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Poésie contemporaine
fanny : Peinture à l'eau
 Publié le 30/01/24  -  11 commentaires  -  941 caractères  -  243 lectures    Autres textes du même auteur

Paroles du IIe millénaire.


Peinture à l'eau



Quand l’astre inonde la saison
Je peins le blé dans la lumière
Avec un village en amont
La dune ondule au bord de mer

Mais dans le prochain millénaire
Je peindrai la montée des eaux
Des barrages et des polders
La surveillance des canaux

Sanguines d’érosion côtière
Fusains de digues érigées
Pour sauver la plaine et ses terres
Le littoral de son apnée

Les champs baigneront l’horizon
Reflet d’un sentiment amer
Qui coiffe le lit des maisons
Des draps aux bras de la rivière

Mon pinceau tremble en évoquant
Les déferlantes mortifères
Et je me veux témoin vivant
Des paysages sans tourbières


Mais dans le prochain millénaire
Vaincu par la montée des flots
Je peindrai celui qui macère
Dans le jus gris de son fiasco
L’homme à la bouche carnassière
Qu’il peine à tenir hors de l’eau


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Robot   
12/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Cette peinture à l'eau apocalyptique reflète bien l'angoisse de la montée des eaux qui pèse sur l'avenir de l'humanité.
Les paysages entrevus sont bien dessinés poétiquement dans cette représentation d'un avenir peu réjouissant.
Espérons que l'humanité prendra conscience du risque mortel auquel elle s'expose en ne limitant pas les pressions excessives sur la planète.

   Lebarde   
20/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Un sujet d’actualité qui fait couler beaucoup d’encre …et d’eaux dont chacun a sa façon évoque la montée et la difficulté pour y faire face.
Ce poème traite le sujet avec beaucoup de poésie et le pinceau du peintre dont les touches successives s’attardent avec une délicate subtilité sur les points de la nature qui risquent d’en être affectés:
« Les dunes au bord de mer », « barrages », polders, canaux, érosion côtière, digues, littoral de son apnée, tourbières, marais, montée des flots », autant de mots, d’expressions, de descriptions, superbement choisis pour servir avec simplicité le thème.
Bravo j’aime bien.

Les octosyllabes sont bien ficelés, les rimes à la hauteur, ce qui rend la lecture fluide et agréable.
J’adhère volontiers et j’apprécie ce joli contemporain.

En EL
Lebarde

   Ornicar   
22/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Elle me plaît bien cette aquarelle avec son titre anodin mais métaphorique, chronique d'un désastre annoncé, et la gradation de sa narration du clair au sombre. Ca commence gentiment, tout doucement de façon un peu naïve, à la manière d'un peintre amateur du dimanche face à son chevalet : "Quand l'astre inonde la saison / Je peins le blé dans la lumière / Avec un village en amont". La deuxième strophe, met tout de suite fin à cette illusion passagère, jetant le lecteur dans le bain de la catastrophe climatique, celui de la "montée des eaux". La dernière, d'une ironie mordante ("Je peindrai celui qui macère / Dans le jus gris de son fiasco / L'homme à la bouche carnassière") est la condamnation sans appel ni circonstances atténuantes de l'homme fauteur de troubles et du grand dérèglement.

De belles images et de bonnes formules, en rapport avec l'élément liquide souvent mis à contribution, émaillent ce récit : l'astre qui "inonde" la saison, le littoral qu'il faut sauver de son "apnée", le "lit" celui de nos intérieurs qui est aussi celui de nos rivières. Parmi toutes les strophes, la quatrième ("Les champs baigneront l'horizon...") donne dans le surréalisme : du ciel ou des eaux les éléments se mélangent, se désagrègent, se dissolvent de telle sorte que le lecteur perd ses repères spaciaux, un peu comme la technique "hasardeuse" dont use l'aquarelliste au fond. Du ciel ou de la terre recouverte par les eaux et dans lesquelles se mire le ciel, on ne sait plus "quoi est quoi". C'est la lecture, toute personnelle, que je fais de cette strophe. Ma préférée.

Dans ce décor mouvant, mis à mal, sans dessus-dessous, je note la présence d'un élément stable, cette rime pivot en "er, ère, aire" autour de laquelle gravitent toutes les autres.
Je n'émets qu'une seule réserve : au vers 8, je conçois mal en effet que l'on puisse peindre la "surveillance" des canaux. La "surbrillance" peut-être, mais la "surveillance" ?

