Parmi les signes de ponctuation, la virgule est le plus difficile à utiliser. Où la mettre ? Quand la mettre ? Quand ne pas la mettre ?
Cette fiche essaie de repérer les différents cas, de les expliquer et de les illustrer avec des exemples.
Son but est d’aider, pas d’imposer. C’est en connaissant les rôles de ce petit signe qu’on peut parfois décider de s’en passer pour donner une plus grande liberté à notre expression personnelle.





La virgule





I) Définition



La virgule est un signe de ponctuation marquant une pause de peu de durée, qui s'emploie à l'intérieur de la phrase pour isoler des éléments.
Elle correspond souvent au moment où l'on respirerait dans une phrase.



II) Règles d’absence



Il ne faut pas mettre de virgule entre :

– le verbe et son sujet ;

Des passants marchent dans la rue.

– le verbe et ses compléments essentiels (compléments d’objet direct et indirect) ;

Mon frère emmène ses enfants à la plage.
Mon frère explique à ses enfants tout ce qu’il sait sur les animaux.

– le verbe et son attribut ;

Les jeunes sont capables de mener des projets à terme.

– dans les phrases totalement inversées.

Près de la maison poussent deux arbres élégants.



III) Premier rôle : la virgule indique une modification de la structure habituelle de la phrase



On met obligatoirement une ou deux virgules quand on modifie la structure de la phrase de base en insérant un élément (ce qui a pour effet de le détacher).


1) L’incise


L'incise est une proposition placée dans une phrase pour indiquer que l’on rapporte les paroles ou les pensées de quelqu’un.


a) L’incise dans les dialogues

On met une virgule avant et après une incise.
Il y a souvent une inversion sujet/verbe.
L’incise ne commence jamais par une majuscule car elle est un ajout dans la phrase.

— Je m'en vais, ajouta-t-il en se levant d'un air furieux, j'en ai assez vu !
— Je termine cela, dit Pierre, et j'arrive immédiatement.
— Si jamais, pensa-t-il, je pouvais gagner le million...


Remarques

– Si l'incise est placée en position finale, la virgule suivant l'incise est remplacée par un point final.

— Je n'aime pas les dictées, souligne Jean-François.

– Si les paroles rapportées se terminent par un point d’exclamation ou d’interrogation, on ne met pas la première virgule. Dans le cas des points de suspension, elle ne disparaît que lorsqu’ils marquent une fin de phrase.

— Encore une fois ! s’écria-t-elle.
— Qu’as-tu fait hier soir ? lui demanda-t-il.
— Attends… murmura Karine en regardant par la fenêtre. Il peut encore arriver.
— J’ai du mal à parler de cela..., me répondit-elle, ma blessure est encore vive et je n’aime pas ressasser ces souvenirs.


b) L’incise dans la narration

On utilise aussi l’incise pour indiquer que l’on rapporte les paroles de quelqu’un de manière indirecte. De la même façon, elle est encadrée par deux signes de ponctuation et ne commence pas par une majuscule.

T'es qu'un raté, qu'elle me disait, t'as de la chance de m'avoir pour faire ta soupe !
La vie est, je crois, un chemin rempli d'obstacles.
On reconnaît l’arbre à ses fruits, dit le proverbe.

Remarque

Dans le texte, l’incise peut être volontairement délimitée par une ponctuation autre que la virgule : les tirets ou les parenthèses. Ce choix est fonction de l’intention de l’auteur : les tirets insistent sur l’incise alors que les parenthèses lui donnent moins d’importance.

Il faudra – soit dit en passant – être beaucoup plus vigilant.
Le directeur a (paraît-il) proposé sa démission.


2) L’apostrophe


Il s'agit d'une fonction grammaticale utilisée pour marquer une interpellation. Les mots en apostrophe désignent alors soit une ou des personnes réelles, soit une chose personnifiée que l’on interpelle ou à qui l'on s'adresse.


La virgule encadre le ou les mots (noms ou pronoms) mis en apostrophe quelle que soit la place de cette interpellation dans la phrase.

Au début de la phrase :

Toi, chante-nous quelque chose !
Chers clients, vous avez su nous accorder votre confiance.
Ô amis de toujours, écoutez-moi !
Paul, viens ici !

