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Poésie classique
Miguel : Oui et non, non et oui
 Publié le 18/03/24  -  10 commentaires  -  1090 caractères  -  232 lectures    Autres textes du même auteur

Ainsi va la démocratie…


Oui et non, non et oui



La majorité vote une décision
Sous les cris virulents de l’opposition.
« Le retour de Vichy ! La honte de la France ! »
C’est à qui raflera la palme de l’outrance,
Et face aux médias qui tendent leurs micros,
Tous ces faux indignés se posent en héros.
Ils iront jusqu’au bout ! Ils donneront leur vie
Pour briser les liens de la France asservie.
Et cent autres excès, parce qu’ils savent bien
Qu’à braver ce Pouvoir qu’est-ce qu’on risque ? Rien.
Mais quel grave sujet suscite donc cette ire ?
Ne prenons même pas la peine de le dire.
Qu’importe en vérité la chose en question !
Que la majorité fût opposition,
Celui qui la conteste à coup sûr l’eût votée,
Et celui qui la vote alors l’eût contestée.
Où l’intérêt commun devrait dicter sa loi,
Règnent le sectarisme et la mauvaise foi.
« C’est toujours, dira-t-on, mieux qu’une dictature. »
Soit… mais pourquoi faut-il que l’humaine nature,
Mêlant toujours ainsi le pire et le meilleur,
Rende si malaisés les chemins du bonheur ?


 
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   Gemini   
1/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je regrette la simplicité de l'exergue et du titre. Le sujet méritait mieux, à mon avis bien sûr.

J'ai bien aimé la distance prise avec les partis (mis à part ce "retour de Vichy" un peu dirigé). On traite ici de la politique universelle, celle à papa, celle où l'important est d'avoir les bonnes places et de s'occuper à les garder, ou celle de viser les bonnes places et de s'occuper à les faire perdre aux autres (à la Iznogoud). Qu'importe les moyens, la conscience, l'étique, le sort des gens, le prix !
L’honnêteté attendra.

On pourra toujours dire que le texte est démagogique : l'auteur râlant contre ceux qui râlent, mais c'est bien français que d'agir ainsi. C’est nous.
Qu’ils nous gouvernent ou pas, ces gens sont le reflet de la société.

L'écriture est plaisante ; j'ai adoré la bascule : "Celui qui la conteste à coup sûr l’eût votée, / Et celui qui la vote alors l’eût contestée." (beau travail prosodique !)
La fin tombe un peu à plat avec ces "chemins du bonheur" un peu utopiques (ou communistes) ; le bonheur, programme bateau avec le combat contre la pollution, la misère, la hausse des impôts, l'inflation, le chômage, la guerre, et l'échec scolaire.
En revanche, la question sous-entendue de notre mauvaise foi me semble totalement insoluble. (j'ai vu des gens avec une extrême mauvaise foi, s'horrifier de la mauvaise foi des autres !)

Enfin, comme dit ici, souvent protester suffit. Quand on se sait incapable, rester dans l'opposition en gueulant bien fort suffit à garder assez d'électeurs pour remplir les caisses (exemples connus, même chez les syndicats). Une fois élus (ou remboursés par le pourcentage), on s'arrangera à les garnir un peu plus. Le gagne-pain est assuré. N'a pu qu'à faire tourner la boutique... que nous payons (je sais être aussi démagogique).

   Robot   
2/3/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Le narrateur nous démontre avec une certaine lourdeur et par l'absurde qu'il est le premier à appliquer ce qu'il dénonce.
La démonstration par la même perd de son bon sens et pour moi fait un grand flop.
Il est des sujets qui ne supportent pas la superficialité d'un survol et qui méritent d'être un peu plus développé et argumenté.

   Annick   
18/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
La catégorie  classique, selon moi, est respectée à la lettre.
C'est du bel art.
La syntaxe est parfaite et le poème s'érige en une argumention bien construite.

Le poème est une analyse percutante, comme le serait un discours.

Ici le locuteur prend de la distance avec les partis politiques, quels qu'ils soient.

Il argumente sur le jeu du oui et non et du non et oui, c'est à dire le jeu de dupe, sans doute considéré comme un mal nécessaire pour que vive la démocratie.

La poésie ici est un moteur au service du fond. Elle est puissante.

Superbe démonstration !

Annick en EL.

Petit rajout : ...et bien sûr ce magnifique chiasme que j'ai omis de relever car trop peur que cette poésie en EL ne disparaisse sous mes doigts.

"Que la majorité fût opposition,
Celui qui la conteste à coup sûr l’eût votée,
Et celui qui la vote alors l’eût contestée."

   Lebarde   
7/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Rien à dire sur la forme qui ne transige pas avec les règles du classique, bravo, si le lecteur n’oublie pas les diérèses, nombreuses et indispensables.

Sur le fond quand on aura rajouter ( ou enfoncer le clou) avec quelques constat:
- La démocratie, rien de pire, mais on a rien trouvé de mieux.
- c’est plus facile d’être dans l’opposition qu’aux commandes.
- l’opinion est tellement versatile surtout quand les médias « fouille-merde » tendent les micros aux « y a qu’à » « tous pourris », « je sais tout » « de source sure » etc…
- les sectarismes ont un bel avenir
- propose quelque chose, je te dirai que ce n’est surtout pas cela qu’il faut faire…
On aura tout dit …mais partiellement, sauf le contraire de tout.

Quelques petites lourdeurs ici ou là, mais j’aime bien l’ironie sous jacente de ce poème « politico-médiatique »sur l’espèce humaine, agréable à lire qui plaira à beaucoup de monde puisqu’il parle des travers des autres qui ne savent rien à rien.

