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Poésie contemporaine
nqadiri : Palabres mortelles
 Publié le 18/04/24  -  6 commentaires  -  637 caractères  -  161 lectures    Autres textes du même auteur

Une thématique mortelle.


Palabres mortelles



Las du terroir terreux où son crâne trônait,
Don Calavera, gai, soudain s'était levé.
« Ouf ! Assez marri en ce vil caveau maudit ! »
Son rire claironna dans un joyeux transi.

Sombrero de soie sur son chef sang dégarni,
Il émergea pimpant, clama d'un air ravi :

« La Mort n'est pas causerie, mais frairie sans fi !
Amis d’Épicure, savourez ces moments ! »

Cette vanité camuse au babil charmant
Nous dit sans ambages, la mort n'est seulement
Qu'un fol Mémento, hâtons-nous d'être vivants !

« Même les crânes qui rient,
En cendres seront réduits… »


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Provencao   
18/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour nqadiri,

" « La Mort n'est pas causerie, mais frairie sans fi !
Amis d’Épicure, savourez ces moments ! "


J'aime bien cette mort qui n’est ni faisandée ni probable mais aussi authentique qu’inexacte .

Jolie opposition d' angoisse à angoisse, courage
à dérision, rire masqué à vanité camuse .
Face à ces palabres mortelles, ne faut-il pas risquer cette grande solitude, mais sans serment...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
18/4/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour nqadiri
une parution nantie d'un seul commentaire, voilà qui serait amer !
aussi, viens-je derrière Provençao, y déposer quelque mot
Oyé, oyé bonnes gens... vivantes !
en mon caveau c'est pas que j'm'ennuie, mais souffrez qu'en plein-air, je prenne un bol d'air, et vous donne des nouvelles d'outre-tombe...
NB personnellement, les cimetières ( hors inhumations ) ne m'effraient pas, aussi je comprends qu'on puisse y faire naître une rigolade.
certes, je ne comprends pas le sel de ce texte, mais il a l'heur de plaire, puisqu'il parait !
j'aime bien la première strophe

   Ornicar   
18/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Nqadiri,

Pauvres mortels que vous êtes, hâtez-vous de cueillir le jour qui passe ! Voilà ce que claironne ce fantasque macchabée. La présence d'un "crâne" surmonté d'un "sombrero" associé à la figure de Don Calavera, m'incite à penser que ce poème célèbre à sa manière la fête des morts très populaire au Mexique.

J'aime bien la tonalité générale du poème, cette joyeuse danse macabre qui se moque une fois l'an de la camarde. Alors que la mort est un sujet tellement grave, ici tout est léger et sans conséquence ("vanité camuse au babil charmant"). J'aime aussi l'emploi de mots "savants" ou pour le moins peu usités : "transi" en tant que substantif, "frairie" que j'imagine se dérouler en un joyeux charivari. Mention pour le titre ("palabres mortelles"), puisque "palabres" se dit aussi en espagnol mais dans une prononciation et un sens légèrement différents quoique voisins.

   Polza   
20/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Nqadiri et (avec un peu de retard) bienvenue sur Oniris.

Je n’ai pu m’empêcher de penser au fameux film d’animation des studios Disney/Pixar qui se passe « El día de los muertos » et que je prends toujours plaisir à regarder avec ma petite fille. Je parle de Coco, vous l’aurez compris.

J’ai trouvé l’écriture pleine de fraicheur et le langage soutenu.
Je me suis dit que l’auteur avait dû bien s’amuser en écrivant ce poème et que sa joie est communicative à travers les mots choisis.

« Cette vanité camuse » pour citer un exemple. Comment ne pas penser à la double sonorité « camuse/qu’amuse ».

J’ai eu comme l’impression de lire un extrait d’une pièce de théâtre « comico-emphatique », j’ai presque regretté que l’ensemble soit si court, j’aurais volontiers prolongé ma lecture.

J’émets une petite réserve pour « fol Mémento », à confirmer par des experts (expertes), mais je pense que l’on peut dire « fol amour » (comme le célèbre docteur du même nom) « fol espoir », pas sûr que ça fonctionne devant une consonne. « Q’un fou Mémento ». À moins qu’il y ait eu volonté d’une forme archaïsante qui siérait bien au vu de l’ensemble du poème.

« Même les crânes qui rient, 
En cendres seront réduits… » allez savoir pourquoi, cette chute m’a fait penser à la phrase qui figurait encore au Code pénal avant que la peine de mort soit abolie et qui a été rendue célèbre par Fernandel dans le film de Marcel Pagnol « Le Schpountz » « Tout condamné à mort aura la tête tranchée. »., j’ai trouvé qu’elles avaient la même tonalité !

