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Poésie contemporaine
pieralun : L’Obscurité [concours]
 Publié le 08/10/23  -  7 commentaires  -  2129 caractères  -  209 lectures    Autres textes du même auteur


L’Obscurité [concours]



Ce texte est une participation au concours n°34 : De l'un à l'autre
(informations sur ce concours).





C’était l’heure où la nuit enveloppe les êtres.
Les rideaux des maisons descendaient aux fenêtres,
Protégeant les enfants blottis dans leur sommeil
De la peur qui s’immisce entre rêve et réveil.
Une cloche semblait résonner avec peine
Tant la voûte était noire et l’église lointaine,
Mais son chant se glissant dans l’ombre, vaguement,
Veillait sur le quartier à chaque tintement.
La femme trop aimée, en la moiteur épaisse,
Laissait ses membres nus aller à leur paresse,
L’amant y devinant un reste de candeur
Dans un songe paisible éteignait son ardeur.
À la pâle lueur de quelques réverbères,
C’était l’heure où l’on voit luire pavés et pierres,
Où, sur le trottoir nu qu’arpentaient de vieux chats,
L’ivrogne titubant les souillait de crachats.
C’est une heure où la nuit se déchire en la plainte
Monotone d’un chien trop longtemps attaché,
Où sous un ciel sans lune un maraudeur caché
Scrute les lieux bourgeois dont la lampe est éteinte.

L’Obscurité partout a posé ses vapeurs.
Aux bois majestueux comme à la bête immonde,
Ses draps noirs sont offerts à tout natif du monde
Et rhabillent les bons, les clochards, les voleurs.
Pour un esprit funèbre, elle met son immense
Couvercle sur les cieux ; pour le pensif, rêveur,
Goûtant dans son empire une étrange saveur,
Elle est la ténébreuse où règne le silence.
Il en est amoureux et les mots sous les doigts,
Caressant le papier jusqu’au fil de la trame,
L’homme mélancolique a convié son âme
Aux tréfonds d’un recueil lu pourtant maintes fois.
Un autre y voit l’abîme où traînent les secondes,
Guette dans un lit froid comme l’est un tombeau
L’aube qui fera fuir l’encre de son cerveau
Et germer sur son cœur des ailes vagabondes.


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   papipoete   
21/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
classique
La date limite pour concourir est ce soir à 23h59, et je vois que votre poème n'a pas de commentaire !
Je me dépêche mais votre texte est long, et n'ai pas toute adresse à le cerner.
Mais cette obscurité tombe sur toute âme, noble ou frivole ; sur l'enfant qui s'endort avec une veilleuse, et la fille des rues qui remet son compteur à zéro jusqu'à demain.
La nuit même en plein jour, peut se voir à travers le son du glas, qui accompagne juste ou mécréant jusqu'au noir d'une sépulture.
Le poète que la mélancolie habite trouvera son inspiration, quand le soleil éclatant ne lui tirera pas une once d'encre...
NB vous dépeignez tant d'objets, de figures, de moments de belle manière qu'on se prendrait à aimer l'obscurité... moi, juste le temps de visiter un sous-bois ou la crypte d'une église.
J'ai une préférence pour ces passages, " mais son chant... " et celui évoquant " l'homme mélancolique "
à la lecture de ces magnifiques alexandrins sans faute, j'imagine que son auteur ( eure ) n'est point novice en la matière !
papipoète

   Lebarde   
21/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Dans "l'Obscurité", on ne devrait en principe rien voir ...et pourtant "À la pâle lueur de quelques réverbères," et sous la plume inspirée du poète, on peut y percevoir tant de choses cachées, improbables, imaginées ou bien réelles que le propos décrit avec moultes détails et précisions, mais dont il convient pourtant de protéger "les enfants blottis dans leur sommeil/De la peur qui s’immisce entre rêve et réveil".

Le thème est abondamment développer dans deux strophes au découpage inhabituel et curieux qui à mon avis, pèsent un peu par la longueur qui introduit, sans que cela soit nécessairement préjudiciable une " dérive" au niveau des rimes dans la deuxième strophe.
Pour autant l'écriture est joliment poétique avec des alexandrins bien rythmés sans fautes de prosodie, et une belle diversité dans le choix des mots, remarquable sur un texte aussi dense, même si la concordance des temps, contestable, et l'emploi répété du relatif "où", sont dommageables en alourdissant le propos.

Sinon voilà bien un poème classique ( ils sont si rares), de belle facture, plaisamment écrit avec un métier certain de la part de l'auteur(e), agréable à lire malgré sa longueur, qui répond parfaitement aux contraintes du concours et qui pourra séduire.

