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À propos de "Ici et là"
Maître des vers sereins
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11/02/2008 03:55
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Bonjour à vous,

Merci à tous ceux qui ont accompagné le poème jusque


Qu'arrive-t'il quand on se prend pour un médium de haïku à bien des années et plus de kilomètres encore de l'original ?

On finit sous la pluie avec un pique nique de misère à se demander ce que le grand homme avait bien pu trouver comme poésie à faire ça, et on se mouche.


Ça serait une lecture humoristique, je ne sais pas si une autre serait plus difficile : les deux poèmes me semblent mettre en valeur une vision du monde dont on déplacerait le point d'horizon. Au lieu de définir une philosophie de la vie d'après les points fixes que représenteraient la naissance et la mort, en faisant perdurer par un symbole le point fixe de la naissance puis le point fixe de la mort, on peut définir un nouveau paradigme, un nouveau point d'horizon, par n'importe quel lieu ou moment de vie. De là on "embrasse" le monde comme un espace autour d'un point et non plus comme une ligne, droite ou non d'ailleurs, entre deux moments.

Le symbole, dans les deux poèmes serait le repas, pour simplifier, au lieu de prendre son repas dans son ex-cocon jusqu'à temps de le prendre dans son futur cercueil, on peut simplement déjeuner là où on se trouve, sur le chemin de son existence. L'intérêt serait de trouver ainsi la troisième dimension du sens de la vie, carrément.


@socque : La banalité aurait pu venir du manque de plus-value entre le haiku intégré au sonnet et le poème lui-même, mais ce n'est pas ça apparemment vu la rédaction. De la même façon qu'un "poème" peut être trouvé non poétique, une "œuvre original" par définition peut se trouver ressenti comme "banal", ça renvoie simplement aux critères positif ou négatif en dehors de la "valeur absolu" des dénominations.

Il y avait sans doute une quête d'originalité au sens positif du terme dans le choix des rimes, notamment celle autour de "léans" et la fameuse "mardi/pardi", mais au-delà, c'était une contrainte sur la présence de certains sons en fin de vers qui me guidaient. Pour donner une ampleur maximum à l'alternance de ces rimes, je voulais des sons de voyelles en fin de vers, pour une partie d'entre eux au moins. Au niveau du sens, le haïku et les termes céans/léans m'ont semblé liés : on dit "ici-dedans" ou "céans" quand on se trouve à l'intérieur et "là-dedans" ou "léans" quand on désigne un contenant depuis un autre endroit. De la même façon, manger dehors serait-ce une façon de dire que la vie est ici, et qu'on s'y trouve, alors qu'un repas casanier serait comme un "la vie est là" et l'on s'en abstient pour un temps. La rime "mardi/pardi" a aussi un sens pour moi : manger dehors reviendrait à se contenter de moins de repères, il est peu utile de savoir que le repas a lieu le mardi, comme il est peu utile de savoir qu'il s'agit d'un brunch plutôt qu'un déjeuner ou un souper, néanmoins, ça place le narrateur à l'intérieur d'un "contenant", un temps et un "espace", ça dit : "c'est ici !". "Pardi" interpelle le lecteur, le malmène même puisque ça lui met le mot dans la bouche, alors qu'il n'a rien dit effectivement. Ça dirait en quelque sorte "tu es là", ou "vous êtes là" même, sans que ça puisse désigner plusieurs personnes simultanément, à moins de lire sur écran géant, la plupart des lectures sont personnels : deux yeux sur des mots. Je pense que je spéculais sur l'impression du "léans", du "brunch", même du "mardi" impromptu pour donner du relief, une impression d'être saisi dans sa lecture par l'auteur, pour le lecteur de ce "pardi !" et c'était une façon de rejoindre l'esprit que je croyais voir dans le haïku : ne restez pas "là" mais venez "ici".


@MichelMartinez : C'est un peu d'humour mais je ne voudrais pas être juste ironique, il y a une question du commentaire dont la réponse est ce même commentaire, quand vous écrivez : "Et pourquoi ne faut-il pas dire pardi ?" Je viens de lire "Un auteur doit se dire que les lecteurs ne sont pas dans sa tête" entre autres remarques. C'est bien là le thème du poème, des deux poèmes je crois : renoncez à une certaine abstraction pour au contraire une sorte d'immersion.

