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Poésie contemporaine
Malitorne : Un instant suspendu
 Publié le 30/12/23  -  13 commentaires  -  887 caractères  -  284 lectures    Autres textes du même auteur

Quand la nature dissout l'esprit.


Un instant suspendu



Hier, dans la forêt avec mon chien,
Le sentier tapissé d’un lit de feuilles,
Je me surpris à ne penser à rien,
Ni à la vie, ni au noir du cercueil.

Mon compagnon fouinait ici et là,
La truffe en éveil, les sens aux aguets,
Sur des traces que je ne voyais pas,
Habile lecteur de ces lieux secrets.

Moi j’allais, paisible, avec un bâton,
Sous les maigres ramures de l’automne,
Respirant l’humus et le champignon,
Bien loin, comme si je n’étais personne.

Souffle rythmé sur l’entrain de mes pas,
N’existait plus qu’un corps en mouvement,
L‘esprit vide, la pensée sans état,
En retrait du vacarme des parlants.

Ailleurs la haine, le déclin du monde,
Ici le chant mélodieux de l’oiseau,
Les bois calmaient une peine profonde,
Pour donner l’oubli – ô précieux repos !


 
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   Gemini   
21/12/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Calme vs tumulte. Avec ses airs de mise en quarantaine, le thème a souvent été traité pendant le confinement.

J'ai toujours un peu de méfiance envers ceux qui parlent de "déclin", terme délicat à employer. Qui sommes-nous pour juger d’un déclin ? À mon sens, seule l’Histoire peut se le permettre.

Dans cette ode à la promenade, "L'instant suspendu" m’a paru bien décrit avec cet appel aux sens (ici, surtout l'odorat) qui, lorsqu’ils fonctionnent tous ensemble, suscitent souvent un sentiment d’harmonie. Même si les ingrédients du tableau s’égrainent sans surprise, l'atmosphère est bien rendue ; on rentre facilement dans cette balade où la présence du chien rajoute à la mise à l'écart des hommes (les autres, responsables du "déclin").
V16, je trouve le mot "parlants" mal choisi.
Le quatrième quatrain donne l'impression de l'accession à un état supérieur ; éveil ou nirvana bouddhiste.
Je trouve simplement dommage de profiter de cet état de grâce, position surélevée, car suspendue, pour dénoncer un "déclin" qui déconsidère ses semblables : le "monde". Et d'ailleurs, comment juger ce "monde" si l'on ne pense à rien : "la pensée sans état" ?
Je comprends la nécessité de l’antagonisme, qui contribue au texte, mais je trouve le portrait du concurrent lapidaire (deux vers) et du coup, un peu trop caricatural.

Mis à part ce mot et ce passage sur lesquels je me suis cabré, la fin, qui évoque à la fois un baume au cœur : "Les bois calmaient une peine profonde" et un voile jeté sur la réalité : "Pour donner l'oubli", remet les choses à leur place.

Désolé pour cette réaction épidermique (et véhémente) pour un mot sans doute innocent.

   fanny   
6/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le terme de déclin, à minima de notre civilisation ne gène pas, s'il s'agit de juger les performances de nos dirigeants & Co, je les juge depuis que je suis jeune, sans condescendance et je déconsidère une petite partie de mes semblables qui plonge le reste du monde dans la haine et le désarroi.
Ce texte est peut-être le bilan de cette année, celui de la cop 28 ou celui de la reflorissante industrie de guerre, alors profitons ce qu'il nous reste de nature et d'instants paisibles, en communions avec les bois qui clament une peine profonde.

Le titre me semble bien trouvé, l'instant est suspendu, je me demande même s'il n'est pas déjà en apesanteur par rapport à la réalité.

Mais bon, trève de pessimisme en ces périodes de fête, aller, tout le monde à la promenade et bon week-end à tous.

