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Re : Écriture euphonique
Maître Onirien
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Bellini,

En comparant les accents toniques de l'alexandrin tels que vous nous les montrez :

« Cette éclatante rose//éclose au mur du champ »

avec ceux du trimètre :

« Cette éclatan/te rose éclose/au mur du champ »

l'on remarque la différence de tonalité : le premier exemple exprime une douceur uniforme à peine audible (associable à la naissance de la rose), très romantique, le second souligne un bruit d'éclat et un jaillissement (éclosion), plus passionnel.
L'association de certaines consonnes et voyelles, l'action de certaines élisions, sont en partie responsables des différences sonores mais c'est un autres chapitre.

Il est évident que l'accent tonique et le rythme sont des facteurs indispensables pour une belle harmonie des vers, l'idéal est lorsque cela coule de source sous la plume du poète...j'ai encore du travail en perspective pour prétendre être poète



Luz

Merci de nous avoir permis de nous pencher sur votre joli vers, les veillées sont parfois longues quand les auteurs-lecteurs discutent de leur passion.

Quant à vos rimes, tout dépend de ce que vous nommez "pauvres", elles sont peut-être "suffisantes" et dans ce cas acceptées.


Bonne soirée à tout le monde

Cristale

Contribution du : 26/04/2021 19:54
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Re : Écriture euphonique
Visiteur 
Bravo Cristale,
Je savais que votre romantisme expliquerait bien mieux que je n’aurais su le faire, comment la découpe des vers se met au service des nuances de sentiments que l’on souhaite exprimer :) Il est évident que la même idée exprimée en 3/3/3/3 ne traduit pas le même sentiment qu’exprimée en 1/5/4/2.
Par exemple, dans le vers de Luz :

« Cette éclatante rose//éclose au mur du champ »

Vous avez bien noté cette douceur uniforme, et j’ajouterai qu’elle est perceptible grâce aux coupes en miroir 4/2/2/4 :

« Cette éclatan/te rose//éclose/au mur du champ »

qui par le jeu subtil en 2/4 du second hémistiche montre à la fois la spontanéité de l’éclosion de la rose (2 syllabes) et son intégration douce au "paysage" du premier hémistiche (4/2/2/4)
Donc bravo à vous, Luz pour avoir conçu ce magnifique vers, et à vous Cristale, pour en avoir livré la substantifique moelle.
Vous comprenez pourquoi, quand on veut ringardiser la poésie classique, je m’insurge parfois contre ses critiques qui semblent mal connaître la puissance de ses variations mélodiques…
Merci encore pour ces échanges, et bonne soirée.

Bellini

Contribution du : 26/04/2021 20:46
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Re : Écriture euphonique
Maître Onirien
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Merci beaucoup, Cristale et Bellini, pour vos explications.

Je ne savais pas si ce vers était correct ; donc, il semble l'être. Il m'en reste 15 à travailler et retravailler : trouver le bon rythme, vérifier les découpes, chercher les rimes au minimum suffisantes, les tonalités..., tout en gardant (j'espère) un peu de souffle poétique.
C'est pas simple le classique !

Très bonne journée !



Luz

Contribution du : 27/04/2021 08:20
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Re : Écriture euphonique
Chevalier d'Oniris
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De La Terre
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Bonjour, je me permets d'intervenir sur ce fil pour émettre des réserves sur cette notion de cacophonie et son importance en poésie...
Je connaissais les principes de base de l'euphonie depuis longtemps, mais je viens de pousser un peu plus en lisant ce fil et regardant votre video, très instructive.

Il est certes intéressant pour un poète de connaitre ces principes. Néanmoins, il est aussi important d'être capable de s'en détacher lorsque cela est nécessaire. Et ça l'est souvent !

En fait, appliquer l'euphonie à tout texte poétique, c'est croire que l'essentiel de la poésie réside dans la fluidité, la musicalité, l'harmonie du texte.

