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Au sujet de mon moème "Ravine"
Expert Onirien
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17/08/2013 17:08
De Val d'Oise
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Pour les lecteurs qui s’interrogent sur les prénoms dans mon texte « Ravine »… Personnages imaginés ?

Quand on écrit un texte, on ne se rend pas compte que le lecteur n’y peut pas pénétrer, ne sachant rien de ce que nous savons, et ne pouvons raconter. Les choses qu’on voit, si on les raconte, personne ne pourrait y croire. Les prénoms sont les vrais prénoms, et l’histoire est vraie et triste.
Jade, c’est le petit garçon d’une jeune femme qui s’appelle Suze. Elle habitait alors avec son petit dans une maison que nous avions et qui recueillait des enfants victimes du séisme et lourdement handicapés. Lors de tremblement de terre en 2010 (230000 morts) le petit Jade n’avait pas deux ans. Il a été écrasé sous du béton. Beaucoup de fractures, mais vivant. Il a passé les 6 mois suivants avec des plâtres partout, les bras, les hanches, les jambes… Un petit paquet de plâtres et de souffrances. Il s’est accroché à la vie. Son visage était d’une telle beauté, ses yeux immenses, son sourire que tous les gens qui le croisaient étaient fascinés. Il était le chouchou du quartier. On a enlevé les plâtres, peu à peu, les uns après les autres. Et Jade a commencé à remarcher, en se tenant d’abord, puis un peu mieux. Quel merveilleux petit garçon. Joyeux malgré toutes ces souffrances, malgré sa faiblesse…
A la fin de l’année 2010 une épidémie de choléra est apparue, la maladie s’est propagée très vite faisant, après le traumatisme du séisme, des milliers de morts. Quand sa maman a pressenti que le petit avait les symptômes du choléra, sans doute l’eau, elle l’a emporté vers l’hôpital. Descendre la ravine à pied, puis trouver un taptap… En Haïti il faut prendre les transports en commun, les carrefours n’ont pas de feux et donnent des embouteillages qui peuvent durer des heures. Surtout dans ce contexte d’une ville détruite. Un cauchemar. Le petit Jade est décédé avant qu’elle arrive à l’hôpital…
Suze est aujourd’hui infirmière, elle soigne des gens encore plus malheureux qu’elle.

Laura était esthéticienne. Elle était une personne joyeuse, pleine de vie. Elle travaillait au centre-ville. En 2010, tout le centre est tombé, plus que des ruines. Laura est restée trois jours sous les décombres. Toutes ses amies sont mortes au même endroit. Quand on l’a sortie de là, elle avait un bras complètement écrasé. Elle est venue habiter près de la ravine, non loin de la maison que nous louons encore à Meyotte. Au début il fallait circonscrire l’infection. Le bras droit de Laura ne sert plus à rien, il est recroquevillé contre sa taille, guéri mais déchiqueté... Peu à peu, elle réapprend tout de la main gauche et après quelques années, elle reprend son travail, avec beaucoup de difficultés. Elle travaille dans un salon de coiffure coopératif qui est dans notre maison. Elle a deux enfants. En Haïti, pas de travail, c’est tout droit vers la misère et la rue.
Un soir, une de ses connaissances, un policier, arrive soul et veut entrer chez elle. Il est violent. Il tire une balle, pas sur Laura, mais la balle ricoche et pénètre dans la tête de la jeune femme. La croyant morte, il se suicide, sur place. Laura, à l’hôpital, après plusieurs semaines reprend conscience, mais on ne peut pas extraire la balle. Elle tente de reprendre son travail, mais si elle penche sa tête plus d’une minute ou deux, elle une syncope, elle a de grandes douleurs dans la tête. C’est très difficile. Elle a gardé son sourire, sa gentillesse. Ses enfants sont son seul but et elle en tire cet immense courage. Il y a un an, je n’étais pas sur place, j’ai appris de notre correspondant que Laura était morte… à trente ans.
C’est l’histoire de mon poème, mais personne ne pouvait la deviner.

Contribution du : 12/12/2020 17:29
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Re : Au sujet de mon moème "Ravine"
Visiteur 
Il y a, en effet, un monde entre l'auteur et le lecteur.
L'explication, la genèse que vous donnez à votre poème est terrifiante, d'autant plus qu'elle est issue de la réalité.

Aussi, je me demande ce qui anime le poète quand il écrit un poème sur de tels dramatiques sujets :
Dépasser sa peur et sa révolte face à de tels évènements ?
Offrir un témoignage , (pas forcément compris par le lecteur sans l'explication jointe)
Offrir un hommage à ces victimes ?
Écrire de la plus belle manière pour endiguer la peine ?
Et plus loin, je me demande aussi quel est l'état d'esprit de l'auteur à la lecture des commentaires émis par le lecteur souvent (toujours) à mille lieues de la matière originelle du texte et d'abord très attentif à la qualité littéraire de l'écrit.

Merci pour ce témoignage et pour le poème "Ravine".

Contribution du : 13/12/2020 01:02
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