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Poésie en prose
PlumeD : Le naufrage des tortues [Sélection GL]
 Publié le 01/08/20  -  12 commentaires  -  1300 caractères  -  161 lectures    Autres textes du même auteur

Un petit jeu ambigu sur ce que doit être ou ne pas être un poème.


Le naufrage des tortues [Sélection GL]



Je ne dirai rien sur les tortues. J’avais tenté un bout de poème qui a vite tourné au fiasco, son style était trop ampoulé, trop redondant, bref, il était exécrable.
J’avais imaginé que lassées du flamboiement des coraux, de la folle course des poissons, du balancement des algues, elles s’enfonçaient dans les profondeurs marines, la nuit, à la faveur de la clarté lunaire qui les attirait comme en un puits. Et ces braves bêtes, en oscillant, se laissaient tomber comme des feuilles mortes jusqu’aux fonds abyssaux parsemés d’ossements.
Ces rêveuses se reposaient dans le silence et la solitude infinie de ces lieux, frôlaient des vertèbres de cétacés érigées en colonnes, passaient sous des rostres dressés en arches ouvrant sur des cités fantastiques. Et mes chères tortues, dans leur demi-sommeil, agitaient « comme des mains d’enfants », était-il dit, leurs nageoires d’écaille ; tendaient « leur cou de vieilles femmes, leur bec d’oiseaux têtus » afin de s’enfoncer plus avant dans ce macabre bric-à-brac qui les menait aux rêves. Et dans ce grand déballage poétique, je les imaginais porter avec lassitude tous les secrets du monde dans la nuit de leur carapace, bref tout cela était mauvais, trop mauvais.
Donc, ma décision est prise, je ne dirai rien sur les tortues marines.


 
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   Cristale   
19/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Vous avez raison de ne rien dire sur les tortues marines sinon tout les lecteurs auraient su que :
"elles s’enfonçaient dans les profondeurs marines"
"se laissaient tomber comme des feuilles mortes jusqu’aux fonds abyssaux parsemés d’ossements"
"passaient sous des rostres dressés en arches ouvrant sur des cités fantastiques"
"agitaient « comme des mains d’enfants » leurs nageoires d’écaille"
"je les imaginais porter avec lassitude tout les secrets du monde dans la nuit de leur carapace,"

Et j'aurais pu recopier tout le texte mais la question reste en suspend :
Est-ce ou n'est-ce pas un poème ? Là je répondrais non, et vous avez bien fait de ne pas l'écrire.
Est-ce ou n'est-ce pas de la poésie ?
Ma réponse se trouve dans ma notation...

Un texte sur une idée originale, bravo à l'auteur(e) !
Cristale
en E.L.

   Anonyme   
20/7/2020
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

J'ai lu et relu, et ne sais pas trop dire si le procédé de prose évoquant un poème m'enchante vraiment.
Je reviendrai sur ce point.
Dépassée la première phrase, j'ai plongé dans le monde poétique de la tortue, sous la plume de ce narrateur.
J'ai aimé surtout :
"...des rostres dressés en arches ouvrant sur des cités fantastiques."
"macabre bric-à-brac " pour la sonorité.
Dans la phrase :
"...elles s’enfonçaient dans les profondeurs marines, la nuit, à la faveur de la clarté lunaire qui les attirait comme en un puits.", j'aurais plutôt aimé lire une virgule après clarté lunaire" et le verbe attirait au pluriels - les "profondeurs marines" et non "la lune".

Globalement, je me sens un peu "manipulée" et amenée à dire :"si, si, le poème aurait été bon". Ce qui me gêne un peu.

Merci du partage,
Éclaircie

   papipoete   
21/7/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
prose
vous avez bien fait, de ne rien dire sur les tortues marines, car ces lignes sont mauvaises, très mauvaises... j'déconne !
que dire de plus sur ces bestioles, qui se laissent couler au fond de l'abîme, " comme des feuilles mortes... "
et bien qu'au profil d'une vieille femme ( pas gentil pour la tortue ! ), on dirait les voyant dormir qu'elles agitent " comme des mains d'enfant " leurs nageoires d'écaille.
NB oui, vous fîtes bien de ne rien dire sur ces " rêveuses " qui nous font découvrir le capharnaüm de leur chambre... une vraie couchette d'ado gothique !
je redeviens sérieux pour dire que j'aime beaucoup votre prose, qui fait songer à une vidéo de feu Cousteau !
papipoète

   ANIMAL   
22/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La narration est habile, ou comment parler de quelque chose en le niant.

Ma foi j'aurais bien aimé lire ce poème sur les tortues, car j'ai apprécié toutes les images reprises dans cette prose.

Le visuel est si réaliste qu'on les voit, ces chères tortues, nageant langoureusement parmi les coraux, les squelettes et les algues pour s'enfoncer dans la paix des profondeurs.

Un exercice très amusant que j'ai lu avec le sourire.

en EL

   Anonyme   
1/8/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

L'ensemble ne me convainc qu'après plusieurs lectures à l'exception d'un détail, celui de la prétérition qui ouvre le texte et manque la jolie musicalité qu'offre le groupe nominal utilisé à la fin i.e "les tortues marines".
Je suppose que c'était une telle évidence pour vous que les tortues dont on ne parlerait pas étaient du monde marin que vous en avez tout bonnement négligé la mention. :)

Ça sonne pourtant mille fois mieux que la simple mention "les tortues", outre le fait que "les tortues" désigne évidemment tout autre chose que le véritable sujet traité, ce n'est pas le même monde.

Qu'un texte poétique ne revête pas nécessairement les atours de la "poésie" telle qu'elle se pratique ici ou là me convient mais j'ai eu du mal à entrer véritablement dans le sujet ; par bonheur je suis tenace !!!!!

