Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
fugace : À midi…
 Publié le 08/12/12  -  12 commentaires  -  1777 caractères  -  191 lectures    Autres textes du même auteur

Il arrive que les choses de la vie nous fassent mal jusque dans le corps…
Accepter ce venin, l'expurger et attendre.


À midi…



Prendre un papier, le poser,
Un objet, le déplacer,
Regarder un peu dehors :
Ciel de coton gris,
Murmure serein de la pluie…

Tant de choses à faire !
Les idées éclatées tel
Un essaim envolé
Aux quatre coins du vent,
Que je ne peux ni suivre ni attraper !

Froid, frissons, mains glacées !
Non, la chaudière fonctionne,
C'est la glace au fond de moi
Qui tétanise mes mollets,
Contracte mon dos, mon ventre.

Refuge sous la couette…
Laisser aller le corps, j'ai appris.
Du bout des doigts tenter de dénouer
Ces démons dévorants, ne pouvoir tous les vaincre,
Attendre les bienfaits de la chaleur.

Patienter les yeux ouverts…
Le cordon de la moustiquaire
Fait des ronds de pendule sur un point fixe
Ou joue au métronome, tamise le temps.
Il n'existe plus que lui et moi.

Les chiens sont venus me renifler,
Se rassurer : "Elle est là !"
Sont repartis silencieux se recoucher
À l'entrée de la porte, vigiles muets
Attentifs et fidèles.

Le silence s'est déroulé en moi,
M'a voituré dans un infini
De neutralité, de réceptivité de l'instant,
Sans question ni pourquoi.
Je suis les graminées qui jouent sur le talus.

À midi, les gens mangent, regardent la télé…
Je ne suis pas les gens.
Réfractaire aux conventions,
Je n'obéis plus qu'aux ordres de mon être,
De mon corps ; eux me font survivre.

À midi, le zénith n'est pas toujours ponctuel.
Les rendez-vous avec le mien sont aléatoires.
Les jours où il me pose un lapin,
C'est que d'autres urgences le retiennent ailleurs.
Il reviendra, peut-être par une nuit étoilée.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Pimpette   
19/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup!
La poésie simple et directe qui me touche directement!
Les idées et les mots se succèdent et s'enrichissent tout au long du texte , limpides, sans recherche comme si le poète nous ouvrait simplement la porte de son inspiration!!

Une poésie de notre époque, sans falbalas et sans règles imposées!

   Anonyme   
28/11/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une atmosphère fort bien créee grâce à des choix stylistiques judicieux ( emploi d'infinitives et nominales) qui soulignent bien l'atmosphère pesante, douloureuse, la sombre impuissance qui étreint l'auteur, sa désespérance et son sentiment d'abandon auquel répondent tous les éléments qui l'entourent (chiens). La dernière strophe paraît se clore sur une note d'espérance, mais l'auteur ne sent-il pas qu'il se fabrique des raisons d'espérer auxquelles il ne croit pas.

   Labrisse   
8/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour fugace,


Hors le fait que vous vous bagarrez âprement au « Le mot en phrase » et au « Et si j’étais » où nous avons le bonheur de deviser l’un l’autre, je n’avais pas eu encore l’heur de vous dévisager du « poème » et après une première lecture, déjà, j’ai des sentiments d’une poésie sombre, au souffle coupé, à l'anxiété d’un esseulement, de l’angoisse d’une trame terrible.
De cette lecture, voyez vous, je voudrais vous rassurer et vous annoncer cette chose : La course du soleil est immensément longue parfois, mais toujours au zénith un midi rayonnant nous attends tous… moi je crois qu’il faut se lever, haut les cœurs, prendre son balluchon et courir après le ciel !

Bon, maintenant que je vous ai tout dit en ami, il est temps de commenter, voire critiquer le poème…

Alors la forme étant libre, on ne peut à peu près que scander « à la volée » et de là, tout de suite nait le discernement du rythme qui a présidé à l’éclosion de cette pièce… c’est très net : La respiration est saccadée, et le rythme autant, le sujet imprime à la lecture son « coulé » chaotique, tout cela est dangereux, « darkness»… On aime ou pas, mon gout à moi n’est en général pas aux autoproclamés de l’écorchage, pourtant je n’éprouve pas de recul, et quelques trouvailles m’attirent dans l’histoire telles que : les idées éclatées tel un essaim au vent, des séries de rafales telles que froids, frissons, mains glacées… puis, non, la chaudière fonctionne (c’est dément çà), puis une scène de caresses du bout des doigts bienfaits d’une chaleur, venue peut-être d’un plaisir rassasié.

Puis le souffle vient à l’ennui ou le temps fixe les yeux sur le plafond, des objets…

Non, vraiment c’est très épidermique tout çà, très vivant, moi je suis conquis…
Ah ! Une jolie trouvaille que ce voituré dans un infini… et les chiens qui pensent « elle est là »


Je suis les graminées etc. trop top !

Puis l’affaire des rendez-vous, tout cela est tellement exact, tellement clair…


J’ai bien envie de vous décerner le titre de Prince des Poètes jusque demain cinq heure du mat comme le veux ma tradition. (Après je loue la médaille en chocolat pour me faire deux ou trois sous héhéhé)

Moi je dis bravo ! Cher Prince des Poètes, estimé !

