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Poésie classique
perthro : Ancienne prière
 Publié le 19/01/13  -  10 commentaires  -  1719 caractères  -  183 lectures    Autres textes du même auteur

Quand on ne sait où se tourner…


Ancienne prière



Je me tourne vers vous comme on tourne sa tête,
Ô vous les dieux anciens, vous qui n’existez plus,
Qui n’avez plus de noms qu’une simple épithète,
Et peupliez jadis des mondes révolus.

Voici mon corps, mon sang, ma peau, mes quelques veines,
Voici mon cœur, mes os, mon cou, mon intestin,
Que mon passé trop lourd et mes histoires vaines
Me laissent maître enfin de mon propre destin.

Si mon âme rompue et pourtant si solide
Trouve un jour une aiguille et du fil à tisser,
Je te promets, ô ciel, que tu sois plein ou vide,
Que mes doigts acérés ne feront qu’y glisser.

Et parmi tous ces mots, qu’un unique suffise
À résoudre le mal et calmer mes démons
Me rend parfois songeur : que quelqu’un me le dise,
Je hurlerai son nom à m’ouvrir les poumons !

Pourquoi me faudrait-il à jamais me confondre,
L’inconscient rongé, le conscient aussi,
Lorsque mon cœur glacé ne demande qu’à fondre
Et rêve d’un ailleurs alors qu’il reste ici ?

Ô vous les dieux anciens qui tirez les ficelles,
Les nuages aidant, cachés comme il se doit,
Je vous vois bien pourtant lancer vos étincelles,
Tranchant le ciel en deux pour nous pointer du doigt !

Que ma prière alors délivre vos esclaves
Et présente à mon cœur un cœur en viager :
Le pantin que je suis veut couper ses entraves
Mais le monde est si beau qu’il faut le partager…

Quand les vents du passé sont forts, parfois, encore,
Quand le poids des remords est trop lourd à porter,
Je ne suis plus hélas qu’un bien triste pécore
Qu’il faut tout simplement savoir réconforter.


 
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   Pimpette   
19/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
"Et parmi tous ces mots, qu’un unique suffise
À résoudre le mal et calmer mes démons
Me rend parfois songeur : que quelqu’un me le dise,
Je hurlerai son nom à m’ouvrir les poumons !"

cette strophe éclaire (légèrement) ma lanterne et, jointe à la chute, me laisse penser que le sens du texte n'est pas si compliqué que le laisse entendre cette prière étrange dans sa forme...je ne me risque pas plus loin...mais le peu que je saisis me plait beaucoup!
Un homme manque cruellement d'un amour aussi immense et définitif que la douleur qu'il éprouve!

J'attends les com des autres avec une impatience réelle.

   Marite   
19/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Sur la forme, peu de choses m'ont gênée sauf le mot "intestin" que je trouve vraiment incongru dans cette prière aux dieux anciens.

Je n'ai pas trop saisi non plus cette strophe :

"Si mon âme rompue et pourtant si solide
Trouve un jour une aiguille et du fil à tisser,
Je te promets, ô ciel, que tu sois plein ou vide,
Que mes doigts acérés ne feront qu’y glisser."

Je n'arrive pas à savoir où les doigts se glisseront ... sur l'aiguille ? Le fil ? le ciel plein ? le ciel vide ?

En ce qui concerne le fond, je suis surprise et un brin amusée. Comment peut-il se faire que quelqu'un puisse encore se trouver à ce point perdu pour s'adresser ainsi aux dieux anciens ? Nous sommes pourtant censés être les "maîtres" de tant de choses, émotions comprises, rien ne devrait pouvoir nous déboussoler.

Donc finalement, cette poésie me rassure car elle est tout simplement "humaine" et la dernière strophe le confirme, je trouve :

"Quand les vents du passé sont forts, parfois, encore,
Quand le poids des remords est trop lourd à porter,
Je ne suis plus hélas qu’un bien triste pécore
Qu’il faut tout simplement savoir réconforter."

   Brisemarine   
19/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce poème me fait penser à la chanson de M. Pacora, "En attendant la fin"; je dirai pour cet écrit, "en attendant le réconfort"
Quand ça tourne mal, on se tourne vers (les) Dieu(x). Cette prière( pourquoi "ancienne" ?) révèle un réel mal-être, un sentiment d'abandon. Abattu, désespéré, mais ne capitulant pas, le "je'"( mais est-ce un jeu, un prétexte d'écriture?) ne cherche qu'à être réconforté, un souhait qui semble moindre par rapport à l'état dépressif affiché.
Un écrit, maussade, spleenétique, écrit, me semble-t-il, dans les règles de l'art et émaillé de jolies trouvailles. Je trouve cependant les premiers vers de la strophe 2 pas très poétiques.

   Anonyme   
19/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour perthro. Je ne vais pas faire semblant de découvrir ce poème que j'avais lu à votre demande voilà quelques semaines afin d'y déceler d'éventuels vices de forme.
La forme étant parfaite, je ne m'étais toutefois pas prononcé sur le fond...
Vous auriez pu intituler ce texte Spleen tant il est sombre pour ne pas dire NOIR mais ce n'est pas un reproche, chacun ayant sa propre vision du monde et de la vie.
Ce poème me rappelle un peu Le Léthé de Baudelaire, ce qui est plutôt un compliment.
Je regrette simplement le second quatrain que, pour ma part, j'aurais simplement supprimé éliminant par là-même la liste peu poétique de vos abattis...
Ayant lu l'ensemble de l'opuscule dont le présent poème n'est qu'une mince partie, je suis très impressionné par la somme de travail que tout ceci représente... Merci et au plaisir de vous lire

