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Poésie contemporaine
papymordoc : Poussière
 Publié le 08/06/21  -  7 commentaires  -  2121 caractères  -  92 lectures    Autres textes du même auteur

La vie est un parcours dont il faut assumer les ombres pour embrasser la lumière.


Poussière



Je suis un petit bout d’une partie du tout
Bohémien naufragé d’un vieux songe embrumé
Un arbre respiré, caresse branche au cou
veines griffures sur mes paupières bleues blessées
et la nuque blottie dans le frisson étrange
des coupables dénis mais que rien ne dérange
Je goutte le parfum d’éternité promise
qui grime la misère au fronton des églises
Le cœur trop petit dans mes poches trop pleines
Ridicules prières, dérisoires bas de laine

Je suis un petit bout d’une partie du tout
qui rêve, s’abandonne et questionne surtout
Les pieds dans l’herbe folle et le regard posé
sur l’horizon lointain des beautés ineffables
J’épouse l’univers comme un baiser osé
Exister pour faire face au destin implacable
en marcheur obstiné qui chemine à jamais
vers un autre pour naître en embrassant le monde
d’un amour infini capable désormais
de parler aux étoiles et aux lunes fécondes

Je suis un petit bout d’une partie du tout
ignorant la saveur des larmes sur une joue
affrontant la blessure des lâchetés ordinaires
des regards détournés et des mains non tendues
Les damnés de misère aux rêves défendus
n’ont pas choisi de boire aux larmes de leur père
Les chardons, les orties, les rats et les crapauds
mêlent leur disgrâce à la grâce des roses
Absurde farandole en forme d’ecchymose
dressant nos certitudes comme des oripeaux

Je suis un petit bout d’une partie du tout
vêtu d’un peu de honte et malgré tout debout
Un baiser sur mes poings avalant mes frayeurs
les ombres malfaisantes, les doutes et ma douleur
Un beau matin d’orage, un billet pour le monde
en poche, il a quitté ses galères et sa plage
Veines ouvertes dans les flots, sans adieu, sans bagage
sans mendier, en silence, muet comme une tombe
et laissant au pays une mère à genoux
sur les pages d’un livre qu’on jette au fond d’un trou

Un petit bout d’humain couché sous un caillou
Une poussière d’étoile qui compte pour des clous


 
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   Cyrill   
8/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Pour faire un tout il faut prendre en compte toutes les plus infimes parties, et ce long poème avec si peu de ponctuation le démontre avec force.
Il est émaillé de belles images, que je n'ai pas forcément comprises mais peu importe, ça m'emporte !
On se prend d'affection pour ces destins dérisoires et dont on fait partie aussi, chacun à sa façon.
Un texte touffu, d'une tristesse insondable, j'ai aimé.

   dom1   
24/5/2021
 a aimé ce texte 
Bien
L'œuvre est bien menée, en images agrippantes et fragiles. Un exercice prompt aux envolées métaphoriques qui a su, quant à vous, garder les pieds sur terre.
Bravo

   Donaldo75   
29/5/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J’ai beaucoup aimé ce poème ; il contient ce que j’apprécie dans la poésie en forme libre. D’abord, il donne de la matière pour réfléchir, penser, voir autre chose que les petites fleurs dans les champs, les vaches en train de ruminer ou les objets de mon quotidien sur lequel j’aurais tendance à m’autocentrer si je ne prenais pas garde à cette tendance. Ensuite, il jongle réellement avec des images et des symboles non dans le but de simplement montrer de la virtuosité ou de l’adresse mais dans celui de me pousser à utiliser mes neurones autrement qu’en version alimentaire. Enfin, il me propose un univers complet, avec un champ lexical vaste et pas forcément tiré d’un catalogue de la poésie en kit comme je peux le voir par ailleurs sur le site. De ce fait, il déploie une tonalité originale, accentuée par l’usage de la première personne du singulier. Bref, en tant que lecteur, je suis comblé car l’auteur ne m’oublie pas, me considère comme suffisamment intelligent pour lire aux différents niveaux proposés, selon mon humeur du moment ou la capacité de mon cortex cérébral à extrapoler, me propose une forme remarquable dont mon plaisir de lecture est enrichi, ne coupe pas les cheveux en mille vingt quatre pour me raconter des trucs dont je n’ai rien à faire.

