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Poésie néo-classique
HicEtNunc : Plus jamais, jamais plus
 Publié le 22/02/10  -  13 commentaires  -  2719 caractères  -  185 lectures    Autres textes du même auteur

"À chacun son corbeau". Voilà ce que nous dit E.A. Poe.


Plus jamais, jamais plus



J’écrivais dans ma chambre au soir déjà tombant ;
Je n'y voyais guère que mes mains sur la table,
La page découpée comme un rectangle blanc.
Rempli d’un vague songe et de pensées instables,
Quelque force obscure m’empêchait de partir ;
Chaque mot m’échappait comme un mensonge ou pire :
J’hésitais, incertain, ne sachant ni écrire
Ni ce que je voulais dire.

Quand, soudain, j’entendis, avant même de voir,
Le bruissement des ailes d’un très grand oiseau.
Je relevais les yeux : ce plumage si noir
Qu’il en paraissait bleu, sans nul doute un corbeau
Posé sur ma fenêtre, immobile, fixant
La page blanche et mes deux mains ; juste attendant
Ces mots qui ne viendraient pas ; juste m’observant
Sans le moindre mouvement.

Et je l’observais aussi me lorgnant sans fuir,
Moi-même captivé par cette étrange scène,
Je regardais l’oiseau, interdit, sans mot dire,
Autre Ulysse perdu sous le chant des sirènes.
C’est à ce même instant que quelques mots surgirent
Oh, comme il est clair que cette vision m’inspire,
Me disais-je, il me faudra désormais tout dire :
Il me faudra tout écrire !

Mais je ne pus pas même soulever la main
Sous l’œil rond du corbeau qui toujours m’observait :
Quelque effort que je fisse tout paraissait vain,
Et chaque geste échappait à ma volonté !
Sous la lumière du jour faiblissant dehors
Il me sembla que l’oiseau me parla alors :
"Plus jamais, jamais plus"... Et dans un sombre accord :
"Plus jamais...", dit-il, plus fort.

Ma main pâle, inerte et reposée loin de moi,
Je m’entendis parler à l’oiseau pour répondre :
"Pas encore, pas encore...", qui sait pourquoi.
"Plus jamais, jamais plus", répéta-t-il dans l’ombre...
La page blanche seule éclairant ce décor
Semblait comme ma vie s’échappant de mon corps
Je lui soufflais de nouveau dans un suprême effort
"Pas encore, pas encore..."

Mais le corbeau reste là. Je ne peux écrire.
Sur la page maintenant envahie par l’ombre
Je ne vois rien, seule ma volonté s’enfuir,
Et tout autour de moi est devenu plus sombre.
"Pas encore, pas encore..." : je n’entends plus
Ma voix et mes pensées semblent toutes perdues.
Seuls résonnent ses mots : "Plus jamais, jamais plus..."
Oh "Plus jamais, jamais plus !"


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   ristretto   
4/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
bien que je soit pas fan du style : certaines phrases m'ont semblé lourdes,
je dois dire que l'étrangeté du texte suscite un intérêt, un suspens
un mystère (de ce fait la référence à Poe se justifie .. )
et c'est sur cette impression que j'aime ce texte
sans pour autant comprendre vraiment .
je verrai bien ce texte comme une longue introduction à une nouvelle

   Garance   
4/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Une poème de bonne facture. Il traduit avec application une ambiance sombre et laisse deviner les mots de la fin.
Oui, une belle écriture mais qui n'a pas sur moi l'impact du poème d' E. A. Poe.

   Marite   
6/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
J'aurais tendance à considérer ce texte comme de la prose maladroitement mise en vers. A part la régularité des rimes, la dissonnance du rythme et l'agencement des mots dans les "vers" me parraissent incompatibles avec de la poésie néo-classique.
Le fond est intéressant: un écrivain, au soir de sa vie, n'a plus la force d'écrire. Cet oiseau, le corbeau, m'a fait penser à des lettres anonymes...
J'ai bien aimé ""Pas encore, pas encore" en réponse au "Plus jamais, jamais plus"

   Chene   
7/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

Un poème qui n'est vraiment pas abouti... Le choix de la forme contrainte (agencement des rimes) est de plus en plus difficile à tenir ou sombre dans la facilité (les participes présents par exemple) ce qui alourdit d'autant plus le propos que le poème est long... long... long...

Pour tenir en haleine le lecteur avec un texte aussi long, il faut du rythme. Et ce rythme c'est celui que devraient apporter les césures des alexandrins dont la qualité s'effrite au fur et à mesure... que la lecture avance. Rupture de rythme après rupture de rythme, je décroche.

Quant au fond, il n'est pas d'une originalité transcendante à mon avis.

Bref, je sors de cette lecture (de ces lectures...) avec la même impression "d'inabouti", d'inachevé et de lassitude.

Chene

   Anonyme   
10/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
J'ai été d'abord séduite par le premier paragraphe (hormis une césure "gênante" aux 2ème et 5ème vers), où le décor est joliment planté.

