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Poésie libre
Pouet : L'Arbre
 Publié le 11/01/23  -  14 commentaires  -  1615 caractères  -  283 lectures    Autres textes du même auteur


L'Arbre



Mes racines sont poissées de sanglots lumineux,
les feuilles craquelées aux nervures d'espérance
jonchent la terre brune où repose l'instant.

On a sculpté des cœurs dans mon écorce tendre
et mon tronc garde encore les gravures de l'amour.

Combien d'enfants ont pu inventer leurs nuages,
de lambeaux de soleil en échelles d'azur…
Pour voir la vie d'en haut.
En chevaliers sylvestres sur mes membres noueux
ils connaissaient l'épique de mon âme de grume.

Devant moi sont passés calèches et motocross,
gentilshommes en pourpoint et joggeurs du dimanche,
des chasseurs rougeauds, des fillettes diaphanes,
du yorkshire en manteau au molosse écumant.

En mon aubier douillet tant d'oisillons sont nés
aux pépiements sucrés perlant ma sève nue.

Ma pensée végétale en bourgeons d'infini
tresse autant d'arcs-en-ciel
que de teintes macassar.

Le geai faisait tirloui, la cigale cri cri cri
et ces spectres maudits capuchonnés de blanc
éructaient kkk
quand mes branches tenaient lieu de gibets forestiers
à des hommes de nuit se balançant au rythme

de nos éternités.

Que de balles égarées sur le champ de bataille
vinrent griffer mon poitrail en éclats de métal,
combien de résistants enfouirent à mes pieds
espoir et victuailles porteurs de liberté ?

Mon âge n'existe pas, mes cernes sont invisibles.

Il faudra pour sonder mes limbes séculaires
tronçonner ma mémoire et conter mon histoire.


 
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   Anonyme   
25/11/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Ce qui me gêne dans votre poème, je crois, c'est l'anthropomorphisme à tout crin qui selon moi s'en dégage : par exemple, quel arbre s'indignerait d'un lynchage raciste qui, en réalité, lui apporte de précieux éléments nutritifs quand le cadavre se décompose et que des morceaux en tombent sur le sol ? Comment fait l'honorable végétal pour distinguer le pourpoint de la tenue de jogging ? Les perceptions du narrateur m'apparaissent tout humaines, aucune mention de la circulation de la sève qui, je pense, doit compter bien plus dans les sensations d'un arbre que le chant du geai.

En bref, je ne me sens pas auditrice du discours intérieur d'un arbre mais d'un philosophe séculaire ; du coup, je ne suis pas convaincue par cette narration à la première personne, j'y demeure extérieure. Les trois derniers vers sont seuls à me toucher, avec le rythme de dodécasyllabes parlés qui me berce.

   Eskisse   
26/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une prosopopee de l'arbre haute en couleurs et très réussie !

Les métaphores : bougeons d infini, sanglots lumineux, échelles d azur, ou nervures d espérance traduisent bien sa dimension vivifiante et son don d absolu.
J ai aimé que soient envisagés tout ceux qu'a connus l arbre, des enfants joueurs aux supliciés des gibets en passant par les amoureux.
C est l évocation de cette faune sylvestre qui fait la force du poème.
Et que l arbre devienne témoin du temps qui passe et de l 'humanité.

   Robot   
30/11/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je ne suis qu'à moitié convaincu par ce mélange d'épique,
"Que de balles égarées sur le champ de bataille
vinrent griffer mon poitrail en éclats de métal,"

de lyrique
"Mes racines sont poissées de sanglots lumineux",

et de trivial.
"Devant moi sont passées calèches et motocross,"

Comme une impression que l'orientation vers l'un ou l'autre de ces styles n'a pas été dégagée. Ce qui donne un mélange un peu hétéroclite de l'expression générale.

D'autre part le parti pris de faire parler l'arbre amène à une humanisation trop poussée dans les réflexions qui lui sont prêtées.
J'aurais mieux compris ce texte au travers du point de vue et du questionnement d'un promeneur par exemple.

