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Poésie libre
Laranco : Terrain vague
 Publié le 06/06/11  -  8 commentaires  -  1047 caractères  -  153 lectures    Autres textes du même auteur

Il est des lieux comme égarés...


Terrain vague



Terrain vague
espace-fuite dans la cité
retour au point-départ que le citadin
craint
déchirure béante du tissu urbain
qui s'intercale entre les décors bien torchés ;

vague intempestive de désordreux terrain
cueilleur d'ombres où se tapissent tous les dangers,
où viennent s'engouffrer tous les fétides vents...

royaume du silence d'où tout peut surgir :
fût rouillé,
buisson laid ou flaque d'eau croupie,
gravats, grabats, terre obscène
saignée à blanc,
et quelquefois cadavre de femme étranglée
que quelque épave découvrira
par hasard

Terrains vagues...

et vos monceaux de sordidité
votre refus d'obtempérer,
votre air marron (*),
votre détresse enracinée dans la laideur,
en les méandres glauques de votre beauté

car il y a - toujours -
beauté
à se soustraire...




(*) "Marron" fait ici référence au marronage des Noirs au temps de l'esclavage.


 
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   Anonyme   
12/5/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Superbe conclusion ! La note, pour moi, n'est pas utile : le lecteur qui avait compris en est agacé je pense, et celui qui n'avait pas compris se dira plutôt (toujours selon moi) que c'est bien des chichis tout ça. Ou bien le contexte suffita à aiguiller la lecture, ou bien non, et dans ce cas ce serait peut-être bien d'inclure une allusion dans le texte même... Enfin, c'est vous qui voyez bien sûr. Simplement, une note d'érudition en bas de page je trouve que ça ne le fait pas tellement en poésie.
Le reste du poème me plaît bien, je le trouve évocateur.

   Arielle   
24/5/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
L'idée de départ est excellente et j'aime particulièrement les trois derniers vers (cet alexandrin éclaté) où s'affirme la beauté insolite des lieux laissés à l'abandon.
des images et des formulations très parlantes :
"cueilleur d'ombres où se tapissent tous les dangers,"
"votre refus d'optempérer,"
"votre détresse enracinée dans la laideur"
Cependant me gênent dans leur forme ces vers trop proches de l'alexandrin sans en être, la plupart du temps. Cela donne au texte un rythme bancal qui aurait pu être facilement évité en s'éloignant plus catégoriquement du vers de référence.
Je n'aime pas trop ce "désordreux", néologisme que je trouve un peu lourd ni la présence de ce cadavre féminin qui donne soudain au texte la précision d'une scène de crime alors que jusque là on était dans le vague de toutes les friches urbaines. Partagée donc, entre le fond et la forme

   Lunar-K   
27/5/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une description incroyablement riche et originale de ce vide qu'encercle la ville, cette déchirure urbaine qui est là comme pour nous rappeler d'où tout est venu, ce no man's land, lieu de tous les possibles, du pire et de toutes les résistances. Une certaine grandeur émane de ce portrait pourtant peu flatteur, la grandeur du condamné en lutte, de la révolte. Une description qui ne reste pas passive, une description qui a du mordant et qui crie l'insoumission de ce lieu. Et ce cri fait mouche.

La forme m'emballe presque autant que ce thème. C'est d'ailleurs elle qui fait que celui-ci me plaît tant puisque, un terrain vague, cela n'a au fond rien de fort palpitant. Mais le traitement est vraiment original. Les images employées sont fortes, le langage tient la route avec quelques éclats de temps en temps comme :

- "vague intempestive de désordreux terrain"
- "gravats, grabats, terre obscène"
- "car il y a- toujours - / beauté / à se soustraire..."

Voila pour les vers qui m'ont le plus secoué bien que, dans l'ensemble, l'écriture m'a davantage emporté par sa cohérence que par ces quelques "coups d'éclat".

Un seul reproche en ce qui concerne la forme, mais c'est vraiment le seul défaut que je trouve dans ce texte et qui a pu déranger ma lecture :

"cueilleur d'ombres où se tapissent tous les dangers,
où viennent s'engouffrer tous les fétides vents...
royaume du silence d'où tout peut surgir"

Ça fait trois "tout/tous" en trois vers. Je trouve que ça fait beaucoup, déjà rien que les deux premiers ne me paraissent pas terrible...

Mais sinon, un texte fort, chose rare quand il s'agit d'une description, d'allier forme et fond, observation et engagement. Or j'aime beaucoup lorsqu'un auteur s'engage dans son texte et y va avec sa personnalité, ce que vous avez fort bien fait ici.