Cependant, au global, j'ai trouvé ce texte un peu "lourd", dans le sens où la seconde moitié m'a paru très longue répétitive, et où la rythmique erratique m'a semblé pesante.

En effet, si la recherche de rythme paraît originale (strophes composées de 7 vers de 12 syllabes et 1 vers court de 7 syllabes), l'harmonie en est gâchée par le fait que bon nombre de ces vers de 12 pieds ne sont pas des alexandrins (non-respect de la césure).

Même pour un texte néoclassique, cette cassure de rythme m'a beaucoup gênée.

De plus l'image du corbeau personnifiant la mort, est peu originale et employée à l'excès (à mon goût en tout cas). J'ai pensé aussi à Barbara et son aigle noir, au deuxième paragraphe.

Sinon j'ai bien aimé l'alexandrin "Autre Ulysse perdu sous le chant des sirènes", bien que je n'aie pas compris ici la soudaine apparition de ces sirènes.

   jaimme   
22/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Pour le poème de Poe:
http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Corbeau_%28traduit_par_Charles_Baudelaire%29

L'idée de départ est originale, sur le thème rabâché de la page blanche.
Les spécialistes ont parlé de la forme. Je me limite donc à deux points: cette référence à Ulysse "perdu sous le chant des sirènes" qui me semble à la limite du propos puisque le héros échappe en définitive à ce créatures malfaisantes. Ou est-ce l'optimisme: je suis momentanément sous la coupe de...
Le second point est la longueur du poème: trop importante en définitive pour ne dire qu'une seule chose.
Je salue tout de même la qualité de l'écriture, mais je trouve l'ensemble trop peu musical.
Ah, une chose encore: "très grand oiseau" me paraît exagéré, même pour un animal de 60 cm.

jaimme

   ANIMAL   
22/2/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Un très joli poème dont j'aime beaucoup le fond, que ce soit l'histoire où le déroulement de la narration.

C'est très visuel et le fantastique est bien présent.

Au niveau harmonique, par contre, il y a pour moi pas mal de problèmes de rythme. C'est dommage car cela heurte une lecture qui devrait rester équilibrée tout au long du texte.

Exemple de vers qui pour moi ne sonnent pas à l'oreille (ce sont toujours les derniers de strophes) :

"La page blanche et mes deux mains ; juste attendant
Ces mots qui ne viendraient pas ; juste m’observant
Sans le moindre mouvement."

"Semblait comme ma vie s’échappant de mon corps
Je lui soufflais de nouveau dans un suprême effort
"Pas encore, pas encore...""

Peut être revoir le rythme de ces vers, donc. Mais sinon, j'ai aimé.

   Anonyme   
23/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un thème toujours sympathique à lire à défaut d'être original.
Le poème aurait supporté la suppression (d'au moins) une strophe, en l'état il est un poil long tout de même.
J'aime bien le début (les 4 premiers vers), simple est assez réaliste, pas mal vu quoi.

Les trois dernières strophes avec le corbeau me causent moins, elles semblent un peu redondantes.

Je pense que si ce poème était un peu "lifté", il serait pas mal du tout.

   Anacreodes   
24/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Il y a de l'idée, mais, d'une part je trouve que c'est longuet et d'autre part je découvre beaucoup d'oiseaux, de corbeaux.
Et puis, ces plus jamais, jamais plus...
Sans compter les mots superflus...très grand oiseau... sans nul doute un corbeau... toutes perdues etc...
Je pense qu'une réduction et une dépoussiérage s'imposent pour obtenir un bon texte.

   David   
26/2/2010
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour HicEtNunc,

Mon corbeau a bien aimé, de très jolis vers de strophes en strophes :

"Chaque mot m’échappait comme un mensonge ou pire"

"Je relevais les yeux : ce plumage si noir
Qu’il en paraissait bleu"

"Je regardais l’oiseau, interdit, sans mot dire,
Autre Ulysse perdu sous le chant des sirènes."

"Plus jamais, jamais plus"... Et dans un sombre accord :
"Plus jamais...", dit-il, plus fort."

"La page blanche seule éclairant ce décor
Semblait comme ma vie s’échappant de mon corps"

"Et tout autour de moi est devenu plus sombre.
"Pas encore, pas encore..." : je n’entends plus
Ma voix et mes pensées semblent toutes perdues.
Seuls résonnent ses mots : "Plus jamais, jamais plus..."
Oh "Plus jamais, jamais plus !"

Je pourrais trouver plein de défauts si le poème jouait vraiment de l'alexandrin, ou même juste de la rime, mais il y a autre chose. Je me dis que pour la musique, c'est plus proche de l'original que la version de Verlaine, très prosaïque. La poésie anglaise rallonge des syllabes, leur langue n'obéit pas aux mêmes règles, et ces vers n'obéissent que peu à ce que je connais de ce genre de poème, et pourtant ça tombe très juste il me semble, les citations que je fait n'étant que les points culminant.

