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1 Utilisateur(s) anonymes
Re : Bouts rimés |
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Expert Onirien
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15/01/2017 16:43 Groupe :
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Telles nuées de sylve qu'aux flammes ont donne en nid,
Des pans de vie entiers se tiennent en tourmente. Ce temps de l'entropie est stèle de granit Sur la tombale Passion qu'anthropocène' hante. Torpilleurs, chalutiers, sur la glace qui brise, Faut-il à notre urgence joindre vos fumées grises ? Le gisant de l'Arctique, devenu les 'brisans', Mirroitent dans leur tangage un ciel noir et borgne. Cette ambition loufoque de l'espèce nous lorgne, Toisant dans la défiance le futur de ses ans. Nous, de nos habitudes, sur l'ignorance ancrée, Nous faisons une Croix guettée de cormorans. Canicules, orages, sécheresses, ouragans, Extinctions, maladies, pollutions et marée... Faut-il plus d'augures funestes aux matelots De ce vaisseau de roche dont l'orbite est les flots? Indifférent au sort qu'il porte à la ceinture, Ruminant ses vindictes comme macère le vin, L'homme moderne porte l'injustice en son sein, Sa connexion à Dieu n'est plus qu'une friture. Que dire des baleines qui cherchent leurs amants À l'autre bout du monde en des odyssées folles, Lorsqu'elles traversent les voiles de pétrole géants, Et qu'elles croisent harpons en guise d'espingoles. L'humanité n'est plus sous d'éthiques pavillons, Voyez, de sa pensée, les costumes sont haillons. Son ignorance l'amène par milliers dans les dunes ; Jusque dans les marais pour aller ricocher, Vraiment, l'Homme ne connait plus guère que son clocher, De ce que fut 'sauvage' il fit viande et belles prunes. Et de vieillesse tendre au feu des cheminées, En souvenir d'oubli dans les yeux des enfants, Reproduisent cette chaîne chaque jours de chaque ans, Dégénèrent - Il faut vivre ! - années après années. Lorsqu'enfin se présente l'opportunisme du fer, Il le croise si bien que le monde se souille. Plongeant l'humanité dans d'infinis hivers ; Aux guerres et aux Empires, l'Histoire est la rouille. L'intellect qui feint est nocif et ronfleur Il fait de nous, humains, la pire bête enragée. Regardez ces troupeaux lancés, arme chargée, Comprendrez-vous demain qu'ils dorment sous quelque fleur ?..
Contribution du : 05/07 09:00:37
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Re : Bouts rimés |
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Maître Onirien
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Quelle énergie dans la vindicte, Jeanphi
![]() À mon tour : Tel un oiseau, quittant le nid Pour se jeter dans la tourmente, Vient s’écraser sur le granit ; Comme son souvenir qui hante Les arabesques de la brise... Coquelicot sur robe grise, Le soleil jaillit des brisants. Écarquillé dans le ciel borgne, Il se morfond de rage et lorgne, Depuis l’antique fond des ans, Vers mon âme bien mal ancrée. Dans un envol de cormorans, Dans d’incroyables ouragans, An fil montant de la marée, Comme les vaillant matelots, Elle a bravé les sombres flots ; Portant écume à la ceinture, Entre l’escarboucle du vin, La rondeur blanche de ton sein Et la graisse de la friture. La mer a vomi ses amants ; Galvanisée de brumes folles, Les a crachés – piètres géants – Comme des boulets d’espingoles. Dans l’âpre vent, leurs pavillons S’agitent comme des haillons, Tandis que là-bas, sur les dunes, On entend un son ricocher. C’est le bourdon du vieux clocher Qui ne sonne pas pour des prunes. À la chaleur des cheminées, Dorment les vieux et les enfants. Qu’ils aient six ou quatre-vingt ans, Ils passent leurs belles années À combattre, croiser le fer, Défendre la Nation qu’on souille. Ils se réveillent en hyver, Piqués de salpêtre et de rouille, Hagards devant l’âtre ronfleur, Offrant à la flamme enragée Leur âme, de regrets chargée... De l’age, il ne reste une fleur.
