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Poésie contemporaine
Kanth : La chute
 Publié le 24/04/20  -  6 commentaires  -  1640 caractères  -  140 lectures    Autres textes du même auteur

Itinéraire d’un séducteur déchu.


La chute



J’aimais trop les éclats des amours éperdues
Les coupes de vins fins, les fleurs défendues
La couleur d’un rire ou le goût d’une soie
Le parfum d’un soupir, le trouble d’un émoi

Un instant d’abandon m’était une conquête
Plus précieuse que l’or d’une mine secrète
Tous les infinis lents des valses alanguies
M’enivraient d’un bonheur capricieux et maudit

Un plaisir vagabond qui ne cessait jamais
J’étais un dieu mondain et séducteur, mais
J’étais vide de cœur au creux de ma statue
J’étais faux de serments lorsque je disais « tu »

La futile ambition d’une éternelle ferveur
Trahissait mes trompeuses promesses dans l’heure
Les vaines élégances des adieux impatients
Voilaient des yeux déçus d’un mensonge insouciant

La vérité fuyait ma compagnie factice
Et enfin les victimes de mes vains artifices
Échappaient au serpent qui ne fascinait plus
Qui faillit les corrompre et perdre leur salut

L’errance dans la nuit m’était un long manteau
Qui traînait jusqu’à terre pour couvrir un fardeau
De grandes illusions et petites aubaines
Qui ne trompant qu’un jour n’en valaient pas la peine

Alors je suis tombé, comme on chute d’un trône
De degré en degré, jusqu’à mendier l’aumône
D’une piètre débauche, d’une orgie dérisoire
Et mon bel esprit d’or devint une âme noire

Blafard froid et cruel vint le soleil d’hiver
Tomber sur les haillons de ma folie d’hier
Ma splendeur enfouie sous un tas d’immondices
Et mon nom oublié des belles de jadis


 
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   poldutor   
5/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
"Qui trop embrasse, mal étreint"
Vivre une vie de débauche, dire "je t'aime" et n'en rien penser, vivre des amours frelatées finit par provoquer une fuite en avant et amener un dégoût de soi, auquel s'ajoute l'âge venant, la décrépitude et pour qui a vécu en charmeur, "plus dure est la chute..."
De beaux vers évoquant cela :

"J’aimais trop les éclats des amours éperdues
Les coupes de vins fins, les fleurs défendues
La couleur d’un rire ou le goût d’une soie
Le parfum d’un soupir, le trouble d’un émoi"
Voici le "credo" du "don Juan" compulsif...

"Un instant d’abandon m’était une conquête"

"J’étais un dieu mondain et séducteur, mais
J’étais vide de cœur au creux de ma statue"

"La vérité fuyait ma compagnie factice"

"Alors je suis tombé, comme on chute d’un trône
De degré en degré, jusqu’à mendier l’aumône
D’une piètre débauche, d’une orgie dérisoire"

"Blafard froid et cruel vint le soleil d’hiver
...Et mon nom oublié des belles de jadis"

Remarquable.
Bien écrit.
Bravo
Cordialement
poldutor en E.L

   papipoete   
24/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Kanth
un texte sur l'avantage d'être beau de corps, à défaut d'avoir le cerveau lent, les idées courtes, mais de danser comme un Dieu...qui fait se pâmer les filles, attendant comme à la boulangerie son pain de chaque jour.
mais vient le jour où le trait s'épaissit, les cheveux se bataillent, et le rock un peu comique ! le reste souvent pathétique...
le moche ( comme moi ) a cette chance inouïe, de ne pas tomber d'un piédestal... n'y étant jamais monté, seulement contenté de regarder le dandy faire virevolter les filles valsant, faire rocker les minettes, et ramasser des vestes à la pelle !
NB j'aime bien la tournure de votre récit, avec ce mec trop habitué au " so chic ", et faire tomber tout ce qui porte jupon ; je souris en vous lisant, juxtaposant vos lignes sur des gars de mon âge, qui " se la jouent " encore, au volant de leur décapotable, le bras sur la portière mais le crâne quelque peu décapoté aussi !
la 4e strophe colle tout à fait à ce que je viens de vous écrire !
l'avant-dernière par contre, si vraie, me fait dire " t'as pas honte d'être si méchant , "
un vrai contemporain avec des mots qui font mouche !

   Corto   
24/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voici un poème qui appelle le sourire.
Ainsi le beau (ou le bellâtre ?) sûr de lui et peu soucieux de ses belles d'un instant , découvre que tout a une fin. Surtout la jeunesse et la conquête !