Mais c'est oublier, à mon sens, deux caractéristiques essentielles de la poésie : d'abord l'émotion et les réactions qu'un poème cherche à provoquer, ensuite le fait que les sons portent une part du sens que le poète veut révéler.

Emotions et réactions : si le poète veut transmettre un sentiment d'harmonie, d'équilibre, de paix, etc., rendre son texte euphonique sera sans doute un bon moyen. Mais qu'en est-il lorsqu'il souhaite transmettre la souffrance, la violence, un sentiment d'injustice, ou je ne sais quoi d'autre ? La recherche de heurts, de cacophonie pourra donner un effet bien plus poétique qu'une fade euphonie.
Vous le dites d'ailleurs dans votre video, lorsque vous évoquez la guerre, précisant que vous n'êtes pas d'accord avec cette idée.
L'euphonie sera sans doute plus apte à transmettre les sentiments de paix, d'amour, de tristesse... mais la colère, la passion ?
Personnellement, j'aime quand un texte me tord les boyaux lexicalement ET phonétiquement. Mais je suis peut-être maso ? Et ce que je dis n'engage que moi.


Le second point me semble encore plus rédhibitoire : il s'agit du sens que les sons peuvent prendre dans un poème, et dans n'importe quel énoncé.

Le cas le plus évident est celui de l'harmonie imitative. Selon ces principes, ce célèbre vers de Racine :
Pour qui Sont Ces Serpents qui sifflent sur vos têtes
(je prends l'exemple le plus célèbre, mais il y a foule)
Ce vers serait épouvantable, par la succession de 3 consonnes [s].
Pourtant, il rend parfaitement le sifflement du serpent, comme on l'apprend dans toutes les classes de France.

Mais cet exemple assez limité de l'harmonie imitative permet de déboucher sur une réalité bien plus générale : le fait que le son porte à lui-seul une partie de la sémantique du texte. A travers notamment les répétitions de sons, que vous voulez éviter car cacophoniques, les allitérations et assonances.

Vous préconisez d'éviter les cacophonies "intralexicales", c'est-à-dire à l'intérieur d'un même mot. Je ne suis pas allé chercher bien loin pour trouver des mots "cacophoniques" auxquels je reconnais une haute valeur poétique : à commencer par le mot "semBLaBLe" cher à Baudelaire. Ce mot met en relation deux réalités, le poète et l'oiseau dans l'Albatros, la femme aimée et la carcasse dans "Une Charogne" par exemple. Ce mot jugé cacophonique est intéressant justement parce qu'il possède cette répétition de consonnes, donnant ainsi à entendre la ressemblance qu'il veut mettre en évidence entre ces deux réalités.

Et ces mots devraient être bannis de nos poèmes : traitre, coquin, petite, fifre, insaisissable, pourpre ? La liste est immense... ce serait un grand appauvrissement de la poésie...
Que dire de l'expression "Sans CeSSe", qui fait suivre 3 sons [s] ? Lorsqu'un poète l'emploie, n'est-ce pas qu'il veut signifier, grâce au matériel sonore, ici la répétition d'une consonne constrictive (dont le son continue), que le phénomène décrit semble sans fin ?

Au-delà de cela, encore, le poète tisse entre les mots des liens grâce à ces répétitions de sonorités.
Je reprends un de vos exemples :

Tout s'illumine et tout scinTille
Tout dans les pâturages brille

Je ne sais où vous avez pris cet exemple, mais vous relevez la cacophonie d'un vers sur l'autre entre "scintille" et "Tout". Mais il y a fort à parier que cette "cacophonie" est voulue ! L'anaphore "Tout" est parlante. La répétition du "t", que l'on retrouve dans scintille et pâturages, rappelle ce tout qui envahit le lieu et les vers du poète. L'omniprésence du "t" signale l'omniprésence de la lumière.

