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L'Haïku à la Une !
Maître Onirien
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22/07/2012 22:59
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A l'occasion de derniers échanges en forum, et en particulier en pensant à l'Atelier pour vos haÏkus, bien fréquenté par nous autres oniriens, je reproduits ici une synthèse réalisée par marimay qui explique fort bien tout ce que l'on doit savoir pour écrire des haïkus.

1) L’esprit du haïku

Chaque haïku est unique.
Faut-il pour autant considérer tout bref de 17 syllabes comme étant un haïku ?
Rien n’est moins sûr !
Même si elles sont bien minces, il existe des frontières établies entre bref et haïku ; seules la brièveté et l’autosuffisance leur sont communes.
Quelques écrits brefs :
– L’aphorisme transmet un savoir.
– La pensée est une réflexion de l’auteur.
– La maxime énonce une règle de vie ou de morale.
– La sentence énonce une vérité d’ordre général ou moral.
– L’épigramme est une moquerie.
– Les poèmes courts reflètent les mouvements de l’âme de l’auteur ou des choses.
Ces écrits brefs sont loin du haïku.
Celui-ci n’exprime ni réflexion, ni idée. C’est un condensé d’émotion, ou de sensation suggérée. Le saisissement à l’état pur !
Cette sensation, le lecteur doit pouvoir la percevoir à son tour. Le haïku n’est donc pas un moment partagé à la va-vite, un non-événement. Quelque chose de tellement banal qu’il le restera à jamais.
L’auteur doit chercher dans son environnement quotidien ces petits riens qui peuvent paraître extraordinaires. « Parler du banal sans être banal. » Telle est la difficulté : ne pas décrire la réalité mais parvenir à la restituer de telle sorte que le lecteur perçoive des sensations à son tour. Comme une bonne photographie.

Imposer un cadre, une forme à l’exercice, le rendre difficile, c’est pousser au dépassement de soi. Ces règles sont tellement contraignantes que leur application sans génie ne pourrait que conduire à la réalisation d’exercices scolaires sans aucun intérêt, et surtout sans élégance. Respecter la règle avec élégance pour la faire oublier, c’est là le génie du bon auteur de haïku.


2) Critères de fond du haïku

– L'émotion
Le haïku n'est pas une image descriptive de tout et n'importe quoi.
Il doit être un instant fugace qui émeut le lecteur.
Le haïkiste doit exprimer cette sensation, ce flash, cette étincelle, ce moment d'étonnement, ce sentiment qu'il a ressentis à la vue de l'événement qu'il veut partager.

– La légèreté
Le haïku n'est ni un aphorisme, ni un proverbe. Il ne dit pas une vérité générale ou une morale. Il suggère. Il est un petit rien, un bref, qui décrit une vision, un objet, une image instantanée. Ces quelques mots, purs, nettoyés de tout artifice grammatical ou syntaxique, doivent passer comme un éclair, pour que le lecteur, faisant appel à ses souvenirs, son expérience, ressente ce que l'auteur a voulu saisir de la réalité.

– L'instantané
Suggérer plutôt que décrire est la devise du haïkiste.
À la fin du haïku, le lecteur doit être en mesure d'imaginer l'instantané originel et son environnement (d'où, parfois, l'importance du mot de saison qui permet de situer, avec précision, l'événement dans le temps).
C'est comme une photographie : à partir de l'instant figé, l'esprit du lecteur imagine ce qui s'est passé avant, pendant et après. Le haïku est ainsi la première image d'un film, ou d'un roman, ou d'un feuilleton policier, que le lecteur va s'imaginer dès les premières syllabes. Mais les dernières syllabes du haïku peuvent influencer le lecteur de sorte qu'il change sa vision des choses.

– Des petites choses
C'est avec ces "petits riens qui font le quotidien" que le haïkiste doit étonner.
Le haïku montre des détails, des choses insignifiantes, que le poète attentif livre à ses contemporains, si souvent distraits.

– La présence de la nature
La Nature est l'essence du haïku traditionnel.
Elle est décrite simplement, sans emphase, comparaison ou implication de l'auteur.
L'auteur doit savoir garder tous ses sens en éveil pour retranscrire ses moindres impressions.