   Charivari   
25/6/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai trouvé ce texte très juste et très profond. Hélas, si les formules conviennent parfaitement pour un arrière plan de roman ou de nouvelle, je ne trouve pas qu'elles fonctionnent telles quelles pour un texte poétique. Donc pour moi, un texte à garder absolument, pour réutiliser dans un autre contexte.

Je vais néanmoins mettre une bonne appréciation, parce que je suis un amoureux des terrains vagues, et que je trouve ce texte vraiment très parlant.

   Pascal31   
7/6/2011
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai été surpris par ce "désordreux" inopiné... Mais peut-être avez-vous souhaité créer un mot très laid pour qualifier un endroit très laid ?
Ensuite, je n'ai pas apprécié la présence de la "femme étranglée", élément incongru dans le capharnaüm habituel des terrains vagues.
Le dernier point qui m'a agacé, c'est l'astérisque et l'explication finale : je trouve cela très gênant en poésie, et assez inutile, en fait.
Hormis ces quelques points, c'est un poème très imagé, très visuel, qui nous est proposé. J'ai beaucoup aimé l'énumération qui suit le "où tout peut surgir", jusqu'à "saignée à blanc". Et puis les quelques mots de conclusion : parfaits !
Dans l'ensemble, un poème que j'ai apprécié.

   David   
10/6/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Laranco,

C'est un "beau" contraste le mot double du titre, à la façon d'une devise du capitaine Nemo, le terrain-vague serait lui aussi "mobile dans l'immobile" dans ce poème. C'est la fin qui m'a intéressé, à rebours je peux trouver des allusions dans les mots composés comme "espace-fuite" ou "point-départ" peut-être, c'est toujours un mouvement en tout cas, que la fin met en avant avec cet "air marron", cet air de fuyard, si j'ai bien compris.

C'est marrant d'imaginer cette beauté par soustraction, enlever ou s'enlever du paysage apporterait ce +

   Cyrielle   
4/7/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément
Une très belle description de ce lieu qu’est le terrain vague parce qu’il me semble que le réalisme s’équilibre avec la poésie.

Les images sont belles et très riches : je les ai perçues comme étant fidèles à la réalité (« déchirure béante du tissu urbain ») tout en la renouvelant (« vague intempestive de désordreux terrain », « royaume du silence »).

Le propos est déroulé dans une forme qui l’épouse parfaitement. En effet, la construction des strophes répond à l’évocation du thème : diverses mais gardant chacune son unité propre. Ainsi, la troisième strophe repose sur un procédé d’énumération qui n’est pas sans me rappeler l’amoncellement d’objets divers et variés propres à ces lieux. L’avant-dernière strophe me donne l’impression de mimer le lieu : comme le terrain vague (« cette déchirure béante »), elle représente une déchirure dans ce poème en raison de l’adresse directe au lecteur interpellé par le pronom « vous ». Ce procédé rompt en apparence l’unité descriptive qu’on retrouve cependant grâce au procédé de l’énumération. C’est donc une description cohérente et bien menée tant au niveau du fond que de la forme.

Le final de ce poème m’a également plu. Il rompt harmonieusement avec la tonalité descriptive car il introduit une dimension réflexive qui m’a semblée être une ouverture. En effet, associée à la strophe précédente qui interpelle le lecteur, je l’ai interprétée comme une invitation pour le lecteur à renouveller son regard sur cette réalité qu’est le terrain vague… grâce à la beauté, c’est-à-dire à la poésie.

Un beau moment de lecture poétique intéressant et enrichissant !

   Anonyme   
10/2/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Il y a cette réputation de laideur et de malfamé qui colle au "Terrain vague", peut-être sont-ils très nombreux à avoir cet aspect, mais j'en connu un qui n'avait rien avoir avec tout ce délabrement. Il est vrai que l'être humain a horreur du vide, alors il le remplit comme il peut, et pas toujours de bonne façon.

Quelques phrases sonnent à mon oreille pas joliment :

- "qui s'intercale entre les décors bien torchés" (j'accroche sur ce "torchés - peu élégant)
- " ou viennent s'engouffrer tous les fétides vents ..." (pourquoi cette inversion, je trouve que là, elle ne convient pas du tout)
- " en les méandres glauques de votre beauté" (ce "en les") donne une sonorité désagréable).

C'est un texte sans vraiment d'originalité, la description est presque banale (quelque fois cadavre de femme étranglée), tout y est, mais j'aurais aimé avoir une autre approche de cet endroit, plus contrasté, qui me révèle plus percutant.


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