Je dois préciser que le poème que vous avez lu différer quelque peu de ce qui est visible en publication : le titre n'était pas le même et était bien "Décide-là", l'erreur était dans l'usage du tiret, pas dans l'accent sur le A. Il y a trois vers à l'imparfait et le reste du poème est au présent, l'action est passée (manger dehors) les pensées sont au présent (le "pourquoi"). J'ai en effet oublié la ponctuation dans les vers cités, dans la version originale. Il y avait une autre erreur sur le pluriel du verbe "filait" au vers 13.

"Des palmiers ombreux me filaient la goutte"

J'utilise le verbe "filer" dans le sens de "faire un fil" un peu comme dans le vocabulaire professionnel où "raboter" signifie "utiliser un rabot" par exemple. Une des définitions données par les dictionnaires est :

"Tordre ensemble des brins de chanvre, de lin, de soie, de laine, et en former un fil."

Donc "filer" sans précision se rapporteraient à ces éléments, filer une goutte devrait logiquement signifier que l'on en fait un fil, je voulais juste désigner une gouttière formée par le passage de l'eau de pluie sur une feuille de palmier.

"Brunch" est incongru volontairement, et fait partie de ce qui amène le "ne dites pardi !" justement. Mais il serait incongru je crois indépendamment de la citation et l'utilisation du haïku.


@Pimpette : J'aime bien les commentaires qui commencent par "J'adore !". Moi aussi, j'ai ri en lisant le haïku de Basho, en m'arrêtant dessus à plusieurs reprises, et je ne savais pas du tout avec qui partager cette émotion, ni comment jusqu'à ce que je me lance dans ce poème. Quand vous écrivez que le poème est "sans pose ni rond de jambe" ça me fait très plaisir, c'est bien ce que je me devais de laisser de côté malgré ce que j'utilisais pour le faire, l'écriture est très contrainte, la fluidité et la musicalité ont fait l'objet de tous mes efforts, avec l'humour, depuis le haïku du vieux chinois, que j'avais bien peur d'être le seul à goûter.


@Marité : Ce que j'ai voulu dire par un "regret de duc d’Orléans" c'était à propos du sentiment de passer près de quelque chose. Le titre de duc d'Orléans était pour le fils cadet des rois de France, pour le fils de roi qui ne sera pas roi. Même si la place reste très largement bénéfique, ça doit être un sentiment d'amertume assez aigu de passer ainsi juste à côté d'une destinée d'exception. Dans le Haïku, ce n'est pas du tout une situation exceptionnelle qui est décrite, ce n'est pas la place d'un fils de roi, même cadet, de manger un repas si simple à l'extérieur. C'était un humour de comparer les deux, d'autant que je crois que c'est bien une façon de "trôner" que décrit Basho dans ce haïku.

Il n'y avait de toutes façons pas de solution à l'hermétisme du poème, je joue moi-même au devinette avec le Haïku qui m'a inspiré, et l'important n'est pas où il me mène, mais par où je passe pour y arriver, et c'est avec ça que j'ai fait le poème.

J'ai trouvé un Jacques et un François à propos du titre, ça me rappelle une revue que je feuilletais il y a longtemps, ça s’appelait "Point de vue" et on y voyait des photos d'aristocrates lors de galas, mariages ou autres... peut-être une lointaine réminiscence :)


@Jaimme : Si, le commentaire m'est utile, je finirais sans doute par une petite exégèse que j'ai trouvé sur le haïku de Basho, mais en tout cas, parler de l'amertume n'est pas négligeable. C'est un texte japonais d'il y a longtemps, et son auteur n'a pu prétendre à un exotisme avec son saké et son riz brun, il s'adressait à ses contemporains dans sa culture de l'époque. Je repense au "monde flottant" de Basho que je voulais faire lire comme "un monde où il pleut" vu que les images sont sensés être proscrites des haikus, ce n'est bien entendu pas du tout la bonne clé, mais de faire passer la scène sous la pluie accentuait encore le trait d'amertume de la situation. Je me suis même demandé si ce monde flottant n'était pas le reflet du paysage à la surface du saké blanc, avec aussi des sortes de vagues peut-être sur le riz brun, du fait de l'agencement des grains, qui pouvait évoquer la surface des eaux sous une brise. Bon, ce n'était pas vraiment une question du commentaire...


