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Chansons et Slams
Kemo : Je danse
 Publié le 11/04/23  -  4 commentaires  -  3566 caractères  -  72 lectures    Autres textes du même auteur


Je danse



« J’habite dans une cabane
Mon jardin n’est jamais le même
Ici non rien jamais ne fane
J’en parle un peu dans mes poèmes…
On m’dit que c’est pas ça la vie
Qu’il serait temps de travailler
Si je prends mon temps aujourd’hui
C’est pour lui apprendre à valser…

Je danse.

– Je suis couchée sur le trottoir
Dans la pénombre des lumières
Là où il n’est jamais trop tard
Je n’ai pas grand-chose à y faire…
En haut d’la rue c’est le triomphe
J’dors en bas des champs élimés
Et mêm’ si j’ai les pieds qui gonflent
Et plus personne à faire tourner…

Je danse.

– Je suis à l’est pour les uns
Je suis à l’ouest pour les autres
Moi je ne suis certain de rien
J’suis né ici, c’est pas ma faute…
De l’autr’ côté de la frontière
Ça ne s’est pas joué à grand-chose
Et si je ne peux rien y faire
Avant qu’une bombe m’explose…

Je danse.

– Je regarde monter la mer
Mais je sais qu’elle redescendra
J’ai moins de matins que d’hiers
Je marche aux traces de nos pas…
Et qui se souviendra de moi
Comme je me souviens de toi
Je sais que c’est bientôt la fin
Alors j’attrape tes deux mains…

Je danse.

– Moi j’ai neuf ans, peut-être moins
Je vis au creux d’une montagne
J’ai toujours une arme à la main
C’est pour pas que les méchants gagnent…
Les grands me disent qu’ils sont fiers
Que je suis fort et courageux
Et je me souviens de ma mère
Les balles pleuvent dans mes yeux…

Je danse.

– Je vis dans un quartier béton
De ceux qui passent en télé
On m’a jamais d’mandé mon nom
Il est trop dur à prononcer…
Les réverbères et gyros
Ma banlieue s’allume la nuit
Moi j’monte le toit le plus haut
Je lève mes deux yeux et puis…

Je danse.

– J’suis amoureus’ d’un mauvais gars
En fait il n’est pas si mauvais
Au début il ne m’frappait pas
C’est après qu’tout a commencé…
Il m’dit parfois des mots tout bas
Qu’il m’aime trop et c’est pour ça
Si j’parle aux autres, il est jaloux
Son poing caresse un peu ma joue…

Je danse.

– J’suis pas rentable et j’suis viré
Mon patron s’en est excusé
Il était tellement ému
J’avoue que je l’ai un peu cru…
Il m’dit comme ça « faut pas s’en faire
Vous êtes jeune, en bonn’ santé ! »
J’ai décidé d’fair’ l’tour d’la Terre
Par la fenêtre j’ai sauté…

Je danse.

– Je manifeste des idées
Sans cramer toutes les poubelles
De temps en temps j’me fais gazer
Pourtant je n’suis pas tant rebelle…
J’suis pas tout seul dans cette rue
Mais les lois passent sans voter
Plutôt que de m’avouer vaincu
Je mets le drapeau sous mes pieds…

Je danse.

– Première fois que j’prends la mer
Maman m’a dit qu’ça coûtait cher
Mon père attend de l’autr’ côté
C’est lui qui nous paie le trajet…
Y a plein de gens dans ce bateau
J’connais pas la destination
On m’a dit de m’jeter à l’eau
Entre les hommes, les poissons…

Je danse. »

J’écris des poèmes la nuit
Inspirés des histoires vraies
Tant que les mots restent gratuits
On peut encore en profiter…
C’est comme une chorégraphie
Mêlant l’horreur à la beauté
Un texte n’est jamais fini
Il ne fait que recommencer…

Je danse.


 
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   jeanphi   
1/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
La jeunesse rêve, ce qu'elle fait souvent de meilleur pour le monde, c'est le point commun à vos danseurs, le constat des réalités s'impose chaque jour, à chaque page, à chaque pas. Votre tableau s'ouvre progressivement, se déplace, les paramètres fluctuent, demeurent les idéaux semblables. Le point de départ et d'arrivée de votre texte est comme une boucle, jamais bouclée.
Une solennité émouvante derrière des mots vifs et dynamique.

Au plaisir de vous lire

   Yavanna   
11/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Chansons/slam est un genre que j'ai parfois du mal à aborder, mais j'avoue qu'ici j'ai été emportée par le rythme et le côté "tragique mais non pathos" du texte. Je trouve l'ensemble que l'ensemble sonne bien et juste.

   Geigei   
11/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Avec mes références de profane, j'ai pensé aux chansons à liste qu'appréciait Renaud, comme "Laisse Béton" ou, plus proche, "Dans mon HLM".
Ça, c'est pour le côté "revue" et humour grinçant. "J’dors en bas des champs élimés" est un jeu de mot mais le couplet parle quand même des sans-abri.
Pour la métrique aussi puisque j'ai essayé de chanter ce texte avec le rythme de "Laisse Béton" et les couplets passent très bien. Remarque mineure car toutes les chansons en octosyllabes passeraient...

L'ambition est grande puisque le texte évoque aussi le dérèglement climatique, les guerres, des enfants soldats, les quartiers défavorisés, les violences dans les couples, le chomage, le 49-3, les migrants...

Et le côté Stromae, forcément, pour "Je danse" comme refrain. "Je danse malgré tout" parce qu'il faut bien supporter cette chienne de vie.

Je salue l'intention, la compapassion, la douceur même dans la dénonciation, mais on se prend un peu toute la misère du monde dans la tête. On danse, certes, mais ça reste lourd. Le côté "chaînes d'infos en continu" n'est pas simple à entendre quand on en a déjà trop entendu.

Dansons !

   Edgard   
11/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Kemo,
La misère de l'enfance, j'y suis évidemment sensible, et votre slam me touche.
Bien sûr c'est un peu long...mais à vouloir faire le tour, ce pourrait être encore plus long. Le problème c'est qu'à vouloir tout intégrer, le lecteur se perd un peu et à la fin on a l'impression d'avoir survolé et on ne sait plus bien par où on est passé.
Mais je loue en même temps votre sensibilité, et votre style simple et plein d'images prenantes...avec parfois un humour un peu noir qui n'est pas du tout choquant.
Ça passe mieux en le chantant, ça a déjà été dit. C'est une épine de plus enfoncée dans notre indifférence, et ce n'est jamais assez.
Merci


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