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Perle-Hingaud
1 Utilisateur(s) anonymes
Explication démarche Madame K Laboniris |
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Chevalier d'Oniris
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11/11/2011 00:22 De Là-Bas
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Bonjour,
J’ai cru comprendre qu’il fallait expliquer sa démarche quand on présentait un texte dans la catégorie "Laboniris". Voici donc la mienne, concernant Madame K : Il s’agit d’un premier essai d’écriture s’inscrivant dans une recherche académique en psychopathologie sur les phénomènes de déréalisation et de dépersonnalisation. J’ai mené dans ce cadre plusieurs entretiens, enregistrés puis retranscrits mot à mot avec le consentement des personnes concernées. Celles-ci m’ont parlé de leur expérience de la déréalisation, tant du côté de l’angoisse que de celui de l’extase. Je cherche à présent à « réécrire » ces entretiens, à les transformer en récit, pour restituer les témoignages de ces personnes et pouvoir, par la suite, les analyser d’un point de vue plus théorique. Or, je me heurte à de nombreux obstacles, en partie liés à l'inscription de cette recherche dans le milieu universitaire : – on voudrait que je sois « neutre », pour atteindre un maximum d’objectivité → mais je ne crois pas à l’objectivité, ni à une quelconque neutralité ; – on voudrait que je cite mot pour mot les verbatim, et que je me fonde uniquement sur eux pour écrire ces entretiens → mais ma mémoire, mes sensations, et le grain des voix enregistrées me semblent tout aussi précieux que ces verbatim. Je tâtonne donc pour trouver un style d’écriture qui ne s’éloigne pas complètement des codes du récit de cas clinique (sans quoi mon travail serait aussitôt rejeté sur le plan académique), mais qui permette de les détourner subtilement. Cela exige de ma part le respect de plusieurs principes, véritables contraintes qui ont guidé la rédaction de Madame K, premier récit d’entretien, premier test pour ma recherche, sans convoquer pour le moment de perspectives théoriques : – la personne entendue ne peut être une simple source d’inspiration ; je dois rester en tous points fidèle à son récit ; l’imagination ne peut servir qu’à approfondir celui-ci, non à s’en éloigner – l’objectif est de restituer l’entretien que j’ai eu avec elle, sans trop de digressions – d’un point de vue éthique, je ne peux me mettre en jeu que par touches ; c’est la personne entendue qui doit rester au centre (même si elle apparaît avant tout à travers le prisme de ma subjectivité) – je dois faire attention à ce que mes propos ne blessent pas la personne, au cas où elle lirait ce récit – je ne dois pas entrer à fond dans la fiction, dans l’imaginaire, de manière trop visible (au final, ce sera adressé à des psy, qui attendent des choses « sérieuses » et pas un imaginaire débridé) – et je dois conserver une certaine distance, un certain regard clinique, sans trop m’épancher Cela paraît peut-être simple, mais ce sont des paramètres difficiles à prendre en compte. Pour ma part, je trouve délicat de s’accorder la liberté d’écrire tout en conservant une certaine retenue. Je remercie en tout cas la publication de cet essai sur le site, et les commentateurs pour leurs appréciations. J’étais curieuse d’avoir quelques retours d’Oniriens sur ce projet. David : oui, le texte est long, j’en suis désolée... merci encore d’avoir pris le temps de le lire. C’est une sorte de brouillon où j’ai eu besoin de poser les choses, pour tester le ton à adopter. La narratrice est sans doute aussi troublée que Madame K, voire plus, mais elle n’entreprendrait pas cette recherche si tout allait bien chez elle. J’aime bien votre commentaire sur le rêve de Madame K, sa manière d’entrer « dans une jolie songerie ». Je me disais que la déréalisation, c’est peut-être un peu l’envers du rêve : on essaie de rêver quand on n’arrive plus à rêver, et c’est là qu’on laisse s’ouvrir la brèche… Elle « vole » au-dessus de son père, comme elle a la vision du « vol » du voleur chez les vétérinaires. Une échappée ; un trou dans le contrôle. Provencao : merci pour votre lecture. Ici, ma vision de la science est assez radicale, puisque finalement c’est la fiction qui a une puissance épistémique. En transformant les entretiens en récit, j’aimerais que l’on puisse sentir la complexité du réel de la rencontre, sans que celle-ci se trouve édulcorée par un propos où le chercheur s’efface tellement que la rencontre elle-même n’apparaît plus. Je voulais aussi montrer la fragilité du chercheur, d’habitude présenté dans les études de cas cliniques comme un « je » assez abstrait, qui n’aurait presque aucune vulnérabilité. Larivière : désolée que le texte soit un peu ennuyeux… je me suis efforcée de prendre une posture assez distanciée, « froide », comme vous dites… et encore, je pense que cette froideur est encore de la tiédeur voire de la chaleur au vu de ce que l’on attendrait normalement de moi pour une étude de cas clinique. On parlerait sans doute de mon incapacité à réfréner mes affects contre-transférentiels, de ma structure psychique assez limite, de mon manque de professionnalisme... Mais bon, je vais expérimenter de nouvelles formes, on verra ce que cela donne… Bien à vous, Sidoine
Contribution du : Aujourd'hui 9:09:45
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