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ANDROMAQUE EN TAURIDE, I : remerciements et explications.
Chevalier d'Oniris
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01/11/2016 10:00
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Bonjour à toutes et à tous.

Je remercie vivement le CE d'avoir publié ce texte décidément assez chaotique — je le constate à sa réception. Et c'est au fond une bonne chose ; il fait — au moins — réagir. Il ne laisse pas de marbre. J'ai probablement voulu ce que j'attendais.

Je remercie, naturellement, l'ensemble des commentateurs de ce poème, Brume, Silvieta, Papipoete, Pizzicato, GillesP, Pouet et son célèbre Bjr, Alcirion, Hersen, et Lariviere. Les neuf commentateurs qui se sont, à cette heure, manifestés sont ainsi vivement remerciés.

Quelques précisions.

@Brume :

— il est juste de noter la dualité qui émane de ce poème : une sorte d'errance entre l'érotisme et la spiritualité. C'est justement remarqué et cela permet à toutes et à tous de comprendre comment le poème se manifeste à l'esprit. C'est une errance. C'est l'écriture d'un songe, d'un doute plutôt désagréable. Plus largement d'une quête.

— il est naturellement très plaisant de savoir que quelques vers te font frissonner ; l'auteur de ce poème a en effet la voix grave ! Le premier distique semble tout de suite donner le ton du poème. L'erreur et le creux des reins.

— je suis agréablement surpris de ta formule,

(...) Votre formule est à la fois chair et insaisissable.

C'est joli. Et je comprends à peu près ce que tu veux me dire.

A qui s'adresse le narrateur ?, me demandes-tu ! L'hypothèse d'Andromaque n'est pas mauvaise — et c'est en fait la bonne. En effet, Andromaque est dans le poème le personnage principal. Le narrateur se sacrifie — littéralement — en la faveur du corps d'Andromaque. J'associe souvent dans ma poésie, je le sais bien, la femme à un simple corps. Au tumulte de la chair et des baisers ; c'est une conception romantique éculée. Il faut néanmoins voir dans ce topos littéraire de la femme une légère ironie — reprendre à son compte ce qui est éculé, cela revient à ne rien dire.

La femme est dans ce poème une créature puissante. La jalousie de mon narrateur — qui est-ce ? mais Pyrrhus ! bien-sûr ! — est permise, engendrée par la beauté tragique de sa belle. Mon narrateur est en souffrance.

Merci infiniment de ton commentaire.

Aux sceptiques. J'ai nommé la radicale Silvieta, le prudent Papipoete, l'un peu candide Pizzicato ! Ne prenez — surtout — pas ombrage de ces appellations ; mon humour n'a jamais été brillant.

— vos remarques sont bien légitimes. Je comprends assez ce manque de repères que peut susciter — sic... — le poème. C'est un texte plutôt difficile ; aux ombres multiples et au soleil parfois trop ensoleillés. Je veux dire : les yeux se fatiguent vite si, en effet, l'intérêt est allé se rafraichir aux toilettes du camping.

Silvieta, ma chère, je t'ai trouvée assez dure avec mon poème innocent ! Je n'ai ni le sens ni la faculté d'écrire correctement, de ton jugement ? c'est bien cela ?

"Près l'astre" est une incorrection majeure de langage.


Je reste assez peu convaincu du ton professoral, en général. L'adverbe "près" fait partie du vocabulaire juridique — pense par exemple à l'avocat près la cour. Eh bien, dans ma poésie, cet adverbe est une désignation. Ce vers est incriminé,

J’entrevois quatre femmes allongées — près l’astre


Après cet apport lexical, on peut comprendre que ces quatre femmes allongées représentent l'astre symbolique de Pyrrhus. La figure humaine est non divinisée, mais transformée en matériau céleste. L'homme devient céleste — plus spécifiquement, la femme.

Les expressions ne sont en effet pas très variées ; l'imitation du style d'Euripide — les occurrences stylistiques que l'on retrouve par exemple dans sa Médée, lesquelles seront moquées, surtout, par Aristophane — ne plaît pas à tout le monde. Pyrrhus semble obsédé par la situation ; il n'est pas en mesure de réfléchir ... mais il s'attèle à l'écriture. C'est une écriture figée dans la déception, pleine d'amertume. De désir, certes, mais on le sent impuissant. "Je veux sur terre (...)" : Pyrrhus ressent le besoin d'être démiurge. Il sait qu'au fond, rien ne changera. Il ne sera jamais aimé d'Andromaque.

Ta remarque sur mon très scandaleux incipit m'a décroché un large sourire. N'ai-je pas le droit de provoquer mon lecteur, en l'incitant à chercher le sens — en réalité impossible — du poème ? C'est un sourire narquois que j'ai. Mais ne pourrait-on pas croire que ce Si tu l'as puisse être le message désabusé de Pyrrhus à la belle Andromaque ?