   Marite   
11/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Nullement gênée par le fait que l'Arbre lui-même prenne la parole pour nous conter quelques épisodes de sa vie à travers les ans ou les siècles qui se sont succédés, il m'a manqué, pour apprécier pleinement l'ensemble, quelques vers d'introduction qui l'auraient situé à la fois dans l'espace et dans le temps ... le lieu où il se tient ... ses premières années de vie ... etc, ceci décrit poétiquement bien entendu pour ne pas déparer avec la suite des vers.

   Vincent   
11/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Pouet

J'adore tout de votre texte

le mélange des époques en particulier

Qui n'a pas eu des impressions fugaces de s'imaginer à une autre époque

le surréalisme et votre écriture

merci

   papipoete   
11/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Pouet
Si les arbres pouvaient parler : ils feraient comme l'auteur, nous disant ce qu'ils ont vu dans leur ramure, à leur pied, contre leur tronc !
Du tendre, de l'ingénu, du saugrenu mais des horreurs aussi ; du supplicié visé par un peloton, au pendu dans ce Maufaucon des bois.
NB qui n'est pas sensible à la nature ( de la fourmi jusqu'au Sapin Président de notre Jura ), ne peut comprendre cet épanchement du poète, devant ce témoin immobile, qui put sourire, s'exclaffer, dire au chien d'aller pisser plus loin, s'attendrir devant ces amoureux, et blêmir sous la mitraille !
Mais lui qui ne peut conter son histoire, n'en délivrera l'époque, que lorsqu'une tronçonneuse l'abattant, on lira à travers les cernes de son coeur...
j'aime bien chaque passage, car tous les connus, ( à part ses horreurs ! )
Mon unique bémol ( je rigole ! ) les cigales font " ksi ksi ksi "

   gino   
11/1/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour Arbre
Voilà ce que j'aime chez toi.
Tu sais parler (et peu d'arbre savent)
tu adores les enfants qui viennent chatouiller les nuages de ton feuillage
tu as vu plein de défilés, de celui du 14 Juillet aux fillettes diaphanes (tu regardes les petites fille comme ça ? attention)
tu as pendu beaucoup de gens pedant la guerre de Trente Ansd de nos livres d'histoire (c'était une jolie gravure avec des pendus très murs.
tu t'es décoiffé comme un fou au Mont des Singes
tu aas rendu la Justice au sessus de Saint Louis

Ce que je n'aime pas chez toi.
Tu ne parles pas la langue des arbres mais un mélange de Baudelaire de motocross et de molosse
Tu gonffles la voix comme si tu étais aux Tuileries devant le Comité de Salut Public (ici on est à Oniris, Belgique.)
ton récit fais trop énumération, ilte manque l'émotion et la poésie c'est l'émotion avant tout

Merci Arbre, je taime bien et crois-moi personne ne viendra tronçonner ta mémoire.

   hersen   
11/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Je ne suis pas tout à fait convaincue de l'arbre parlé. c'est une langue qui forcément devrait être d'une autre dimension temporelle et sensorielle puisque les exigences de l'arbre et sa notion du temps (s'il en a une) doivent être bien loin des nôtres.
pour autant, il y a quelque chose de sympathique dans ce poème, car un arbre séculaire nous ramène tous à nos racines.
Et cet âge caché, ultime coquetterie du vénérable monument végétal !

   Provencao   
12/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Pouet,

J'ai bien aimé dans votre écrit cette apparition poétique dans un rapport d’images bigarrées, opposées, surréalistes, allégoriques. L’héritage de l'histoire abonde de ces figures.

En quête d’une union créatrice des contraires : la vie et la mort, le banal et le merveilleux, le rythme des eternites, ou encore la dure réalité.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Catelena   
12/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Je suis intimement persuadée que les arbres ont une sensibilité et une force qui leur sont propres. Cependant, si le prendre pour témoin des époques qu'il traverse est une bonne idée, le faire parler comme l'homme que nous sommes dilue le discours.

