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Poésie contemporaine
Luz : La dent de ma rancune
 Publié le 03/01/24  -  10 commentaires  -  1061 caractères  -  217 lectures    Autres textes du même auteur

«  La dent de la Rancune  », vallée de Chaudefour, Puy-de-Dôme.


La dent de ma rancune



Enfin je l’ai perdue, la dent de ma rancune,
L’hôtel de la montagne est maintenant fermé.
Le vent souffle, écrasant les bruyères callunes,
Comme pour effacer le joli temps d’aimer.

Faut-il passer l’ubac, l’adret de seigles blonds,
S’élancer vers la crête où planent les oiseaux,
Et puis, à travers bois, rejoindre le vallon
Avec sa plaine, au loin, veinée de lentes eaux ?

Faut-il plutôt rester au clair de ce chalet,
Doré par un soleil qui brûla mon temps noir,
Ce fantôme obsédant au détour de l’allée ?
Faut-il attendre ici vieillesse et dernier soir ?

J’avais cru m’évader de ma vie monotone,
Avec un amour fou retrouver ma jeunesse.
Mais avril ne voulut se faner dans l’automne,
Elle quitta l’hôtel sans me laisser d’adresse.

Enfin je l’ai perdue, la dent de ma rancune,
Plantée comme une lame au cœur de cette nuit
Qui brisa mon espoir en éclats blonds de lune.
La Couze m’accompagne aux rives de l’ennui.


 
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   Cox   
3/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Wow ! J'ai beaucoup d'admiration pour le style, qui est épuré, naturel, fluide et poétique malgré tout. Moi, quand je serai grand, je veux écrire comme ça.

Dans les textes amateurs, il y souvent un choix à faire entre un rendu plat et très littéral, ou au contraire des effets de manches à n'en plus finir, noyés dans un style archaïque. Ici au contraire, tout coule et glisse. L’expression est naturelle, je n’en viens pas a me demander « mais qui parle encore comme ça ? ». Les images sont simples, les images sont belles.

« Le vent souffle écrasant les bruyères callunes / comme pour effacer le joli temps d’aimer »
« Doré par un soleil qui brula mon temps noir »
« Qui brisa mon espoir en éclats blonds de lune »

Je tire mon chapeau également á un texte qui m’a fait sortir mon dictionnaire plusieurs fois (« callunes », « ubac », « adret » ), sans que ça apparaisse forcé, ni pour la rime ni pour la frime. Le vocabulaire ici est choisi avec soin, et ces quelques mots mystérieux ancrent le poème dans la région qui garde vos souvenirs au creux de ses vallons. Quelle belle maitrise !

J’ai hésité á mettre « j’aime beaucoup », mais en vérité j'ai préféré réserver la note maximale pour un autre, peut-être, de vos poèmes. Peut-être que le thème de celui-ci me parait un tout petit peu trop rebattu, et ne me touche pas directement. Je sens que je pourrais sans doute avoir plus de plaisir à lire autre chose sous votre plume habile !

   Myndie   
22/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

« La dent de la rancune », l'incipit déflore tout de suite ce qui aurait pu être le mystère du poème. Pour autant, cela n'entame en rien sa séduction, la renforce même par le brillant parallèle que vous faites entre cette charmante vallée (que je découvre) et le ressentiment du poète, amoureux déçu. Comme le transfert métaphorique d'une tempête intérieure, de la sphère émotionnelle à une nature belle mais tourmentée :
« Le vent souffle, écrasant les bruyères callunes,
Comme pour effacer le joli temps d’aimer. »

On sent que l'idée fixe n'est pas loin, « Ce fantôme obsédant au détour de l’allée  ». Belle et suggestive formulation.
Votre écriture brosse de bien jolis tableaux :
« Doré par un soleil qui brûla mon temps noir, »
ou encore
« Plantée comme une lame au cœur de cette nuit
Qui brisa mon espoir en éclats blonds de lune. »

J'ai par nature un faible pour les callunes mais j'ai été ravie de découvrir cette « couze » dont j'ignorais le sens.
J'aime aussi la forme interrogative en poésie. Quoi de mieux en effet pour traduire le désarroi, le trouble, l'incertitude, enfin toutes ces émotions que le poète-passeur veut faire partager ?

« Enfin je l’ai perdue, la dent de ma rancune, » Pas de détour donc, on est mis au parfum tout se suite mais je vous avoue que j'ai vécu un moment de poésie pure qui m'a fait entendre un chant de mélancolie, de déception, de rancoeur et surtout d'amour.
Merci pour ce moment de lecture.

   Ornicar   
26/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je la connais cette dent de la Rancune et cette vallée de Chaudefour. Alors, forcément, je ne pouvais pas passer mon chemin sans m'arrêter un instant. Je trouve intéressant le parallèle entre l'état émotionnel du narrateur et ce relief étrange qui surplombe de son ombre la fin d'une histoire sentimentale entre une jeunesse et un homme plus mûr ("Mais avril ne voulut se fanner dans l'automne"). Cela commence dès le titre avec cette appropriation adéquate : "La dent de MA rancune". L'exergue, sobre et réduit à de strictes considérations géographiques a toute son utilité, car rien dans ce poème ne permet d'identifier le lieu. Cette histoire universelle d'une rupture amoureuse pourrait tout aussi bien se dérouler dans n'importe quel autre décor.

