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Poésie classique
pieralun : Pis-aller
 Publié le 21/05/23  -  17 commentaires  -  739 caractères  -  307 lectures    Autres textes du même auteur


Pis-aller



Parfois, lorsqu’un dîner s’éternise, si tard
Que bien des souvenirs coulent de ride en rides,
Que d’antiques amours, lasses de verres vides,
Dansent sur l’écran noir dressé par mon cafard,

Vieil enjôleur usant d’un nouvel étendard,
Je porte un lourd cigare à mes lèvres avides,
Puis baigne mon palais des volutes livides
Qu’exhale en grésillant la rougeur de son dard.

Ô suave poison ! Tes voiles de fumée
M’ôteront de grands soirs, mais ta cape allumée,
Frémissant sous mes doigts son embrasement roux,

Libère tous les miels qui couvent sous la cendre
Et dit à mon vieil ange, occis à mes genoux :
« Le vice est doux au cœur qui ne peut plus s’éprendre. »


 
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   Geigei   
8/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
"Le vice est doux au cœur qui ne peut plus s’éprendre." Je commence par le dernier vers. C'est un sonnet. Quelques réserves, mineures : La liaison "douzzo", la proposition relative et l'âpreté de "plus s'éprendre".

" de ride en rides". Bien vu. Dommage que cela ne s'entende pas.
"l'écran noir". Tellement utilisé.
" Vieil enjôleur usant d’un nouvel étendard". Bien vu. Honnête. Freud, pourtant amateur de cigares, a choisi d'esquiver le sujet.

"Ô suave poison!" Roh, on n'avale pas la fumée.

Malgré l'affichage d'un snobisme tardif, ce texte est bien écrit.

   Gemini   
11/5/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Sujet original que ce cigare en pis-aller d'émotions, d’amour, de battements de cœur. J'ai buté rapidement sur ce "ride en rides" qui ressemble à une licence. Peut-être est-ce juste en orthographe, je ne sais pas. Entre une petite faute avant et la qualité d'écriture de la suite, j'hésite à me prononcer.
Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre, le ton n'est pas plaintif. On ressent la douce quiétude de cet épicurien pour qui un plaisir peut (et vient) en remplacer d’autres : "baigne mon palais", "suave poison", "libère tous les miels". Ô combien fade serait une vie sans vice nous dit-il à travers les lignes.
J’ai bien aimé la présence de ce "vieil ange, occis à mes genoux", maigre conscience rabat-joie à laquelle on prête une oreille distraite.

Le tout se lit avec plaisir ; le propos est net, simple et juste, les rimes chiadées. On pense au "Poison" de Baudelaire célébrant l'opium et le vin.
Seule remarque en deuxième lecture, deux fois "vieil" (cafard enjôleur, ange), hasard ou pas, mot souvent employé par Baudelaire : " Ô mort, vieux capitaine !".

   Lebarde   
13/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Pour oublier les "antiques amours" qui comme "un diner s'éternise", on s'abandonne aux plaisirs d'un cigare dont les" voiles de fumée
M'ôteront de grands soirs".
Un "Pis-aller" sans doute mais «Le vice est doux au cœur qui ne peut plus s’éprendre. »

Le propos est certes parfois alambiqué mais on en comprend les sens dans un langage poétique agréable.

Sur la forme ce sonnet plaisant respecte les règles, tout juste regrettera t'on l'artifice du singulier dans "coulent de ride en rides," pour rester dans les clous et un faute d'orthographe début du même vers que les correcteurs verront.

Rien de bien grave et j'aime bien.
Merci pour ce poème classique bien joli.

En EL
Lebarde

   Eskisse   
21/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Pieralun,

Le premier quatrain est dédié au passé qui se liquéfie littéralement devant les yeux du " je" lyrique. Je trouve cette strophe réussie car elle est constituée de l'enchaînement de trois circonstancielles qui viennent ralentir le rythme pesant de tout leur poids sur l'état d'âme du locuteur.

Le cigare, "lourd" lui aussi vient compenser la pesanteur première en procurant un panel de sensations qui oeuvrent comme un remède à la mélancolie. Le processus d'aspiration s'étale sur tout le second quatrain écrit au présent rappelant le carpe diem.