Ton commentaire m'a donc intéressé. Mais je reste assez peu convaincu du caractère bienveillant de tes quelques mots...

Papipoete et Pizzicato, je peux comprendre votre incompréhension ; je vous invite à lire l'ensemble de mon post. Vous comprendrez peut-être. Ou non !

@GillesP


— merci infiniment de la richesse de ton commentaire ; j'y lis une agréable franchise et une rare curiosité intellectuelle. Les hypothèses que tu soulèves suscitent grandement mon intérêt. Je dois admirer ta capacité spéculative !

— il est intéressant de me désigner deux étapes de lecture : je n'ai rien compris puis peut-être, je faisais fausse route. Ces deux expressions sont excellentes ! La référence à l'écriture automatique est bienvenue, même si, en l'occurrence, ce poème n'a pas été écrit avec ce procédé littéraire. Si cela devait arriver, je préviendrais mon lecteur dans l'incipit, lui écrivant, Écriture automatique. Histoire d'éclaircir le jeu : un texte automatique n'est pas interprété de la même manière, évidemment, qu'un poème environ travaillé. Environ plutôt qu'à peu près... Je préfère !

— comme souvent, il est relevé dans ma poésie un jeu de références. Plusieurs grilles de lecture sont possibles avec mes poèmes ; la naïveté d'une première lecture — nécessaire — puis le mal de tête causé par la densité, le maillage littéraire — je parle des références — du même poème.

Il n'est pas inintéressant d'évoquer la teneur érotique du poème, même s'il n'y a aucun jeu de mot avec l'adjectif torride. Une bonne partie des commentateurs de ce poème ont justement saisi une double référence au théâtre euripidien : son Andromaque croisée à son Iphigénie en Tauride. Oreste — le frère d'Iphigénie et le prétendant d'Hermione, celle qui aime ... Pyrrhus — fait le lien supposé entre les deux tragédies.

Les remarques sur le vocabulaire érotique sont évidemment justes.

La subtile remarque sur l'association, dans mon incipit, du lyrisme et de l'endroit nuptial par excellence : le lit, est admirable ! La spéculation d'une convocation du dionysiaque et du platonicien n'est pas mauvaise...

J’entrevois,
Sur un banc bleu,
Un philosophe et Dionysos s’embrasser ;
Il n’y a là aucune altitude.


Ce quatrain a de quoi étonner, mais il marque en réalité une totale rupture — personnelle, quelque part — avec la philosophie. Mon narrateur s'identifie à Dionysos, le dieu de l'ivresse et l'homme de l'excès, accompagné de ses divines ménades : il décide de renoncer à la philosophie ; "il n'y a aucune altitude" — Pyrrhus recherche le céleste. Il recherche l'élévation. Le corps et le spirituel. Mais pas l'idée froide — pas le philosophe jurant sur sa ciguë son plaisir à mourir condamné (in Phédon !).

Merci infiniment, mon cher.

@Pouet

— ton commentaire démontre bien le possible problème de ce poème ; il évoque parfois des images assez plaisantes, mais son exigence implacable peut ennuyer.

— la remarque sur les quelques endroits de mon poème est bonne : il est en effet question de langage — le terrible langage, hein ! —, et de nudité — plus largement du corps et de la sexualité ; le rapport entre le plaisir et la passion, ce corps media posant toujours problème —. Et, bien-sûr, la mort rode toujours dans mes poèmes. Le corps et la mort...

Merci.

@Alcirion

— ce poème n'use en effet pas de facilités particulières. Mais je comprends le reproche que l'on pourrait me faire : Hadrien, tu te caches derrière un hermétisme exacerbé ; n'en fais pas trop. Je comprends la limite que je peux franchir mais n'ai pas l'impression d'exagérer la difficulté interprétative — ou bien la licence spéculative, c'est selon — du texte.

— mes références sont en effet littéraires, comme à l'accoutumée. Mon public est restreint : la remarque est très intéressante, Alcirion. C'est vrai. Je le sais bien. Mais cela ne me dérange pas vraiment — je n'ai aucune exigence particulière dans ma poésie, mais elle suppose une faculté d'interprétation assez bien entraînée et surtout un monde littéraire et esthétique souvent fréquenté. En l'occurrence, ces deux pièces d'Euripide parlent plutôt. Je m'en suis réjoui ! Je convoque en effet un poète de l'âge classique grec, Euripide — dont l'écriture est particulièrement séduisante.

— devrais-je m'orienter vers d'autres thèmes ? probablement ! Mes deux endroits sont l'érotisme latent — plus généralement le problème philosophie de l'amour — et celui de la mort. La mort comme fin du tout : la jouissance en face de la mort, en somme. Mon projet poétique n'a pas réellement de finalité. Je suis encore un jeune abruti ; j'estime avoir le temps de fréquenter d'autres thèmes.

Merci infiniment de la bienveillance de tes propos.