Restons sur l'Albatros :

"Prennent des albatros, vasteS oiSeaux des mers"

Le son [z] ici met en lien l'oiseau et sa taille majestueuse en faisant un rappel du son dans le substantif oiseaux, et l'adjectif qui le qualifie, vastes.

Leurs grandes aiLes bLanches

De la même manière, la beauté (et la pureté) des ailes est mise en parallèle grâce au son [l], liquide, qui revient dans les deux termes, coup sur coup.


Je n'irai pas plus loin, j'ai donné quelques exemples, mais c'est un phénomène général, voilà pourquoi je pense qu'il faut prendre l'euphonie avec des pincettes.

C'est intéressant, et cela peut être utile, dans certains cas, mais attention à ne pas en faire une norme qui affaiblirait la poésie...

Contribution du : 29/04/2021 21:11
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Sur le plus haut trône du monde, on n'est jamais assis que sur son cul.
Montaigne
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Re : Écriture euphonique
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Merci pour ce message. j'ai discuté toutes les idées que vous apportez judicieusement, notamment à propos du célèbre vers de d'Andromaque.

Quand aux 2 vers:

Tout s'illumine et tout scinTille
Tout dans les pâturages brille

Ce sont des vers que j'ai imaginé à titre d'exemple de cacophonie.

Vous pourrez les retrouver sur ce forum ou mieux, dans l'article général que j'ai consacré à l'écriture euphonique.

https://www.claude-fernandez.com/ecriture_euphonique_principes.htm

Contribution du : 07/05/2021 00:54
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Re : Écriture euphonique
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Oui, mais le problème me paraît la difficulté dans un même poème d'utiliser un rythme ternaire et un rythme binaire (celui de l'alexandrin classique). Il me semble plutôt qu'au départ on doit choisir d'écrire un poème soit un ternaire soit en binaire sinon aucun rythme ne s'impose. Quant au tétramètre, c'est un rythme binaire et il faut à mon avis appuyer plus intensément sur l'accent tonique de l'hémistiche.

Contribution du : 07/05/2021 01:00
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Re : Écriture euphonique
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"Cette éclatante rose éclose au mur du champ."

Pour moi c'est quand même une cacophonie dispersée (ou écho) bien caractérisée.

Contribution du : 07/05/2021 01:05
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Re : Écriture euphonique
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Citation :

Bellini a écrit :
Ferrandeix,

Revenant sur le dernier vers du Dormeur du val :
« Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit »
j’ai même oublié de pointer la cacophonie rouges/zo, que je trouve beaucoup plus pénible à l’oreille que celle de Damy « propices à l’envie ». D’ailleurs, Rimbaud a tellement déstructuré la versification qu’aucun récitant de ce poème n’a jamais fait cette liaison (voir Youtube) et n’a donc jamais lu ce vers comme un alexandrin ni même comme un dodécasyllabe. Ce vers a toujours eu 11 syllabes à la lecture et pourtant, les coupes, le rythme et les silences en font un vers inoubliable.
Aviez-vous pensé à résoudre le problème de certaines cacophonies en ne respectant pas la prosodie de l’auteur et en jouant à la place sur des jeux d’harmonie et de pauses dans le vers ?
Comparant donc Damy et Rimbaud, pourrions-nous conclure ensemble au résultat du match : Damy 3 – Rimbaud 0 ?

Bellini


Il se trouve que j'ai réalisé une réécriture euphonique de ce poème de Rimbaud et j'ai constaté qu'il avait perdu dans ce traitement une grande partie de son intérêt. Preuve que "trou rouge" est une cacophonie (parmi bien d'autres dans ce poème), c'est que Rimbaud emploi justement cette succession. C'est une provocation manifeste et c'est cette provocation qui constitue l'intérêt majeur de ce poème.

