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Poésie néo-classique
villar01 : Le mors du chiendent
 Publié le 17/05/12  -  4 commentaires  -  2433 caractères  -  84 lectures    Autres textes du même auteur

Terza rima.


Le mors du chiendent



Quand j'aurai soixante ans, soixante pense-bêtes,
Autant de calepins pour ne rien oublier.
Je poserai ce jour comme une peau de bête.

De maintes mains sont là : poignantes. Vous priez !
Des gerbes d'arc-en-ciel sur d'autres sépultures.
Vous priez vos pareils, le ciel en bouclier.

Que feraient mes deux mains à dix doigts de conclure
L’hypothétique amen ? Mais que ferais-je là ?
De mes cheveux en brosse à brosser la raclure !

Dans le trou du taiseux une lune pleine à
Craquer un ciel de soufre au fond de mon cratère
Qui se nomme Vésuve et se prénomme Etna.

Pourquoi ferais-je alors quand je serais en terre
Le mors du chiendent ? Sur ma couche de gravier
Je poserai pour vous mes couronnes dentaires.

Le ciel à l'eau qui tombe et l'âme son plombier,
L'hameçon décroché des bouches d'éternelles
Colombines cocues sur le Grand Colombier.

Vertement dans le ciel de grandes sauterelles
Sont la faim du Malin ; si je suis passereau :
De la terre à l'espace êtes-vous passerelle ?

Vous seriez la lumière au cœur d'une disco-
-thèque : Aztèque soleil et chaleur tropicale
Seraient donc sous l'ombrelle un fouillis d'asticots.

Moi qui viens de revivre une vie plus bancale
Que le plus chancelant des bancals tabourets,
Tous les canards boiteux d'une âme médicale

Viendraient certainement aux mailles de vos rets,
Des faux-derches sans fond et des fesses communes
Soutenir mon cercueil le jour où je mourrais.

À ma cloison nasale une morve comme une
Intention de fer, ferre d'un vert-de-gris
Un pied et quatre orteils dans la fosse commune.

Sous les assauts des sots et des sauts de cabri
Le pied mort de fatigue au durillon qui pleure
Fait du jour trépassant un clin d'œil-de-perdrix.

Aurais-je sur les mains le sang d'encre du leurre
Des vertiges eschés au fil de l'hameçon
Où grand barracuda et loup de mer m'effleurent ?

Serais-je transpercé de trois points d'Alençon ?
La mâchoire soumise à trois coups de semelle
Que je ne saurais où poser mon caleçon !

Alors puisque je viens à la gueule modèle
Boire le vitriol fumant des estropiés,
L'humeur vitrée de l'œil de bactéries mortelles
Crève ma raison d'une épine dans le pied.


 
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   Miguel   
30/4/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un foisonnement, une profusion ! Un peu de confusion, mais un souffle puissant et une grande force ; une sorte de négation étourdissante de cette mort évoquée de manière si saisissante ; je ne comprends pas tous les vers, et pourtant tous les vers me touchent (sans jeu de mot ; je n'ose en faire après ce brillant festival).
Ce poème me laisse une impression très positive, il relève d'une inspiration qui paraît intarissable.

   Anonyme   
17/5/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Tout d'abord, merci d'avoir précisé dans l'incipit la forme Terza-rima du poème. Peut-être par pudeur, ou par crainte de paraître pédant, vous n'en précisez pas le concept.
Aussi, afin d'éviter à vos lecteurs la recherche que j'ai moi-même effectuée, et si vous le permettez, je vais en préciser la définition :

" * La Terza-Rima ( ou Tierce-rime), poème d'origine italienne, fut introduite en France au début du XVIè siècle, puis elle fut presque abandonnée aux deux siècles suivants. Les poètes du XIXè siècle la reprirent pour la mieux " cultiver "..
- Cette structure métrique dut être employé par Dante Alighieri dans sa "Divina Commedia "

* La Terza-Rima s'écrit en tercets ( sans nombre défini ) et se termine par un vers isolé qui rime avec le second du dernier tercet ; d'où les deux schèmes :

A – Deux rimes masculines embrassant une rime féminine qui est reprise au deuxième tercet pour embrasser une rime masculine nouvelle qui, au troisième tercet, embrassera à son tour une nouvelle rime féminine, et ainsi de suite...