   Provencao   
30/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Malitorne,

J'ai beaucoup aimé cet instant suspendu, au souffle rythmé , à l'esprit vide, à la pensée sans état, et au chant mélodieux de l'oiseau vers ce lieu secret en toute dernière élégance...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Cristale   
30/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'ai aimé suivre les pas du narrateur sur les sentiers jonchés de feuilles, percevoir le souffle haletant de son chien, j'ai entendu le silence de ses pensées qui se fondait dans l'atmosphère embrumée des bois d'un jour d'automne.

L'on entend aussi la vie :
"Mon compagnon fouinait ici et là,
La truffe en éveil, les sens aux aguets,
..."

"Ici le chant mélodieux de l'oiseau"

Un contemporain décliné sur un tempo de dix syllabes, rythme varié en 6/4, 4/6, parfois 5/5, qui donne cette légère musicalité comme l'écho des pas du promeneur jamais vraiment régulier quand il est accompagné d'un chien.

Une ambiance poétisée sans envolées lyriques qui me plaît d'autant qu'elle ressemble à celle de mes promenades solitaires dans quelques lieux boisés aux pouvoirs ressourçants (sans chien ^^).

Merci Malitorne pour ce moment de poésie, triste un peu, mais beau.

Je ne puis m'empêcher de penser aux mots de Victor Hugo :

"Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit."

C'est un peu comme ça que marchent souvent les poètes et les promeneurs mélancoliques.

   Annick   
30/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Ce poème n'est pas sans rappeler celui de Victor Hugo "Demain dès l'aube".

Le narrateur fusionne avec la forêt entière. Il se laisse absorber par elle, il s'oublie pour finalement se retrouver lui-même, loin du fracas, des tracas, du déclin du monde. Telle est sa vision.

Seul le chien n'a jamais perdu ce lien profond, premier, avec la nature. Et s'il se sert de ses cinq sens, ce n'est que pour mieux se rapprocher d'elle. Ce que fait le narrateur en ce temps suspendu.

Un poème tout en sensibilité mais en même temps lucidité.
Et c'est d'ailleurs peut-être cette lucidité, d'une façon générale, qui nous perd. N'être rien mais vivant pour ne plus souffrir. Un arbre peut-être  ?
Lui, le chien, il ne sait pas...

Merci pour ce beau poème où chacun peut se retrouver d'une manière ou d'une autre.

   Lebarde   
30/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Loin de la foule bruyante, des flashes, des flonflons, de l’exubérance intempestive, des disputes, des controverses, des esbroufes, des querelles, des conflits et violences, je marche volontiers avec vous, le narrateur et son chien pour cette promenade paisible et reposante dans ce sentier forestier, couvert de feuilles mortes, la tête perdue dans mes pensées…

Un bien joli poème, bucolique d’une belle poésie que je lis et relis pour le plaisir et la paix qu’il apporte à mon esprit un peu tourmenté en cette période morose que je n’aime guère.

Merci Malitorne.
Lebarde mélancolique et tristounet

   Polza   
30/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Malitorne,

Cette histoire m’a paru simple dans le bon sens du terme, pas du tout dans un sens minoratif.
Pas de vaines fioritures ni de phrases voulant à tout prix faire sensation.

« Hier dans la forêt avec mon chien » le décor est planté, je connais le lieu et les personnages, cela me suffit amplement. Pas de chien au poil soyeux et d’un roux aux reflets mordorés ou je ne sais quoi encore. !

J’ai trouvé que chaque vers de ce poème était du même acabit, simple et concis, ce qui forme un tout bucolique et poétique.

Cette (re) connexion à la nature par le narrateur et son chien me parle beaucoup ; quand un souci arrive ou que je me sens envahi par des pensées négatives pour x raisons, j’aime aller me promener seul dans la forêt toute proche de mon domicile. Cela me repose l’esprit et me procure un bien fou.

Il y a dans ce poème une contemplation presque méditative de dame Nature (« Je me surpris à ne penser à rien »).