J'i dénombré dans ce poème:
20 dysphonies (16 cacophonies consonantiques, 3 cacophonies vocaliques, 1 écho)
5 malpositions du e
2 malposions de la césure
5 répétitions et inobservances syntaxiques
1 registre de langage relâché ou dysharmonieux

33 anomalies pour 14 vers (du point de vue de la poésie euphonique

Et voilà la version euphonique:

LE DORMEUR DU VAL

C'est un creux de verdure” où palpite une source.
Les arbrisseaux légers” s’éploient comme haillons
Tandis que l’astre diurne” élancé dans sa course
Luit sur le ravin clair” vibrant sous les rayons.

Un soldat jeune encor” bouche ouverte et chair nue
La tête abandonnée” sur le cresson moelleux
Tranquillement sommeille” obombré par la nue
Pâle en son lit d'herbage” où l'or de l'azur pleut.

Son flanc dans les iris” au courant s’abandonne
L’on croirait qu’il sourit” Le calme l’environne.
Chauffe son corps’ Nature” il a froid, se figeant.

Nul capiteux parfum” ne flatte sa narine.
Sous le soleil il dort” main contre sa poitrine
Son front pâle est orné” d'un vermeil trou béant.

En fait, c'est un autre poème qui peut se concevoir et qui pourrait rappeler un autre poème de Rimbaud, très euphonique celui-là Ophélie (car Rimbaud n'a pas fait que de la provocation)

En revanche, j'ai réalisé une réécriture du Lac de Lamartine et il me semble que c'est beaucoup plus congruent.

Contribution du : 07/05/2021 01:22
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Re : Écriture euphonique
Chevalier d'Oniris
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Citation :

Bellini a écrit :
Ferrandeix,

Revenant sur le dernier vers du Dormeur du val :
« Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit »
j’ai même oublié de pointer la cacophonie rouges/zo, que je trouve beaucoup plus pénible à l’oreille que celle de Damy « propices à l’envie ». D’ailleurs, Rimbaud a tellement déstructuré la versification qu’aucun récitant de ce poème n’a jamais fait cette liaison (voir Youtube) et n’a donc jamais lu ce vers comme un alexandrin ni même comme un dodécasyllabe. Ce vers a toujours eu 11 syllabes à la lecture et pourtant, les coupes, le rythme et les silences en font un vers inoubliable.
Aviez-vous pensé à résoudre le problème de certaines cacophonies en ne respectant pas la prosodie de l’auteur et en jouant à la place sur des jeux d’harmonie et de pauses dans le vers ?
Comparant donc Damy et Rimbaud, pourrions-nous conclure ensemble au résultat du match : Damy 3 – Rimbaud 0 ?

Bellini


"rouges zo", non, pas une cacophonie pour moi. Oralement, il faut appuyer sur le "ou" car il y a un e post-accentuel après le g et ça passe tout seul. En revanche "propices à l'envi", oui, cacophonie consonantique en s z. Cette liaison, il faut justement la marquer pour rendre le poème encore plus provoquant et cacophonique. Pour répondre à ta question, parfois, oui, il est préférable d'éviter une liaison, voire supprimer une syllabe plutôt qu'engendrer une cacophonie. Néanmoins, c'est l'auteur qui devrait revoir sa copie.

Contribution du : 09/05/2021 02:52
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Re : Écriture euphonique
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Bellini a écrit :
Car bien sûr, si nos grands poètes avaient toujours suivi vos recommandations, il ne resterait pas grand-chose de leurs œuvres. Les exemples sont trop innombrables, aussi je ne vais en citer qu’un, tiré d’un poème qui se situe sur le podium des préférés des français, Le dormeur du val :
« Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit »

Ferrandeix a écrit:
C'est certain qu'on ne va pas réécrire toute la littérature française en écriture euphonique. Cela n'interdit pas pour autant de revendiquer une sensibilité spécifique qui représente, je le rappelle, une esthétique parmi d'autres comme la poésie classique est une prosodie parmi d'autres. Par ailleurs, l'écriture euphonique n'est pas une nouveauté, elle s'inscrit en théorie dans la prosodie classique. Boileau le dit dans l'Art poétique... mais ne l'applique pas

Bellini à écrit:
Sans doute, selon vos recommandations, l’un des plus mauvais vers de la langue française. Deux cacophonies majeures dont j’ai la paresse de retrouver le nom dans votre lexique : « tranquille il » (ille il) dont la cacophonie ne s’efface pas malgré l’arrêt temporel, et plus horrible encore « trous rouges » (trou/rou).