   Eki   
30/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
En découvrant le titre, je pensais "encore une énième poésie sur la peinture...
Mais voilà, c'est un texte offert par Fanny...et sa plume a tant de ressources qu'un encrier ne suffirait pas à la noyer...

La toile est tendue avec sérénité (l'astre, le blé dans la lumière, même la dune semble déverser sa quiétude dans ce décor de bord de mer).
A partir de la deuxième strophe, le tableau est plus gris : les eaux montent. On pressent l'anomalie.

Les autres strophes nous immergent dans le sentiment inéluctable du péril hors des sources joyeuses.
Faut-il fuir ? non puisque nous sommes tous dans le même bateau que nous sabordons...

La fin est fatale Nulle langue de bois ici mais beaucoup de poésie, ni larmoiement pour exposer un sujet grave et nous ne serons pas Moïse sauvé des eaux...

   papipoete   
30/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour fanny
à la peinture à l'eau, je calque sur ma toile, la lente agonie de notre Terre, et mon pinceau tremble de peur d'imaginer le " fameux jour ", d'où l'on ne réchappe, même celui qui la bafoua, l'abima, la tua.
ce jour-là, lui aussi périra noyé, sa tête coulant et une main de Dieu la ressortant, puis l'appuyant, pour que sa fin ne soit pas douce.
NB qu'en traits généreux, emplis de bonté, l'auteure dresse ce tableau qui put être si sombre !
comme pour que notre chère Planète, murmure en souriant
- je sais que tu n'y es pour rien ; qu'une brique fêlée sur 1000 parfaites, suffit à faire écrouler une immense cheminée...
le poème va crescendo vers l'inexorable, mais sans horreurs, un peu tel un très lent tsunami.
une fort belle peinture acqueuse, mais aux subtiles enluminures ; la 4e strophe a ma préférence, quand la 3e joue si juste de la couleur.
le dernier vers put être plus sévère, avec ce " jus gris "... ( cloaque, fange, pus )
Un des rares textes " contemporains " aux octosyllabes tout en assonances, que j'admire qui me fait dire ( un ami nous le dît souvent )
- mieux vaut un bon contemporain, qu'un mauvais classique !

   Myndie   
30/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Fanny,

le moins que l'on puisse dire c'est qu'on n'est pas dans la dystopie ! La science fiction nous avait pourtant prévenus. Je pense à ce roman « La fin du rêve » qui annonçait déjà le suicide écologique du monde, le dérèglement climatique et ses conséquences, bien avant que cela ne soit d'actualité. Voilà ce qui m'est venu à l'esprit à la lecture de ton poème. Tu te fais à la fois témoin, dénonciatrice et prophète de la catastrophe annoncée.
Mais ici, c'est avec beaucoup de grâce que le tableau nous en est dépeint, par petites touches, avec une palette de couleurs passionnées qui traduisent à la fois l'évolution du paysage, la montée des eaux, et le profond sentiment d'émotion ressenti par le peintre (« reflet d'un sentiment amer »).

Ainsi, quelle luminosité, quelles nuances délicates et fondues, quelle harmonie subtile (« la dune ondule ») dans la première strophe !
Quelle âpreté et quelle virulence contenue, à la fois dans la description imagée :
«Sanguines d’érosion côtière
Fusains de digues érigées
Pour sauver la plaine et ses terres
Le littoral de son apnée »
ou ici encore :
«  Je peindrai celui qui macère
Dans le jus gris de son fiasco
L’homme à la bouche carnassière »

Outre la poésie des images, ce qui me marque, c'est la précision de l'écriture, le choix d'un vocabulaire explicite et collant au plus près au thème – au problème - de l'eau.
Comme le titre!^^
Etant d'une contrée qui a particulièrement souffert des inondations ces derniers mois, je ne peux qu'être convaincue par cette Peinture à l'eau.
Bravo Fanny

   Cristale   
30/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un tableau parfaitement contemporain accroché au mur du virtuel qui prend toute sa réalité en débordant au-delà de son cadre et voilà mon regard noyé sous la peinture à l'eau d'une peintre au pinceau avant-gardiste. Il est vrai qu'au bout du IIème millénaire les humains ne seront plus que des gros crânes aux yeux globuleux avec une "bouche carnassière" le corps réduit à l'état de flagelle donc, pour surnager, ça va être compliqué.