@Leni : Je veux bien expliquer, mais c'est comme donner un poisson, pour apprendre à pêcher, il faut trouver un sens par soi-même. Il n'y a pas de "vérité" du poème je veux dire, chaque lecteur peut en trouver un sens, il y a souvent une pudeur à cette exercice je crois, bien peu de lecteur prennent le temps de préciser ce qu'ils ont lu effectivement, même dans des textes, nouvelles ou poèmes, où la compréhension n'est pas du tout en question. Pourtant, parfois par certains détails, on peut se rendre compte que les lectures ne sont pas similaires, même dans ces cas là. Si on présente plusieurs personnes devant le même paysage et qu'on leur demande ce qu'ils en pensent, l'un pourra dire "je regarde la ligne des collines sur l'horizon", un autre remarquera "il y a un arbre au milieu d'un champ", un troisième parlera des couleurs peut-être et un autre du fond de l'air qui est frais ou pas, il y en aura encore un autre pour dire qu'il ne pense à rien, que le paysage lui semble sans intérêt. Il n'y a rien à comprendre d'un paysage, on peut fixer son attention sur un point ou un autre, ou sur aucun d'ailleurs, et c'est de là qu'un sens se construit ou pas dans ce qu'on regarde. Il n'y aurait rien à comprendre d'aucun texte si on en jugeait comme d'un paysage, quelque chose qui existe indépendamment du fait qu'on le comprenne ou pas, la compréhension ne ferait que traduire la volonté du lecteur.


@Jano : Je ne pense pas que "couille" demande une censure, et je me demande même si je ne l'introduis pas dans le poème cette notion... généalogique. Quelque part, c'est bien un petit bâtard que je fais dans le dos de Bashô, ce poème. Je crois que la poésie japonaise est fréquemment minimaliste, en terme d'émotions, elle peut choisir comme sujet des évènements semblant tout à fait anodins, sans intérêt apparent. Je trouve cela fréquent dans les Haïku, même si on peut en lire sur le drame de Hiroshima par exemple, ce qui rejoint davantage les "grands sentiments" qui anime ordinairement la poésie de par le monde.

En tout cas, je suis content qu'il ait distrait un moment, il n'y a pas que la filiation pour se définir.


@Arielle : le riz brun et le saké blanc sont deux produit bruts en effet, je pense que le riz même à l'époque de Bashô pouvait se manger blanc, c'est a dire mieux trié, et le saké devait avoir une distillation mieux élaborée que celle qui le laisse laiteux. Il n'y a pas vraiment de charade en tout cas, pour les premiers vers, les "heures de vie à cinq océans majuscule et posthume" représente la naissance et la mort, imageant un peu des expressions plus communes comme "ma dernière heure est venue", "Aux premières heures de l'aube" où "heure" n'a pas vraiment son sens propre mais désigne des moments de durée indéfinie. Les "cinq océans" sont oniriques, ces heures évoquent facilement le sentiment d'infini, le voyage, peut-être plus pour ce qui peut suivre le décès que ce qui précéderait la naissance. Pour une vie humaine, la naissance est forcement un passé et la mort un futur. Les océans sont moins mystérieux aujourd'hui que ces moments particuliers, mais ils ont déjà servi d'images pour eux je crois.


@Brabant : J'ai mangé dehors ce lundi 13 août 2012, aux alentours de 20h00, mais il ne pleuvait pas. C'était un poulet au curry accompagné de riz blanc avec un verre de rosé et un autre de rouge, le rosé étant là pour patienter en attendant que le repas soit près.

Il parait que lorsque on doit l'exprimer sur une scène de théatre, il est plus éprouvant de réciter sa dernière liste de course qu'une tirade au plus mièvre par exemple, ou tout autre texte fortement marqué d'émotions par ses mots.

Le "filer la goutte" est expliqué plus haut. C'est plus facile de caser "bananier" dans un décasyllabe que "désoxyribonucléique" par exemple :)


@Alexandre : Merci de ton passage, d'autant que je suis peut-être tombé sur le mot "Léans" en vérifiant une de tes diérèses sur un mot voisin, mais je ne me souviens plus exactement. C'était dans une version du Littré en ligne disparue aujourd'hui : XMLittré de François Gannaz (le lien affiche désormais une "erreur 403" pleine de menaces... ). Une autre version du Littré est toujours accessible en ligne : Le dictionnaire de la langue française pour info, il me semble que les définitions étaient quelque peu différentes en plus, sans doute pour cause de dates d'édition. Pour ce qui concerne le poème, j'espère que le tout début de ce sujet conviendra.