Contribution du : 05/07 11:47:53
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Maître et Talons |
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Re : Bouts rimés |
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Maître Onirien
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![]() V14, lire : et V15 : Comme les vaillants matelots
Contribution du : 05/07 13:04:02
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Maître et Talons |
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Re : Bouts rimés |
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Maître Onirien
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28/12/2008 14:27 De Toulouse
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Merci Cyrill, tu nous gâtes. Impossible de faire court ! J'en ai bavé, mais bien qu'insatisfaite, je joue le jeu.
nid – tourmente – granit – hante brise – grise – brisants – borgne – lorgne – ans ancrée – cormorans – ouragans – marée matelots – flots – ceinture – vin – sein – friture amants – folles – géants – espingoles pavillons – haillons – dunes – ricocher – clocher – prunes cheminées – enfants – ans – années fer – souille – hiver – rouille – ronfleur – enragée – chargée – fleur Lorsque l’oiseau quitte son nid, Pour se lancer dans la tourmente Le long des côtes de granit, Une seule crainte le hante : Que sa jeune aile ne se brise Contre cette muraille grise Où s’abattent tous les brisants, Sinistre écueil pour vague borgne Qu’un ciel noir et complice lorgne Depuis des lustres et des ans. Là, une goélette ancrée Servant d’abri aux cormorans Fait face à tous les ouragans, Seule contre vent et marée. Désertée par les matelots, Elle se dandine sur les flots Telle danseuse sans ceinture Ayant bu un peu trop de vin. La mer l’a prise dans son sein Comme poisson dans la friture. Lieu magique pour les amants Fatigués de leurs courses folles On voudrait y voir des géants Menaçant de leurs espingoles Les occupants de pavillons, Prêts à les mettre en haillons Ou les jeter du haut des dunes, Quitte à les faire ricocher Loin du village et son clocher, N’étant pas venus pour des prunes. Ici, bien loin des cheminées, Des écoles et des enfants, Depuis plus de quatre mille ans On ne compte plus les années. Un géant-dieu à main de fer Surveille tout pour qu’on ne souille Ce beau cadre été comme hiver Jamais entaché par la rouille. Lorsque le ciel devient ronfleur Retenant la pluie enragée Toute l’atmosphère est chargée D’un intense parfum de fleur.
Contribution du : 05/07 15:48:26
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Il faut, avec les mots de tout le monde, écrire comme personne. Colette |
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Re : Bouts rimés |
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Expert Onirien
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Ces rimes se prêtent parfaitement à vos profondes réflexions/contemplations.
Je dois bien reconnaître que mon essai est assez vindicatif, j'ai le mérite de m'être bien éloigné du thème, peut-être pas celui de l'intégrité... tout du moins, c'est plutôt âpre ...
Contribution du : 05/07 17:35:06
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Re : Bouts rimés |
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Maître Onirien
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31/01/2014 22:04 De quelque part entre ciel et terre
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L'oiseau tremblant au fond du nid
Attend que passe la tourmente. Le vent fouette le granit Et l'à-pic, que son fracas hante. Sur la grève où la mer se brise Et balance sa houle grise, L'écume d'enragés brisans Vient empoisser la roche borgne. Une sterne intrépide lorgne Ce qui demeure au fil des ans Promesse de ripaille ancrée. Un vol puissant de cormorans Semble narguer les ouragans. Aux heures de grande marée Le chant gaillard des matelots Résonne par-dessus les flots. Comme de l'or à leur ceinture, Brille le souvenir du vin, De la blanche douceur d'un sein, Des gras relents d'une friture, Des faux serments de vrais amants. Ils remémorent leurs nuits folles Et leurs bravades de géants Menaçant de leurs espingoles Pirates et noirs pavillons Qu'ils déchiquetaient en haillons. Ou quand l'ivresse dans les dunes Laissait leur gaieté ricocher Jusqu'à la flèche du clocher. Ils emportent l'odeur des prunes, Des marrons dans les cheminées, Emerveillés tels des enfants Que jamais n'altèrent les ans. Levant l'ancre pour des années, En fiers soldats portant le fer, Leur bravoure que rien ne souille Traversera plus d'un hyver, Des automnes couleur de rouille. Sur l'océan tantôt ronfleur Ou sur une mer enragée, Leur atma restera chargée D'une passion toujours en fleur.
