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Poésie néo-classique
LenineBosquet : Le der de la Der [concours]
 Publié le 24/11/18  -  19 commentaires  -  1000 caractères  -  357 lectures    Autres textes du même auteur

Vie et mort d'Augustin Trébuchon, le dernier mort officiel de la Grande Guerre.


Le der de la Der [concours]



Ce texte est une participation au concours n°26 : Centenaire de l'Armistice 14/18
(informations sur ce concours).





La faute à pas de bol, c'est la poisse qui colle
Comme la boue au corps, comme la mort au cul.
Verdun, l'Artois, la Somme, à tout j'ai survécu
Mais la Camarde vole et va, sans protocole,

S'abattre sur mézig. J'étais dans l'agricole
Avant la guerre, avant d'être fier et cocu ;
Et c'est à la parfin, quand le Boche est vaincu,
Qu'alors moi je clabote et que Foch caracole...

Je gardais mes moutons près Saint-Privat-du-Fau
Mais, le patriotisme étant un gros défaut,
J'enfilais mon barda sans sourire factice.

Mon nom c'est Trébuchon, mon prénom Augustin,
J'ai reçu balle en tête – oh, Dieu que c'est crétin !
Juste un quart d'heure avant que sonne l'armistice.


 
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   solo974   
30/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour,
J'aime bien votre poème.
Rendre un hommage au dernier mort officiel de la Grande Guerre, comme vous le précisez dans l'incipit, m'a en effet paru une très bonne idée.
J'ai également apprécié le style familier - sinon argotique - choisi ("la mort au cul", "la Camarde", "mézig", "clabote", "que c'est crétin !"), qui tranche avec la catégorie choisie.
En revanche, j'ai un peu de mal avec le mot "Boche", même s'il était usuel à l'époque j'en conviens, et l'expression "J'enfilais mon barda".
Enfin, la narration à titre posthume pose selon moi un problème de cohérence. Mais ce n'est là que mon point de vue.
Bien à vous.

   dom1   
2/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce ne n'est rien, et à la fois beaucoup, tombé comme tant d'autres, sur un champ de bataille, comme il y en a eu tant.
La désinvolture de votre texte colle bien à ces événements moribonds, inhumains et pourtant si humains...

domi...

   lucilius   
5/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Le der de la der, ou comment se faire niquer par la mort (je poursuis sur un ton débonnaire).
Deux tricheries pour conserver la rime, qui ne passent pas inaperçues :
"Je gardais mes moutons près Saint Privat du Fau", et
"J'ai reçu balle en tête…".
Je m'en affranchirais bien s'il ne s'agissait là d'une participation à un concours, et mon appréciation générale en tient donc compte.

   Anje   
6/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Néo-classique.
Je ne sais si Augustin Trébuchon parlait ainsi mais le vocabulaire utilisé ici colle bien à la peau du pâtre. L'ensemble m'a plu même si "mézig" pour mézigue et "j'ai reçu balle en tête" m'ont un peu gêné.

   papipoete   
6/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
néo-classique
Je suis né avec " pas d'bol ", un copain comme " d'la chance ", mais moi c'est le premier qui ne me quitte pas, ne m'abandonne jamais ! On m'a invité à la guerre, pure formalité de quelques mois, yen a même qui parlaient en semaines !
Et ya pas d'bol qui m'a servi son dernier cadeau, une balle en pleine tête ... " juste un quart d'heure avant que sonne l'armistice ! "
NB même dans la boue, au milieu des rats et des cadavres qu'ils dévoraient, les soldats rigolaient, c'était sûrement rare ! mais l'histoire de ce pauvre Trébuchon les aurait sans doute faire rire et pleurer juste derrière ... Mais c'est vrai que ce poilu n'avait vraiment pas d'bol !
la seconde strophe est assez " croquignolesque ", comme dirait ...
papipoète

   Anonyme   
7/11/2018
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Un texte assez moyen, je trouve.

J'ai plus l'impression de lire une chanson populaire un peu ironique ou cynique qu'un poème néo-classique. Ce qui a l'arrivée donne un côté un peu pathétique au texte.

C'est pourtant bien écrit, mais je n'adhère pas trop à cet hommage, désolé.

   Bidis   
24/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cela sent son troufion et le vocabulaire probable des tranchées. Le brave type qui accuse la malchance et ne fustige ni l'ennemi ni l'armée, qui accepte les choses comme elles sont parce qu'il n'a de prise sur rien. Bref, j'ai trouvé le ton très juste et le rythme agréable à l'oreille.

   plumette   
24/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
j'ai toujours un peu de mal avec les narrateurs qui nous viennent de l'au delà!