Juste un petit bémol pour « du vacarme des parlants » je n’ai pas trouvé la formule formidable, j’ai eu comme l’impression que le mot « parlants » était un peu là par défaut, pour rimer avec mouvement, mais ce n’est que mon ressenti bien entendu...

   Miguel   
30/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Une prosodie un peu libérée, image de ce moment de relâchement lui même : harmonie imitative de la non-contrainte, en quelque sorte. Mais l'expression et la prosodie ne sont pas la même chose. L'auteur crée un calme bienfaisant qui vient habiter le lecteur. Et le chien, "habile lecteur de ces lieux secrets", quelle belle expression. Lire ce poème m'a fait du bien, je me sentais vivre ce moment moi-même.

   Corto   
31/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Il est bien attirant cet "instant suspendu".
Evocateur pour ceux qui arpentent la nature à la recherche de la solitude et surtout du silence. J'ai bien aimé cette ambiance qui ressemble à un privilège.

Si vous le permettez je ferai une réserve. La 4ème strophe se termine par un beau vers: "En retrait du vacarme des parlants." De ce fait le vers suivant "Ailleurs la haine, le déclin du monde" apparait comme redondant et inopportun. Il rompt un peu le charme de l'isolement et de l'écho intérieur recherché annoncé dès l'exergue. C'est du moins mon ressenti.
Une autre formule en harmonie avec les trois derniers vers serait la bienvenue.
Merci à vous.

   papipoete   
31/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Malitorne
" vas-y, coure fais comme si je n'étais pas là ! ça me fait du bien de te regarder fouiner du museau ; entends-tu mon bon chien, les oiseaux qui chantent ? "
pendant ce temps-là, j'oublie tout , comme le vacarme sortant de la télé, de la rue anonyme de milliers de gens, je suis bien sur ce tapis de feuilles mortes...
NB un poème tout en calme, en bruissement de feuillage subsistant, et ce promeneur qui ne pense à rien, ne veut surtout pas traîner avec lui, les bombes, les engins mécaniques, les gueulantes à l'Assemblée Nationale.
ça fait tellement de bien de suivre l'auteur, surtout dans ce registre pas vraiment le sien ( Nouvelle plutôt )
la troisième strophe me prend par la main, et je la suis bien volontiers !
un poème tout en assonances, qu'une petite musique accompagne dans ma tête.
le " contemporain " lui va bien

   Eki   
31/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le silence et la mélancolie se mêlent à vos pas...La méditation et les pensées éparses comme feuilles éparpillées s'entremêlent dans cet instant suspendu...

L'harmonie se fond dans cette palette automnale.
La quiétude est là hors du désordre du monde.
L'humilité de l'auteur devant cette nature

Ici le chant mélodieux de l’oiseau,
Les bois calmaient une peine profonde,
Pour donner l’oubli – ô précieux repos !

Instant suspendu comme ces moments de recueillement que nous puisons dans le silence des forêts...On ne peut qu'apprécier.

   Geigei   
1/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
"Habile lecteur" J'aurais cherché une autre formule pour ne pas avoir à associer ces deux mots. Ils n'appartiennent pas au même registre. Pour moi, l'habileté est physique (du moins active) alors que la lecture est cérébrale (du moins version passive de l'écriture) :-)

J'ai aimé tout le reste.
"Bien loin, comme si je n’étais personne." Une belle phrase pour dire l'oubli de soi.

"Ailleurs la haine, le déclin du monde,
Ici le chant mélodieux de l’oiseau,"
Même si le mot "déclin" est violent, l'opposition est parlante.

Merci pour ce temps suspendu.

   Famineur   
1/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
A l'ombre de "Demain dès l'aube..."

J'en aime particulièrement les vers 3 et 12 :
"Je me surpris à ne penser à rien,"
"Bien loin, comme si je n'étais personne."


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