Donc itou, au IIème millénaire tu fais rimer lumière-mer, et amer-rivière...(y'en a un autre aussi), on a dit : contemporain, bon, d'accord, lu à l'oreille ça passe, en fait je n'aurai pas dû lire avec mes yeux..., ça me chagrafouine un peu mais bon, "assonance" dit "sons qui se ressemblent" et contemporain c'est contemporain et puis la peinture est moderne, ça déborde toutes les huit vagues et l'écume des phrases est aussi chatoyante que la puissance des mots est violente.

J'en ressors en apnée.

   Louis   
1/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Ce texte, à la fois poétique et pictural, se voudrait être une aquarelle, toute sereine et légère, de douceur et transparence, en laquelle la couleur triomphe de la ligne, mais il oppose la peinture d’un temps qui permet encore le mariage de l’eau et de la vie, de l’eau avec la lumière et le soleil, avec celle, angoissée, d’un futur coloré « sanguine », alourdie, surchargée de lignes « au fusain », faute à toutes les digues que l’avenir devra dresser contre l’eau montante devenue « mortifère ».

Tout est sous le signe de l’eau dans ce poème.
La première strophe ouvre sur la lumière du soleil comme une eau :

« Quand l’astre inonde la saison »

Une marée de lumière. Et la « dune » elle-même, comme une eau « ondule ».
Ainsi la lumière du soleil, la dune et le sable, semblent des variations de la mer, soumis au principe de l’eau, conformément à la pensée du vieux sage Thalès pour qui l’eau était le principe originel d’où tout provient, et à quoi tout se ramène. Mais c’est une eau transmuée, une eau répartie dans un équilibre entre flots de lumière, vagues de sable et ondes marines de flots liquides.
Quand est maintenu cet équilibre, le locuteur-artiste peut « peindre » alors « le village en amont », et « le blé » sur les terres, sous une eau différenciée.
Cette première strophe se réclame peinture-témoignage de l’époque présente au moment de l’écriture du poème, quand l’équilibre se maintient encore, mais la deuxième strophe se place dans le futur, celui du « prochain millénaire », devenu notre présent ; le poème semble en effet être écrit à la fin du siècle précédent, qui était aussi la fin du deuxième millénaire. « Paroles du 2ème millénaire », dit l’exergue.
L’ambition du poème n’est pas de montrer ce que déjà l’on peut voir, mais de montrer ce que l’on peut pré-voir et se donner à peindre dans le futur de façon naturaliste, non pas à partir d’un superstitieuse prophétie, ou d’une boule de cristal, mais raisonnablement, à partir de conséquences rationnelles d’une situation actuelle.

Dans ce futur qui est déjà notre présent, il ne sera possible de peindre qu’un déséquilibre, qu’une perturbation dans la répartition de l’eau, par la « montée des eaux », celles toutes liquides de la mer, s’imposant, dominant, conquérantes, impérieuses, sur toutes les autres formes que peuvent prendre les vagues, celles sur les blés ou le sable des dunes quand souffle le vent, celles sur la terre quand se répandent le soleil et sa lumière.

La peinture du monde sera teintée « sanguine », quand tout ira "à vau l’eau" ; une couleur de sang s’imposera, quand les côtes subiront la violence d’une « érosion » ; seule teinte adéquate, de sang, quand la mer, vorace, sauvage, mord et ronge les rivages.
S’élèveront « les barrages et les polders ». Il faudra peindre les moyens de défense, et de « surveillance » contre les assauts de la mer.
Plus d’aquarelles possibles dès lors, les lignes s’imposeront en « Fusain de digues érigées ». Sur les continents en danger, seront tracés en traits noirs épais des lignes de contour, des digues, pour séparer la terre et les eaux. Pour éviter l’invasion.
Ainsi la mer deviendra « l’amer » et ne laissera place qu’au sentiment d’amertume.
Quand l’eau, d’où tout est issu, deviendra l’élément où tout se perd.

