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Poésie néo-classique
Myo : Entre deux dalles grises
 Publié le 11/01/22  -  20 commentaires  -  1054 caractères  -  311 lectures    Autres textes du même auteur

« Une mauvais herbe est une plante dont on n'a pas encore trouvé les vertus. »
Ralph Waldo Emerson


Entre deux dalles grises



Il avait poussé là, par hasard, sans grand soin.
Au gré d’un coup de vent ou de simples méprises,
Comme vient le chiendent entre deux dalles grises,
Il avait pris racine, éludant tout besoin.

Quelques brins de verdure au creux d’un lit de pierre,
Comme un bout de soleil où l’espoir s’est perdu,
La caresse du temps d’un désir éperdu
Qui réveille le feu sans aucune manière.

Peut-être aurais-je dû l’arracher sans frémir,
Mais je restai liée au plaisant phénomène
Qui ne cessait de croître au fil de la semaine
Couvrant de son feuillage un mystère à fleurir.

Avide d’en juger l’allure et l’élégance,
Prudemment, j’en coupai deux bourgeons gracieux.
Hélas, que n’ai-je fait ? Un mal pernicieux
Vit flétrir la promesse et ternir sa brillance.

Jamais je ne saurai la couleur du béton.
Le cœur un peu serré et le pas moins agile,
J’ai vu le ciel s’éteindre à l’horizon fragile.
Le rêve n’aime pas qu’on le cueille en bouton.


 
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   Miguel   
3/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une chute sublime qui compense les quelques faiblesses de l'ensemble. Ce poème nous rappelle l'adage selon lequel "L'enfer est pavé de bonnes intentions". L'exergue est une vraie leçon de sagesse, et je vais le noter.

   Anje   
4/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Classique.

Un dernier vers qui éclate, surprenant, magnifique. C'est lui qui m'appelle.
Je n'ai pas bien compris "jamais je ne saurai la couleur du béton". L'auteur-e en expliquera sans doute le sens qui m'échappe ca je ne vois pas du tout d'où vient ce béton entre les dalles grises.
Un mal pernicieux vit flétrir. J'aurai plutôt lu vint flétrir.
Au dernier quatrain, second vers, un hiatus dommageable à l'hémistiche (erreur d'inattention comme il m'en arrive souvent) devrait pouvoir se corriger. Par exemple : le cœur un peu serré, l'allure moins agile. Ces hiatus sont de vrais petits démons qui nécessitent une lecture très attentive et une recherche spécifique. Souvent piégé, je ne peux en faire le reproche à l'auteur-e.
J'aime les images de ce poème, l'idée d'une sauvageonne se hissant entre les dalles grises. Comme dit mon amie de l'agence immobilière, c'est une construction à fort potentiel mais faut encore se retrousser les manches.
En tout cas, bravo et merci à l'auteur-e de ce partage.

Ange en EL

   inconnu1   
6/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

J'ai beaucoup aimé ce poème pour plusieurs raisons, la technique bien sûr car elle m'a semblée sans défaut pour un poème revendiqué en classique, le thème également. Il est toujours difficile de savoir s'il faut prendre un poème au 1er degré où s'il y a un second degré à découvrir, mais même en le prenant au 1er degré, le poème est charmant, plein d'élégance et on se laisse facilement émouvoir par cette herbe folle dont on ne saura jamais la couleur.

Bien à vous

   Anonyme   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Myo,

Une poésie que j'aurais tendance à prendre au second degré et qui m'amène à penser qu'elle est emplie de sous-entendus .
Je ne m'y étendrai pas, n'étant certaine, ni de mon analyse, ni dudit sous-entendu.

Dommage ce hiatus au second vers du dernier quatrain, dont l'ultime alexandrin est très très beau.

J'attends d'en savoir plus sur les intentions de l'auteure concernant le fond de cette belle poésie.

Un ensemble bien écrit, harmonieux et de très belles images.