Labrisse.

   Artexflow   
8/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
fugace, alors là, bravo !

Encore quelqu'un qui arrive à me séduire avec un poème... Votre mélancolie est fantastique ! (ça se dit ça ?)

Non, mais ce que je veux dire c'est que l'émotion est quasiment à l'état pur dans ce texte que certains trouveront peut-être étrange.
D'ailleurs, je le trouve étrange, mais en le lisant j'ai l'impression de lire autre chose qu'un poème, j'ai l'impression de lire votre intention (ou du moins ce que je projette dans votre texte comme votre intention) et ça c'est très bon signe.

Il y a un côté légèrement surréaliste à votre texte qui sait me séduire, dans l'enchaînement des actions, dans la manière que vous avez de traverser différents niveaux de conscience, d'évoquer des choses très éloignées les unes des autres, liées dans l'exercice poétique d'une manière très convaincante.

Je raconte un peu n'importe quoi, j'espère que vous m'excuserez. Dans tous les cas, encore bravo, c'est un excellent poème.

   brabant   
10/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Fugace,


Jolie philosophie de vie, il y a de l'ascèse épicurienne à être à l'écoute de son corps de la façon dont le fait l'héroïne de cette poésie ; mais je crois qu'il y a du malaise à se considérer comme une urgence, lol, d'où ce froid intérieur, l'héroïne détruit ainsi tout le beau travail accompli par ailleurs. Je note cependant une attitude optimiste pour terminer, il suffit de déplacer le curseur du réel.

De la mesure dans le manque existentiel et le besoin de l'autre, l'héroïne est finalement une sage capable de pleurer sans s'apitoyer.

J'aime assez l'écriture de ce poème plus éclaté et plus ouvert qu'on ne pourrait le penser de prime abord.


Vivent le ciel étoilé et la nuit chers à Rainer Maria Rilke !

Merci !

   wancyrs   
10/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voilà, je n'ai pas bien compris le pourquoi du titre, mais je dis Bravo pour l'ambiance, pour l'atmosphère créée par les mots...

Les chiens sont venus me renifler,
Se rassurer : "Elle est là !"
Sont repartis silencieux se recoucher
À l'entrée de la porte, vigiles muets
Attentifs et fidèles.

Qui est là ? ou qu'est ce qui est là ? la peur ? l'inquiétude ? ou la narratrice ? J'aime bien ce mystère qui se dégage du texte.

Merci

   placebo   
12/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte au rythme prenant, j'ai perdu ce dernier dans les 3 dernières strophes qui me plaisent moins, plus (inutilement) compliquées à mon goût.

J'ai un peu de mal à situer le lieu et la saison, à la relecture : pluie, froid (chaudière) et moustiquaire ? Cette dernière m'étonne un peu mais je ne suis pas sûr de suffisamment connaître ces bestioles… :)

J'aime bien l'accumulation des images simples ; les vers retranscrivent très bien un certain automatisme, une attente… un vide ?

Bonne continuation,
placebo

   Lagomys   
14/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Fugace

J'ai aimé votre poème, intimiste, naturel, vrai, beau d'une pudique douleur.

Vous avez parfaitement transcrit l'errance d'un esprit perdu dans la déprime (voire la dépression), ses doutes ("Se rassurer : "Elle est là !"", " Il reviendra, peut-être par une nuit étoilée."), sa désespérance ("Tant de choses à faire ! Les idées éclatées tel Un essaim envolé Aux quatre coins du vent Que je ne peux ni suivre ni attraper !", "Le cordon de la moustiquaire Fait des ronds de pendule sur un point fixe Ou joue au métronome, tamise le temps. Il n'existe plus que lui et moi."), ses incohérences ("la chaudière fonctionne"," sous la couette" / " la moustiquaire"; " Je suis les graminées qui jouent sur le talus" / " Je ne suis pas les gens."), ses fragiles espoirs ("Les jours où il me pose un lapin, C'est que d'autres urgences le retiennent ailleurs. Il reviendra, peut-être par une nuit étoilée."), ses raccrochements aux choses de l'ordinaire, rassurantes et dérisoires ("Murmure serein de la pluie…"; " Non, la chaudière fonctionne,"; " Refuge sous la couette"; "Les chiens sont venus me renifler"), sa solitude ("Ou joue au métronome, tamise le temps.", " Je n'obéis plus qu'aux ordres de mon être, De mon corps ; eux me font survivre.", " À midi, le zénith n'est pas toujours ponctuel. Les rendez-vous avec le mien sont aléatoires"), son désabusement de l'existence (" Prendre un papier, le poser, Un objet, le déplacer, Regarder un peu dehors").

Je devine une trahison (c'est mon ressenti) : "Attentifs et fidèles", " Je n'obéis plus qu'aux ordres de mon être, De mon corps ; eux me font survivre", "Les jours où il me pose un lapin".

Au début, j'ai un peu hésité sur "dénouer Ces démons dévorants", puis en laissant jouer l'imagination je me suis représenté ce nœud de démons : superbe image !