Bravo pour ce poème que j’ai grandement apprécié.

   Louis   
23/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le premier quatrain met en scène un mort qui se relève de son royaume, son « terroir terreux », comme « las » de son séjour dans le monde sans vie.
Le mort porte un nom : « Don Calavera », par lequel on comprend que nous sommes dans le cadre de la culture mexicaine, à l’occasion de la "fête des morts".
Calavera, en effet, désigne au Mexique une "tête de mort", et par extension métonymique un squelette entier de ce qui fut un être humain.
La terme « Don » qui le précède, comme dans "Don Juan", transforme le nom commun, et par conséquent le cadavre squelettique anonyme auquel il se réfère, en une personne considérée avec respect, comme si elle était vivante et partageait encore la vie sociale des bien-vivants et leurs mœurs, dans un humour noir qui commence ici à poindre ( dans la veine, probablement des "calaveras literarias", poèmes composés à l'occasion du Jour des morts et destinés à moquer les vivants.)

Don Calavera donc se relève, et reprend vie, tout en restant mort ; il se relève mort-vivant, non pas dans la tristesse du deuil, non pas avec un air sombre, lugubre ou macabre, mais joyeusement, avec gaieté.
Il sort de son trop triste « caveau ».
Il sort en riant, et :
« Son rire claironna dans un joyeux transi »
Ce « joyeux transi » sonne comme un oxymore. Et le « transi » est à la fête.

Dans la deuxième strophe, Don Calavera apparaît avec un « Sombrero de soie », qui confirme le contexte mexicain.
Il lui donne une allure étrange, presque grotesque, dans cette association entre un chapeau fin, délicat, de « soie » et la tête qu’il couvre, ce « chef » livide, exsangue : « sang dégarni ».
Il n’a pas à craindre le soleil pourtant, et n’a pas manqué d’ombre, mais il est pourvu de ce chapeau, marque sociale de coexistence avec les vivants.
Chapeau qui lui ôte son air effrayant, pour lui donner un air clownesque, risible, « bouffon ».

« Il clama d’un air ravi :
« La Mort n’est pas causerie, mais frairie sans fi »
Un humour fondé ici sur une contradiction :
Don calavera est la personnification de la Mort, et il "cause", cause pour dire que la Mort n’est pas causerie.
Il ne fera pas de Discours sur la mort. Il s’oppose à cette commémoration des défunts qui se limite à l’expression, dans le l’énoncé de leurs noms, de ce que fut leur vie, ou à leur invocation dans des prières.
La mort n’est pas de l’ordre du langage, mais « frairie », c’est-à-dire fête dionysiaque, sorte de bacchanale.
Une frairie sans « fi » : est-il ajouté. Fête sans mépris, sans répugnance et sans dégoût pour la mort. Festivité sans retenue.
Une invitation donc, à un rapport avec la mort qui ne se résume pas à la parole, mais qui s’exprime dans un comportement festif, joyeux et sans tristesse.

La mort se confond alors avec la pensée de la mort. Don Calavera en est une allégorie.
Cette pensée n’est pas synonyme d’angoisse, ne suscite pas la crainte, mais peut être en mesure de délivrer une leçon de sagesse :

« Amis d’Epicure, savourez ces moments »

Le mort-vivant en appelle aux « amis » d’Epicure, et l’on sait combien ce philosophe a valorisé l’amitié, la "philia", il en appelle donc à un rapport amical entre les vivants, et entre vivants et morts, dans le temps de la fête.
« Savourez ces moments » est une invitation à jouir de la vie au présent, moments rendus précieux par leurs caractères uniques et éphémères, sans crainte de la mort.
Épicure insistait beaucoup sur ce point : la mort n’est pas à craindre, il convient pour bien vivre de se délivrer de cette crainte.
La mort n’est pas à craindre, soutenait-il, parce qu’elle n’est « rien », ni un bien ni un mal.
Elle est pourtant ici quelque chose, une partie de la vie, une dimension intégrée à la vie.

La leçon est inverse de celle des « vanités », qui voulaient rappeler combien la vie est vaine, et qu’il fallait se préoccuper de l’au-delà et du salut dans l’éternité.
Ce qui importe, c’est cette vie, dit le mort-vivant. Il n’y a de certaine que cette vie ici-bas ; le mort-vivant ne descend pas du Ciel d’un au-delà, séjour d’une vie éternelle, mais se relève du « terroir terreux », de cette terre de poussière d’où vient la vie et d’où elle retourne.
S’il peut être qualifié de « vanité camuse », Don Calavera est vanité inversée.