Je trouve ce sonnet agréable à lire. Le titre me dit que le locuteur est très lucide.

   Anonyme   
21/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'ai apprécié ce qui m'apparaît comme des moments obscènes dans votre poème : la rougeur du dard, l'embrasement roux qui frémit sous les doigts, bon, je pense à une certaine activité qui, elle aussi, peut constituer un pis-aller à la séduction, et qu'un vieil ange occis (sacrément beaux deux derniers vers, soit dit en passant) qualifiera facilement de vice. Solitaire, j'ai le sentiment que les convives du dîner mondain se sont évaporés avec prestesse.
Une chouette idée donc, à l'expression de laquelle, je le crains, vous n'avez pas accordé autant d'attention qu'elle le méritait. Premier accroc dans la tapisserie pour moi :
bien des souvenirs coulent de ride en rides
parce que je crois par trop percevoir les contraintes techniques, métrique et rime, qui vous ont contraint à cette bizarre juxtaposition de singulier et de pluriel dans l'expression. Vous vous êtes arrêté, je trouve, à une solution peu satisfaisante.

Je ne vais pas vous jeter la pierre, je sais quelles contorsions lexicales peuvent imposer la volonté de respecter les critères formels de la catégorie onirienne de « Poésie classique ». Seulement, par ailleurs, j'ai parfois une impression de hâtivement fait, pas mal fait mais non aboutiment fait. Je précise.
- trois adjectifs sur quatre pour les deux rimes en « ides » des quatrains ;
- le narrateur enjôleur comme l'ange sont vieux ;
- « bien des souvenirs » au deuxième vers tient de la cheville pour moi ;
- le poison est suave, les soirs grands, les fumées en voiles, ma glande détectrice de clichés activée.

Des détails, hein, de petites facilités me semble-t-il, qui finissent par donner à l'ensemble, sur mon palais, une saveur de pas-tout-à-fait maturé à cœur (j'ignore si c'est le terme) à votre cigare qui m'apparaît fort honorable mais que je ne qualifierais pas de grand cru cubain.

   EtienneNorvins   
21/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Belle ode à ce plaisir tabagique si dense en saveurs et sensations, qui assume son hédonisme crépusculaire par des acrobaties joliment décadentistes et des échos en effet freudiens !... Un bibelot rauque et riche, qui nuit peut être à la santé, mais qu'on peut savourer sans modération. J'apprécie tout particulièrement le 11ème vers, qui réussit à saisir la musique du cigare et la sensation qu'il procure alors dans les doigts tandis qu'on aspire le poison...
Merci !

   papipoete   
21/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour pieralun
Une ode au cigare, dont les volutes emportent au loin, le spleen de ne plus être, de ne plus prétendre, ne faire que rêver au temps d'avant...
" et ce dîner qui n'en finit pas... "
NB de peur de me répéter, j'ose dire que je connus cette passion, pour la cibiche ma tendre empoisonneuse !
En venir à vouloir l'exclure de mon cercle, fut une bataille surtout contre celle du " réconfort "
Une personnification de cet ami ( Havanne ou autre Gauloise ) va peut-être un peu trop loin par moments ( le héros fume-t-il en public ? empestant l'entourage de ses délices planant... )
la première strophe me plaît particulièrement... à condition que ce que ce que j'écrivis plus haut soit le cas )
Bon, la tabagie est toujours moins grave que la picole !
le dernier vers clôt de belle façon cet " hommage " au vice !

   Pouet   
21/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Salut,

n'étant pas forcément habitué à me laisser aller à un petit Oro Blanco - peut-être accompagné d'un sanglot de Sempé - le tout (homme cigare verre Armagnac) avachi métaphysiquement dans un fauteuil club Chesterfield, ou bien alors, l'œil vif, le cœur au vent, contemplant la nuit étoilée sur mon perron, expirant quelques réminiscences de destin et d'amour parmi les bouffées anthracites du présent, eh bien ce poème m'aura agréablement plongé dans cette ambiance. Feutrée comme on dit. Feuilles de tabac, cuir et bibliothèque ou voûte céleste. Voilà pour mes impressions.
Quant au pis-aller, la vie en est un beau.
Merci, au plaisir.