ça c'est ma réserve sur ce texte dont j'ai aimé le thème et le ton et les rimes.

ce vocabulaire argotique permet de sourire de ce qui est dramatique, Augustin lui-même semble tourner en dérision son triste destin.

Plumette

   Francis   
24/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Trébuchon, ton voyage au bout de la nuit s'est achevé à l'ultime station. Comme Bardamu, tu fus emporté par le flot du patriotisme. C'est fini, pour toujours, tu ne reverras plus ta campagne, tes moutons. J'aime ce ton qui me fait penser à Céline. Il souligne l'absurdité de cette boucherie. Il y a des dizaines de Trébuchon sur les monuments aux morts de nos petits villages gravés dans le marbre. Du Tocsin au clairon de l'armistice, De l'Artois à Verdun, ils furent fauchés par la folie, fille du patriotisme. Merci pour ce poème.

   Donaldo75   
24/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Ce poème néoclassique sonne comme une chanson populaire au ton ironique qui va bien avec la folie des hommes. Cette tonalité ne tombe pas dans le piège du thème, à savoir la gravité historique de l'époque, de l'Armistice et de tout ce qui s'est passé pendant la première guerre mondiale.

Bravo !

Don

   Anonyme   
25/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Le langage utilisé peut-il correspondre à celui de ce berger Lozérien, je ne sais pas, mais ça donne une particularité à ce texte.
Toutefois, j'ai trouvé que " protocole " et " sourire factice " détonnent un peu.

" Qu'alors moi je clabote et que Foch caracole " le fond est très intéressant.

Augustin Trébuchon fait partie des cinq derniers tués de cette guerre. Le tout dernier - 60 secondes avant le cessez-le-feu - fut l'américain Henry Gunther.

   Corto   
25/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il est difficile d'évoquer cette mort si absurde au tout dernier moment sans tomber dans le pathos. Ici le ton choisi comme le vocabulaire remettent les choses à leur place avec ce premier vers "La faute à pas de bol, c'est la poisse qui colle".
"oh, Dieu que c'est crétin !" complète bien la démarche.
L'émotion est au rendez-vous.

   TheDreamer   
25/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un sonnet néo-classique, poème resserré pour dire l'abomination de la guerre. L'idée n'est pas mauvaise. Vous choisissez d'évoquer comme un autre auteur lu il y a quelques temps ce dernier soldat tombé le jour de l'Armistice.

Ici, la forme est celle du sonnet de style marotique en ABBA ABBA CCD EED.

Le ton que vous empruntez est celui d'un cynisme mâtiné de désespoir, de colère et de résignation. Le rythme du poème en plusieurs endroits est saccadé, rapide comme celui des rafales de tirs (en particulier dans le 1er quatrain). Je ne sais si c'est voulu, mais l'effet est marquant.

Les tercets sont plus intimistes et nous révèlent la vie d'avant de ce soldat. Ici, l'on devine à la fois la tristesse et un sentiment d'injustice. Une chose m'a dérangé. La formule : "J'ai reçu balle en tête" ne me convainc pas.

   pieralun   
25/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Transposer le langage d’un paysan, (lorsqu’on le lit on roule immédiatement les ‘r’ , l’accent est rocailleux), utiliser ses mots crus au service d’un poème en vers, a fortiori d’un sonnet, c’etait osé.

On ne peut parler ni de rythme, de fluidité, ou de métaphore, mais le résultat, s’il n’est pas joli, peut être émouvant par son paradoxe. Est-ce que cela peut être assimilé à de la poésie?
Le tout fairait rire si la situation n’etait pas tragique...

J’ai bien aimé

   Miguel   
25/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ayant un oncle que je n'ai pas connu mais dans le souvenir duquel j'ai été élevé, un résistant mort à 21 ans le 26 avril 45, à quelques jours de l'autre armistice, je suis sensible à ce destin df'Augustin Trébuchon et à l'absurdité des choses que ce poème exprime si bien. La forme de la prosopopée nous le rend plus réel, plus présent, plus intime, et on s'indigne et s'afflige d'autant plus de cette mort trop bête, de ces décennies de vie volée, comme à tant d'autres certes, mais dans des circonstances qui nous en font mesurer encore plus la dimension scandaleuse. Bravo pour ces vers simples, ce parler de Poilu populaire, et cette vérité si dure encore à entendre, un siècle après.

