Ça mijote chez Cristale, j'en ai l'eau à la bouche...
Voilà ma copie pour la nouvelle proposition, du genre apéro dînatoire :



Ternes profils de lune, ou douloureuses faces,
Elle montre, gibbeuse, un contour incertain ;
S’étiolent ses croissants en viennoiseries lasses,
Tandis que point le rose auroral au lointain.

Satellite anémié, d’un sang mélancolique,
Elle agonise à vue devant le jour charmant.
J’imagine pourtant devenir son amant,
Avec elle causer, converser savamment
De poésie, de belles-lettres, de musique.

Ah super ! Un "muzain" !
Avec les bouts rimés proposés par Cyrill.
(les vers en mijotage ne sont pas encore cuits à point pour le prochain banquet :)

L’ombrage de la nuit égalise les faces,
Chacun peut s’en aller dans le soir incertain,
Yeux baissés, dos courbé sous ses épaules lasses,
Rejoindre le néant… Il n’est pas si lointain.

Romantique et naïf, l’esprit mélancolique
Imagine un patron innocent et charmant ;
La vérité cruelle omet son coeur d’amant
Pris aux rets du labeur tissé bien savamment
Par un bonimenteur qui connaît la musique.

Voilà mon petit essai

Je suis ton miroir à deux faces ;
Mon avenir est incertain,
Il se peut qu’un jour tu te lasses
Et t’effaces dans le lointain.
Je deviendrai mélancolique
Privé de ton minois charmant.
Je me prenais pour ton amant,
Choyant ton reflet savamment,
Pivotant toujours en musique...

A mon tour :

Infructueux espoirs sur le livre des faces
Labyrinthiques clics au profit incertain
Quand allant abdiquer par trop de guerres lasses
S'ouvrit une fenêtre au profil lointain

Poétique mailing tendre et mélancolique
Ravivant en sursaut l'enthousiasme charmant
Du passé révolu d'un désuet amant
Désirant rejouer plus ou moins savamment
L'ancienne partition d'un morceau sans musique

C'est presque du vécu 😉

Roxanne

Merci Roxanne pour ce presque-vécu en bout rimés, et bravo également à Cristale et Embellie

Puisque ils ne semble pas qu'il y en ait d'autres à venir, je donne la solution :


De Marcel Proust (il a su aussi faire court)

Antoine Watteau

Crépuscule grimant les arbres et les faces,
Avec son manteau bleu, sous son masque incertain ;
Poussière de baisers autour des bouches lasses...
Le vague devient tendre, et le tout près, lointain.

La mascarade, autre lointain mélancolique,
Fait le geste d'aimer plus faux, triste et charmant.
Caprice de poète - ou prudence d'amant,
L'amour ayant besoin d’être orné savamment -
Voici barques, goûters, silences et musique.



A vos propositions !

Bravo Cyrill, Roxane et Embellie !
... et à l'enquiquineuse que je suis d'ajouter qu'il s'agit d'un "Muzain", une forme fixe (que j'adore) créée par le poète Abraham de Vermeil (1555-1620).

Le muzain, dit régulier, dans sa forme originale se compose de deux strophes dont les règles à respecter sont :
- La disposition typographique en un quatrain et un quintil ( 4 + 5 )
- La formule des rimes : ABBA - CDCCD
- L'alternance ( M/F ) au passage du quatrain au quintil
- Les règles relatives à l'accord en genre et en nombre des rimes, à l'hiatus , à la césure ...

Marcel Proust a composé une variante classique remarquable en alexandrins avec des rimes :
ABAB - CDDDC
... où se distingue de ses frères le fameux "trimètre romantique" 4/4/4 au premier vers du quintil.

Bon, je file...

très intéressant Cristale. je me suis vaguement renseigné sur cette forme l'autre jour, sauf que j'avais déjà oublié les contraintes. Faudra me les redire demain... et après-demain...

Avec plaisir Cyrill, je ne m'en lasserai pas.

À mon tour je propose ces bouts rimés :

onyx - lampadophore - Phénix - amphore
ptyx - sonore - Styx - s'honore
or - décor - nixe
encor - fixe - septuor

... je me lance :

J’avais un chat tout noir, je l’appelais Onyx
La nuit il se prenait pour un lampadophore
Allant à pas feutrés pourchasser le Phénix
Qu’il pensait avoir vu dans ma plus belle amphore.

Toutes griffes dehors, dans le fond, pas de ptyx,
Pas plus qu’aucune proie à pêcher dans le Styx ;
(La petite fontaine au débit très sonore),
L’animal voyait grand, Sa Majesté s’honore !

Furieux il croqua le scarabée en or
Epinglé sur l'épaule, en guise de décor,
Du maillot de Mamie, (entre sirène et nixe).

Sans se décourager, l’alpha félin encor
Partait chasser l’ennui quand, sous son regard fixe :
Sept lézards verts en vue ! Un septuor !