@Pich24 : Oui, le "filer la goutte" voulait attirer l'attention sur le "monde flottant" et le "Il pleut" en préambule appuyait encore cet axe de lecture. C'était important je trouvais de "singer", d’interpréter de façon forcement fautive ce qui peut sembler une image dans le Haïku. En fait c'est une traduction, le poème a été reconnu comme tel dans sa forme original pour ce qu'il disait simplement, les assonances "fleurs/flottant" et même "blanc/brun" un peu moins nettement sont le fait du traducteur je crois, ce n'est pas la délicatesse de la formulation qui contiendrait la poésie, mais bien ce qui est énoncé. Pour la syntaxe, il m'arrive fréquemment d'en dépasser les limites, la plupart du temps dans le but d'améliorer la fluidité de lecture, parfois pour faire émerger un double sens, comme l'orthographe, peut-être dans une moindre mesure, ça fait partie des "pinceaux" et ça ne constitue pas vraiment le cadre, mais les avis sont toujours intéressant, je ne pensais pas que les négations incomplètes, un langage très oral éliderait plutôt les "ne" que les "pas", formaient une faute, je pensais que ça "singeait" juste un autre registre de langue. Pour la compréhension, ce qui m'aurait intéressé serait les lectures du haÏku comparées à celle du poème que je réalisais, mais je vais finir par quelques repères sur celui-là, au cas où...



D'abord, j'ai pu accéder facilement à une petite exégèse du haïku de Bashö grâce à un blog d'un onirien : Marogne qui s'est passionné pour la poésie japonaise, outre qu'il soit aussi un auteur prolixe de nouvelles fantastiques. Le blog se nomme Les Haïku, élégance et poésie mais une page particulière s'attarde sur celui en question :

http://varvillages.perso.sfr.fr/haiku/page-htm/2-4%20Quelques%20etudes%20de%20texte.htm

Citation :
Sous les fleurs d’un monde flottant
Avec mon riz brun
Et mon saké blanc

Matsuo Bashô

Les fleurs de cerisier symbolisent l’impermanence. Le « monde flottant » (ukiyo-e – terme d’origine bouddhiste) désigne notre monde éphémère. Le poète voyageur vit de bonheurs simples : le saké blanc (épais, laiteux) et le riz brun (non décortiqué).


Pour les très, très curieux, on retrouve cette définition de par le web mais les références sont disponibles, avec un avis, sur le blog de Marogne :

« haïku - Anthologie du poème court japonais – collection Poésie – Gallimard »

"Présentation, choix et traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu – Poésie/Gallimard: Sans pouvoir juger de la fidélité des traductions, celles faites par les auteurs de cette anthologie ont l’élégance que l’on attend des haïku , presque à nous faire oublier qu’ils ont été écrits dans une toute autre langue. Une présentation par saison, avec une sélection de quelques auteurs du vingtième siècle, nous permet de juger de l’évolution du genre sur quelques siècles. Quelques commentaires intéressants, qui ne versent pas dans l’étude de texte, mais qui nous permettent de comprendre quelques références spécifiquement japonaises."

Bref, tout ça pour dire que le "monde flottant" renvoie à une notion particulière, peu de chance qu'il s'agissait pour Bashô du reflet des fleurs de cerisier dans son saké blanc...



Contribution du : 17/08/2012 19:57
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Un Fleuve
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Re : À propos de "Ici et là"
Maître Onirien
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J'ai beaucoup apprécié votre comparaison poème-paysage C'est la libre interprétation Une projection de soi-même La poésie ne sera jamais un slogan Merci Leni

Contribution du : 17/08/2012 20:15
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Re : À propos de "Ici et là"
Visiteur 
Salut David,

J'avais peur que tu ne prennes mal ma réponse mais je vois qu'il n'en est rien. En fait, plutôt que de tenter de dénouer l'écheveau complexe de ce haiku, j'ai préféré reprendre ses sonorités pour en tirer un commentaire loufoque. Ta poésie m'ayant amusé au premier abord je voulais ainsi prolonger mon ressenti.

Sur le concept développé (« on peut définir un nouveau paradigme, un nouveau point d'horizon, par n'importe quel lieu ou moment de vie »), j'aimerais faire un parallèle avec le samsara bouddhiste qui ne voit pas l'existence bornée par des « points fixes que représenteraient la naissance et la mort » mais plutôt comme un cycle éternel d'extinction et de renaissance. Là aussi pas de ligne droite mais une roue en mouvement perpétuel, nos actions d'aujourd'hui (karma) définissant nos réincarnations futures.

Pour en revenir plus précisément à ton message, sous des apparences complexes il est finalement assez simple. Ce n'est ni plus ni moins qu'une forme orientalisée du « carpe diem », philosophie jouissive de l'instant présent.

Contribution du : 18/08/2012 11:08
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