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Poésie classique
Lebarde : Insupportable
 Publié le 22/01/24  -  10 commentaires  -  871 caractères  -  202 lectures    Autres textes du même auteur

Au point de vouloir en finir et d'oublier la poésie.


Insupportable



La douleur, suppôt de l’hiver,
Mord, transperce et mâche la chair.
Effrayante.
Elle brûle, broie et pétrit,
Elle martyrise et meurtrit,
Étouffe, lacère et flétrit.
Terrifiante.

Elle gifle, écorche et pourfend,
Fait pleurer l’adulte et l’enfant.
Affligeante.
Elle flagelle les humains
Les forçant à joindre les mains
Jusqu’à renoncer aux demains.
Bouleversante.

Elle croque et brise les os
À la façon de Déimos.
Angoissante.
Elle oppresse et serre le cœur
Produit le fiel et la rancœur
Vampirise jusqu’à l’honneur.
Avilissante.

Elle agresse et griffe le sein,
Les viscères, dos et bassin.
Obsédante.
Quand la douleur ronge le corps
Attaquant même les plus forts,
Les vivants jalousent les morts.
Humiliante.


 
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   poldutor   
6/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour
Wah ! tout y passe, je plains le malheureux frappé de tous ces mots, je peux comprendre que "les vivants envient les morts", bien que le fabuliste ait dit : "plutôt souffrir que mourir"...

Il y a là tant de façons de subir, la première strophe à elle seule ferait le bonheur d'un bourreau du troisième Reich ! et les autres sont à l'avenant !
Des vers en octosyllabe plus un "renvoi" en tétrasyllabes sont peu courants sur Oniris.
Bravo.
poldutor en E.L

   Robot   
7/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le souffrance qui s'exprime ici par la force des vers et l'intensité des images se fait obsédante et sans échappatoire.
Même la poésie dont on dit d'ordinaire qu'elle apaise ne paraît pas ici pouvoir agir puisque le narrateur dans son préambule semble déterminer à l'oublier.
Un texte qui ne laisse pas indifférent dans l' évocation réaliste de ses douleurs physiques et morales

   Miguel   
9/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Une métrique un peu étrange, mais parfaitement classique. Les trois rimes de suite dans chaque strophe, et la rime récurrente en "ante", l'allongement du dernier vers par rapport à son binôme, tout cela donne une impression d'obsession, de ténacité, et ces rimes en "ante", qui mêlent le ressenti moral et le ressenti physique, expriment bien le caractère envahissant de la douleur, qui habite l'être en entier.

Miguel, en EL

   Cristale   
10/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Des strophes de sept vers, assez rares, hétérométriques, encore plus rares, parfaitement composées.
Le poème aurait peut-être gagné en "puissance poétique" en continuant sur huit syllabes avec ces mots de trois et quatre syllabes à la rime mais je comprends la démarche du narrateur pour qualifier, avec des mots brefs, la douleur de façon cinglante, comme elle l'est elle-même, enfin, c'est ce que je crois avoir compris.
Une certaine distance est mise entre le sujet du poème et le narrateur, Pourtant je lis en exergue : "Au point de vouloir en finir et d'oublier la poésie."
Mes félicitations pour l'originalité de cette composition.

   papipoete   
22/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
classique
Je vous arrête tout-de-suite ! ce texte n'est point " classique ", plutôt " contemporain " en octosyllabes, avec ce vers " refrain " sur 3 pieds.
Quand la douleur gagne sur tous les fronts, nous met genou à terre ; torture le corps et le coeur, et nous fait haïr le " bien portant ", bien qu'encore " vivant ", on jalouse les morts.
NB une étude au sein du tourment, engin qui ne tombe jamais en panne ( même en place de Grève )
On vous suit mal après mal, en acquiêssant
- eh oui, je sais ;
- eh oui, je vous comprend
- bon courage à Vous...
La seconde strophe, qui voit pleurer... même un adulte, est mon passage préféré.
PS bouleversante, compte 4 pieds/avilissante idem
papipoète

ohhhhhh qu'ai-je écrit ce jour du 12 janvier en " lecture aveugle " ?
je devais avoir un emmêlement,( façon ligne de pêche ) de neurones ce jour-là ?
bien sûr ( voir COX )
" terrifiante " se lit en diérèse
" humiliante " de même et comptent 4 pieds !
avec toutes mes excuses cher poète, pour cette bourde.
papipoète " p'tit nouveau en Classique

   Ornicar   
15/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Que de maux effroyables nous attendent ! Et l'exergue, qui ne fait pas dans la nuance, sape bien le moral du lecteur si d'aventure il nourrissait encore quelques illusions au sujet de la vieillesse.

C'est un poème qui "envoie", qui "arrache", sur un ton affirmé, bien présent, qui nous embarque avec lui pour ne plus nous lâcher jusqu'à sa conclusion finale sans espoir ni rémission possibles puisque même "les vivants jalousent les morts"."Au point de vouloir en finir". J'ose croire et j'espère sincèrement que l'état d'esprit du narrateur n'est pas celui de l'auteur.

L'accumulation de verbes qui "font mal", conjugués au présent de l'indificatif, donnent de la force à ce poème. Sans la moindre transition la première strophe nous saisit littéralement. La troisième est du même ordre. Je trouve la deuxième et la quatrième légèrement en dessous, chacune en raison de leur deuxième vers.
- "Fait pleurer l'adulte et l'enfant" : sur l'échelle de la douleur, ces "pleurs" me paraissent être bien peu de chose après les vers qui précèdent. Presque un instant de répit.
- "Les viscères, dos et bassin" : L'irruption du mot "bassin" me semble prosaïque, uniquement justifié par les nécessités de la rime. Sans doute parce que cette partie de l'anatomie m'évoque malheureusement l'accessoire qui va avec... Mystère des associations mentales et cocasseries de la langue !
Pour finir, le recours fréquent au pronom personnel "elle" me gêne un peu. D'infimes réserves somme toute "supportables", que j'ai pu aisément endurer, je vous rassure.

La srtructure des vers et l'agencement des rimes sont originaux et illustrent bien le propos. Les rimes en "antes", notamment, se font lancinantes et obsédantes comme peut l'être une grande douleur. Bravo !

   Provencao   
22/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Lebarde,


"Quand la douleur ronge le corps
Attaquant même les plus forts,
Les vivants jalousent les morts."

J'aime bien cette question de la douleur qui conduit ainsi à reconnaître ce qu’il y a d’irréductible en soi....

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   M-arjolaine   
22/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
J'ai aimé ce poème, le rythme récurrent des troisième et septième vers et leur rime en "ante" qui revient comme une ritournelle.
Je trouve la douleur exprimée ici très corporelle, elle m'évoque des corps tordus, des visages déformés, des vomissements de bile et de paroles...
Merci pour ce texte !

   Ascar   
23/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
belle et intelligente déclinaison de la douleur au travers de ses effets. Le style est moderne et la redondance de l'adjectif isolé tous les 3 vers donne de la percussion au texte.

merci pour ce partage

   jackplacid   
24/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Puissante évocation de la douleur qui mache,brule,petrit,lacere ,etc ...
l'emploie des rimes en "ante"(effrayante, terrifiante, affligeante, bouleversante, angoissante, avilissante, obsédante, humiliante vient marteler comme une douleur la fin de chaque strophe .
"Quand la douleur ronge le corps / Attaquant même les plus forts, / Les vivants jalousent les morts," conclue ce poeme tres noir .
Pour plus de rythme j'aurai supprimé les 6° vers de chaque strophe sauf a la dernière


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