– Les sentiments de l'auteur
Le haïkiste, surtout classique, décrit son monde avec sensibilité (ce qu'il vit, ce qu'il voit, ce qu'il hume…), mais sans interpréter ou analyser comme un reporter photographe doit savoir s'effacer pour laisser parler son image.
Au travers du haïku, comme au travers d'une photographie, infime détail du monde, le lecteur doit être capable de reconstruire tout ce qui n'est pas montré : le lieu, le moment de la journée ou de l'année, voire les sentiments de l'auteur.
À ce titre, le haïku ressemble également à une peinture.
Mais là s'arrête la comparaison entre haïku et cliché photographique, car les thèmes abordés par chacun d'eux sont souvent contraires : les sujets comme la guerre, le sexe, les violences ou les catastrophes ne sont pas légion dans les haïku.
Le thème privilégié du haïku (surtout traditionnel) est la nature, mais les petits instants quotidiens, les voyages sont autant de sujets possibles.


3) Critères de forme

– La simplicité
Dire des choses simples avec des mots simples dans un style simple.
Ainsi se résume le haïku.
Il ne doit donc pas y avoir de mots superflus ou inutiles, d'emphases ou de métaphores ; il ne faut employer que peu d'adverbes, d'adjectifs, d'articles, de pronoms personnels ou de verbes ; les jeux de mots sont possibles, sans toutefois en abuser, deux rimes sont permises mais pas obligatoires.
Il faut être précis dans la concision, aller droit au but.
Le haïku doit être intuitif, à l'état brut, sans artifice intellectuel qui en compliquerait la compréhension.

– Le temps
Le haïku est un cliché d’un moment particulier, il ne raconte pas une histoire passée, il n’évoque pas ce qu’il pourrait advenir, il constate c’est tout, et est donc écrit au présent.

– La métrique
Le haïku traditionnel est composé de 17 syllabes réparties en 3 lignes de 5, 7 puis 5 syllabes.

– La brièveté
Le haïku doit se suffire à lui-même.
Il ne doit pas être accompagné de longs commentaires ou descriptifs qui faciliteraient sa compréhension.

– L'image
Deux images est ce qu'il y a de plus fréquent.
La première situe le haïku dans le temps et l'espace, décrit un bref instant ; la deuxième, et toute la force du haïku est là, montre un élément inattendu, insolite, étonnant, qui surprendra le lecteur.
Les deux doivent se répondre, s’enrichir l’une l’autre, sans néanmoins établir de lien fort de cause à effet.

– La césure
Les deux images sont séparées d'une césure, ou d'un mot-pivot, pour éviter que le haïku ne soit qu'une seule et même phrase.
Cette césure, dite kireji, en référence au japonais qui dispose de mots spéciaux pour la matérialiser, doit intervenir en fin de première ou deuxième ligne (pas aux 2). Elle permet également de dissocier les différentes images.
En français, elle peut être soit un signe de ponctuation situé en fin de ligne (si le haïkiste décide d'utiliser la ponctuation, ce qui n'est pas toujours le cas), soit un mot situé au milieu d'un vers (en général le deuxième), soit une coupure (non matérialisée) que le lecteur marquera naturellement (surtout à haute voix).

– La saison
Le haïku traditionnel oblige de situer le moment décrit dans le cours de l'année. C'est une manière de reconnaître la place toute relative de l'homme dans l'univers.
Pour cela, l'auteur cite directement la saison, ou la suggère, ou utilise un mot (un kigo) qui précise la période de l'année, ou un moment de la journée.
Le kigo permet de situer le poème dans une des quatre saisons. Au-delà de la mention elle-même de la saison, il peut désigner des animaux, des végétaux, fleurs ou arbres, des activités humaines ou des phénomènes naturels associés à la saison.
En plus des quatre saisons traditionnelles, le jour de l'An est très important et peut être considéré en haïku comme une saison à part entière. Bien entendu, si la saison peut être nommée, le cadre poétique impose le plus souvent de l'évoquer. Cerisier en fleurs pour le printemps, vol de hannetons pour été, etc. « Pleine lune », qui ne peut être rattachée à une saison en particulier, constitue également un excellent kigo.

– Le moki : si le haïku n’indique ni saison ni moment particulier on l’appellera un moki ou encore haïku libre.

Contribution du : 04/01/2017 15:54
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L'homme est conduit par l'aveugle qui est en lui- J.Claude Izzo
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