   Anonyme   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'apprécie l'élégance et la fluidité des vers, ainsi que la trajectoire générale du poème, ce qui m'est conté ; j'aimerais beaucoup, vraiment beaucoup, le dernier quatrain… si je le saisissais complètement. Ce vers :
Jamais je ne saurai la couleur du béton.
me demeure fort obscur. À force de me triturer la tête, je me dis qu'il signifie "Jamais je ne saurai la couleur qu'aurait prise le béton si j'avais laissé s'épanouir la fleur sauvage", mais comme j'ai eu grand mal à comprendre (peut-être) l'idée, elle ne me touche pas. Très joli dernier vers, je trouve.

Un bémol sur la rime facile perdu/éperdu, une mention en revanche pour phénomène/semaine, riche et pas banale.

   Anonyme   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Un bon texte qui fait le parallèle entre le rêve et le chiendent.
C'est vrai que quelques fois les rêves prennent des allures
de cauchemars.
Un "comme" au 2 premiers quatrains auraient du être évité.
Tel un bout de soleil, etc...etc...
Et je bute un peu sur le vers de la couleur du béton.
Mais le poème fini sur un vers magnifique.

Un bon texte au final.

   Provencao   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"Peut-être aurais-je dû l’arracher sans frémir,
Mais je restai liée au plaisant phénomène
Qui ne cessait de croître au fil de la semaine
Couvrant de son feuillage un mystère à fleurir."


J'ai beaucoup aimé cette alternative qui se situe à mon sens entre l'arrogance et le mystère à fleurir… un double du réel pouvant satisfaire une véritable leçon de sagesse, et dans l'autre une assignation à la petitesse " Jamais je ne saurai la couleur du béton. "

J'y ai lu aussi un réel et propre dépassement de soi-même.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Corto   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Ce poème respire la finesse et la capacité du narrateur a observer avec plaisir la nature dans toute ses surprises. Une complicité gratuite et un soin délicat se dégagent des images proposées.
Comme pour d'autres le premier vers du dernier quatrain me plonge dans un abime de réflexion....

Bravo

   papipoete   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Myo
Il poussa ici entre deux dalles grises, ce brin de verdure dont j'ignorais le nom, son origine même, au point que je voulus en prélever deux bourgeons... ils pousseraient sans problème dans un pot accueillant... mieux que sans terre ni le moindre soin étouffé dans le béton ! Je regrette encore d'en avoir eu l'idée...
NB Un mystère de la nature que celui de pousser, pour un végétal au milieu de rien ( sorti du bitume, ou bien cet arbuste accroché à la fente d'un mur ) je revois très bien celui-là, un arbre en réalité au pignon à redents de notre église !
L'auteure met en beauté cette curiosité, que l'intrigante présence pousse à posséder... chez soi au cocon d'un salon, libéré de ce carcan de béton... horreur ! c'était sa couveuse, son berceau !
les 3e et 5e strophes ont ma préférence ; elles me rappellent d'amers souvenirs jardiniers !
Dans le 4e quatrain, ( que n'ai-je fait ? ) ne fallait-il pas écrire ( que n'eus-je fait ? )
au 18e vers, je crois que " serré/et " fait hiatus ?

   dream   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Myo, bonjour

Très joli poème dont le titre d’emblée peut faire penser que la scène se passe dans un cimetière où une « mauvaise herbe » est venue croître entre deux tombes. Mais il n’en est rien, ce très bel écrit symboliserait –à mon humble avis- déjà la perte d’un amour à peine naissant… À l’instar des autres commentaires, je serais tenté de dire également que le dernier vers est tout simplement magnifique :

« Le rêve n’aime pas qu’on le cueille en bouton. »

Bravo ! pour cette belle lecture.

   hersen   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup de choses dans ce poème, le fond est très riche.
Oui, avoir des dalles "propres", non envahies par les adventices. Qui n'en sont pas toujours, moi, j'ai un statice qui pousse entre deux pierres.
L'arracher, j'aurais compris. Couper les boutons un peu moins. un désir de faire plier la nature, en se targuant de la vouloir malgré tout libre ?
L'hésitation de la narratrice se situe entre contrôler son espace et laisser vivre qui s'y installe.
On ne saura donc pas la "couleur du béton" (c'est un peu cette formule qui me pousse à commenter, elle va loin...
Il faut, oui, laisser éclore les rêves. C'est la seule façon de les vivre et de voir la couleur de la vie.
Une belle lecture, merci !