Bravo !

Merci pour le moment de délectation.

   Damy   
8/6/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une 2° strophe vitale, pleine de l’énergie que la contemplation de l’univers nous insuffle. Être un petit bout de la biosphère est être à sa juste place. Ce passage m’a beaucoup plu, évoqué par de très belles images pleines de sensualité.

Dès la 3° strophe, l’auteur nous emmène dans l’ambiance morose de la condition humaine. En être un petit bout devient difficile. Ce sentiment est bien rendu par ces 2 vers tragiques et beaux :
« Les chardons, les orties, les rats et les crapauds
mêlent leur disgrâce à la grâce des roses ».

La 4° strophe est, à mon sens, terrible, nous emmenant dans les couloirs de la mort suicidaire et en être un petit bout « malgré tout debout ».
« il a quitté ses galères et sa plage
Veines ouvertes dans les flots, sans adieu, sans bagage ».
Nous ne savons pas qui est « il » mais nous imaginons.

Les 2 derniers vers médaillons laissent sans espoir.

Dire que j’ai pris plaisir à ma lecture serait beaucoup dire tant « le petit bout » me plonge dans une profonde mélancolie dont je vais avoir du mal à émerger.
Je souligne le talent de l’auteur, sa riche versification allant crescendo du meilleur jusqu’au pire dans une dramaturgie prenante.

   papipoete   
8/6/2021
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour monsieur papy...
ne dit-on pas " on est peu de chose sur terre ! ", et vous vous employez à le démontrer, dans un très long examen de conscience.
" tu es poussière... etc ", certes mais à côtoyer des malheureux, qu'un sourire illumine, que les coups ne rompent pas, l'on se dit qu'on peut pleurer, nous, dans notre pays car une joie même mineure viendra sécher nos larmes !
chez ces pauvres gens pour qui, l'eau est plus merveilleuse que l'or ; chez ces gens contents d'avoir rempli leur sac, dans un Everest d'ordures, puis jouent au ballon à son pied... eux aussi, redeviendront poussière ! Ainsi, si vos lignes parlent pour ce peuple-là, je partage vos sentiments " dodécasyllabiques ! "
NB il n'en demeure pas moins que vos lignes auraient plus place, dans un " récit poétique " de par sa longueur qui peut lasser le lecteur ?
le 4e vers en prend à son aise, et s'envole avec son 13e pied !

   Anonyme   
9/6/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Papymordoc

Un second poème que j'aime et apprécie plus encore que le premier.
L'anaphore des quatre paragraphes et ses allitérations est vraiment bien trouvée.
De nombreux vers me plaisent, ainsi :
"Un arbre respiré, caresse branche au cou"
"J’épouse l’univers comme un baiser osé"
"Les damnés de misère aux rêves défendus
n’ont pas choisi de boire aux larmes de leur père"
Certains vers sont plus difficiles à prononcer en respectant les 12 syllabes, par exemple :
"veines griffures sur mes paupières bleues blessées"
"affrontant la blessure des lâchetés ordinaires"
J'ai bien aimé la ponctuation minimale, compensée par la présence ou non de majuscule en début de vers, quelques virgules, et l'essentiel des phrases contenues en chaque vers. Ensuite l'enjambement :
"Un beau matin d’orage, un billet pour le monde
en poche, ..."
est le bienvenu.
Un poème d'un humain au cœur du monde et des humains, au destin tragique raconté sans emphase, avec poésie et délicatesse.

Merci du partage,
Éclaircie

   Provencao   
13/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
" Exister pour faire face au destin implacable
en marcheur obstiné qui chemine à jamais
vers un autre pour naître en embrassant le monde
d’un amour infini capable désormais
de parler aux étoiles et aux lunes fécondes "

J'ai beaucoup aimé cette contemplation, où l'existence repose en elle-même., subtilement recueillie, en un partage avec les étoiles, au coeur de cet amour infini.

Au plaisir de vous lire
Cordialement


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