La dernière strophe prévoit la victoire des eaux indomptables :

« … dans le prochain millénaire
Vaincu par la montée des flots »

Et dresse un bref réquisitoire contre « l’homme à la bouche carnassière ».
Ce portrait en « carnassier » suffit à exprimer la responsabilité de l’homme dans la dangereuse montée des eaux ; son avidité de richesses, sa rapacité, aveugle et indifférente aux conséquences de ses actes, le rendent coupable de sa propre noyade.
Coupable encore d’une illusion de toute puissance, croyant pouvoir redessiner le monde par des lignes protectrices ; mais sa bouche vorace a provoqué l’ouverture d’un autre museau, bien plus puissant que lui, capable de ronger les rives et les rivages, tous les littoraux et tous les continents, et l’avaler lui, l’incontinent.
Il reste à l'homme une dernière ligne, une ligne de flottaison avant le naufrage.

Sous le signe de l’eau, le texte semble opposer encore deux puissances, deux pulsions qui s’affrontent, internes à l’homme, mais aussi qui le débordent, une pulsion de vie et d’amour, Eros, et une autre, destructrice, une pulsion de mort, Thanatos. Quand l’eau est de vie ; quand l’eau est de mort.
Des digues, des barrages seront dressés, faibles et dérisoires, pour contenir et refouler Thanatos, en union avec Océan.
Mais Eros est en danger.
L’ « homme », non pas l’homme abstrait, mais les hommes, fils et filles de notre monde, détermination de notre société, ont engendré Thanatos.
Il leur faut agir contre ce qui l’engendre, contre une "thanato-économie". Mais ils ne l'ont pas encore bien compris.

Eros est à sauver des eaux mortifères, nous dit ce poème qui voudrait pouvoir encore peindre une aquarelle, quand les eaux sont si belles.

Merci Fanny

   AMitizix   
7/2/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
J’ai bien aimé ce poème.

Pour commencer, il m’a touché et troublé efficacement, surtout à cause du changement de ton entre la première strophe et le reste du poème : on s’attend à une description tranquille et bucolique, après cette première strophe toute calme et gentille, qui nous plonge agréablement dans la poésie. Le paysage est installé tout en douceur, en quatre éléments, un par vers. Je trouve l’ambiance réussie et très poétique… Et tout bascule avec ce “Mais”.
Mais justement, j’aime moins ces strophes 2 à 4. Je ne saurais pas dire pourquoi, j’ai l’impressilon qu’il leur manque quelque chose pour être aussi bonnes que reste du poème. Les comparaisons/métaphores me touchent moins, même si elles sont bien mises en place et cohérentes avec le reste du texte. Le “Sanguines d’érosion côtière” particulièrement me semble un peu trop compliqué à saisir. Malgré tout, l'émotion que veut faire passer l’auteur se manifeste tout de même, ne serait-ce que par le champ lexical, entre “Sanguines”, “amer” et “surveillance”. En revanche, j’ai apprécié l'”apnée” des littoraux pour montrer le débordement des eaux.


Si je suis partagé sur les précédentes, j’ai beaucoup aimé les deux dernières strophes "catastrophiste". J’ai trouvé qu’elles étaient puissantes et très évocatrices, à la fois avec le narrateur qui se manifeste de nouveau, à travers le pinceau qui “tremble” (j'ai été marqué par ce détail que je trouve particulièrement touchant, effrayant), que dans l’ironie dramatique de la dernière strophe, que je trouve très réussie. L’impression que laisse le poème, avec l’image de l’homme noyé dans ses propres erreurs, est saisissante, et donne de l’ampleur à l’ensemble de l’œuvre.

Merci !

   Evelit   
11/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'aime beaucoup votre texte, d'autant plus que je suis sensible à la peinture, l'aquarelle. En ce qui concerne le premier couplet par exemple, je trouve ça simple et beau. Je trouve que la simplicité fait que cela gagne en force "Quand l'astre inonde la saison, je peins le blé dans la lumière, avec un village en amont, la dune ondule au bord de mer". C'est très visuel. Je trouve que dire "Je peindrai la montée des eaux" est une belle trouvaille. On ne peut pas peindre une montée des eaux et cela fonctionne bien, ici. "Le littoral de son apnée", magnifique ! "Qui coiffe le lit des maisons", j'aime beaucoup aussi. Vous parvenez à écrire une poésie sur un sujet d'actualité (climat), ce qui me semble peu évident mais est réussi. Merci.

   VinSpat   
27/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'aime quand la poésie dit autre chose
Que le cui-cui des oiseaux et le parfum des roses
J'aime votre poème qui augure avec inquiétude
La disparition certaine de belles habitudes
" L'homme à la bouche carnassière"
Une mise en garde necessaire...


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