Au centre de la phrase :

Dis-nous, toi qui connais bien le sujet, ce que tu penses de ça.
Parle-moi, Robert, je t’en prie !
Veuillez recevoir, Monsieur, mes plus cordiales salutations.
Combien j’aime, cher village, ta bonne et douce simplicité !

À la fin de la phrase :

Ça c'est fort, Pierre !
Viens ici, Scregneugneu !
Que j’aime à vous revoir, vallons de mon enfance !

Remarque

Lorsque plusieurs apostrophes se suivent, elles sont séparées par une virgule.

Sophie, Pierre, arrêtez de faire autant de bruit !


3 ) L’emphase


L’emphase est le détachement d’un élément avec reprise par un pronom exerçant la même fonction. En jouant sur la redondance, ce procédé stylistique met en évidence l’un des constituants de la phrase.

Quant à René, il réincarne le héros romantique.
Ce film, je le trouve trop violent.
Il est trop violent, ce film.
Pierre, lui, a prévenu Marie qu’il arriverait en retard.


4 ) L’apposition


L'apposition apporte un complément d'information sur un nom (comme le fait le complément du nom avec lequel il ne faut pas la confondre). Elle vient en plus dans la phrase et la supprimer n’en change pas le sens.


L’apposition se place avant ou après le nom qu’elle complète.
Elle est détachée du groupe nominal par une pause à l'oral, et encadrée par des virgules à l'écrit.
En début de phrase, la majuscule remplace la première virgule ; en fin de phrase, le point remplace la deuxième virgule.

Plusieurs sortes de mots peuvent se trouver en apposition.

– Un groupe nominal : Le vainqueur, un cavalier accompli, n'a pas fait d'erreur.

– Un adjectif ou un participe passé : Nerveux, le cheval rue.

– Une proposition relative : Les spectateurs, qui tous espéraient cette victoire, manifestent leur joie.

– Un participe présent : Le cavalier, relâchant les rênes, fait un tour d'honneur.

– Un verbe à l'infinitif : Un seul désir, gagner, l'animait.

– Une proposition subordonnée explicative : Cette perspective, qu'il réussisse, était pourtant improbable.
L’été, que l’on trouve trop court, fait la joie des enfants.

Remarques

– La subordonnée déterminative ne s’encadre pas par des virgules car elle est indispensable à la phrase.

Élise n’aime que les fruits qui sont mûrs.

Dans une phrase emmêlée de plusieurs subordonnées, ce sont les virgules qui permettent de faire comprendre si la subordonnée est explicative ou déterminative à la principale.

Élise, qui enseigne au secondaire, attend impatiemment la mutation qu’elle a demandée .

– Il est possible de mettre une suite d’appositions pour préciser un même nom.

L'avalanche, impérieuse, nébuleuse, impétueuse, déboula de la montagne.
Mon copain, ce héros des temps modernes, ce chevalier magnifique, ce sublime imbécile aussi, arriva dans un tintamarre de casseroles.


5) Le déplacement d’un élément


On met obligatoirement une ou deux virgules quand on rompt l’ordre habituel en déplaçant un complément.

Si tu le voulais, tu pourrais réussir ce travail.
Après le cours, j’irai patiner.
Afin de sauver la planète, nous devrons combattre la pollution.
On retrouve, dans les films d’aventures, ce genre de héros.
Je pense que, à la fin du semestre, nous aurons atteint nos objectifs.
Robert, tôt le matin, achète son journal préféré.

Remarques

– Si le complément ne compte qu’un ou deux mots, les virgules deviennent facultatives.

Hier il a plu toute la journée.

– Si le sujet et son verbe sont inversés, on ne met pas de virgule.

Dans l’arbre chantent des oiseaux.



IV) Deuxième rôle : la virgule sépare les éléments juxtaposés



On utilise la virgule pour séparer des mots, des groupes de mots ou des phrases, subordonnées ou non, qui ont la même fonction syntaxique.

– Sujets juxtaposés : Les livres, les cassettes, les disques et les revues étaient en solde.

Remarque :

Quand le dernier élément qui compose le sujet n’est pas lié aux autres par « et », deux cas peuvent se présenter.

Premier cas :
Le vin, le pain, le fromage, abondaient sur la table.
Les trois sujets ont une égale importance.