   Anonyme   
22/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Pieralun,
Je trouve ça parfait. Le dard m'a surpris mais en relisant, j'ai compris. Ce texte donne envie de fumer. Ne manque-t-il pas un verre l'alcool ? Quel est ce cigare ? Bravo et à votre santé.
ericboxfrog
P.S je n'analyse pas le texte de votre poème, je n'exprime que mon ressenti après sa lecture.

   Edgard   
22/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour P.
Du vrai bel art d'écrire. Fluide précis concis imagé.
Quel talent de se jouer si facilement des dures règles du classique, sans que le travail soit visible.
"M'ôteront de grands soirs" est un tout petit peu en dessous, (je suis à peu près sûr que vous vous êtes trituré le cigare pour trouver ...) mais les deux derniers vers sont si bien torchés qu'on reste admiratif.
Chapeau.

   plumette   
22/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
la première strophe m'a accrochée avec ces
" souvenirs qui coulent de ride en rides"
et "l'écran noir dressé par mon cafard"

Fallait y penser au cigare comme substitut à d'autres plaisirs éteints , avec une allusion sexuelle qui trouve sa place avec naturel !

un sonnet élégant et visuel avec un brin de dandysme ( je pense à Gainsbourg)

   poldutor   
22/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour pieralun
Que dire de ce poème, d'abord il est classique genre de plus en plus négligé (voire méprisé) sur Oniris, puis le thème, oublier ses idées noires en pétunant un bon cigare! C'est osé, il fallait le faire mais c'est bien trouvé ; puis l'écriture, parfait classique bien que j'ai trouvé "s'éternise, si tard" un peu pléonastique (mon Dieu que je suis savant!)
Mais vous lisant, vous qui présentez le "vice" avec tant de volupté, j'ai envie de reprendre une (mauvaise ?) habitude vieille de cinquante ans :(re)fumer.
J'ai bien aimé ce poème pour sa forme et son thème.
Cordialement.
poldutor

   Mokhtar   
22/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
"Les souvenirs qui coulent de ride en rides" , superbe trouvaille, que je préfère fautive (si tel est le cas) plutôt qu'euthanasiée. On devine le dilemme chez l'auteur, qui, peut être, trouvera la solution à tête reposée.
Bien appréciée également la référence au vieil ange occis.
Le dernier vers clôt avec élégance le propos. Je le pense d'une portée allant au-delà de la seule vieillesse.
Vice ou hédonisme, consolation palliative ou épicurisme ?
Chacun voit la volute comme il conçoit la vie.
Merci pour cette belle écriture.
Mokhtar

   leni   
22/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
un texte d'ambiance très réussi je retrouve le style sobre et précis chapeau l'artiste amities leni

   Miguel   
22/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Le lent suicide par le plaisir est une vieille tentation; elle a encore de beaux jours devant elle. Ces vers l'évoquent avec la sensualité nécessaire, et la chute, si philosophique, si épicurienne, est une merveille.

   Cyrill   
25/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Pieralun,
Ma connaissance du cigare se limitant à une marque premier prix, je suis bien incapable de mesurer le prix d’un repos mérité à l’ombre de riches volutes, mais j’élucubre facilement. N’ayant pas non plus le vocabulaire, j’ai imaginé une cape à la Batman pour le cigare en question, avant d’aller me renseigner.
Le tableau est parfait, je dois dire. Si rien n’est évoqué d’autre que les effets de l’ami fidèle et consolateur, je vois tout à fait le décor d’un bureau cosy allant avec, volutes de lourds rideaux et bois d’arbre pour les meubles. J’apprécie le ‘savoir suggérer’ de ces vers.

   Myo   
25/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Pieralun,

Toujours le mot juste, la métaphore élégante, un faux détachement tout en pudeur qui rend l'émotion plus profonde, plus tenace.

Ce cigare qui prend le pas sur d'autres plaisirs dont il nous faut se priver quelques temps ou, un jour, faire le deuil, s'y prête tout à fait.

Une fois de plus votre écriture m'enchante, mais j'ose espérer .. que le narrateur et l'auteur n'ont pas le même destin.

Je ne peux retenir un passage plus qu'un autre, votre travail me parait toujours si proche de la perfection.

Merci.

Myo


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