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Chansons et Slams
SQUEEN : La fille de joie et de tristesse
 Publié le 18/07/20  -  5 commentaires  -  3027 caractères  -  85 lectures    Autres textes du même auteur

Pour une heure, la fille de joie est tout à toi, tout à ta joie, à ton bonheur ; c’est toi le roi. Les peines de cœur, elle ne vit que de ça.


La fille de joie et de tristesse



Je sais le bonheur des hommes.
Même si la joie c’est pas pour moi
je la donne et c’est tout comme
mon boulot, c’est d’être joie ;
ça ne compte pas si mes larmes
je les ravale, qui le saura ?
Puis sans mes charmes,
qui me verra ?

Et puis moi je le sais :
c’est vous qui me prostituez.
Continuez à consommer
tant que je suis à volonté.
Continuez à consommer
tant que je suis à volonté,
ça pourrait bien ne plus durer.

La joie pour qui, la joie pour quoi ?
Moi, je veux bien vous la donner.
Et quant à moi, même vous l’offrir
si, dans vos yeux, j’peux la saisir ;
sans la connaître, Dieu qu’elle m’attire.
Trop généreuse à c’qui paraît,
c’que j’garde pour moi est moins joyeux
j’le garde pour moi, c’est beaucoup mieux.

Et puis moi je le sais :
c’est vous qui me prostituez.
Continuez à consommer
tant que je suis à volonté.
Continuez à consommer
tant que je suis à volonté,
ça pourrait bien ne plus durer

Moi j’m’occupe pas de la misère
j’y suis, j’y reste, c’est mon affaire.
Persuadés que moi j’aime ça, vous
qu’est-ce que ça peut bien vous faire ?
Vous payez et moi j’obtempère.
Parfois, je n’en ai plus envie
parfois, je ne suis plus en vie
moi, je n’ai pas eu votre flair...

Et puis moi je le sais :
c’est vous qui me prostituez.
Continuez à consommer
tant que je suis à volonté.
Continuez à consommer
tant que je suis à volonté,
ça pourrait bien ne plus durer

Allez c’est bon, on se tutoie
et gentiment, juste pour cette fois.
De toi à moi, tu me remplis
de tes désirs inassouvis.
Tu me consommes et puis me jettes
je suis pour toi juste un gadget.
Je suis dispo, pas de problème.
Je vais toujours où tu m’amènes

Et puis moi je le sais :
c’est vous qui me prostituez.
Continuez à consommer
tant que je suis à volonté.
Continuez à consommer
tant que je suis à volonté,
ça pourrait bien ne plus durer.

Et maintenant, c’est bien fini.
L’apothéose, le beau gâchis.
C’est bien joli, mais aujourd’hui
c’est pas la joie c'que tu m’as pris
car dans mes bras, t’as pas compris
c’est juste à toi que tu souris
là, t’es tout seul à t’amuser.
T’aurais mieux fait de partager.

Et puis moi je le sais :
c’est vous qui me prostituez.
Continuez à consommer
tant que je suis à volonté.
Continuez à consommer
tant que je suis à volonté,
ça pourrait bien ne plus durer.

T’es le plus fort, tant que tu crois
T’as tout gagné, t’as rien laissé,
même pas les yeux de tes enfants
qui pour pleurer doivent se cacher.
Ta postérité ? T’es qui, t’es quoi ?
T’as rien laissé, t’as tout bouffé,
juste là-bas, une ride immonde
sur le cercueil de ta mappemonde.


 
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   Anonyme   
4/7/2020
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Une chanson sans sa musique, quel dommage de ne pas avoir la bande son.
J'avoue qu'à lire et relire le texte, je ne suis pas très fan.
Cependant, j'ai apprécié ce point de vue de la prostituée, lucide de sa situation et de celle de ses clients.
Je n'ai pas retrouvé l’origine de ce terme, il est ancien, on le retrouve chez Flaubert, Victor Hugo, etc. (bref, des hommes...)
Le titre aurait pu être mieux, "fille de marbre ?" évoquée par Michelet en 1858.
Ensuite le dernier vers du refrain est étrange "ça ne pourrait bien plus durer" ? parce que le texte aborde les destruction (du monde) par l'humain?
Je reviendrai affiner mon commentaire si on peut entendre la chanson.

merci du partage,
Éclaircie

   papipoete   
18/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour SQUEEN
la fille de joie sait donner, sans pour autant recevoir.
la fille de joie sait consoler, sans se voir consoler, que consommer, et son feu même consumer !
quand de ses charmes elle n'aura plus l'aura, qui voudra d'elle ? qui viendra essuyer ses larmes ; plus de charmes, plus de charme...
NB une chanson qu'on aurait bien entendu dans le quartier de St Jean ; goualée par cette fille de rue, cette fille de rien, une moins que rien même pour des âmes chastes.
Un limonaire pour accompagner cette misère ; le sifflet d'un Gavroche pour musiquer le refrain ; oui, c'eut été bien
mais rien n'empêche d'inventer une partition dans notre tête, pour rire avec mam'zelle la joie ; pleurer avec celle dont le rire à tout jamais s'est enfui...
Un bémol simplement pour la longueur du texte... mais quand on aime, on consomme sans faim.

   Mokhtar   
19/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Dès le refrain, on sent poindre la métaphore qui établit une comparaison entre une prostituée et notre planète. Celle que l’on utilise sans la respecter, celle que l’on utilise sans vergogne, celle que l’on finit par détruire en « consommant » sans limite, celle que l’on exploite sans réfléchir.

La comparaison est aisée quand est décrite la similitude d’exploitation. Elle est plus délicate quand est évoquée la fin du monde , l’apocalypse.

Je trouve que l’idée de base sur laquelle est construit ce poème est très intéressante, et que le propos est percutant. Le style d’écriture doit s’apprécier comme celui d’une chanson, un peu goualante, avec ses contraintes et ses tolérances.

Une petite remarque sur ce thème écologique : on blâme le micheton qui exploite la pute. Mais il ne faudrait pas oublier les maquereaux.

   ANIMAL   
27/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte qui raconte la vie de misère de la prostituée de base. Une "fille de joie", terme inventé pour masquer le sordide d'une réalité tout sauf joyeuse. L'ambiance y est, mélancolie douce-amère pour raconter de bien tristes amours.

J'imagine très bien cette goualante chantée dans le style d'Edith Piaf. Jack l'Eventreur n'est pas bien loin.

Ce texte dénonce avec brio ce qui se cache derrière le plus vieux métier du monde, du point de vue de l'une de ces dames. Point de charme ici mais un drame humain.

Bravo d'avoir abordé ce thème de façon atypique.

   SQUEEN   
6/8/2020


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