Je n'ai pas bien compris le paradoxal dernier vers et pourtant je l'ai trouvé aussi beau qu'il peut être énigmatique.

J'ai particulièrement aimé "Je suis les graminées qui jouent sur le talus" qui traduirait une supposée insignifiance (!)

En tout cas votre poème n'y sombrera pas, loin de là, moi je le vois comme le coquelicot fragile et éclatant qui nous console des routes monotones.

Merci de cette plaisante et enrichissante lecture,

Lagomys, pissenlit étiolé

   MissNode   
17/12/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonsoir Fugace,
Je vais vous l'écrire en suivant le chrono de mes sensations; je le dis car ça commence bien négatif (j'aurais prévenu, hein...).

... Car il arrive que les choses de la vie fassent que, lorsqu'un propos est trop proche de soi, on se prenne à le détester, juste parce que voilà des soirs et des soirs que j'écris le même (propos), jusqu'à la nausée quand je me relis ... pour conclure en mon fort intérieur : "bon ça, j'en ferai rien d'autre que pour mon "journal-exutoire""

Pourtant ...
... pourtant le rythme retrace parfaitement cette errance dans le temps "perso"
... pourtant je traverse de vrais moments poétique "Je suis les graminées qui jouent sur le talus" "Prendre un papier ... Murmure serein de la pluie" "Les idées éclatées tel / Un essaim envolé" "Froid, frissons, mains glacées ! / Non, la chaudière fonctionne" "Patienter les yeux ouverts ... Il n'existe plus que lui et moi" "A midi, le Zénith ... aléatoires"
... pourtant le passage des chiens est touchant, bien placé, renforçant l'ambiance du "quelque chose qui n'en finit plus de couver"

Mais décidément, j'enlèverais ou retravaillerais des passages entiers, qui sortent du registre poétique pour moi : l'avant-dernière strophe, et tout ce que je n'ai pas cité dans les nombreux moments poétiques.

Du coup, il me faut reconnaître que ce poème me fournit une autorisation à retravailler des textes dont je n'aurais jamais songé qu'ils recèlent un intérêt poétique : c'est donc que le vôtre offre une ouverture.

En définitive, je pense qu'il mérite d'être revisité, pour un classement poétique. Je n'ai lu que les évaluations précédentes, non les commentaires ni le forum dédié : il semble que je sois sévère pour le coup... je vous ai dit pourquoi en intro
Merci pour ce que m'a apporté votre texte
MissNode

   melancolique   
21/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonsoir Fugace,

Un texte comme une philosophie de vie, j'apprécie la simplicité des mots, et le style assez fluide, plusieurs images sont bien trouvées, j'en retiens:

"Les idées éclatées tel
Un essaim envolé
Aux quatre coins du vent,
Que je ne peux ni suivre ni attraper !"

Et aussi:

"Froid, frissons, mains glacées !
Non, la chaudière fonctionne,
C'est la glace au fond de moi"

Merci pour cette lecture
Au plaisir de vous relire.

   leni   
11/3/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai mis un long moment avant de percevoir votre poème Pour y accéder je me suis mis à votre place Au milieu de votre quelque part Et j'ai ressenti une angoisse Une difficulté à maitriser le temps qui passe malgré nous ....C'est la glace au fond de moi..Laisser aller le corps..Et le cordon qui tamise le temps..Puis les chiens...puis le silence...Et la perception momentanée du temps: la vôtre Votre poème pourrait s'intituler :Sensations Comme ce joli texte de Félix Leclerc En fait au lieu d'être sur le divan d'un psy vous êtes sous la couette J'avais loupé mes premières approches Sorry leni

   tchouang   
11/3/2013
Commentaire modéré

   Anonyme   
7/12/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Votre écrit très profond m'a happé complètement, j'en fais plusieurs relectures, toutes aussi attachantes. Vous êtes vrai, vous n'en faites pas de trop. Vos mots sont vibrants, ils sont saisissants.

Le déroulement de ce vécu est là, les images ponctuent les sensations qui transpercent, tant elles sont à fleur de mots.

Qui n'a pas vécu un jour, un tel moment d'angoisse intérieure, où l'on ne maitrise plus son ressenti tant intérieur qu'extérieur. Vous décrivez parfaitement cet état très perturbant. Il faut se retrouver, se rassembler, retrouver ses esprits. Et nos compagnons à quatre pattes sentent cet état-d'âme, mon chien se blottissait tout contre moi, comme pour me dire je suis là, ça va aller, chaleur réconfortante.

Je retiendrai ces deux strophes les plus percutantes pour moi, même si j'ai beaucoup aimé tout l'écrit :

" Refuge sous la couette…
Laisser aller le corps, j'ai appris.
Du bout des doigts tenter de dénouer
Ces démons dévorants, ne pouvoir tous les vaincre,
Attendre les bienfaits de la chaleur. "

Et

" Le silence s'est déroulé en moi,
M'a voituré dans un infini
De neutralité, de réceptivité de l'instant,
Sans question ni pourquoi.
Je suis les graminées qui jouent sur le talus "


Oniris Copyright © 2007-2023