Les réflexions soulevées par le poète sont trop humaines pour être prêtées à l'arbre. Pour rendre votre hymne complètement abouti, il aurait mieux valu (mais ce n'est que mon avis), soit se mettre vraiment dans la peau de l'arbre, lui prêtant des pensées dimensionnées à son raisonnement d'arbre, soit assumer entièrement la position du narrateur-contemplateur qui, lui, aurait prêté ses pensées à l'arbre. Le mix des deux, à mon sens, fait perdre de la force à l'évocation poétique, fort belle au demeurant.

Mon préféré, le vers d'entame « Mes racines sont poissées de sanglots lumineux ». Il évoque très bien ce qui se passe lorsque l'on enserre un arbre dans ses bras. Il va nous transmettre toute son énergie puisée par ses racines plongeant dans les tréfonds de la terre, tout en nous délestant de nos larmes qu'il enterrera tout aussi profond...

Merci au poète Pouet.

Elena,
âme sylvestre pour toujours

   Ascar   
12/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un texte vraiment original par la façon dont cet arbre-témoin rend compte de son histoire.
La richesse du vocabulaire et la qualité de l’écriture sont remarquables.

J’ai adoré parcourir ces belles lignes.

Bravo

   Cyrill   
12/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je me délecte de ces nombreuses et audacieuses métaphores qui émaillent ce poème, et ça démarre fort dès les premiers vers. Je me dis que cet arbre à la « pensée végétale en bourgeons d’infinis » est pansé de ses plaies par les mots d’un poète aimant, qui le dédouane de ce qu’il a pu laisser faire parfois sur ses branches. Être ou ne pas hêtre n’est pas la question quand on laisse paître sous son couvert… mais je m’éloigne.
Certes la pensée est un peu anthropomorphe par moment, je regrette « mon poitrail » qui ne m’évoque guère le tronc, mais comment se mettre vraiment dans l’écorce d’un arbre ? Le faire parler est un parti pris peut-être contestable que je comprends un peu comme une identification de l’auteur à ce végétal et son histoire. Il faudrait réfléchir à laisser s’inscrire les végétaux sur Oniris, puisqu’il est question d’accorder des droits à la nature.

   Vincente   
13/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Il est bien sympathique, cet arbre,… de fragilité, lui qui est pourtant un symbole totémique fort, avec une solidité ontologique très enracinée, et un stoïcisme habité.

Ce qui m'a étonné c'est que ce poème m'a semblé plus littéral que dans les autres productions de l'auteur, moins distancié, comme si l'arbre parlant se faisait porte-voix d'une pensée dans laquelle il parlait/avouait ce qui lui passait devant les yeux : j'ai aimé ça.

Pas d'invective puissante, décisive, ici mais plutôt l'expression d'une résilience où transparaît ce qui reste après les passages, les batailles, les années.

L'écriture avec sa scansion classique et libre à la fois, à la croisée des chemins poétiques emprunte donc une régularité dans le tempo qui marque une avance assez irrépressible sans pourtant être purement linéaire, les vagues de l'alexandrine rappelant le mouvement diurne et des "accidents" rythmiques y survenant, marquant là une suspension ("Pour voir la vie d'en haut" – "de nos éternités") ou ici un événement impromptu ("tresse des arcs-en-ciel" – "éructaient kkk"). J'ai trouvé cette démarche adroite.

J'ai beaucoup aimé le final dont la mélancolie pensive laisse affleurer, en jouant sur la surimpression des registres des physiologies sylvestre et humaine, le souci très fort de reconnaître une valeur à sa vie.

   Quistero   
14/1/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Je trouve que le poème s'abat de lui-même par de vieilles lunes littéraires enracinées comme cette écorce gravée. Néanmoins, l'ensemble et ses ramifications plus ou moins alambiquées, ou qui ne font pas lien directement, tout en voulant toucher le cœur, est plutôt émouvant. Merci


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