Ferrandeix a écrit:

"Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit"

Le vers le plus génial de la langue française, vous voulez dire Et doublement pour moi car ce vers démontre justement le bien-fondé de l'euphonie (puisque son inobservance constitue une provocation visible)

Bellini a écrit:
Tout ça pour dire que si je relève comme vous des cacophonies sur les textes oniriens, je vous trouve parfois un peu sévère ou rigide (toujours gentiment). Par exemple, ce matin encore sur le texte de Damy (Le chagrin de Chopin), si je suis d’accord avec vous sur la cacophonie « propices à l’envie », je le suis beaucoup moins sur la succession des dentales « plaintes de l’indicible » ou « les notes des » et pas du tout sur les « re terminaux » qui semblent beaucoup vous gêner (« écorchures ouvertes ») qui ne me pose vraiment aucun problème en tant que récitant. Voyez Rimbaud dans le premier vers du bateau ivre :
« Comme je descendais des Fleuves impassibles »
Et notez les dentales dais/des… Tout est dans l’art de dire les vers.

Ferrandeix a écrit:
Concernant le "re", il faut signaler qu'ils passent mieux sur des mots courts (disyllabes). Le problème apparaît plus délicat à partir des trisyllabes. Je ne suis pas le seul à signaler le problème de ces "re" pour la déclamation. Jai vu au moins un comédien de la Comédie française qui signalait ce problème spécifique. Est-ce qu'il y a une manière de prononcer ces e de finales "re" pour mieux les faire passer, peut-être, mais quand même délicat.

Bellini a écrit:
J’adore aussi personnellement tous le e post-accentuels : « comme je descendais » alors que vous semblez les supporter à petites doses en poésie et pas du tout en prose, où l’apocope systématique n’est que le reflet de la précipitation verbale d’aujourd’hui. N’oublions pas non plus que la prose se donne aussi à lire, et que je préférerai toujours votre exemple de prose native : « Le calme s’étend sur les broussailles mornes. » au remplacement que vous proposez post #2 : « La paix s’étend sur les baliveaux mornes ». C’est une question d’harmonie interne, de coupes.

Ferrandeix a écrit:
Oui, les e post-accentuels en poésie apportent du rythme car ils obligent à renforcer l'accent tonique précédent. En revanche, pour la prose poétique ou tout prose, là je suis moins certain. Et dans ce cas, un problème de distribution de ces e se pose, qui existe rarement en poésie. Dans l'alexandrin, par exemple, déjà difficile de trouver plusieurs e post-accentuels dans un hémistiche. Concernant l'exemple "Le calme s’étend sur les broussailles mornes.", vous le considérez comme un vers. S'il est est isolé, oui, c'est plus beau et seyant que la version de prose euphonique "La paix s’étend sur les baliveaux mornes" car c'est quasiment un alexandrin, mais dans le contexte d'un texte en prose où il n'y a aucune métrique définie et des accumulations ponctuelles de e post-accentuels, l'effet est différent. Ou alors il faudrait gérer ces e, j'ai imaginé cette solution: trop compliqué. Et puis, la prose doit pouvoir se distinguer des la poésie. À mon avis, le principe de la prose est de ne pas être rythmée et elle engendre alors une esthétique spécifique, moins tendue qu'en poésie, plus reposante, ce qui est positif dans un flux continue de longue durée.

Merci pour ce commentaire enrichissant.

Contribution du : 09/05/2021 03:37
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