   Stephane   
1/8/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bon bein vous avez bien fait de nous en parler, des tortues marines, et même d'avoir rédigé un véritable poème en prose, au final, car la description que vous en faites est de toute beauté et reflète admirablement bien ces belles tortues de mer que j'aime tant.

Bravo PlumeD, et, je vote pour les gentilles tortues !

Stéphane

   Corto   
1/8/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour PlumeD,
Le procédé est habile: "Je ne dirai rien sur les tortues".
Malheureusement le contenu est un peu pauvre.

Car les tortues peuvent prêter à des envolées poétiques réelles, leur capacité à explorer des immensités, à revenir pondre leurs œufs sur la plage qui les a vu naître, à même trouver des humains complices qui les protégeront et les soigneront de leurs blessures.

Toujours entre le large et la terre où elles reviennent, elles sont aussi mystérieuses que l'océan qui s'enfonce à l'horizon et plonge dans les abysses.
Vous le soulignez justement elles semblent porter "tous les secrets du monde dans la nuit de leur carapace".

Tout cela valait bien un non-poème.

Merci pour ce partage.

   hersen   
1/8/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
je ne dirai rien dans mon commentaire. parce qu'il y a tant d'autres choses à dire, parler du temps, des enfants, du covid, de la vie, de nous. Il y a tant de choses à dire. Alors je ne dirai pas que c'est une merveille, s'enfonçant doucement dans les profondeurs et que j'aimerais tant retenir tous ces mystères que les tortues emportent avec elles au fond de l'océan. Parce que je sais bien que je serais fascinée par ces mystères. Qu'ils répondraient tant à mes questions sur le temps, les enfants, le covid, la vie. Sur nous.
Tu as raison, plumeD, ne dis rien, tout comme moi-même qui n'en dis rien.
Mon imaginaire nage déjà au côté des tortues.

   Davide   
1/8/2020
Bonjour PlumeD,

Ce procédé stylistique consistant à parler de quelque chose après avoir déclaré que l'on en dirait rien s'appelle la "prétérition".
Il est intéressant lorsque l'on cherche à susciter la curiosité chez le lecteur, à lui donner envie de poursuivre la lecture, comme ici, après l'annonce en incipit :

"Je ne dirai rien sur les tortues".

Aussi, je trouve dommage que ce procédé ne soit pas davantage exploité dans cette prose humoristique ; en soi, qu'apporte-t-elle de plus à cette fort belle immersion poétique et surréaliste ?
J'aurais bien aimé qu'une "chute" - dans le même registre - vienne justifier pleinement son utilisation ; oui, j'aurais aimé me faire surprendre !

Sympa, joli, mais un "jeu" trop sage à mon goût (ou trop ambitieux peut-être, c'est selon !) ;)

   Dolybela   
2/8/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce poème me rappelle un peu Michaux. Au début, je m'attendais à une confidence d'écrivain ennuyeuse. Le genre de texte qu'on écrit pour s'excuser de ne rien avoir à écrire... quelle ne fût pas ma surprise de voir des tortues nager sous la Lune devant mes yeux ébahis... et c'est ce qui m'intéresse dans votre poème. Vous ne dites pas vraiment "mon texte dirait que" mais les tortues "se reposaient dans la solitude". Et c'est toute la différence selon moi : un poème donne, offre, il ne représente pas, il n'est pas abstraction. Il n'est pas un discours sur les tortues, il EST les tortues. Par les images, le rythme, les sons, ce que votre poème puisqu'il en est un rend à la perfection. Et puis au-delà de la "poéticité" du texte, il y a tout le monde que suggèrent ces tortues poétiques. Ce ne sont pas des animaux comme les autres, ces "braves bêtes"... elles doivent dépasser la forme et leur statut de tortue marine, et suggérer cet autre chose indicible qui est le poème. C'est là que nous arrivons à l'écueil. En effet, un vrai poème sur les tortues ne devrait rien dire sur les tortues marines. Il devrait être là pour suggérer un autre monde, celui de la poésie et du voyage vers l'au-delà des mots. Ne pas s'enliser dans la forme, un vrai poème ne fait que passer au travers. Surtout, surtout, ne dites rien sur les tortues marines, laissez-les "dans les profondeurs marines, la nuit, à la faveur de la clarté lunaire qui les attirait comme en un puits." où elles sont bien plus que des tortues marines. Tout cela est un peu confus, en tous cas, votre poeme réussit à marier théorie et pratique, poétique et esthétique. Bravo !

   Atom   
5/8/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Autant j'ai beaucoup aimé le passage qui n'aurait jamais dû être dit concernant cet élégant naufrage des tortues autant le procédé stylistique pour finalement en parler m'agace un peu. Il y a quelque chose de maniéré et d'assez prétentieux dans cette manière d'amener ce qui constitue "le coeur" du poème.
Mis à part ça, je trouve superbe l'évocation de ces tortues de mer évoluant dans une sorte de fantasmagorie sous-marine.

   LazyS_Moor   
5/8/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour PlumeD,
Vos tortues m'ont emmené dès la première lecture dans ce monde sous-marin illuminé par la clarté lunaire, à la lisière entre rêve et cauchemar de ces cités fantastiques aquatiques.
Une description qui me rappelle fortement les récits de H.P. Lovecraft ("la cité abyssale de R'Lyeh où Cthulhu dort et attend son heure"), dont je suis admiratif, ce qui a forcément biaisé mon appréciation.
Je tenais néanmoins à vous remercier pour le partage.
Ces tortues ne seraient-elles pas des messagers des Grands Anciens ?
Phtagn !


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