Bonne chance pour la suite.

   Donaldo75   
29/9/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
La tonalité sombre de ce poème m’a plu ; je trouve que les deux bouts de phrase de la contrainte s’inscrivent très bien dans ce tableau poétique. Du côté de la fluidité, elle n’est pas toujours au rendez-vous mais ce n’est pas gênant dans ma lecture qui mise plus sur les couleurs que sur le rythme. Le poème peut paraitre long ainsi exposé sur la page numérique mais en réalité il se lit d’une traite, parce que l’ambiance est bien posée et que l’enchainement des vers place bien le thème et ses composantes.

   Eskisse   
8/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'ai beaucoup aimé ce parti pris d'un "narrateur" omniscient qui nous livre un sobre panorama d 'une l'humanité un peu à la dérive dans cette obscurité finalement éclairante.
Ce point de vue qui embrasse plusieurs figures laisse une impression de fils effilochés, de destins envisagés dans l'instant.
Le poème a beaucoup de fluidité et se lit agréablement.

   fanny   
8/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Un poème sobre et dense, qui dépeind les différents aspects de la nuit et des perceptions qu'elle induit. Un peu comme si j'étais accoudée à ma fenêtre avant de fermer les volets, et que je profite pleinement de cette déambulation très à l'écoute de notre obscurité familière, des petits morceaux de nuit croqués ça et là, autant de tableaux vivants qui racontent nos éventails nocturnes, motifs tendance gris.

Je préfère la première partie d'une belle fluidité, la seconde l'étant parfois moins, mais l'ensemble reste séduisant tant chaque phrase nous parle, tant nous nous reconnaissons dans l'ombre des réverbères de ces nuitées, derrière nos fenêtres enveloppés, qui couvent nos songes paisibles et dans le cas présent, surtout nos tréfonds et abîmes.

   Myndie   
8/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Belle évocation de la nuit qui ne souffre pas de la longueur du texte car jamais l'attention ne s'en détache ; cependant si j'ai trouvé la lecture plaisante jusqu'au bout, c'est la première partie qui l'emporte par tout ce que l'auteur y instille de fluidité et d'harmonie. Le style, les alexandrins bien construits, le choix des mots, tout évoque la lenteur d'une nuit qui s'écoule, la douceur d'un sommeil paisible :
«  Protégeant les enfants blottis dans leur sommeil »
« L’amant y devinant un reste de candeur
Dans un songe paisible éteignait son ardeur. »,

et la torpeur, par les sons étouffés et l'abandon d'une amante alanguie :
«  Une cloche semblait résonner avec peine
...Mais son chant se glissant dans l’ombre, vaguement, »
« La femme trop aimée, en la moiteur épaisse,
Laissait ses membres nus aller à leur paresse, »

On imaginerait aisément un tableau – ou plusieurs petits tableaux - dont les scènes évoqueraient le temps révolu des crinolines et des fiacres.
Le style est maîtrisé et les images ont en elles un souffle poétique puissant qui en fait la magie :
« Où, sur le trottoir nu qu’arpentaient de vieux chats,
L’ivrogne titubant les souillait de crachats.
C’est une heure où la nuit se déchire en la plainte
Monotone d’un chien trop longtemps attaché,
Où sous un ciel sans lune un maraudeur caché
Scrute les lieux bourgeois dont la lampe est éteinte. »

Je trouve ce passage magnifique.

A l'inverse, la deuxième partie du texte souffre un peu d'un manque d'intensité ; elle me semble moins efficace car le rythme n'offre plus cette nonchalance qui précédait. Même si « L’Obscurité partout a posé ses vapeurs. », on subodore une action à venir. Il n'y a plus ici qu'un seul acteur, le « pensif rêveur » qui semble en proie aux affres de la création.
La nuit a perdu toute sa tiédeur pour devenir funèbre, les draps sont noirs et le lit « froid comme un tombeau ».
Vous avez développé avec beaucoup de poésie et un réel talent suggestif les différentes atmosphères de la nuit, peuplée de ses fantômes.

   Annick   
10/10/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
La première strophe est magnifique ainsi que le début de la deuxième. Le regard omniscient du narrateur nous plonge dans l'atmosphère mystérieuse de la nuit.
Le fond est dense et la forme délicate. Une lecture agréable. Elle est plus fluide que la deuxième.

Il y a des expressions inspirées de poètes comme Baudelaire : "couvercles sur les cieux", ou de Gérard de Nerval : "Elle est la ténébreuse".
On sent un petit essoufflement dans la deuxième.

Mais dans l'ensemble, un beau poème que je classe dans mes préférés.


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