@Hersen

— ta première phrase m'a tout de suite fait sourire,

J'aime par dessus tout cet univers à la fois sensuel, érudit, antique dont je ne cherche même pas les clés.

J'ai l'impression d'avoir été très bien cerné. Le sensuel côtoie l'érudition parfois abstraite, parfois vulgaire ... et parfois vaine. Le tout dans un paysage souvent influencé par l'histoire antique.

— j'essaie en effet, avec probablement beaucoup de maladresse, de me réapproprier les deux tragédies euridipiennes. Mon Pyrrhus dans Andromaque , se trouvant l'amoureux transi de l'Andromaque de ses beaux rêves et l'endroit particulier de la Tauride — sorte de presqu'île divine et défendue. La Tauride, l'endroit de la jalousie inventée de Pyrrhus, en quelque sorte.

— la dualité des contours incertains et du sable chaud connu est intéressante, en effet ; c'est peut-être l'esprit de la littérature que de faire suer celles et ceux qui savent déjà suer. Rêver ce que l'on sait déjà : les hommes et leurs paradoxes. Leurs contradictions aussi ridicules que leurs aspirations.

Merci infiniment de ta lecture attentive et visiblement passionné de mes quelques vers.

@Lariviere

— heureux de t'avoir satisfait, mon cher ! il est tout à fait juste de remarquer que j'ai procédé, en réalité, à un choix d'écriture ; j'avais l'ambition de plaire à la curiosité, tout en avortant parfois quelques pistes trompeuses d'interprétation.

j'ai aimé cette musicalité rêche, favorisant les assonances et les allitérations plutôt que le discours rimés pour faire "poète", au moins sur la forme...

C'est intéressant : je déteste en effet les rimes. Dès le XVIe siècle, Du Bellay, dans sa lucide Défense et illustration de la langue française, défend l'idée d'une rime qui n'est pas nécessaire. Il invite même le poète à, s'il en a l'envie, créer des mots ! La liberté poétique est pleinement convoquée par Du Bellay ... et je reprends à mon compte la saine prescription de ce bon vieux Joachim. A prononcer, absolument, Joachin !

— le discours est bien évidemment parfois hermétique ; mais tu as la sympathie d'apprécier la liberté que j'offre à mon lecteur — encore une fois l'idée d'une grille de lectures : on lit ce que l'on veut. Il y a évidemment nombre de clins d’œil ; il serait pour moi inutile de les relever d'une manière académiquement soporifique.

— le ton du discours est en effet à moitié sarcastique. On sent un Pyrrhus désabusé, mais à l'amour presque ardent. Mon Pyrrhus est d'une rare lucidité,

La joyeuse pâleur ! elle n’est jamais éreintée ;
Le vent arabe me brûle. Cela n’annonce rien de bon.


Il sait bien que ce sont probablement ses deniers mots ; ce "vent arabe" annonce le prochain "orage" (divin ?). Pyrrhus est intelligent. Jaloux. Stratégique. Dangereux.

J'y vois un petit peu le travail de Rimbaud, dans cet espèce d'orgie poétique irrévérencieuse sur le ton et riche sur la forme, atypique.


je ne peux qu'être très intimidé devant tant de compliments ! J'aime assez le terme d'"orgie poétique irrévérencieuse", quand il s'agit de décrire à peu près mon travail.

Lariviere, permets-moi de t'adresser toute ma sympathie ! Merci infiniment.

Contribution du : 03/02/2017 15:49
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Re : ANDROMAQUE EN TAURIDE, I : remerciements et explications.
Chevalier d'Oniris
Inscrit:
09/01/2017 18:05
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Post(s): 2006
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Mon cher HadrienM, si je me réfère à l'ordre de parution des poèmes du groupe de lecture nous n'avons été, avant publication, que deux personnes de ce groupe à commenter "Andromaque en Tauride". Il se trouve que Brume a aimé, moi pas. C'est mon droit. Il semble que sur Oniris les poèmes en cours de parution soient plus commentés que les nouvelles. Si "Andromaque etc" n'a reçu que deux commentaires c'est peut-être parce qu'à ce stade des lecteurs potentiels ont été désarçonnés.

Les avis que j'émets tant pour les nouvelles que les poèmes se parent dans ma liste d'évaluatrice d'un petit
smiley bleu : ce code signifie que je ne suis pour l'instant ni plus sévère ni plus indulgente que la moyenne des autres commentateurs d'Oniris.

Lire un texte proposé en lecture prend un temps que l'on pourrait consacrer à d'autres activités ou aux textes suivants de la liste, éventuellement moins hermétiques ou bien aussi hermétiques mais plus en phase avec notre sensibilité. Ce titre "Andromaque en Tauride" aura au moins suscité ma curiosité sur le personnage d'Andromaque dans le théâtre grec et dans celui de Racine et déclenché de prochaines lectures à la source, donc merci pour cela.

Contribution du : 04/02/2017 01:54
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