   Cyrill   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Myo,

Un bien gracieux poème qui me fait penser à la mauvaise graine que sont les jeunes des banlieues ou encore les dames de petite vertu.
Ce n'est peut-être pas ton intention, il n'empêche.
Il s'agirait plutôt, comme on le comprend dans le dernier vers, du rêve insaisissable qui pousse même dans les lieux les plus hostiles.
Mieux vaut le laisser s'épanouir, l'admirer, et ne pas se l'accaparer.

J'ai été sensible à cet imaginaire qui ramène également à l'enfance et au coquelicot, si fragile une fois que l'enfant, déçu, l'a cueilli.

Un tout petit bémol : "Hélas, que n’ai-je fait ?" . Il me semble que la négation n'a pas sa place.

   Marite   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
En toute simplicité, j'ai lu ce poème sans avoir envie d'y chercher une signification autre que celle de cette pousse sauvage naissant et grandissant dans un milieu apparemment hostile. Pourtant, étroitement mêlée à la description d'un phénomène naturel, surgit l'évocation du souvenir d'un rêve, inachevé peut-être, d'un regret causé par la précipitation ou la maladresse. Dans chaque quatrain, les vers, habilement emmêlés, le laissent à penser ... La qualité de la composition poétique permet d'apprécier les deux aspects sans se focaliser sur l'un ou l'autre.

   Vincente   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le dernier vers et le fond suggéré m'amènent à ne pas laisser dans l'ombre mon ressenti.

Ce final raconte tout ce que contient le poème, c'est plus qu'un épilogue, il résume, condense et explose la proposition. Le rêve étant la vision fantasmée d'un esprit, il en déclare la volonté ambitieuse, mais aussi l'ambivalence pernicieuse où se jouent d'abord des décalages, des subjectivités exacerbées, des incohérences qui, misent en regard de la réalité butent sur son cru réalisme. Il faudrait que le rêve ne tente pas de sortir de son domaine…

Le poème exprime la distorsion entre la vision onirique d'une relation entre une plante et une pensée la jugeant "mauvaise herbe", cela au plan littéral. En filigrane se déroule la même "confrontation" mais entre une femme (la pensée) et un homme (cette plante), "ce mystère à fleurir", qui a éveillé "au fil de la semaine" le désir de la dame plus intriguée que séduite, plus aventureuse que passionnée.

L'excellent vers "Jamais je ne saurai la couleur du béton" invite à comprendre que par les racines (la source profonde, cachée de l'amant) se découvrirait la valeur intrinsèque du personnage, valeur qui à son paroxysme permettrait de pénétrer le béton, fait de pierre dont la minéralité agglomérée par le vécu (le ciment, le liant) forme "béton" ; peut-être ce terme est-il un peu "dur" dans l'onirisme recherché.

J'ai trouvé très bien "menée" cette double introspection avançant ses deux pans dans un parallèle très ajusté. Tout de suggestions à dessein non clairement révélées et dans un ton adapté et une écriture gracieuse.

Une petite réserve, mais qui porte également un double sens intéressant, autour de ces deux vers :
"Avide d’en juger l’allure et l’élégance,
Prudemment, j’en coupai deux bourgeons gracieux.
"

Pour correspondre à la compréhension qui m'est apparue, j'ai été étonné que la façon de "consommer" le monsieur/plante (amusant d'ailleurs ce retournement de présupposé où la prestance d'une femme est souvent assimilé à celle d'une plante, une belle plante en général… ; là il s'agit donc d'un homme) passe par une ablation de ses plus beaux bourgeons (ça m'a fait froid dans le dos ! :) ), heureusement que cela a été fait par précaution et donc "Prudemment".
Je me suis d'ailleurs demandé si ce "prudemment" n'avait pas un double sens un brin pernicieux si on le lisait avec ses deux racines sémantiquement ici envisageables, celle de "prude" et celle de "prudent"… !
Bon une autre lecture de ce passage avalise plus sereinement le propos général, car les "deux bourgeons gracieux" peuvent aussi être des "réponses" élégantes délivrées en toute sincérité par le garçon.
Un poème de fait bien plaisant.