Le tout est joliment décrit.
J'en relève quelques pépites
"La couleur d’un rire ou le goût d’une soie
Le parfum d’un soupir, le trouble d’un émoi"
ou "Un plaisir vagabond qui ne cessait jamais
J’étais un dieu mondain et séducteur".

Le descente du piédestal se fait sans douceur
"Alors je suis tombé, comme on chute d’un trône"
et "Blafard froid et cruel vint le soleil d’hiver".

'Faut-il pleurer ? faut-il en rire ? Je n'ai pas le cœur à le dire On ne voit pas le temps passer' aurait aimé chanter Jean Ferrat, dont je partagerais volontiers l'appréciation...

Ce poème est si bien écrit que le flot des mots et des images coule sans obstacle.

Bravo Kanth.

   Vincente   
25/4/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bon l'exergue annonce la couleur, mais de fait l'annonce trop. Vu que le titre lui embraye le pas assez "abruptement", on a là deux prédispositions qui laissent peu de "choix" au lecteur.

Ce pourrait être deux détails, le titre et ces quelques mots qui vont aider à se placer au bon endroit pour [ap]percevoir l'objet à apprécier. Si l'on peut être d'accord pour considérer qu'ils ne sont pas le poème, ils ne sont pas non plus là pour lui faire de l'ombre. Prédisposition discrète à ménager donc.

Concernant le propos, j'ai trouvé l'intention bien "discernante", pleine d'une acuité que l'œil vieilli du narrateur trouve en compensation de sa brillance passée, c'est très touchant de suivre ce regard qui revient sur lui-même… presque sans pudeur. Il y a une sorte d'acte de contrition où s'avouant défaillant, le "repenti" décide de l'écrire et de le déclarer. Oh pas pour recommencer à zéro, non de façon bien plus humble, pour le regretter en toute humilité.

La forme a un côté litanie, pourquoi pas ! d'autant qu'il semble y avoir de quoi se morfondre sensiblement. Mais ce qui m'aura gêné à la lecture, c'est qu'après les deux prédispositions dont je parlais plus haut, la disposition à laquelle l'auteur me fait participer est très vite répétitive. Les six premiers quatrains en alexandrins paraissent par trop systématiques, le lecteur cherche alors pour ne pas se lasser quelques jolis vers comme ceux-ci par exemple :

" Tous les infinis lents des valses alanguies "

"Les vaines élégances des adieux impatients
Voilaient des yeux déçus d’un mensonge insouciant
"

Mais la bonne surprise vint dans la strophe la plus intéressante qui mène à cette belle trouvaille "d'âme noire".

" Alors je suis tombé, comme on chute d’un trône
De degré en degré, jusqu’à mendier l’aumône
D’une piètre débauche, d’une orgie dérisoire
Et mon bel esprit d’or devint une âme noire
"

La capacité d'introspection et l'écriture travaillée auraient pu permettre, il me semble, une rencontre plus déterminante avec le lecteur. Je verrais déjà simplement à mieux ajuster titre et exergue pour qu'ils deviennent de discrètes inflexions et peut-être alléger de deux strophes les six premières "plantant le décor" du passé du séducteur.

   Donaldo75   
25/4/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Kanth,

J’ai bien aimé ce poème. Je trouve que le format – long mais pas trop juste à la limite supportée par mes neurones de lecteur – et le genre contemporain avec les rimes et la métrique travaillés de manière à lui donner une forme respectable et presque classique, vont bien avec ce thème très français, presque théâtral. Et c’est cette théâtralité, ce faux classicisme qui rendent l’ensemble réussi.

Merci pour le partage.

   Hiraeth   
25/4/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Dommage que la prosodie soit fautive parfois (vers 2 et vers 3 par exemple, onze syllabes), ça fait mal à l'oreille. Sinon c'est un texte agréable à lire, au rythme entraînant. J'aime beaucoup les deux dernières strophes de ce point de vue, qui rappellent un peu les fins de certains poèmes d'Apollinaire, tranchantes comme un couperet et laissant pourtant le texte flotter dans l'air pour ainsi dire, à cause de l'absence de ponctuation.

"Un instant d'abandon m'était une conquête
Plus précieuse que l'or d'une mine secrète"

Je ne peux m'empêcher de voir dans cette mine secrète une métaphore sexuelle :-)
Le propos serait donc le suivant : ce qui importe au séducteur, c'est moins l'acte sexuel en lui-même que la gloire de voir sa victime céder enfin à ses assauts.


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