Sa leçon : « La mort n’est seulement / qu’un fol Memento »
fait référence au "Memento mori" : souviens-toi que tu vas mourir.
Conscience de notre finitude, elle énonce pour maxime :

« hâtons-nous d’être vivants »

Le précepte semble bon, mais inutile, peut-on penser. Vivants, ne le sommes-nous pas déjà ?
C’est que vivre, et c’est ce dont il faut aussi se rappeler, c’est authentiquement « bien vivre », sans craintes, sans tous les tourments qui gâchent la vie. C’est vivre dans la sérénité et dans la joie. C'est chercher maintenat à bien vivre, sans remettre le "bonheur" à plus tard.
La joie est inhérente à la vie, quand celle-ci est délivrée des craintes, et en particulier la plus grande d’entre elles, celle de la mort.
Mort joyeuse, personnifiée ici, sans chair mais avec os, qui intervient pour rétablir la vie dans ce qu’elle est, quand la tendance est de la réduire à une survie qui ressemble à une mort triste.
Le mort-vivant remet à l’endroit ce qui a été inversé : un mort-vivant, gai, et joyeux, n’est pas un vivant-mort, triste et déprimé.
Le "mort-vivant", c'est au fond, le vivant qui sait être condamné, et que sa vie n’est qu’en sursis. Il sait le tragique de l’existence, mais l’accepte et trouve une joie dans la coexistence même avec la mort, en la côtoyant de près, sans effroi.

Un dernier adage clôt le poème :
« Même les crânes qui rient
En cendres seront réduits »
Notre destin fatal est bien celui-là : être réduit en « cendres » et poussières.
Vie et mort sont solidaires, face à ce même sort qui les attend.
La mort, en effet, est distinguée de la réduction à la poussière et au néant.
La mort, ou plutôt ici les morts, participent de la vie et de sa fête ; ils se « relèvent », mais la formule est rhétorique, nous les relevons. Ils se mêlent aux vivants et à la vie, tant que nous, les vivants, ne les excluons pas, mais les intégrons, présents pour nous et par nous, afin de nous rappeler que la vie n’est pas à remettre toujours à demain, n’est pas à gâcher parce que précieuse, car nous n’en avons qu’une, et que la poussière est au bout du chemin.

Si le poème s’inspire de la fête mexicaine des morts, une référence aux danses macabres issue du Moyen-âge européen semble aussi présente. Ce thème a souvent été repris dans le domaine des arts ( peinture, musique, poésie).
Ce poème penche dans une version nettement hédoniste de ces danses et sarabandes, et l’on mesure la distance et la différence avec la version de Baudelaire, par exemple, dans son poème intitulé Danse macabre, bien peu hédoniste. ( hédonisme qui pointe pourtant ailleurs, comme dans Enivrez-vous, dans Les petits poèmes en prose)
Mais la version de ce poème est intéressante, écrite avec originalité. Et plus proche peut-être du sens authentique de ces danses macabres.

Merci nqadiri

   Ioledane   
23/4/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
J'ai du mal à "entrer" dans ce poème, que ce soit au niveau du fond ou de la forme. Peut-être déjà parce que je ne suis pas familière du folklore mexicain, mais aussi (et surtout) en raison de constructions de phrase assez curieuses à mes yeux : "un joyeux transi" (l'un de ces deux adjectifs se veut sans doute substantivé, mais lequel et pourquoi ?), le "chef sang dégarni" ("sang" est-il ici à prendre comme la couleur ?), "la mort n'est seulement qu'un fol Mémento" (il me semble que l'on devrait lire soit "la mort est seulement un fol Mémento" soit "la mort n'est qu'un fol Mémento", mais pas un mélange des deux).
Concernant le rythme, j'ai été gênée par les "faux alexandrins". Les vers 1, 2, 4, 6 sont harmonieux à l'oreille, mais les autres comportent une césure décalée (et pas toujours décalée de la même manière) qui a heurté ma lecture.
Les deux heptasyllabes finaux, eux, sont plus équilibrés et amènent une rupture 'cohérente' avec le reste.
J'ai bien aimé le travail sur les assonances.
En fait, je trouvais les deux premiers vers très prometteurs ; cela s'est un peu gâté par la suite malheureusement (à mon goût, en tout cas).


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