   Miguel   
19/1/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
La prosodie est impeccable. Le style un peu moins, avec ces intestins et cette expression ''tirer les ficelles'' entre autres. Le sens global est bien obscur. Drôle d'apostrophe à des dieux auxquels on ne croit pas. Bien sûr c'est un procédé littéraire comme un autre pour s'exprimer, mais pour quoi dire au juste ? Je ne l'ai pas bien compris.
Quelques vers bien frappés sauvent le poème.

   brabant   
20/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Perthro,


Tout comme Pieralun pour "L'envie d'essences" j'avais commenté ce texte en EL, et tout comme celui de Pieralun mon com n'apparaît pas le premier jour de la parution sans que je puisse m'expliquer pourquoi.
Je n'aime pas faire deux fois un commentaire, alors celui-ci sera succinct.

- j'avais noté que les accumulations :
"corps/sang/peau/quelques veines//
coeur/os/cou/intestin" étaient peut-être faciles pour former des vers et arriver ainsi au nombre juste de pieds en précisant qu'avec les 225 os du corps humain, on pouvait ainsi aller très loin. Lol.
- j'avais souligné que cette (juste) colère contre les dieux (révolte) se terminait cependant par une bien étrange compromission où le héros fait, devenu moins vaillant, un pacte avec eux et accepte un partage. Pourquoi alors se révolter ?
- j'avais noté en synthèse le travail élogieux entrepris dans la saga que vous entreprenez et la qualité indéniable de celui-ci, les deux remarques précédentes étant toutes relatives.


Bonne continuation donc dans votre louable entreprise... et félicitations ! :)

   Cristale   
21/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un texte superbement classique aux vers soignés, où les rimes souvent riches et élégantes soulignent des alexandrins du plus bel effet.

J'ai un peu de mal à suivre l'auteur dans ses incantations mais le dernier quatrain murmure à mon oreille :

"Quand les vents du passé sont forts, parfois, encore,
Quand le poids des remords est trop lourd à porter,
Je ne suis plus hélas qu’un bien triste pécore
Qu’il faut tout simplement savoir réconforter."

Une poésie classique est réussie lorsque l'émotion fait oublier la technique.
Et ce texte est une réussite en ce sens.

Bravo et merci perthro.

Amitiés
Cristale

   Mona79   
21/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Des vers fluides et bien cadencés qui ne heurtent pas l'oreille. Les dieux anciens acceptaient les offrandes de viscères placés dans des canopes, donc les vôtres ne sont pas de trop dans ce poème.

Bien sûr on se demande pourquoi prier des dieux qui "n'existent plus" bien qu'au fil du temps on s'en invente d'autres qui les remplacent, sans se demander : et si c'étaient les mêmes ? Vous avez fort bien cerné la question en filigrane.

"Ô vous les dieux anciens qui tirez les ficelles,
Les nuages aidant, cachés comme il se doit,
Je vous vois bien pourtant lancer vos étincelles,
Tranchant le ciel en deux pour nous pointer du doigt !"

   David   
22/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Pertho,

Je me suis toujours dit qu'il y avait des influences communes à la prière et à la poésie, comme celle qui voudrait que l'auteur n'en soit pas le sujet : on ne prie pas pour soi de la même façon qu'on devrait éviter le nombrilisme. En même temps, une prière n'existerait pas par sa narration, ça peut tout à fait se faire intérieurement. Un poème par contre n'existerait qu'une fois écrit ou prononcé.

Dès le premier vers, c'est la même "fausse maladresse" qui me saute au visage : "Je me tourne vers vous comme on tourne sa tête" difficile d'être plus prosaïque, pragmatique, de renoncer plus loin à toute imagination pour qualifier un mouvement, quasiment par lui-même.

La "fausse maladresse", ça sera par la suite cette prière tout entière tournée vers celui qui la fait, et même toute prête à s'adresser au néant, renonçant jusque dans cet acte à répondre de l'existence de les ou la divinité invoquée.

La provocation de la prière apparemment égoïste elle se répercuterait au-delà du nombrilisme pour le poème, dans la seconde strophe où la description plonge dans les entrailles même du narrateur.

Pourtant, il se distingue assez clairement trois instances, le corps, le cœur et l'âme, et bien que cette dernière ne revendique pas tant une liberté supérieure aux deux autres, la prière en est bien l'indication, c'est par son biais qu'une liberté pourrait être trouvé.

Le corps peut être ressenti comme une prison du fait de l'âge ou de la maladie, le cœur de même du fait des remords et regrets, des sentiments funestes, pour l'âme, c'est un peu différent, la mort peut donner à la spiritualité des horizons.

La quatrième strophe va amorcer une rupture néanmoins, avec ce "mot unique à hurler" que j'imagine être le même qu'il était interdit de prononcer aux premiers monothéistes, le nom de dieu lui même, l'expression est restée un juron d'ailleurs. Les allusions paganistes comme l’égoïsme et le nombrilisme qui pouvaient apparaitre seraient plus des points de départ, comme une prise d'élan pour ce qui suit dans le poème.

Je ne sais pas si c'est la culture qui revient au galop quand on veut autant la chasser, mais la fin du poème sera bien plus orthodoxe que le début, et la prétention apparente prend sa dimension d'humilité, avec une sorte de rudesse attachante dans ce dernier qualificatif de "pécore", qu'illustrait déjà le premier vers à mon avis.

   Anonyme   
30/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
De jolis vers et un propos tenu réussissent à rendre dense un poème de longueur intermédiaire, merci pour le partage.


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