Contribution du : 06/07 12:00:11
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"Les mots peuvent être "impuissants" et pourtant ils sont tout ce que nous avons pour étayer nos ruines". Joyce Carol Oates |
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Re : Bouts rimés |
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Maître Onirien
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Bravo Embellie et Myndie. Des octosyllabes au robinet !
J'attends encore un peu... Sait-on jamais. Cristale ? Si tu ne t'es pas noyée...
Contribution du : 07/07 05:02:00
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Maître et Talons |
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Re : Bouts rimés |
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Maître Onirien
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Coucou les zamisoniriens !
Je suis en RTT : Remets Tes Tongs Je vous lis et reviendrais bientôt sur cette… plage (qui a dit "oh non ??? ![]() ![]() ![]() ![]()
Contribution du : 07/07 10:05:29
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Re : Bouts rimés |
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Maître Onirien
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08/06/2013 21:10 Groupe :
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Citation :
Remets Tes Tongs ![]() Allez, puisqu'on lâche tout pour la plage, je vous dévoile ce beau poème de Tristan Corbière : Au vieux Roscoff Berceuse en Nord-Ouest mineur Trou de flibustiers, vieux nid À corsaires ! – dans la tourmente, Dors ton bon somme de granit Sur tes caves que le flot hante… Ronfle à la mer, ronfle à la brise ; Ta corne dans la brume grise, Ton pied marin dans les brisans… – Dors : tu peux fermer ton œil borgne Ouvert sur le large, et qui lorgne Les Anglais, depuis trois cents ans. – Dors, vieille coque bien ancrée ; Les margats et les cormorans Tes grands poètes d’ouragans Viendront chanter à la marée… – Dors, vieille fille-à-matelots ; Plus ne te soûleront ces flots Qui te faisaient une ceinture Dorée, aux nuits rouges de vin, De sang, de feu ! – Dors… Sur ton sein L’or ne fondra plus en friture. – Où sont les noms de tes amants… – La mer et la gloire étaient folles ! – Noms de lascars ! noms de géants ! Crachés des gueules d’espingoles… Où battaient-ils, ces pavillons, Écharpant ton ciel en haillons !… – Dors au ciel de plomb sur tes dunes… Dors : plus ne viendront ricocher Les boulets morts, sur ton clocher Criblé – comme un prunier – de prunes… – Dors : sous les noires cheminées, Écoute rêver tes enfants, Mousses de quatre-vingt-dix ans, Épaves des belles années… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Il dort ton bon canon de fer, À plat-ventre aussi dans sa souille, Grêlé par les lunes d’hyver… Il dort son lourd sommeil de rouille. – Va : ronfle au vent, vieux ronfleur, Tiens toujours ta gueule enragée Braquée à l’Anglais !… et chargée De maigre jonc-marin en fleur
Contribution du : 07/07 10:50:41
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Re : Bouts rimés |
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Maître Onirien
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Très beau poème, en effet. Je ne le connaissais pas.
Bon, je reviens aux sempiternels poèmes d'amour. Ils sont si nombreux que difficiles à éviter. aimes – yeux – suprême – silencieux navire – soir – respire – noir s’élancent – peux – silences – peu place – crois – enlacent – toi pêche – dort – fraîche – encor Ton regard me dit que tu m’aimes, Surtout ne ferme pas les yeux. J’adore ce moment suprême Quand tout est calme et silencieux. Notre chambre est comme un navire Qui tangue et chavire le soir, Près de moi mon amour, respire Ces fleurs exhalant dans le noir. Du bouquet leurs parfums s’élancent, Les fleurs nous parlent, et tu peux Déchiffrer sans mal leurs silences, Les apprivoisant peu à peu. Beaucoup envieraient notre place, Jaloux de notre amour je crois, Quand de nos bras nos corps s’enlacent : Je ne vois ma vie qu’avec toi. L’amour fruité au goût de pêche Ne s’est pas enfui mais il dort, Il reviendra à l’aube fraîche Nous ravir encore et encor. A vous les amis, si le cœur vous en dit!
Contribution du : 07/07 15:25:19
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Il faut, avec les mots de tout le monde, écrire comme personne. Colette |
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