   Cristale   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Myo,

J'avoue ne pas avoir compris le vrai sens de ces vers, à moins que tout cela ne soit que métaphores représentant une personne ou des personnes, mais le quatrième quatrain me contredit tandis que le dernier semble me dire qu'il s'agissait d'un rêve.

Un joli travail sur les rimes sauf au dernier quatrain où l'écriture semble se relâcher (hiatus, rimes de même nature) mais quel bonheur de lire ce vers final d'une grande beauté.

Quoiqu'il en soit l'ensemble est doté d'un réel potentiel poétique.

Bravo et merci pour cette agréable lecture.
Cristale

   GiL   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
De beaux vers, très poétiques, qu’on les prenne au premier ou au second degré. Et la chute : splendide !

J’attends avec impatience votre retour, Myo, pour m’éclairer sur quelques énigmes... à moins que vous ne désiriez garder à ce joli poème la part de mystère qu’il recèle.

Un grand merci,
GiL

   Myo   
11/1/2022

   pieralun   
11/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très beau texte Myo

Je ne m’attarde pas sur le fond du sujet, il peut prendre plusieurs formes, mais, ici, cela ne me dérange pas.

La forme:
je n’ai pas aimé « éludant tout besoin » qui ressemble à une grosse cheville pour tomber sur la rime.
moyennement aimé « désir éperdu » un peu poncif….
Mais les 3 derniers quatrains sont superbes: mots simples, très belles images: vers 17 et dernier vers somptueux que vous envierait les plus grands poètes et que j’aimerais avoir écrit.

Bravo Myo

   Mintaka   
13/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Comme j'aime à le faire, je me laisse d'abord bercer par la musicalité des vers pour ensuite m'attacher davantage au contenu. Et la musique est bien là, prenante et gracieuse à l'oreille. Quant au contenu, j'aime l'idée de ce brin d'herbe de peu qui devient un grand tout. Il n'y a pas que le diable qui se cache dans les détails, la beauté des choses aussi. Merci pour votre sensibilité.

   Davide   
15/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Myo,

Connaissant le registre poétique de l’auteure et affectionnant sa sensibilité, autant que sa justesse, dans l’expression des émotions humaines, j’ai d’abord regretté que la métaphore impliquant cette mauvaise herbe – celle-ci étant le « comparant », en rhétorique – ne laisse pas apparaître avec plus de netteté ce qui couve et se cache entre les mots, derrière les mots, par-delà les mots.

Néanmoins, si le dernier vers en forme de maxime (« le rêve n’aime pas qu’on le cueille en bouton ») parachève subtilement cette fable en flou artistique, fable rendue attachante du fait de son écriture maîtrisée, maligne et ne se prenant pas toujours au sérieux, c’est donc à rebours que son arrière-plan m’est discrètement apparu : en effet, cataloguer trop précipitamment une chose ou un évènement comme étant positif ou négatif, avant sa maturation – et la maturation de notre pensée, peut-être ? –, peut s’avérer bien fâcheux.

La démonstration, bien qu’assez impromptue dans son déroulé (il faut dire que suivre les pérégrinations d’une narratrice et de sa « mauvaise herbe » constitue, ici, une gageure poétique, qui plus est, dans un poème néo-classique en alexandrins réguliers), ne manque pourtant pas de consistance et de perspicacité. De fait, malgré le manque d’homogénéité ressenti à la lecture entre les différents paramètres évoqués, et qui m’ont un peu dispersé, j’ai quand même été touché par l’écriture soucieuse et par les images tâtonnantes d’un « mystère à fleurir » allégorique en transparence : un poème porté (on le sent) par une vraie belle ambition, autant poétique que philosophique.


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