   Anonyme   
25/11/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
"près Saint-Privat-du-Fau", je trouve dommage d'avoir utilisé cette forme passée par rapport au choix des mots de l'ensemble, il casse le rythme. Pareil pour J'ai reçu "balle en tête".

   LylianR   
26/11/2018
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Je ne parviens pas à m'imaginer qu'Augustin Trébuchon puisse s'exprimer de cette manière, dans une langue si peu chatiée ou en argot. C'était un berger d'un calme olympien, accordéoniste, soldat de première classe. Sa photo montre quelqu'un de plutôt réservé, posé, aux traits fins.
Vous en faites un individu rustaud :

Comme la boue au corps, comme la mort au cul...

Avant la guerre, avant d'être fier et cocu ;

S'abattre sur mézig...

   jfmoods   
30/11/2018
Ce sonnet en alexandrins est à rimes embrassées et suivies, suffisantes et riches, majoritairement masculines et vocaliques.

Le choix de la prosopopée ("Mon nom c'est Trébuchon, mon prénom Augustin, / J'ai reçu balle en tête") et le retour sur la vie personnelle du soldat ("J'étais dans l'agricole / Avant la guerre", "Je gardais mes moutons près Saint-Privat-du-Fau") confèrent au propos une dimension éminemment pathétique (expression familière : "La faute à pas de bol", comparaisons : "c'est la poisse qui colle / Comme la boue au corps, comme la mort au cul") et tragique (allégorie : "la Camarde vole et va, sans protocole, / S'abattre sur mézig").

Appelé sous les drapeaux, notre homme a immédiatement répondu présent ("Mais, le patriotisme étant un gros défaut, / J'enfilais mon barda sans sourire factice") et, pendant 4 ans, il a traversé l'enfer (énumération : "Verdun, l'Artois, la Somme, à tout j'ai survécu").

Depuis l'outre-tombe, il pointe l'aspect profondément dérisoire de la guerre (mise en perspective des adjectifs soulignant le ridicule de la situation de soldat : "avant d'être fier et cocu", parallélisme mettant en évidence l'absurdité : "Et c'est à la parfin, quand le Boche est vaincu, / Qu'alors moi je clabote et que Foch caracole...", exclamation de dépit : "oh, Dieu que c'est crétin !", marqueur temporel : "Juste un quart d'heure avant que sonne l'armistice").

Un jeu d'allitérations (c/g) appuie sur la dureté de l'évocation.

Un plan structuré de ce sonnet pourrait se présenter ainsi...

I) Le dernier poilu

1) Un paysan

Augustin Trébuchon est un homme simple profondément attaché à sa terre ("J'étais dans l'agricole / Avant la guerre", "Je gardais mes moutons près Saint-Privat-du-Fau").

2) Un soldat qui fait son devoir

Appelé sous les drapeaux, il n'hésite pas une seconde à aller au combat ("Mais, le patriotisme étant un gros défaut, / J'enfilais mon barda sans sourire factice").

II) L'Histoire avec sa grande hache

1) Un survivant

Au fil de ces quatre longues années, le conscrit traverse l'insupportable enfer des batailles (accumulation : "Verdun, l'Artois, la Somme, à tout j'ai survécu").

2) Un mort en sursis

La guerre met en scène un théâtre de l'absurde (parallélisme : "Et c'est à la parfin, quand le Boche est vaincu, / Qu'alors moi je clabote et que Foch caracole...").

III) Une prosopopée bouleversante

1) Le pathétique

Augustin suscite la pitié (expression familière : "La faute à pas de bol", comparaisons : "la poisse qui colle / Comme la boue au corps, comme la mort au cul").

2) Le tragique

Il nous dépeint la mort comme un impitoyable oiseau de proie fondant sur sa victime (allégorie : "la Camarde vole et va, sans protocole, / S'abattre sur mézig").

Le choix de la forme sonnet et l'oralité du style sont assez caractéristiques d'un poète du forum... À moins que le poète en question soit lui-même ici l'objet d'un pastiche (ce que je trouverais, en tant qu'amateur d'intertextualité, particulièrement savoureux).

Merci pour ce partage !

   hersen   
2/12/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
En toute chose il faut un dernier.

En âme simple d'un homme de l'agricole, on le qualifie de pas de bol.

Ce sonnet reste dans un registre familier, illustrant bien que les morts de cette guerre sont de pauvres bougres, l'âme assez naîve pour être contents de partir à la guerre.

Parce que ce n'était pas son rôle de se mettre des grandes idées dans la tête, il ne se met pas Martel en tête.

Une balle, si.

Merci de cette lecture !


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