En EL
Lebarde

   Geigei   
18/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
Bonjour Miguel.

C'est très propre.
Et la question de savoir si je pense que Vichy est vraiment la honte de la France ne m'est pas posée.
Tout va bien.

Je n'ai pas aimé ce texte car j'attendais un poème avec de vrais morceaux entiers de poésie.
Il n'y en a pas.

Mais c'est propre.
Les règles sont respectées. Beaucoup de diérèses. Et peu de musicalité.
"Qu’à braver ce Pouvoir qu’est-ce qu’on risque ? Rien." Cela n'a pas flatté mon oreille.

   Corto   
18/3/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Il est des sujets qui ne peuvent guère se contenter de rimailleries. La vie en collectivité (le pays) est plus complexe que ce texte le prétend.
On dit depuis longtemps que "tout est dans tout et réciproquement". Mais ce n'est qu'une blague d'après bière.
C'est pourtant la démonstration que voudrait faire ce passage:
"Que la majorité fût opposition,
Celui qui la conteste à coup sûr l’eût votée,
Et celui qui la vote alors l’eût contestée".


Passons. Le verre est trop plein.

   Provencao   
19/3/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour Miguel,


"« C’est toujours, dira-t-on, mieux qu’une dictature. »
Soit… mais pourquoi faut-il que l’humaine nature,
Mêlant toujours ainsi le pire et le meilleur,
Rende si malaisés les chemins du bonheur"


Ce passage â mon sens témoigne ô combien de la faillibilité de l’homme démocratique face à une société éperdue et circonspecte favorisant toutes les alternarives démagogiques et d'autosatisfactions ; la gageure est grande de faire trôner un jeu sur les profits particuliers dans des sociétés de plus en plus structurées autour de conjurations identitaires à leurs préséances et complaisances.

" il est oû le bonheur il est Oû..."

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Graoully   
19/3/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour,

Une petite diatribe, genre qu'on ne lit pas souvent chez les amateurs, un coup de colère jailli soudain et peut-être rapidement étouffé par sa retranscription en vers.

Je suis surtout d'accord avec un point majeur du propos : la critique du dévoiement de notions très sérieuses, à la connotation historique précise, utilisées à tort et à travers dès que l'on veut mettre politiquement à mort son adversaire ; la dénonciation du recours systématique à des mots très graves, insultants (et devenus des éléments de langage banals désormais, dans un certain camp politique), du type "fascisme", "dictature", etc., qui servent à empêcher tout débat, annuler toute contradiction.

La chose est évoquée ici :

"Le retour de Vichy ! La honte de la France ! »
C’est à qui raflera la palme de l’outrance,
Et face aux médias qui tendent leurs micros,
Tous ces faux indignés se posent en héros."


Dans le verbiage des politologues, c'est ce qu'on appelle, je crois, la "reductio ad Hitlerum", bien commode quand on refuse d'aborder de front certains problèmes.

C'est une vision désenchantée et sans espoir de la vie politique, et c'est le droit de l'auteur de l'exprimer, que l'on soit d'accord ou non avec lui.

Un ton et un style qui tranchent avec la plupart des vers, - élégiaques, amoureux, tendres, - que l'auteur pratique beaucoup par ailleurs ; reconnaissons-lui ce mérite de ne pas toujours faire vibrer la même corde de son luth.

Anecdote : la proximité des mots "Vichy" et "raflera" - dans deux vers qui se suivent - relève sans doute du lapsus mais je le trouve intéressant et le note.

G.

   papipoete   
19/3/2024
bonjour Miguel
Le sujet " casse-gueule " par excellence, le genre à ne pas ouvrir à table, quand certaines susceptibilités sont à l'affût du mot qui tue.
Je ne voudrais pas m'étendre sur vos lignes, dont je sais que je ne traiterais point en poésie... si ce n'est que pour moi et les corbeaux dans le pré d'en face.
Simplement acquiescer lorsque vous écrivez :
" qu'à braver ce Pouvoir qu'est-ce qu'on risque ? rien ! "... en France !
Une pensée pour tous ces pays, où l'on rêverait du centième de notre Droit !
Je ne noterai point votre poème

   jfmoods   
19/3/2024
"... Le prétoire vibrant à la voix des tribuns,
L'assemblée en démence et les cris importuns
Qu'on poussera toujours autour du Capitole,
Et tout ce que produit, aux jours de rage folle,
Le parlementarisme et son jeu régulier.." ("La vieille marchande de journaux", François Coppée)



Si le fond du propos - un débat public contemporain gangrené par une médiocrité abyssale - m'apparaît quelque peu simplificateur et la chute trop bucolique, le poème présente quelques réussites quant à sa forme.

Annick a mentionné le chiasme des vers 15-16 (qui réinvestit, en vérité, celui du titre). On notera aussi l'hyperbole exaspérée du vers 9 ("cent autres excès"), la question rhétorique désabusée du vers 10. Mais l'élément le plus marquant me semble bien être le discours indirect libre des vers 7-8 où perce une ironie particulièrement mordante.

Je ne peux m'empêcher de percevoir dans ce poème - je bats sans doute la campagne ! - un lointain écho, comique évidemment, avec "Les Tragiques" d'Agrippa d'Aubigné ("Je veux peindre la France..."), comme un jeu de miroirs entre l'affrontement clanique et barbare d'hier et les passes d'armes du débat public d'aujourd'hui.

Merci pour ce partage !


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