Je crois qu'il y a une mise en scène, un jeu d'ombre et lumière :

C'est l'histoire d'une écriture qui n'aboutit pas, et ça démarre dans l'action :

"J’écrivais dans ma chambre au soir déjà tombant"

La page blanche n'est pas une "page blanche" ce n'est pas utilisé au sens figuré de la panne d'écriture, mais comme contraste, avec les mains aussi. C'est le crépuscule, le narrateur est contrarié, des pensées sombres, les mots ne sont pas les bons :

"Chaque mot m’échappait comme un mensonge ou pire"

Vient le corbeau, noir, mais pas lugubre "Qu’il en paraissait bleu" et à nouveau la page blanche et les deux mains, la strophe reste en suspend et l'action repart dans la suivante :

"Oh, comme il est clair que cette vision m’inspire"

Et l'écriture pourrait reprendre, enthousiaste "Il me faudra tout écrire !"

Mais "Mais... " l'écriture ne reprend pas dans cette 4ème strophe. Il y a à nouveau un contraste avec cet oeil de corbeau, l’œil de la nuit, l'inspiration, est souvent lunaire en poésie, mais pas ici :

"Sous l’œil rond du corbeau...
...
...
Sous la lumière du jour faiblissant... "

Ça doit faire du noir sur fond gris ce regard du corbeau.

Ensuite la main revient à la strophe suivante, le narrateur en est aux suppliques, le noir est vivant, le blanc est fatal :
"Ma main pâle, inerte" l'inspiration qui ne vient pas, qui n'a fait que passer, fugace, pose son contraste encore :
""Plus jamais, jamais plus", répéta-t-il dans l’ombre..."

Pas de deuil ni de Lénore comme un Poe, mais pourtant :
"La page blanche seule éclairant ce décor
Semblait comme ma vie s’échappant de mon corps"

La chute enfin où tout s'éteint, il ne restait que cette page "blanche" peut-être la même qu'au début, mal écrite :
"Sur la page maintenant envahie par l’ombre
Je ne vois rien, seule ma volonté s’enfuir,
Et tout autour de moi est devenu plus sombre."

Au final, une plongée dans les ténèbres sur des nuances de gris, où le plus sombre, l’œil de ce corbeau, était peut-être la clef de l'inspiration, qui ne dura qu'un instant. Enfin, c'est comme cela que je m'explique toute la poésie que je trouvais dans le poème, troublant les repères, inversant les tons.

   pieralun   
26/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Pour ma part j'ai bien aimé. Des vers aux mots simples, une construction simple et un rythme fluide.
Quelques recherches de rythme sont un peu lourdes, c'est vrai: "ou pire", "sans mot dire, mais je trouve beaucoup de poésie dans le dialogue qui s'installe entre l'auteur et l'oiseau et les oppositions entre ""Plus jamais, jamais plus !" et ""Pas encore, pas encore...".
Enfin le texte est long mais se lit très facilement

   Astras   
29/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour! En tant que quazi-groupie d'Edgar Poe, je suis partagée entre deux sentiments:

- D'une part, c'est fabuleux de voir un texte stylisé avec les renvois systématiques à l'œuvre d'E.A.P. L'auteur essaie de suivre le tram formel de Nevermore, de travailler la même perspective de narration de la 1ère personne en se référant au temps passé. Ça se sent qu'E.A.P. a fortement marqué l'esprit de ce texte, et c'est une preuve de bon gout.

- D'autre part, le style et les moyens d'expression sont très différents de l'original... L'auteur se concentre sur ses propres ressentis, l'imagerie tourne en rond, il n'y a pas d'histoire à raconter, le rythme n'est pas exactement respecté. Donc, le corbeau n'est plus un symbole, mais le personnage antagoniste du texte. Si on veut faire comme E.A.P., il reste un grand bout du chemin...

Pourtant, "à chacun son corbeau", comme l'auteur dit au début... On voit, qu'il a bien soigné le sien, et ici c'est son intention qui compte le plus.

   Anonyme   
22/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"La page blanche", dramatique, cauchemar de tous ceux qui écrivent, j'aime ici comment vous la présentez, comment vous nous faites partager ce moment d'incertitudes, puis l'angoisse qui s’installe, s'impose.

Cette bien terrible certitude, inenvisageable qui tout à coup s'énonce irrémédiablement dans ce " "Plus jamais, jamais plus..." Oh "Plus jamais, jamais plus !", quel bien sinistre présage énoncé par la présence de ce corbeau, toujours porteur de si sombres nouvelles.

Tout au long de cet texte, nous est fait ressentir ce combat que se livre celui qui écrit, confronté à l'éventualité de n'être plus dans la possibilité d'aligner ne serait-ce, rien qu'une phrase, un mot puis un autre.

J'ai partagé cette immense douleur, cette souffrance qui en ressort, transperce vos mots, ébranlant par ricochet mon émotivité.

Fond comme forme, me conviennent tout à fait. La lecture de ce texte est aisé, très compréhensible.


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