Deuxième cas :
Le vin, le pain, le fromage abondaient sur la table.
L’absence de virgule après fromage donne à ce sujet plus d’importance qu’aux deux autres.

– Verbes juxtaposés : Danielle se lève, s’habille, déjeune et se rend au bureau.

– Phrases juxtaposées : On joue, on danse, on s’amuse.

– Subordonnées circonstancielles juxtaposées : Quand nous aurons terminé nos cours, que nous aurons passé nos examens et que nous aurons pris un peu de repos, nous chercherons un emploi.



V) Troisième rôle : la virgule renforce les mots liens



1) Car - mais

On met une virgule devant ces mots quand ils coordonnent deux phrases.

Je ne peux pas le joindre, car j’ai oublié mon carnet d’adresses en partant de chez moi.

Remarques

– On peut omettre la virgule lorsque les propositions coordonnées sont très brèves.

Il pleure car il a mal.

– On ne met pas de virgule après ces mots sauf s’ils sont suivis d’une incise.

Il souffre beaucoup car, depuis son départ, il n’a cessé de penser à son père.


2 ) Et - ou - ni


a) On ne met pas de virgule devant « et, ou, ni » quand ils relient deux mots ou groupes de mots.

Vous pouvez payer par chèque ou avec une carte de crédit

b) On met une virgule :

– s’ils sont répétés plus de deux fois ;

Je n’aime ni le bleu, ni le gris, ni le violet.

– s’ils relient des propositions indépendantes ;

Les élèves montent une pièce de Molière, et vous devriez venir la voir.

– s’ils sont déjà utilisés dans les éléments reliés.

Il a mangé de la crème glacée aux fraises et au chocolat, et il a été malade.


3 ) Les mots liens introducteurs ou coordonnants


a) On met une virgule devant : soit, c’est-à-dire, ce qui, ce que, ce dont, c’est, c’est pourquoi, à savoir, voire, sinon, sauf, excepté.

J’ai accepté leurs excuses, ce qui résout le problème.
À l’anniversaire de mamie, toute la famille était là, sauf ma sœur.


b) Quand ils sont placés en tête de phrase, on met une virgule après : notamment, par exemple, entre autres, autrement dit, en d’autres termes.

En d’autres termes, rien n’arrête le progrès technologique.

Remarque

À l’intérieur de la phrase, la virgule se met devant.

La comparaison avec d’autres personnages romanesques, par exemple ceux de Gabrielle Roy, fait ressortir les changements sociaux au Québec.


4 ) Les marqueurs de relation


Les plus fréquents sont :

ainsi, aussi, alors, à première vue, après tout, au contraire, bref, cependant, certes, d’ailleurs, dès lors, de plus, de toute façon, de toute manière, donc, ensuite, d’autre part, de fait, en fait, en effet, en outre, enfin, en revanche, en somme, ensuite, finalement, malgré tout, néanmoins, or, par ailleurs, par conséquent, par contre, pourtant, puis, toutefois.

– On met une virgule après ces marqueurs quand ils sont placés en tête de phrase.

Certes, j’ai été convaincu par vos arguments.
Par ailleurs, vous recevrez vos résultats dans quelques jours.

– On ne met pas de virgule quand ils sont placés juste après le verbe.

Les filles représentent en effet plus de la moitié des élèves de l’école.
On constate toutefois que ces auteurs ne partagent pas la même opinion.

– On les encadre par deux virgules quand ils sont placés ailleurs à l’intérieur de la phrase.

Les filles, en effet, représentent plus de la moitié des élèves de l’école.
Chez Saint-Denis Garneau, toutefois, l’image de l’oiseau s’associe à celle de la mort.


5) Les conjonctions de subordination


Généralement, on ne met pas de virgule devant ces mots. Les principales sont : comme, lorsque, quand, que, si.

Annie salue Simon quand il lui sourit.

Mais on en met une devant : quoique, bien que, alors que, puisque, tandis que, même si.

Annie salue encore Simon, même s’il ne lui sourit plus.


6) L’abréviation etc.


Elle est toujours précédée d’une virgule.

Apportez chandail, pantalon, chemise, etc.

Remarque

On ne met jamais de points de suspension après etc.


7) Et ce


Quand ces deux mots sont placés au milieu d’une phrase, ils sont encadrés par deux virgules.

Nous viendrons vous aider, et ce, dès la semaine prochaine.






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