour te donner mon impression de lecture.

Déjà, la tonalité m'a parue familière et je me suis dit que c'était bien ton style de poésie libre. La lecture a été fluide; le premier tercet m'a embarqué et ensuite je me suis laissé aller.

"Je ne l’ai pas prêté
Il s’est éclipsé
le jour des grands équinoxes
avec sa valise
pleine
d’oliviers géants
de murmurations
de dunes enfiévrées
traces de toi"

C'est ce que j'ai préféré et ça tombe bien parce que c'est le corps même de la poésie. Et la fin est réussie, ne détonne pas dans l'ensemble, conclut bien le tout et reste dans la tonalité.

C'est triste quand même.

   EtienneNorvins   
22/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Exercice risqué du commentaire qui vient trop tard... et qui doit intégrer le retour déjà fait par l'autrice...

Une élégie plastiquement aquarelle - ou 'sfumatée', pour rebondir sur le paysage en arrière de la Joconde - et musicalement adagio - tout en touches et nuances, avec cet humour de valise qui est la politesse d'un désespoir.

Il y a donc continuité plutôt que redite.

Pas philosophique ? Mais le visage est précisément ce qui nous ouvre à l'infini, selon Levinas ; le magique et douloureux infini dont aucune relation amoureuse ne peut faire une totalité.

Pas engagé ? Quand l'aveu de cette béance / blessure, de cette vulnérabilité qui est celle de tout être humain, invite le lecteur à méditer sur ses propres limites - ses propres failles - et les violences qu'elles peuvent susciter, tout spécialement en ces temps saturés d'horreur ? Qui n'a jamais failli à l'invitation qu'un visage nous tend à voir en lui plus qu' "un autre" ?

Merci donc à nouveau pour ton art qui sait si bien suggérer l'entre-deux...

   Joy   
1/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonsoir Eskisse,

Devant la poésie, je me sens souvent... perdue.
Ici, malgré un sourire qui part en voyage, on est pris par la main.
Pas d'artifices, quelques lignes pures, à lire et relire pour en tirer toute la substance.

Un sourire oiseau, un sourire migrateur, peut-être reviendra-t-il au printemps ?

Merci pour cette poésie, tout en légèreté.


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