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Sur "Sonnet de la fin du monde"
Expert Onirien
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27/10/2017 02:33
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Chers tous,

Un grand merci aux lecteurs et commentateurs de mon sonnet, dont j'ai eu l'inspiration après avoir lu "La fable du monde" de Supervielle. C'était en effet un pari osé (infiniment plus que celui de Pascal) de faire parler Dieu, qui plus est sur un sujet aussi colossal, bien trop colossal, comme l'a souligné Gemini, pour l'humble forme du sonnet. Mais c'est justement ce que j'admire dans ce dernier : sa tentative de synthèse, son duel de l'éclair avec l'infini, toujours perdu d'avance. "L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu", écrit un grand poète, qui par ailleurs faisait l'éloge du sonnet en ces termes : "[a]vez-vous observé qu'un morceau de ciel aperçu par un soupirail, ou entre deux cheminées, deux rochers, ou par une arcade, donnait une idée plus profonde de l'infini que le grand panorama vu du haut d'une montagne ?" Je nuancerais volontiers le propos, mais il y a dans cette poésie de la concision une certaine esthétique de l'échec qui me captive. Comme le dit William Faulkner : "Aucun d'entre nous [les écrivains] n'a réussi à atteindre son rêve de perfection. J'estime donc notre valeur sur la base de notre splendide échec à réaliser l'impossible."

Faire parler Dieu, c'était donc se heurter, inévitablement, à tout un tas d'embûches métaphysiques comme la temporalité, l'anthropomorphisme, l'anthropocentrisme, etc. Mais comment en parler autrement que par ces tropes humains ? Saint Augustin, je crois, écrit quelque part qu'il n'y a qu'une seule chose qui vaille la peine d'être dite, et une seule chose qui soit fondamentalement impossible à dire, ces deux choses étant Dieu. On rejoint là l'esthétique et l'éthique de l'écrivain, dont l'échec à dire l'infini n'a d'égal que son désir de le dire.

Le Dieu de saint Augustin est aussi en partie mon Dieu et celui de mon sonnet : pour répondre à Gemini sur ce point, j'ai bel et bien tenté d'y dessiner un Être d'amour -- sans pour autant écrire le mot noir sur blanc -- à travers les notions de don, de deuil et de sacrifice. Mais ce n'est pas non plus un Dieu parfaitement orthodoxe ; il est même très hérétique, et c'est pourquoi j'ai voulu le coucher sur papier. Déjà, il admet l'existence de dieux mineurs, ce qui peut dérouter. A vrai dire mon vers 12 était surtout une licence poétique (héhé), ainsi qu'un clin d’œil aux mythologies païennes où l'on trouve des dieux en deuil, dans la grecque par exemple avec Déméter ou Aphrodite. Je dois dire aussi que l'idée d'une synthèse entre paganisme et monothéisme me fascine depuis un certain temps, j'aime voir la croix du Christ dans le croisement entre l'horizontalité de l'immanence païenne et la verticalité de la transcendance monothéiste. Mais bon, si c'est trop tiré par les cheveux, que diriez-vous de remplacer "dieux" par "cieux" ? L'essentiel dans ce vers est de conserver la notion de deuil manifestée par les parenthèses, le reste n'est que divagations métaphysiques. Miguel, quel est votre avis ? (Au fait, j'ai vu que vous portez le même patronyme que moi, et le même prénom que mon père ; je ne devrais plus commenter vos poèmes, mon avis serait à chaque fois biaisé.)

Notons aussi le fait que, comme l'a remarqué Carmiquel, il s'agit d'un Dieu spectateur, passif dans cette fin du monde, et qui malgré tout reste pur amour et pure force de création. Cette apocalypse n'est pas non plus le fait de l'homme, car de toute façon l'univers est appelé à mourir, c'est une certitude scientifique ; d'où la seconde idée profondément hérétique du poème, à savoir que le Néant est une réalité primordiale -- peut-être même, avec Dieu, la seule réalité : la toile de fond sur laquelle le rêve divin (Amour rêve les yeux ouverts) imprime les formes chaotiques et fugaces de la vie ; le silence sur lequel se détachent les notes de la symphonie cosmique. Et ce Néant, comme j'aime le penser car j'y trouve une source de réconfort, finira par reprendra ses droits... Jusqu'à ce que Dieu, après son deuil, ne décide de recommencer un pari et une aventure.


Bien à vous,

Hiraeth

Contribution du : 29/12/2018 18:32
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