B - Deux rimes féminines embrassant une rime masculine qui est reprise au deuxième tercet pour embrasser une rime féminine nouvelle qui, au troisième tercet, embrassera à son tour une nouvelle rime masculine, et ainsi de suite..."


Dire qu'en lisant Aragon, j'ai souvent lu du Terza-rima sans le savoir. Je trouvais à ce système de rimes croisées une ligne mélodique absolument harmonieuse.
Je la retrouve dans votre poème, comme j'y retrouve des rimes complexes inaugurées par lui ("pleine à / Etna", "comme une / commune"), des assonances, des rimes internes, des calembours ("un clin d'oeil de perdrix"), des mots coupés pour la rime (disco- / asticots), etc...

Bref, tout ce que j'aime. Et vraiment vous manipulez les mots avec un brio ébouriffant. On croit que ça va s'arrêter, mais non, on est emporté par un courant perpétuel qui ne cesse de charrier de nouveaux trésors. Bravo, encore bravo.

Mais alors vraiment, quel dommage d'écrire un texte aussi hermétique! Pourquoi dissoudre votre talent dans cette confusion sémantique? Vos trouvailles stylistiques trouveraient un écho bien plus grand dans un contexte "populaire". La force de votre poème s'exprime par son style, non par ses idées. Alors pourquoi "surjouer"? Laissez ça à d'autres.

J'aurais bien aimé noter "exceptionnel", mais je suis incapable d'adhérer totalement à ce que je ne comprends pas. Mon émotion a besoin d'un socle cérébral. Et là, je tangue un peu.

Cordialement
Ludi

   leni   
18/5/2012
ce poème est très riche en images Ca débute très fort:soixante pense-bêtes. ..Qui se nomme Vésuve et se prénomme Etna...Et plus dur:je poserai pour vous mes couronnes dentaires...Colombines cocues...Et des fesses communes...Et joli:un clin d'oeil de perdrixPour finir par:Crève ma raison d'une épine dans le pied Je trouve que ce texte dégage une force Je suis sensible aux images mais après plusieurs lectures je reste en retrait je suis le spectateur d'un diaporama d'images dont il me reste peu chosesLe texte est trop long?Désolé Bien cordialement votre

   brabant   
18/5/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Villar01,


Ben, merci à Ludi qui précise que la Terza-Rima dut être employé par Dante dans sa Divine Comédie. Celle-ci, bien que dérisoire (dans le sens de dérision, tourner en dérision) doit nous renvoyer au tome consacré à l'Enfer. J'y vois une danse macabre, et dans les danses macabres les puissants et leurs travers étaient sérieusement malmenés, les moins puissants aussi d'ailleurs. Vanité et vanités.

Le titre annonce la couleur : "Le mors du chiendent" - mors et mort, mors et mord, mors aux dents et chienlit, à défaut de pissenlits que l'on mange par la racine, dent et racine - que l'on retrouve dans le tercet n° 5 et plus indirectement dans le suivant :
"...quand je serais en terre... mors du chiendent... gravier... couronnes dentaires... plombier... hameçon... bouches d'éternelles..."
De quoi crisser des dents sous les couronnes...

Je laisse à l'auteur le soin de préciser les jeux de mots qu'il préfère ou la genèse de son poème (s'il le désire) et me contente quant à moi de savourer cette descente aux enfers sur un pas de trois qui se termine sur un quadrille.

Une mention particulière pour les fesses communes. Il y a du fesse-mathieu là-dedans.


Merci infiniment pour ce moment de haute voltige !


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