L'écriture est fluide et si l'histoire n'est pas neuve, la présence de quelques formules trop souvent déjà croisées dans d'autres contextes ("bruyères callunes, l'ubac, l'adret de seigles blonds, éclats blonds de lune"), d'une rime commune et facile ("automne - monotone"), ne ternit pas pour autant le plaisir de la lecture qui reste agréable et plaisante d'un bout à l'autre.
Parfois, il n'en faut pas beaucoup plus pour être heureux.

   Donaldo75   
26/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Dès le premier vers et sa symbolique à plusieurs niveaux – du moins c’est comme cela que je le sens sur le moment, ne me posez pas la question demain peut-être que j’appréhenderais ce vers différemment – j’ai senti de la tonalité, de la force dans c e poème. La versification est de surcroit fort réussie ne serait-ce que par le rythme et la mesure de chacun des quatrains. La progression du message est bien tenue, sur la longueur comme sur le rebond, et elle rend la lecture encore plus intéressante, donnant même envie de remettre le couvert.

Bravo !

   fanny   
3/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
L'idée d'associer le nom du site au sentiment auquel il fait référence est fort tentante et je trouve l'exercice très réussi dans un égal partage entre descriptions du milieu naturel et sentiments extrêmement bien rendus.
Le premier vers porte en lui toute la chronologie de ce joli temps d'aimer et de la façon dont il s'est effacé.
Le temps, ce temps prégnant qui enveloppe le poème de nostalgie, de regrets et d'hésitations dans de judicieuses alternances de passé et de présent qui donnent un si délicat relief au texte.
Le relief, ce relief si subtilement dépeint dans les trois premières strophes, (magnifiquement dans la deuxième), et qui soudain devient tristement plane, fané et monotone lorsqu'Elle quitte l'hôtel de la montagne ; pour finir planté, brisé, presque noyé dans la Couze, désormais seule compagne sur les rives de l'ennui.

Un très beau poème, riche de sentiments, je suis sous le charme de cette douce mélancolie et de cette tristesse désormais sage, deux fois le mot blond pourrait être relevé comme une répétition, j'y vois surtout la lumière du soleil qui s'élève derrière le rocher précité, c'est une trop jolie poésie pour ne pas aller chercher en elle une note d'optimisme.

   papipoete   
3/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Luz
Sorti de ma vie si monotone, j'avais cru revivre mon bonheur de jeunesse, à travers cet amour fou... qui ne dura que le temps d'un feu de paille.
Je ne savais plus quel chemin prendre, pour effacer cette désillusion ; passer par ci, ou bien par là ?
Mon esprit a gommé l'hôtel de la montagne... je n'ai plus de rancune.
NB votre scénario fut celui de bien des coeurs en peine, surtout quand cette " vie monotone " fut calvaire de solitude, privation d'amour et tendresse.
Vous le dîtes de façon si poétique, que la Couse semble couler aux alentours, roulant des souvenirs plus tristes, qu'un ciel du Pas de Calais depuis Novembre 2023...
la première strophe jolie, a ma préférence.
Tout passe, pour qui n'a de rancoeur ; tout passe, avec le temps.
techniquement, la non-alternance des rimes masculine/féminine est peut-être la raison de ce " contemporain ? "

   Robot   
3/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Ces amours fous qui ne durent pas mais qui s'ancrent et hantent le souvenir comme on peut le constater pour ce poème.
Un amour marqué aussi par le lieu. C'est cette construction poétique entre ce paysage et la mémoire qui donne au récit toute son intensité.

   Provencao   
3/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Luz,

"Faut-il passer l’ubac, l’adret de seigles blonds,
S’élancer vers la crête où planent les oiseaux,
Et puis, à travers bois, rejoindre le vallon
Avec sa plaine, au loin, veinée de lentes eaux ?"

Mon passage préféré où vous avez fort bien su nous faire vivre cette union avec la nature en un tout infini. l’immédiateté, la beauté qui se déploient dans le sensible et la force.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Geigei   
3/1/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
"Blonds" pour les seigles et "blonds" encore pour les éclats de lune.

Nous avons le mètre et la rime, mais c'est un contemporain. Nous n'allons donc pas commenter les rimes.

La composition est très propre.
- Un 1e quatrain pour la bande-annonce.
- Oublier en passant à autre chose dans le 2e.
- Ou rester sur cette belle nostalgie dans le 3e.
- Le 4e quatrain détaille.
- Mon vers préféré se trouve dans le dernier :
"Plantée comme une lame au cœur de cette nuit"
La forme de "La Dent de la Rancune" est bien évoquée, et offre une opportune métaphore de lame, cause d'une blessure narcissique.

"Il suffirait de presque rien, peut-être dix années de moins..." ♪ ♫

   Miguel   
3/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
La langue est maîtrisée, la prosodie est un peu relâchée. Bien sûr le texte est publié en contemporain, mais ces entorses aux règles n'en nuisent pas moins à l'esthétique ; il vaut mieux alors, à mon sens, s'éloigner carrément de la versification. C'est ce qui me gêne dans ce texte, dont le thème est par ailleurs traité avec un lyrisme plein de retenue et sans pathos, ce qui le rend d'autant plus fort.


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